Padfoot&Wormtail » let's get down to business

Oui, il fait moche, oui, il fait froid, oui, James aurait presque préféré rester au lit ce matin-là. Mais il n'est pas nouveau que les murs de Poudlard ont des oreilles, ces derniers temps - quoique peut-être depuis toujours - et James a tout intérêt à garder loin des oreilles de ses professeurs les pensées qui l'assaillent depuis quelques mois. En revanche, maintenant qu'il y a mis un peu d'ordre, ses amis ont tout intérêt à les entendre.

C'est donc sous sa cape noire, le chapeau enfoncé sur la tête (tant pis pour ses cheveux, mieux vaut les écraser que les tremper) que James quitte le hall du château en direction de Pré-au-Lard et, de là, de la Tête de Sanglier. Mieux vaut le bar miteux que les Trois Balais, qui sera plein à craquer - de gens comme de mauvais souvenirs.

En atteignant la porte, James s'ébroue et ses yeux s'habituent sans mal à l'obscurité, puisque le ciel dehors est déjà presque couleur nuit. Sirius n'est pas encore là ; pas non plus de trace des autres, Lupin se remettant de l'avant-veille et Peter suivant sans doute Sir' comme une ombre. Pas besoin d'être un génie pour savoir qu'il n'aime pas beaucoup la Tête. James passe au bar pour demander trois Wiskey Pur-Feu, ne récoltant du barman qu'un coup d'oeil suspicieux. Mais l'alcool semble être de mise pour la discussion qu'il va avoir. Pour le moment, le futur a toujours l'air plus heureux avec un coup dans le nez.

Sortir du château est un jeu d'enfant, si vous connaissez tous les passages depuis que vous avez douze ans. Ce petit frisson de l'interdit, il y a bien longtemps que Sirius ne l'a plus. Filer en douce pour passer quelques heures à Pré-Au-Lard est une habitude plus qu'autre chose pour les Maraudeurs, à ce stade. Peut-être que leur arrogant leur vaudra quelques heures de retenue un jour ou l'autre, à se faire prendre trop facilement à cause de leur confiance. Mais pas aujourd'hui, alors que Sirius se glisse dans l'un des passages secrets. Si les Fondateurs ne voulaient pas que les élèves fassent l'école buissonnière, jamais ils n'auraient construit Poudlard ainsi, après tout.

James est déjà là, assis à une table avec une poignée de verres devant lui. Pleins, bien heureusement. James n'est pas bonne compagnie lorsqu'il boit seul. Surtout pas lorsque ses cheveux ont l'air aussi tristes que lui, et Sirius lève les yeux au ciel avant de secouer la tête pour se débarrasser de la pluie qui s'accroche à sa propre chevelure. Il s'assoie en face de son meilleur ami, et attrape l'un des verres au passage. Le whiskey lui brûle la gorge, juste comme il l'aime.

"Que de mystères autour de cette sortie nocturne, Monsieur Potter." La pleine lune était il n'y a que quelques nuits à peine, et ils portent tous leurs cernes sous les yeux comme un badge d'honneur. "On attend Pete, ou tu balances la sauce maintenant ?" Parce que James ne les fait jamais sortir sans raison. Même si la raison est 'juste pour faire les cons,' au moins il annonce toujours la couleur.

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PRONGS & PADFOOT

E
n cette fin de journée, après les cours, j'avais choisis de rester seul pendant un temps, assis au bord du Lac noir, avec quelques provisions - toutes sortes de biscuits - à grignoter. Les cours ennuyeux - en tout cas pour certains -, ça creuse ! L'heure du dîner approchait de toute façon à grand pas. Ainsi, le parc se vidait peu à peu pour me laisser seul face au couché du soleil qui se reflétait dans les eaux sombres et calmes du lac. Ce qui m'arrangeait plutôt bien puisque j'avais dans l'optique de quitter l'enceinte du domaine du château pour retrouver les Bro' à Pré-au-Lard. Ce n'était ni étonnant de ma part ni la première fois que je faisais le mur en compagnie des Maraudeurs. Au fond, je savais pertinemment qu'il s'agissait des meilleurs moments que j'avais pu vivre, m'enivrant de l'odeur de bien-être et de liberté.

