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 Confessions nocturnes ft Penelope

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AnonymousInvité
MessageSujet: Confessions nocturnes ft Penelope   Confessions nocturnes ft Penelope EmptyVen 25 Mai - 19:10

Une à une, les filles du dortoir de 7e année sombrent dans les bras de Morphée, sauf Siobhan, qui demeure bien éveillée, sa lampe de chevet allumée et «The Shining » de Stephen King à la main. L’avantage d’avoir un papa professeur de littérature, c’est qu’il envoie régulièrement des bouquins qu’elle peut dévorer en un soir un deux. Des cernes bleutés ornent son visage, faute à ce livre qu’elle n’arrive pas à lâcher même si elle sait trop bien qu’une fois fini, elle n’arrivera sans doute pas à dormir. Lire les aventures de la famille Torrance lui soulève les poils des bras et elle jette régulièrement des coups d’œil à sa baguette pour s’assurer qu’elle est belle et bien posée près d’elle. Tellement plongée dans ce roman d’horreur, les ronflements de ses compagnes de dortoir, qu’elle arrive à différencier si elle y prête attention, ne sont qu’un bourdonnement lointain à ses oreilles. Néanmoins, elle s’arrête quelques secondes lorsqu’elle entend quelqu’un semblant gémir de peur. Pourtant attentive, elle n’entend plus rien et secoue la tête, persuadée qu’il s’agit de son imagination. Peut-être serait-il plus sage de fermer ce bouquin et d’essayer de dormir finalement… Elle le dépose sur sa table de chevet, puis se recroqueville dans ses couvertures, sa lampe toujours allumée. Elle essaie de se rappeler tant bien que mal que c’est de la fiction, rien que de la fiction, mais alors qu’elle entend une autre plainte, elle remonte sa couverture sur sa tête, comme si ça pouvait la protéger davantage. Désormais en petite boule, les yeux grands ouverts, elle se demande pourquoi elle a lu ce livre la nuit et non pas le matin. Les choses lui auraient semblé bien moins pires. Les plaintes se font de plus en plus rapprochées, fortes et nombreuses, puis étant désormais sûre qu’il ne s’agit pas de son imagination, et en plus étouffant dans ses couvertures, elle sort sa tête puis réalise qu’elles proviennent du lit d’à côté.
Penelope.

Un pincement au cœur, Siobhan s’en veut de ne pas y avoir pensé avant. Tellement plongée dans l’univers de l’hôtel hanté, elle a oublié les crises auxquelles son ancienne meilleure amie est sujette. Inquiète, elle continue à tendre l’oreille. Une fille du dortoir soupire bruyamment. Les crises de Penelope ne leurs sont plus inconnues, certaines s’y sont même habituées et dorment fermement. D’autres par contre continuent de se réveiller, à chaque fois. Les plaintes finissent par s’arrêter et même si elle n’entend plus aucun bruit, Siobhan demeure préoccupée. Elle prend la décision de se lever pour jeter un coup d’œil par l’entrebâillement des rideaux du lit de Peneloppe. Nouveau pincement au cœur alors qu’elle la découvre désormais bien éveillée, mais au visage qu’elle n’arrive pas à interpréter, n’arrive plus à interpréter. Autrefois, il aurait été tellement facile de connaitre ses pensées d’un seul regard, d'être au courant de ce qui la tourmentait tant, peut-être même de connaître les détails de ses cauchemars. Autrefois, elle n’aurait pas hésité au pied de son lit à venir la rejoindre dans ses couvertures pour la rassurer, lui parler, et même se confier au sujet de ce stupide bouquin qui lui foutait la trouille, ce qui n’aidait franchement pas à la situation. Autrefois…

