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 Lily » ronde forcée

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James Potter
James Potter
MessageSujet: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMer 22 Nov - 9:10

Le ciel commence à s’assombrir dehors et James sent douloureusement arriver le moment où il va devoir quitter sa place près du feu pour aller parcourir les couloirs glacés parce que c’est son rôle de Bouffon en chef. Préfet. Préfet en chef.
Franchement, c’est ridicule de pourchasser des troisièmes années qui mettent quinze minutes à rejoindre leur salle commune après avoir traîné à la bibliothèque, ou de se taper dix minutes de course poursuite dans les escaliers uniquement pour découvrir que c’est un première année qui s’est perdu après son dîner. C’est ridicule, il fait froid et Padfoot le regarde déjà d’un air moqueur, une vanne déjà prête pour quand James va s’extraire du canapé. Autant de raisons de rester assis là et de zapper cette ronde, juste celle-là.

En vérité, le brun n’est pas si mécontent de sa fonction. Il sait bien que c’est une preuve de confiance de la part d’Albus Dumbledore, et il comprend quelles sont les raisons et les implications de cette confiance. Et ça ne lui déplaît pas de capter parfois le regard appréciateur que lui lance McGo, il tire une fierté naïve de savoir qu’elle est fière de lui.
Mais malheureusement, les autres avantages sont assez minimes. En trois semaines, James n’a eu que deux raisons de retirer des points aux Serpentards, et s’il a réussi à ne jamais punir de Gryffondor c’est simplement parce qu’Evans était toujours sur les lieux au même moment que lui, et qu’il s’est éclipsé à chaque fois pour lui laisser faire le sale boulot. Fourberie ou loyauté ? James préfère penser que c’est la seconde option. Les rondes, c’est une chose, mais handicaper les rouge et or dans la course à la Coupe, c’est hors de question. Du moins l’handicaper en tant que Préfet, parce qu’en tant que Maraudeur, c’est une autre histoire.

L’heure de la ronde vient de passer, et James est toujours assis, essayant de se faire tout petit. Il n’a pas vu Evans de toute la soirée, qu’elle a sans doute passé à la bibliothèque quelle idée, mais si elle le voit encore ici à cette heure-là, il va en prendre pour son grade, et publiquement en plus. Ah, le voilà qui commence à craindre la jolie rousse, maintenant, de mieux en mieux, espérons que Padfoot ne sera jamais au courant.

Ce dernier pose d’ailleurs sur lui un œil curieux. En trois semaines, le nouveau Préfet en chef s’est plutôt montré exemplaire. James élude, avec un geste de la main : « Fait trop froid. Et Evans est pas dans les parages, elle a aucune raison de savoir. » Moony, qui rédigeait jusque là son devoir de potions, lève les yeux aux ciel et affiche un sourire désabusé. Wormtail, sympa, propose à James de l’accompagner. Mais alors que ce dernier entreprend de réfléchir à l’offre, la silhouette fine, rousse et bien connue de Lily Evans s’affiche à l’entrée du couloir qui mène vers la Grosse Dame.
James hoquète, Sirius rigole mais, gentiment, se place de façon à cacher son meilleur ami derrière lui. Peut-être qu’elle ne l’a pas vu. Peut-être qu’elle va monter directement dans son dortoir. Ou alors, peut-être vaudrait-il mieux se montrer, avancer qu’il n’a pas vu l’heure mais qu’il file, tout de suite, immédiatement, désolé Evans. Non, minable. Restons planqué.

