another one bites the dust | Dixy

Il a froid. C’est toujours comme ça, après l’adrénaline, après l’angoisse, le moment ultime d’exaltation, il a froid. La grande pièce blanche et austère n’y est pour rien, il a juste froid, et l’odeur de sang qui s’échappe de sa main lui donne des palpitations. Il aimerait ne pas être ici, mais il ne dit rien. Ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve assis sur un lit de Sainte Mangouste, le bras immobilisé par un pansement de fortune. Il ne fait pas parti des cas les plus pressants, alors on le fait patienter dans une chambre. Il est connu alors il est tout seul, loin des hurlements de douleur et des autres blessés. Il est tout seul parce que de l’autre côté de la pièce, posée contre un mur, le regard dans le vide, Disha est ailleurs. Il ne sait pas vraiment où. Est-ce qu’elle est attachée à la peur qu’elle a peut-être ressentie ? Est-ce qu’elle se remémore l’attaque en se souciant de savoir pourquoi ils se retrouvent ici plutôt que de sortir complètement victorieux ? C’est indescriptible, incompréhensible. Edgar ne sait pas quoi dire, il ne sait même pas s’il doit l’arracher à son silence. A leur silence. S’il parle maintenant, sa voix va trembler, il dira qu’il a eu peur et qu’elle exagère. Pas peur pour lui, pas peur d’avoir mal. Il se fiche de sa main, il se fiche même de mourir. Ce dont il a eu peur, lui, c’est de ce qui pouvait lui arriver à elle. De ce qu’elle risque quand elle se met à découvert devant des Mangemorts qui veulent sa tête. Leurs têtes. C’est ça, qu’il a envie de lui dire. Et il a envie de se fâcher, de la secouer, de la supplier de ne plus faire ça.

Ce n’est pas une bonne idée, cela dit, et il le sait. Elle se braquera, et elle aura raison. Elle n’a pas besoin qu’il lui fasse la morale, ni même qu’il la couve. Elle se débrouille très bien toute seule. Ses résultats sont impressionnants et elle manie sans doute la magie mieux que lui. Seulement elle n’a aucune conscience du danger, ce qui explique qu’il soit régulièrement obligé de se mettre devant elle pour prendre un sort à sa place. Et il n’est même pas sûr que ça la contrarie.

« T’es pas obligée de faire tout ça pour m’impressionner, tu sais, Dix ? » il demande, un sourire en coin déformant ses lèvres, après de longues minutes de silence, pour la sortir tranquillement de ses rêveries. Il vaut mieux en rire, même s’il n’en n’a pas du tout envie. « Je te connais depuis suffisamment longtemps, je suis déjà très impressionné », poursuit-il en penchant un peu la tête. Il jette un coup d’œil à sa main et soupire. « Quoi que t’essaye peut-être juste de te débarrasser de ton binôme, en fait ? » il demande, sans se départir de son sourire d’idiot. « Sois gentille la prochaine fois, fais les choses bien, plus on arrive amoché ici, plus on est pris en charge rapidement, et là, je meurs de faim ».

Il soupire et glisse sa main libre dans ses cheveux en bataille.

Moldus ou sorciers, les hôpitaux se ressemblent tous. La même odeur d’antiseptique, les mêmes murs pastels, les mêmes infirmières qui courent partout. Disha est rôdée. Elle déteste les hôpitaux, désormais, y a passé trop de temps pour avoir un avis neutre sur le sujet. Appuyée contre le mur, les bras croisés et le corps enveloppé dans une cape trop grande pour elle, Disha fixe un point sur le sol. Là, juste dans le coin, un carreau de carrelage est fissuré. Elle pourrait se demander comment c’est arrivé, si seulement son cerveau n’était pas trop occupé à rejouer l’attaque, encore et encore. Ce n’est pas la première et surtout pas la dernière. Ils font partie de l’Ordre, après tout. S’ils ne se faisaient pas régulièrement attaquer par des Mangemorts, ils commenceraient sérieusement à s’inquiéter.

Mais voilà, quand l’adrénaline retombe comme un soufflé au fromage, Disha est juste… vide. Le feu ardent qui brûle en elle s’éteint, alors que son corps est exténué et que son esprit ne peut que penser à l’attaque, et à Edgar dans ce trop grand lit d’hôpital. Encore une fois. On ne change pas les bonnes habitudes, ou quelque chose du genre. Elle en aurait presque l’habitude, à force, ce qui en dit long sur la question.

Elle sursaute légèrement lorsque la voix d’Edgar vient briser le silence de la chambre – ils continuent de lui donner une chambre privée, tiens. Dumbledore a définitivement les moyens. Peut-être qu’ils vont même finir par établir une carte de fidélité, à ce stade. Enfin. Edgar est réveillé, et chiant, et là est bien l’essentiel. Preuve qu’il a encore tous ses neurones, et tant mieux. Déjà qu’il en a peu, à la base… « Putain mais… » Elle soupire lourdement. Disha connaît assez bien Edgar désormais – trop bien, même, diraient certains – pour savoir qu’il s’agit d’un mécanisme de défense. Qu’il la provoque uniquement pour lui montrer que tout va bien et pour détendre l’atmosphère. Réaction typique de Pouffsouffle. Disha lève les yeux au ciel. « Si je voulais me débarrasser de toi, crois-moi que je ne laisserais aucun indice derrière moi. » Elle soupire une fois de plus, avant de se pousser du mur et de le rejoindre sur le lit. Elle hésite, juste un moment, avant de lui passer une main sur le visage, puis de lui tirer les cheveux un peu trop violemment. « J’ai pas besoin de ton aide, Bones. Arrête de jouer au superhéros tout le temps, ça en devient vexant à force. » Stupide Pouffsouffle.