« Penny, tout va bien ? » Question stupide, elle le réalise à peine les mots sortis de sa bouche. Elle reste posté là, puis ne sachant plus quoi faire, elle prend l'initiative. « Je vais te chercher un verre d’eau. » Elle n’attend pas de voir si elle accepte, elle s’éclipse directement vers la salle de bain, l’éclairage l’aveuglant un peu et remplissant un verre propre trainant sur le lavabo. Elle se sent tellement inutile, se demandant de quelle aide elle peut bien être. Elle ne sait plus comment agir avec Penelope, celle avec qui elle a pourtant déjà tout partagé. Elle ne sait même plus si c’est sa simple présence qui l’importune, comme elle l’a déduit l’été entre la 5e et la 6e année alors qu’elle s’était mise à l’éviter. Le verre plein et fermant le lavabo, elle revient au dortoir sur la pointe des pieds puis tend le verre à son amie. Se sentant mal à l'aise de rester debout à la regarder, elle décide de s'assoir au bord du lit. « Est-ce que tu veux en parler ? » Question stupide à nouveau qu'elle se maudit d'avoir posé. Qu'est-ce qui lui prend ?  Même étant meilleures amies, Penelope ne s’était pas beaucoup confiée à elle à ce sujet. Le silence retombe sur le dortoir. Elle aimerait tellement trouver les mots justes, savoir comment être d'une meilleure aide. Autrefois elle n'aurait même pas eu à se poser autant de questions. Découragée par sa propre attitude et marchant sur des œufs, les mots sortent seuls à nouveau, plaintifs et chuchotés, à peine audibles dans le silence du dortoir.

« Qu’est-ce qui nous est arrivé ? » La phrase est maladroite, tout comme l'attitude de Siobhan, mais elle reflète sa pensée. Qu’est-ce qui t’es arrivée ?


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Penelope Cross
Penelope Cross
MessageSujet: Re: Confessions nocturnes ft Penelope   Confessions nocturnes ft Penelope EmptyMar 29 Mai - 13:28

Tic. Tac. Tic. Tac. Penelope compte les secondes qui martèlent contre son crâne. Un deux trois quatre. Le doux tambour l'endort trop tôt, trop vite, en décalé toujours de ses camarades de dortoir – comme elle s'en veut, parfois, de ne pas pouvoir rester présente avec les autres, mentalement présente, comme elle aurait aimé être de celles, normales, qui grandissent d'adolescence en commérant jusqu'à pas d'heure. Pas d'heure, pour elle, c'est son heure, son réveil, l'interminable bagne de la somnolence.
Penelope sombre dans des vagues trop profondes. Le cauchemar ne tarde pas à l'engloutir.

Elle sue.

Elle nage.

étouffe serre la gorge agrippe les cheveux ne peut plus respirer crache en silence hurle en silence la mort la mort les poumons qui s'emplissent et s'enflamment toujours dans ce même silence qui déchire les tympans le crime le sang l'horreur l'inéluctable noirceur de ce que l'on ne peut plus voir les pupilles trop dilatées les pupilles qui avalent tout l’œil et tout ce blanc qui disparait à jamais tu vas crever toute seule, Penelope

« Penny, tout va bien ? » Merde. Elle a le dos droit dans son lit, les yeux ouverts, elle voit maintenant. Le mur face à elle. Depuis combien de temps est-elle comme ça ? Et à quoi a-t-elle rêvé, encore ? Elle ne se souvient pas – Merlin soit loué, elle ne se souvient pas...
Elle se tourne vers celle qui l'a interpellée, elle n'a pas reconnu la voix, elle n'est pas en état de connaître, alors reconnaître... Elle est partie, déjà, la voix qui l'a tirée de son absence, ou de son rêve, ou de sa présence de fantôme errant comme toujours entre les limbes et l'oubli. Qui était-ce ?
Et Penny reste là, sonnée comme un réveil spastique, les sourcils froncés de réflexion. Penny... plus grand monde ne l'appelle comme ça, désormais. La voix revient. Lui tend un verre. Penelope l'attrape, avale l'eau, la fraicheur passe dans sa gorge jusqu'à son ventre, ravive les nerfs qu'elle touche, petit à petit. La voix prend un visage – enfin, Penelope voit. Siobhan.
Siobhan et la douceur. Siobhan et la naïveté. Siobhan et toute l'enfance, l'insouciante, l'innocence qu'elle représente encore. Les souvenirs purs d'un temps tellement lointain, c'est peut-être lui le rêve...

« Est-ce que tu veux en parler ? » Sa voix si bienveillante. La question si délicate, si peu intrusive, si respectueuse de l'intimité en béton armé qui encercle Penelope, sa pudeur en forme de remparts paré d'un garde à chaque meurtrière, prêt à jeter des incendios brûlant à quiconque tenterait de s'approcher. Est-ce qu'elle veut en parler ? Mais pour dire quoi ? Est-ce qu'elle lui doit cette explication ? Elle peut essayer, peut-être, récompenser le respect de sa pudeur par une toute petite brèche, un signe de main depuis la meurtrière. « Il n'y a pas grand chose à dire... j'étais encore endormie, je crois. » Elle secoue la tête. Pas bon, pas bon, même pas vrai, même pas compréhensible, même elle ne comprend pas, après tout. « Je sais pas. Je devais être en train de... » Elle hésite. Elle a envie de dire : enfin, tu sais. Mais Siobhan ne sait pas, ou du moins, n'a jamais voulu trop savoir, a toujours préféré ignoré, peut-être. Si elle le sait, elle le sait des rumeurs et des observations. Penelope n'a jamais dit : « ...faire un cauchemar. » Voilà. Elle dit ça. Elle a dit ça. Le cauchemar. Elle l'a enfin dit : le premier pas vers l'aveu. Elle n'a pas encore dit le don, ou le troisième œil, elle a dit le cauchemar. C'est bien, déjà.