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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMer 22 Nov - 17:20

Lily Evans aime les responsabilités. Elle est heureuse d'avoir été nommée Préfète-en-Chef, cette qualité ajoutant une valeur certaine à sa dernière année à Poudlard. Elle est au courant de la réputation qu'elle traîne, de fille gentille mais un peu coincée et obsédée par ses devoirs et le fait d'être bien vue, mais elle est heureuse, quand elle repense aux années inespérées passées entre ces murs. Elle en a tiré le maximum qu'elle pouvait. Elle n'emportera avec elle que des bons souvenirs, outre sa grande fierté. Elle ne regrette rien, et comme sa mère se plait parfois à le lui dire, c'est le principal. Finalement, elle a plus de regrets quand elle pense à l'après Poudlard. A ce qu'il va se passer. A ce qu'elle va faire de sa vie. A sa famille qu'elle retrouvera probablement et à laquelle elle s'est déshabituée. Ce n'est pas tant ses parents, mais surtout sa sœur, qu'elle redoute de retrouver. Pétunia a emprunté un chemin radicalement opposé au sien, niant l'existence même des talents de sa soeur, ceux qu'elle avait un temps tant enviés. Lily regrette profondément que les choses soient ainsi. Elle regrette profondément que Pétunia ne prenne plus la peine d'ouvrir les lettres qu'elle a envoyé un temps. Elle regrette que leur relation se soit tant dégradée, alors qu'elles auraient pu partager quelque chose d'intensément différent.

Cela dit, Lily n'est pas tout à fait objective quand elle repense à ses années d'étude. Pétunia n'est pas la seule personne qu'elle regrette. Elle regrette aussi Severus, celui qu'elle n'a pas réussi à sauver d'une obscurité trop prenante. La blessure est encore vive, quand elle y repense. Ce n'est pas qu'elle ait été particulièrement blessée par le fond même de ses propos, jadis. C'est plutôt qu'elle a été vexée. Profondément vexée que ces mots passent sa bouche, à lui. Elle pensait que sa naissance n'avait pas d'importance, n'était qu'un événement mineur dans un monde en mouvement ; elle avait tort. Aux yeux de certaines personnes, dont l'influence avait tendance à s'accroître tristement, elle n'avait pas plus sa place ici que droit aux pouvoirs qu'elle exerçait pourtant avec talent. Et Lily ne doutait pas vraiment du fait que la vie ne serait pas simple tous les jours, plus tard. Poudlard constituait un rempart efficace de protection contre la délation et le harcèlement, mais une fois dehors, Dumbledore ne serait plus là pour retirer des points aux Serpentards provocants. De fait, ce qui les attendait, ce qui l'attendait elle, plus particulièrement, n'était pas si réjouissant.

Elle aurait aimé allonger le temps. Passer encore quelques années ici, à fréquenter ses amis, à étudier sans se soucier des problèmes d'adulte. Ce n'est bien entendu pas possible, et Lily en a pleinement conscience - ce qui ne l'empêche pas de profiter en attendant. C'est à toutes ces choses en vrac qu'elle pense, Lily, quand elle rentre de la bibliothèque vers la Salle Commune des Gryffondors, fatiguée. Ses yeux piquent et ses cheveux sont en vrac d'avoir été maltraités pendant ses périodes de réflexion. Elle abandonne ses bouquins sur une table - et sursaute quand ses yeux fatigués mais efficaces tout de même aperçoivent une touffe de cheveux familière. Un rapide coup d'oeil à la vieille horloge de la Salle lui indique que cette touffe de cheveux n'a strictement rien à faire là - derrière Black, qui plus est, cachée comme un enfant.

Elle s'avance vers le groupe et pousse Sirius d'un geste de la main qui ne lui demande aucun effort - pas qu'elle fasse le poids mais la situation semble amuser le brun qui se laisse faire. « Salut Potter », lance-t-elle, un léger sourire - mi-jubilatoire, mi-moqueur - ne pouvant s'empêcher de se former sur ses lèvres. « La ronde se passe bien ? Le derrière de Sirius se porte comme un charme, je parie », lance-t-elle en croisant les bras, s'offrant le luxe de laisser son sourire s'agrandir. « Maintenant que tu as bien vérifié ce coin, j'imagine que tu te dirigeais vers la sortie pour poursuivre ? » Elle imagine, oui. Et lance cette phrase avec un très léger sarcasme victorieux. Parce que tout de même, c'est parfois agréable de pouvoir jouer les redresseuses de tords.
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMer 22 Nov - 19:09

Trahi par ses cheveux, évidemment. Il est le Samson sorcier, et sa plus grande force est aussi sa plus grande faiblesse.