Alors que j'approchais le Saule cogneur, la pluie retomba une nouvelle fois, pour l'énième fois de la journée. Un soupir m'échappa mais je n'avais pas vraiment le choix. Je m'approchai suffisamment de l'arbre animé mais pas trop proche que je ne me prenne pas une torgnole de la part de ce stupide saule, et je regardai autour de moi pour être sûr que j'étais bien seul. Baguette à la main, je murmurai : « Immobilus ». Un nouveau regard dans les environs et je fermai les yeux. Je me concentrai sur l'image d'un rat d'un brun terne qui se dessinait dans mon esprit alors que les branches du Saule cogneur flottaient et ondulaient gracieusement dans les airs. En quelques secondes je me changeai au fur et à mesure en ma forme animale. Mes yeux se rouvrirent, ils étaient maintenant à la hauteur de l'herbe humide et fraîche. Ni une ni deux je m'engouffrai dans le passage terreux qu'offrait le vieil arbre pour gagner la Cabane hurlante.

Je parviens à la vieille maison abandonnée en quelques minutes seulement. Heureusement pour nous - Maraudeurs - que nous connaissions au moins la quasi totalité des passages secrets que cachaient Poudlard et ses environs. Ainsi, je pus également arriver rapidement à Pré-au-Lard dont les rues étaient calmes. Normal, vu ce temps pourri ! Dans un coin, à l'abri des regards, je repris ma forme humaine, ma vraie forme, habillé d'une cape noire pour jouer dans la discrétion. Mais bon, les commerçants mêmes devaient se poser des questions quant au fait que de jeunes sorciers de notre âge traînent à cette heure-ci dans les bars. En particuliers en ces temps sombres et chaotiques... Je pénétrai la Tête de Sanglier me demandant encore et encore ce que James avait prévu.

« Yo, les gars ! » dis-je en tirant une chaise pour m'y affaler.

Après avoir secouer mes boucles blondes parsemées de gouttelettes, je saisis un des verres de Whisky Pur Feu - le plus rempli - et en bus une gorgée. Je posai alternativement mon regard sur James et Sirius.

« Alors, ça dit quoi ? »

Le premier à pousser la porte de la salle poussiéreuse, c’est Padfoot. Comme ils ne sont pas nombreux dans la salle, le brun marche droit vers lui et se laisse tomber sur une chaise. Il attrape un verre et bois une longue gorgée. James essaie de se reconnaître dans l’indifférence affichée. Nom d’une goule, mais pourquoi se fait-il l’impression d’être si adulte ? Est-ce qu’il peut blâmer le mauvais temps ; est-ce que certains autour de lui oseraient blâmer Lily ? Sans qu’un mot n’ait été prononcé, James imite son meilleur ami et attrape un verre. D’une façon ou d’une autre, il va se débarrasser de sa gravité – et tant pis s’il doit d’abord dévaliser les réserves de la Tête de Sanglier. Quand il repose le verre, Sirius le regarde déjà avec un mélange d’ironie et d’intérêt. « Pete ne devrait pas tarder. Ça évitera les redites, et comme en plus tu vas te marrer, ça serait dommage de l’en priver. »

Au moment où James ferme la bouche, la porte s’ouvre à nouveau. Le patron lève les yeux au ciel devant un nouvel élève qui n’a rien à faire dehors. Peter débarque avec une bonne humeur qui ferait presque tâche dans son environnement et, comme Sirius avant lui, attrape d’abord un verre avant de s’enquérir de ce qu’il se passe : peut-être qu’en fait, c’est pas si difficile d’être égal à soi-même. Une fois les mots qui le bloquent sortis, James s’attellera à redevenir lui-même. Pour le moment, il termine son verre et prend le parti d’être un peu trop cérémonieux et sérieux, histoire de rendre la dérision plus facile : « Bon, les mecs, c’est du sérieux cette fois. Est-ce que vous vous rendez compte à quel point on est proches de la fin ? » Bon, c’est vrai, il ne lui manque plus que la musique dramatique et les violons en arrière-plan. « I mean, dans moins de deux mois, on sera seuls. » Pas mieux, Jamesie, pas mieux. « On a besoin d’un plan, pour après. Pour quand on sera sans filet de sécurité. Il faut qu’on soit fixés, avant d’être obligés de choisir, et on sait déjà que ça va arriver très vite, surtout après le Nouvel An. »

Ce souvenir a tout d’un traumatisme pour beaucoup, mais James fait partie de ceux pour qui ça a été un électrochoc. Maintenant, il connaît le visage de ceux qui se battent contre la tyrannie qui veut s’imposer, et il les reconnaîtra où qu’il les croise. « Je ne vous fait pas l’affront de vous demander si vous êtes partants pour qu’on commence à explorer les options qui s’ouvriront à nous quand on aura passé les ASPICs avec félicitations du Ministre himself. »

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