Et c'est tout.
Le silence retombe, lourd, sur les demoiselles.
Alors quoi ? Dire merci, dire allez bonne nuit, se retourner dans sa couette et ne plus en parler ? Penelope y pense, oui. Une solution, peut-être : tout ignorer en bloc et essayer d'aller draguer Moprhée (en vain, sûrement : il y a longtemps que Morphée a cessé de l'aimer).

Elle n'a pas le temps de mettre le plan à exécution ; c'est sa notion du temps, aussi, qui foire, peut-être qu'elle est encore restée immobile les yeux dans le vague plus longtemps qu'elle n'en a l'impression ? Quoi qu'il en soit, Siobhan brise le silence, encore : « Qu’est-ce qui nous est arrivé ? » Elle brise autre chose. La glace, le déni, l'illusion que rien n'est arrivé entre elles, aucun mur, aucune rupture amicale ? Elles ont rompu comme un couple, les meilleures amies peuvent faire ça parfois, les amies d'enfance proches et fusionnelles comme elles l'étaient autrefois. Penny et Siobhan. Siobhan et Penny. Toujours ensemble. Toujours à fuser d'idées, de curiosités, d'intérêts multiples et précipités. Qu'est-ce qui nous est arrivé ? La réponse est dure mais évidente. Penny a fui. Tout simplement. « Je peux... » Elle manque de faire demi-tour, répondre non rien, se retourner, allez, a l l e z, la petite voix en elle lui crie de ne pas le faire, ne pas s'ouvrir, ne rien risquer. « Je peux me mettre à côté de toi, peut-être ? » C'est ridicule, putain. Elle a quel âge ? Elle a quel âge pour réclamer une place dans le lit d'une fille avec qui elle n'est même plus amie ? Une fille a qui elle n'a pas parlé depuis presque deux ans ? Dix-sept ans, l'âge adulte, quelle blague : Penny a douze ans et se réveille d'un cauchemar. Penny a dix-sept ans et elle a peur, d'elle-même, des autres, de montrer ce monstre qu'elle est à une personne qui lui fut si chère, une personne si douce, putain, elle veut juste. Pas la brusquer. Pas l'effrayer. Pas la mettre en danger.
Pas se mettre en danger.

« T'as forcément entendu des trucs, des gens, ou moi, t'as forcément... une théorie, je sais pas, on peut en parler oui mais je peux pas te promettre que ça va répondre à tes questions parce que moi aussi j'ai pleins de question et » putain voilà. Elle a parlé. N'importe comment. Penelope ferme ses yeux en même temps que sa bouche. Elle a vraiment dit ça ? N'importe quoi. Comme d'habitude : n'importe quoi.


Dernière édition par Penelope Cross le Ven 15 Juin - 9:19, édité 1 fois
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Confessions nocturnes ft Penelope   Confessions nocturnes ft Penelope EmptyVen 1 Juin - 18:54