Ce qu’il se passe, c’est qu’il la voie le voir. Il a tout le temps d’admirer quand, ou plutôt tout le temps de l’admirer elle, entre le moment où elle relève la tête de sa pile de livre, quand elle jette une mèche derrière son oreille gauche et quand son regard se pose sur lui sans le voir. Sans le voir au moins pendant un dixième de seconde, avant que le regard vert fasse demi-tour pour accrocher pour de bon ses yeux bruns à lui. Busted. Le laser descend des ses cheveux, les traîtres, jusqu’à son visage de beau gosse, et là, le fusillent. Si seulement le temps pouvait s’arrêter pour qu’il puisse profiter à fond de son adorable air outré, de la perfection de ses lèvres entrouvertes, de la façon artistique dont ses cheveux encadrent son visage… « Busted », se marre Sirius, sans pitié, dans un écho.

Sirius aussi a déjà subi les foudres de la jolie rousse, et c’est pour ça qu’il ne tente pas le sort, dans tous les sens du terme, et se laisse pousser sur le côté par celles qui les a rejoint. Remus fait mine d’ignorer la scène mais malgré la plume toujours en mouvement, James sait que tous les sens de son ami sont pointés vers la scène qui se joue. Peter tente un : « Hey, Lily ! », mort-né, et plonge dans le silence. Tout le monde a bien compris que, même si théoriquement les Préfets en chef sont égaux, dans la pratique, Lily est devant et James suit. Dans les escaliers aussi, la plupart du temps, mais pour une toute autre raison.

Ce que tout le monde sait aussi, avant qu’Evans n’ouvre la bouche, et elle attend, cette peste, elle profite de sa position et s’amuse de voir le groupe dans l’attente, c’est que le garçon se lèvera dans très peu de temps pour aller faire la ronde, comme prévu.
Mais si cette fin est inévitable, le chemin qui y mène peut être un peu plus sinueux, et James ne va pas se priver de cette liberté offerte. Ni de la perche que tend Lily quand elle parle du postérieur de Padfoot.

« Oh, Evans, quelle surprise ! », feint-il de s’étonner, comme s’il la découvrait pour la première fois. Sauf que la première fois qu’il l’a vue, à onze ans, il en avait perdu la parole un instant, avant de se moquer de ses tâches de rousseur. Il enchaîne : « Parfait petit boule, puisque tu le demande. Je ne le dirais pas comme neuf, mais tout est calme… Pour le moment. »

James termine d’un ton sérieux mais qui laisse entendre tout ce qu’il faut. Alors qu’il pensait s’écraser, l’occasion est trop belle pour ne pas réagir. Remus laisse échapper un gloussement silencieux, qu’il cache en baissant un peu plus la tête. Par contre Peter et Sirius rient franchement, l’un haut perché et l’autre comme un aboiement. Comment ne peuvent-il pas être au courant, tous, comment ne peuvent-ils pas voir leur animalité si évidente ?
Mais James ne prend pas le temps de s’appesantir sur l’aveuglement du monde, ni même de regarder si Evans a rougi ou non. S’il a l’avantage pendant une petite seconde, il faut en profiter, c’est assez rare.

« Si tu me laissais, je ne dirais pas non à rester encore un peu, mais je te vois prête à insister. Alors, va, c’est bon. Je vais y aller. »

Au contraire du rougissement, pour lequel il a laissé planer le doute, James relève les yeux pour assister à l’air victorieux qu’Evans doit afficher. Se faire obéir si facilement par Potter, voilà qui n’arrive pas souvent, même à elle ! Elle est toute prête à être cueillie la pauvre. Il est l’heure de poser une nouvelle pierre à l’édifice :

« Par contre, pour tout te dire, j’avais pris la décision, mauvaise je m’en rends compte maintenant, de ne pas aller faire mon tour parce que je n’ai pas compris… »

Son regard cherche le titre d’un des livres sur la table :

« … Les implications de l’indice de Kiell dans les métamorphoses animales. Et tu vois, j’ai emprunté ce livre pour me renseigner parce que, tu me connais, je n’aime pas rester dans l’ignorance. »

L’air est entendu mais naïf, on lui donnerait Merlin sans confession. Bien sûr qu’il connaît tout de Kiell, et ce depuis sa quatrième année, de même que Padfoot et Wormtail. Et, il a beau être calé en métamorphose, tous les septièmes années en ont bavé au premier cours de McGo, quand ils ont abordé ce chapitre. Evans ne peut pas se douter du mensonge.

