Family time - Emmeline

La ponctualité ne comptait pas vraiment parmi les nombreuses qualités d'Emmeline. Pourtant, c'était bien elle qui avait donné rendez-vous à Nicola aux Trois Balais, elle qui avait insisté sur une heure précise en lui assurant qu'elle serait bien là. Elle, encore, qui se trouvait toujours entre les bras de Charlie derrière ce stupide salon de thé où elle n'osait pas mettre les pieds avec son copain. Les joues rosies, tant par le froid que l'intense makeout session à laquelle ils s'adonnaient depuis qu'ils étaient arrivés, elle finit néanmoins par se détacher avec un soupir. « Il faut vraiment que j'y aille. Me regarde pas comme ça, ok » fit-elle en arrangeant son écharpe. Avec un dernier baiser et un sourire moqueur, elle l'abandonna, filant à toute vitesse jusqu'au pub en espérant que sa cousine ne lui en veuille pas trop. Elle manqua de heurter un groupe d'élèves un peu plus jeunes sur le chemin, balançant ses excuses par-dessus son épaule et, finalement, parvint jusqu'au bar. Sa petite course à travers les rues du village ne rattraperait certainement pas son retard mais c'était toujours mieux que rien. Elle s'arrêta sur le pas de la porte, délaçant son écharpe et arrachant son bonnet, et finit par apercevoir Nicola, assise un peu plus loin. « Coucouuu ! lâcha-t-elle en arrivant à sa hauteur. Je suis tellement, tellement, teeeellement désolée, j'ai pas vu l'heure tourner, j'étais avec Charlie, ajouta-t-elle plus bas, rougissant à nouveau. Et bref, passons. Tu m'attends depuis longtemps ? Tu n'as pas commandé j'espère ? » La noyer sous les questions pour éviter qu'elle ne relève le détail concernant Charlie, excellente stratégie Emme, bravo. « Deux biéraubeurres s'il vous plaît ! » lança-t-elle à l'intention de la serveuse qui passait par là. Elle lui décocha un sourire et abandonna son manteau avant de prendre place, enfin. « Pfiou, quel temps, on se croirait déjà en décembre, tu ne crois pas ? » Elle frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer, image même de l'innocence. Nicola la connaissait assez bien pour voir à travers ce genre de façades cependant et, après tout, ça ne lui ferait pas de mal de se confier un peu.

Si avec d'autres, Emmeline se serait répandue en excuses pendant un quart d'heure, avec sa cousine, elle savait que ce n'était pas nécessaire. Elles se connaissaient suffisamment bien pour ne plus s'arrêter sur des détails comme un simple petit retard, même si, assurément, Nicola ne laisserait pas ça passer sans faire une ou deux remarques. Probablement en se moquant un peu de Charlie et du temps qu'elle lui consacrait. « Ha, ha, ha » ironisa-t-elle, sans la moindre agressivité. Mieux à faire, pas sûre, mais elle avait tendance à oublier ses priorités lorsque son petit-ami était dans les parages. C'était presque un miracle si aucun de ses amis ne les avait surpris. « C'est ça, moque-toi, reprit-elle alors que leurs boissons arrivaient, Charlie est très bien où il est, ce n'est pas comme si on pouvait vraiment se balader main dans la main de toute façon » Bien sûr que si, ils pouvaient et Emmeline le savait très bien mais tout le monde n'était pas comme Nicola et elle était tout à fait consciente que certains Gryffondors verraient cette relation d'un très mauvais œil. Et peut-être qu'elle accordait trop d'importance à l'opinion d'autrui mais après sa dispute avec Lily, elle n'était définitivement pas prête à assumer son histoire. « Comment va Marvin ? fit-elle, préférant changer de sujet. Maman n'arrête pas de m'en parler dans ses lettres, elle est presque plus angoissée par ce qui se passe à Poudlard que dehors » Elle s'autorisa un bref éclat de rire, un rien gêné. Blaguer là-dessus n'était certainement pas la meilleure chose à faire mais c'était une manière comme une autre de gérer ses propres inquiétudes quant à son avenir. Il y avait son frère d'une part, et le reste de la famille qui resterait à Poudlard, et de l'autre côté, la guerre, dehors. Sans être tabou, c'était un sujet peu abordé dans les couloirs et Emmeline, comme bon nombre de ses camarades sans doute, était tétanisée par ce qui se passerait, le jour où elle ne pourrait plus se réfugier à l'école.