Siobhan attend la réponse de Penelope, se demandant si elle va même daigner lui répondre ou simplement se rendormir. Elle regarde ses mains, comme elle le fait lorsqu’elle est nerveuse. Nerveuse oui, elle l’est. De penser que Penny avait déjà été celle devant qui elle n’avait aucune gêne, aucun filtre, lui comprime la poitrine. Toutefois, lorsqu’elle entend sa voix émergée dans le silence de la nuit, elle relève la tête et l’écoute avec concentration. Ses paroles sont hésitantes, comme si elle avait peur de trop en révéler. Même si la curiosité de Siobhan en est attisée, elle ne pose pas plus de questions. Elle réussit à comprendre qu’il s’agissait d’un cauchemar, hoche la tête avec compassion, puis reste assise sur le bord du lit, plongée dans ses réflexions. Elle n’a pas envie de forcer Penelope à lui confier ses tracas. Elle ne veut pas l’y obliger, mais elle aimerait que cela se fasse naturellement, comme avant. Elle secoue la tête, découragée. Comme avant. On dirait qu’elle n’a que ça à la bouche, ou plutôt à l’esprit, mais elle n’y peut rien. La présence de Penelope ravive toujours en elle la nostalgie de temps plus simple. Des temps où les ennuis et les embrouilles dans lesquelles elle se trouvait plongé n’avaient de réelle importance parce qu’elle savait que peu importe ce qui arriverait, à la fin de la journée Penny serait là pour elle. Et de même, Siobhan serait là pour Penny. Était-ce donc de sa faute ? Aurait-elle dû doubler d’efforts pour ne pas laisser leur amitié s’effriter ? Ses réflexions perdures, elle ne sait pendant combien de temps, mais elle finit par briser le silence, secrètement apeurée que Penelope interprète mal ses paroles. C’est la première fois qu’elle aborde le sujet depuis qu’elle a abandonné l’idée de recoller les morceaux. Abandonner ? À vrai dire, elle a toujours gardé espoir. Accepter que les morceaux soient brisés, voilà qui est sans doute plus approprié. Penelope commence à parler et Siobhan est toute écoute de nouveau. C’est tellement rare qu’elles échangent plus que des banalités et lorsqu’elle lui propose de partager le même lit, elle sourit légèrement, pas un sourire qui monte jusqu’aux yeux, mais un sourire tout de même.

« D’accord. » Qu’elle accepte, tout simplement. Bon, Siobhan se fait la réflexion que sachant qu’elles n’ont pas agi ainsi depuis une éternité c’est assez bizarre, mais la situation semble étrangement naturelle à la fois. Le silence retombe à nouveau, simplement dérangé par le vent sifflant autour des fenêtres. Côte à côte avec Penelope, Siobhan regarde le plafond, cherchant quoi ajouter avant que Penelope ne brise le silence, alignant beaucoup plus de mots en quelques minutes qu’elle ne l’a fait depuis le début de leur conversation. Surprise, Siobhan tourne son regard vers elle. « Entendu des trucs, oui… » Il y en avait eu plusieurs rumeurs. D’ailleurs Siobhan se les repassait en tête ainsi que les questions qu’on lui avait posées et auxquelles elle n’avait eu aucune réponse à fournir. Néanmoins, les rumeurs s’étaient désormais calmées et les gens s’étaient habitués à la « nouvelle » Penelope, l’étiquetant simplement de bizarre. « Mais c'est vrai que j'ai ma propre théorie. C’était dans une revue que ma mère m’a envoyé, enfin c’est pas important, mais ça s’appelle une paralysie du sommeil. » Elle ne partage pas la même théorie que les plus perspicaces, qui disent que Penelope possède le troisième œil. Siobhan est loin d’être perspicace et le troisième œil, ce n’est pas seulement les vieilles sorcières et les charlatans qui clament avoir ce don ? Elle n’y connaît pas grand-chose et ça semble tellement… Grand. Impressionnant. Intimidant. Peut-être qu’au fond, il y a aussi une petite partie de Siobhan qui ne veut voir la vérité en face, dans l’espoir que si elle nie les évidences, cela permettrait un retour en arrière. Accepter que les morceaux soient brisés ? Peut-être pas tant que ça finalement. « J’ai lu pleins de trucs, il parait que la personne est consciente et réveillée, mais endormie à la fois, donc elle peut plus bouger et c’est accompagné d’hallucinations parfois. Ça commence souvent à l’adolescence, vers 17 ans et ça peut être causé par pleins de trucs comme un changement brusque, des mauvaises habitudes de sommeil, de l’anxiété, l’abus de drogue... » Elle lui lance un regard en biais, sachant très bien que ce dernier point la concerne particulièrement. « Alors je me dis que peut-être… Peut-être il s’est passé un truc chez toi durant l’été avant la 6e ? Et ça aurait déclenché tout ça. » Elle se fait plus hésitante, sachant qu’elle aborde un sujet délicat. Pourtant spontanée la minute d’avant, retour à la case départ. « Enfin c’est ce que j’ai conclu, mais euh, de là à savoir si c’est la vérité, c’est pas vraiment important. Et te sens pas obliger de répondre à rien. » Après tout, Penelope avait avoué elle-même ne pas tout comprendre et au fond, même si sa curiosité persistait, elle préférait retrouver leur amitié que connaître la cause des bizarreries entourant Penelope.
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