« Peut-être que si tu m’accompagnais, on pourrait joindre l’utile à… bah, à l’utile ? »


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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMer 22 Nov - 22:50

Naturellement, l'effronté, pourtant pris sur le fait de son délit de fainéantise, préfère continue à faire le pitre. Lily lève les yeux au ciel à nouveau en l'entendant répliquer, mais si elle est tout à fait honnête, ce petit jeu l'amuse en réalité beaucoup. Plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Avec sa cour, James se sent pousser des ailes, et les autres ne se fatiguent d'ailleurs pas à dissimuler leurs rires. Seul Remus semble un peu sur la réserve, comme tentant de l'épargner un peu. Mais voilà longtemps qu'elle n'est plus impressionnée -- l'a-t-elle seulement déjà été ? La première fois qu'elle s'est opposée à James Potter, c'était pour défendre Severus. Il lui avait fallu un peu de courage, ce jour là, mais ça remonte à des années. Le courage n'est plus exactement ce qu'il lui faut désormais -- plutôt une énorme dose de patience et de répartie, disons. Quoi que l'échange se fasse en douceur et répliques quelque peu édulcorées et allusions grivoises -- qui la font rougir, naturellement, n'aidant pas sa réputation sans doute déjà bien battue de petite fille sage - et modèle. Elle inspire et tente de concentrer son esprit sur l'important, c'est à dire la ronde et la haute responsabilité confiée par Dumbledore et élude ce point d'un vague geste de la main.

« Tu m'en vois raaavie », lâche-t-elle quand il accepte finalement d'aller faire sa ronde - ce qui est quand même la moindre des choses. Elle lui offre naturellement un sourire victorieux, parce qu'elle l'a coincé avant qu'il ne puisse définitivement se défiler, et croise les bras pour le regarder se déplacer dans la Salle Commune et jusqu'à la sortie. Mais visiblement - toujours sous les regards admiratifs de ses comparses - Potter n'a pas dit son dernier mot. Elle ignore pourquoi il ajoute ce qu'il ajoute. Ou plutôt veut-elle l'ignorer, sans doute, parce qu'il lui suffirait de réfléchir un peu pour comprendre ce qu'il est en train de se passer et qu'elle s'entête à nier. Toujours est-il que Potter appuie sur la corde sensible pour, grosso modo, lui demander de l'accompagner. Elle qui vient de passer des heures à la bibliothèque, qui a l'impression d'être une loque, et qui rêve de son lit. Elle se mord la lèvre en le dévisageant un peu, se demandant où il veut en venir et pourquoi il est tellement décidé à l'ennuyer, alors qu'elle a fait son tour et son boulot, déjà. Et elle est à peu près persuadée qu'il se fout d'elle, par dessus le marché. Potter est un feignant, mais un feignant intelligent. Il est très doué dans la plupart des matières et elle le sait très bien. Et puis, qu'est-ce qu'ils ont tous avec les animagi, bon sang ? Certes, ce cours était complexe - mais il suffit de lire pour comprendre, non ?

Et en même temps, une partie non négligeable de l'esprit de Lily a tendance à lui inciter à le suivre. Elle se convainc, non sans mal, que c'est parce que dans l'hypothèse où il n'aurait effectivement pas compris la leçon, elle se doit bien d'essayer de l'aider. En réalité, la raison est toute autre - mais elle n'en n'est pas là.

