Visions are seldom all they seem feat. Bellatrix Lestrange

La cloche tinte faiblement lorsque la porte du petit commerce lugubre s’ouvre. Les faibles rayons solaires réussissant péniblement à percer l’obscurité de l’endroit laissent voir mille grains de poussière. Ceux-ci virevoltent au gré du courant d’air s’engouffrant à l’intérieur du 13b Allée des embrumes en même temps que l’homme qui venait d’en pousser la porte. Barjow & Beurk était peut-être une mine d’or pour des trésors hétéroclites, précieux et interdits, mais c’était aussi un trou à rat. Rabastan ne peut s’empêcher de grimacer un peu alors que la porte se referme derrière lui en un grincement sinistre, son regard bleu d’acier se promenant un instant sur les diverses marchandises offertes sans vraiment s’y accrocher. Ce qui attire finalement son attention, c’est la fine et féminine silhouette d’une femme qu’il connait bien… Bellatrix Lestrange, sa belle-sœur. Il laisse un instant son regard parcourir la jeune femme, qui se tenait dos à lui, à l’autre bout de la petite boutique. Puis finalement, dans un soupir, il commence par rejoindre le comptoir derrière lequel un des propriétaires se tenait.

Une enveloppe glisse sur le comptoir. Elle est attrapée par une main usée qui contraste fortement avec celle jeune, forte et richement baguée qui la tenait jusque-là. Finalement, l’enveloppe disparaît rapidement sous une cape de sorcier élimée dans la plus grande discrétion. Aucun mot n’est dit, les deux hommes font volte-face. Sa commande serait prête sous peu. D’ici là, Rabastan se désintéresse du comptoir et de la marchandise qui s’y trouve pour se tourner vers sa belle-sœur qui semblait toute à sa contemplation de Merlin sait quoi. Lentement, l’homme s’approche d’elle, mains dans le dos, droit et fier. On pouvait donner aux Lestrange qu’ils avaient de la tenue… Le parfum suave de sa belle-sœur l’accueille avant même qu’elle ne le voit. Par-dessus son épaule, il aperçoit un bijou qu’elle contemple avec grande attention sans pour autant le toucher, probablement par prudence. Il n’y avait que les idiots qui rentraient chez Barjot & Beurk pour tout tripoter…

« Je te l’offre ? », demande-t-il soudainement, sa voix grave plus douce qu’à l’habitude. Le beau regard bordé de longs cils noirs se pose sur lui. Bellatrix était une femme étrange. Envoûtante. Il se demandait parfois si son frère s’en occupait si peu pour qu’elle soit si désintéressée… ou si c’était juste ainsi que Bellatrix était. Indépendante. N’ayant besoin de personne… Et puissante. Elle n’avait d’ailleurs pas besoin de sa bourse pour se payer cette breloque. Ce n’était pas la raison pour laquelle Rabastan la lui offrait. « Que faudrait-il à un homme pour que tu l’observes avec autant d’intérêt que ce bijou ? »

Un fin sourire flotte sur les lèvres de Rabastan, un sourire éphémère. Ça lui faisait penser au Seigneur des Ténèbres… Et à la façon dont le regard de Bellatrix brillait quand on ne faisait qu’en parler. Peut-être que c’était ce qu’elle voulait. La toute-puissance… Bref. Rabastan entrouvre les lèvres. Ce qu’il voulait dire ? Il l’oublie dès qu’un homme qu’il connaissait de plutôt très loin les aborde. Le sorcier a un signe de tête poli pour eux, suivit d’un « Rodolphus, quel plaisir. » qui passe près de faire bondir Rabastan au plafond. Fort heureusement, l’autre ne s’attarde pas… et c’est à ce moment qu’il réalise que sous sa cape, il serrait sa baguette magique. Il la relâche lentement, pas de son plein gré. Mais ce n’était pas le meilleur endroit pour une petite joute…

« Certains n’ont décidément pas les yeux en face des trous. », grogne-t-il, dédaigneux. Il se détourne de l’autre sorcier, son regard d’acier se posant à nouveau sur sa délicieuse belle-sœur. « Quel bon vent t’amène ici, Bellatrix ? Te serais-tu débarrassée de mon très cher frère pour quelques emplettes intéressantes ? »

Dans cet endroit, rien de ce qui était acheté ne pouvait être inintéressant, après tout…