« Sérieusement ? » elle demande dans un soupir. « Très bien, mais dépêche-toi, je suis fatiguée » souligne-t-elle en lui montrant le chemin pour qu'il la suive - et plus vite que ça. Ils passent devant un groupe de deuxièmes années qui les observent et auxquels elle suggère gentiment d'aller se coucher. Elle emprunte le couloir pour sortir et ses mains glissent dans ses cheveux qu'elle rassemble pour les laisser tomber contre son épaule. Une fois qu'ils sont dehors, loin de tous les autres élèves, loin des comparses de James et du reste, une fois qu'ils ne sont plus que tous les deux, elle est traversée d'une sensation un peu étrange qu'elle ne s'explique pas vraiment. Comme une pointe de... d'angoisse ? Pas vraiment. Autre chose, de plus... well, étrange. « Qu'est-ce que t'as pas compris exactement ? Ce cours était difficile mais j'ai l'impression que tu suis plutôt bien les cours de McGo », note-t-elle finalement, le ton un peu radouci.
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 23 Nov - 13:10

James a toujours pensé, toujours, que Lily est la plus jolie fille de l’école. Même quand Sirius lève les yeux au ciel et parle de telle nana de Serdaigle, ou d’une autre conquête quelconque, pour James ça ne fait pas un pli : elles sont loin derrière. Par conséquent, il adore la regarder, en permanence et surtout quand elle est face à lui et qu’elle réagit à ses bouffonneries.  Elle lève les yeux au ciel avec ce demi-sourire qui dit à la fois : « Merlin, donnez-moi la patience » et « Tout n’est peut-être pas à jeter dans ce garçon », et James sent son cœur s’emballer. Elle rougit à ses allusions, et il se sent peut-être un tout petit peu coupable, mais c’est tellement joli à voir, ces joues qui se colorent. Elle croise les bras, et James a besoin de toute sa concentration pour ne pas laisser son regard descendre un peu trop bas, pour l’arrimer au sourire victorieux, qui n’est pas non plus trop mal à regarder, non plus.

Alors qu’elle se décale pour le laisser passer, lui permettant de voir qu’une petite partie de la salle commune, principalement des septièmes années hilares, est plus concentrée sur la petite scène que sur leurs devoirs, il ne bouge pas. Ce n’est pas qu’il n’y a jamais pensé avant, à faire une ronde à deux, mais il imagine déjà quelle serait la réponse d’Evans à une proposition en bonne et due forme. Elle dirait que c’est ridicule de vouloir faire des rondes communes alors qu’on gagne du temps à se diviser. Elle le regarderait aussi avec suspicion, ne pouvant croire à sa bonne foi alors qu’il passe son temps à essayer de travailler moins et à se défaire de ses obligations pour aller Marauder. Non, piéger Evans demande plus de fourberie. Même là, alors qu’il ouvre de grands yeux naïfs, presque implorants, elle a l’air de se demander ce qu’il peut bien cacher. C’est adorable de naïveté. Qui ne sait pas pourquoi James Potter veut passer plus de temps avec Lily Evans ? Mais elle accepte. Oui, elle accepte. Même Padfoot ne doit pas en croire ses oreilles de clebs, mais elle accepte.

James est sur ses pieds en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Il ignore les regards goguenards, il ignore la suspicion de Lily. Quand elle lui désigne le chemin, il l’emprunte d’un pas bondissant, en « mode Bambi ». Il se marre :

« T’inquiète Evans ! Autant j’adore faire durer le plaisir, autant je peux aussi être d’une efficacité redoutable quand il le faut ! »

Elle, reste fidèle à elle-même. Elle envoie gentiment mais fermement des deuxièmes années se coucher, à qui James fait une grimace pour leur signifier « et plus vite que ça ». En effet, ils s’égaillent. Il marche derrière elle, et assiste d’on ne peut plus près au dénudement de sa nuque. Une boule se forme dans sa gorge, quand il réalise ce qu’il se passe. Malgré ses efforts renouvelés à chaque fois, lui et Evans n’ont jamais vraiment passé de temps ensemble, juste tous les deux. Lui ne se défait que rarement de ses Maraudeurs. Elle, plus souvent solitaire, est tout de même régulièrement entourée par les filles. Mais ça n’est pas le cas, et ni l’un, ni l’autre, n’ont plus personne pour se cacher.

L’ambiance change, l’excitation gamine retombe. Ils marchent au pas, il est silencieux. Il fait très attention à ne pas la frôler, pas encore. Il en oublie la raison de cette ronde à deux, et la question de Lily le prend au dépourvu. Qu’est-ce qu’il ne pourrait pas avoir compris au cours sur les Animagi ? « Oui, c’était euh… vachement clair. » Il n’arrive pas à parler, comment ça se fait ? « C’est hem… Par rapport à la part d’animalité d’un sorcier qui voudrait devenir un Animagus. Théoriquement. Je sais bien que McGo a parlé d’un indice qui fait que tel sorcier devient tel animal pour une raison, mais je ne vois pas bien pourquoi. »

Silence. Ils n’iront jamais plus loin que ça, que le cours, s’il fait mine d’être aussi idiot. L’indice de Kiell, c’était presque la partie du cours la plus facile. Change de sujet, Prongs, change. « Mais tu sais, c’est pas grave. J’ai emprunté le livre, je vais me débrouiller pour le comprendre, t’en fais pas. Parlons, je ne sais pas, moi. De nous. Enfin, je… Je veux dire de nous en tant que Préfets, bien entendu. Dumbledore, les points, les Maisons, tout ça. Même de pourquoi il a choisi un bras cassé tel que moi pour t’assister, si tu y tiens, je prends tout ! »
Tout ce qui ne touche pas à la Métamorphose, et tout ce qui touche à eux deux, bien sûr.
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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 23 Nov - 18:09

Non sans une dernière remarque que Lily interprète comme étant, à nouveau, grivoise, et qui la fait naturellement rougir, James semble soudainement passionné par l'idée de faire la ronde du soir et s'élance presque à sa poursuite. Elle ne comprend pas bien ce qu'il lui prend, mais note tout de même qu'ils partagent visiblement un sens de l'autorité commun qui fonctionne car les deuxièmes années se lèvent et plient bagages pour retourner vers leurs dortoirs respectifs.

Elle se sent bizarre, tout à coup, une fois le calme retrouvé, les couloirs les isolant du reste du monde. Oh, si vous l'interrogez, elle vous répondra que tout va bien, qu'elle a hâte de finir cette ronde pour pouvoir aller trouver son lit le plus vite possible parce qu'elle est épuisée, déjà, quelques semaines seulement après la rentrée. Mais en réalité, ce n'est pas exactement la vérité. Elle ne pense plus tellement à son lit, à la fatigue, ni aux bouquins abandonnés sur la table dans la Salle Commune. Elle pense au silence, et au fait que pour ce qui lui semble être la première fois, ils sont seuls. Elle a vent des rumeurs, notamment parce que Sirius ne sait pas tenir sa langue et aime trop la provoquer pour l'épargner. Elle sait ce qui se chuchote, qu'il est content d'être Préfet avec elle, qu'il provoquerait le destin pour les pousser à passer plus de temps ensemble. Mais elle trouve ça ridiculement impensable. Ils ont beau appartenir à la même maison, leurs chemins se sont assez vite séparés sur bon nombre de points. D'abord, l'attitude de James qui n'a pas vraiment à faire des règlements - le fait qu'il soit toujours coller aux trois autres, à pavaner, un peu... Et puis, il y a eu Severus. Lily a longtemps considéré que Potter n'était qu'un garçon méprisant et provocateur, s'amusant de l'humiliation des autres. Et comme elle a aussi longtemps considéré Severus comme son meilleur ami, les deux n'allaient pas vraiment de paire.

Les années ont passé, et les choses ont quelque peu changé. Pas que Lily cautionne les moqueries infligées à Severus, mais le poids des mots a laissé sur son cœur une espèce de distance froide, parfois ponctuée de remords ou de protectionnisme. Elle supporte mal les critiques lancées à l'égard du Serpentard, par exemple, n'en témoignent ses récentes embrouilles avec Emmeline. Elle n'est pas rancunière, Lily, mais elle ne peut pas s'empêcher de rester loyale cependant, et puis elle sait mieux que quiconque que parfois, la naissance d'un sorcier peut poser problème.

Toujours est-il que Potter n'est plus vraiment un gamin à ses yeux, et que l'animosité des premiers temps s'est progressivement effacée. Oh, ils ne sont pas d'accord sur grand chose, il faut bien le reconnaître. Ils passent le plus clair de leur temps à discuter de points sur lesquels leurs opinions divergent. Mais quelque part - et même si Lily ne l'admettra strictement jamais à voix haute - il lui manquera. Elle imagine assez bien qu'il suivra sa voie et elle la sienne. Lui, son groupe d'amis, l'ambiance fraternelle de Gryffondor, tout ça lui manquera définitivement. Elle chasse cette pensée d'un soupir tandis qu'ils mettent de la distance entre eux, et glisse ses mains dans ses poches.

Quand il rebondit sur la question des animagi, Lily penche un peu la tête en se demandant quel animal James pourrait bien être. Elle s'imagine assez bien la biche - pour elle même, l'animal étant déjà son patronus, pour une raison, sans doute. L'idée lui plait assez, et elle s'apprête à interroger James sur son opinion sur le sujet mais il change plutôt de conversation.

Et la voilà qui s'arrête quelques secondes, soudainement, quand il suggère de discuter d'eux. Elle plisse le front, le dévisage, cherchant l'arnaque - mais heureusement, il complète, lui permettant de reprendre sa marche presque aussitôt. Elle a cru, un instant, qu'il allait... Bien, qu'il allait lui proposer de, genre, sortir. Un truc de ce style. Et bon sang, heureusement qu'il ne l'a pas fait - non ? Lily rougit, sans raison apparente, incapable de comprendre le trouble soudain qui l'étreint. Reprendre contenance lui prend quelques secondes supplémentaires. Non mais vraiment, quelle idée... Elle se sent vraiment idiote, tout à coup. Si bien qu'elle laisse quelques secondes le silence planer avant de se souvenir qu'elle est censée lui répondre, donc.

« Désolée, j'étais en train de me demander quelle forme prendrait mon animagi », tente-t-elle de rattraper, en lui offrant un sourire d'excuse. Puis elle hausse une épaule et prend une inspiration. « Dumbledore savait exactement ce qu'il faisait, si tu veux mon avis. Il a dû penser qu'on formerait une bonne équipe, j'imagine... » Elle fixe le couloir sombre, droit devant elle. « Ou alors, il a tout misé sur ton côté populaire » ajoute-t-elle en riant un peu, se moquant gentiment de l'assemblée des fans des quatre amis. « Ou encore, penser que tu pourrais maîtriser Sirius en ayant un poste à responsabilité, mais dans ce cas, il devait avoir un coup dans le nez quand il a pris la décision... » Elle se mord un peu la lèvre et lui concède, bonne joueuse. « J'aurais pu tomber sur pire, cela dit ». Voilà. Un compliment. Absolument pas subtil. Qu'elle accompagne d'un nouveau haussement d'épaules comme pour signifier que tout ça n'est pas très important. « Cela étant, j'aimerais bien que l'on remporte la coupe, cette année, puisque tu en parles ! »

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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 23 Nov - 23:23

Bien entendu, les couloirs sont vides et silencieux. C’est aussi pour ça que James est tellement critique à l’égard de ces rondes nocturnes. Qui sont les plus grands fauteurs de trouble du château ? Qui a une passion pour le Maraudage, un amour sincère des sorties interdites et un mépris total des règles ? Qui est sagement, en ce moment, devant le feu de la salle commune des Gryffondors, occupé à se moquer de l’absent de leur bande ? Personne d’autre ne se risque à ce genre de bêtises, il faudrait être fou et vraiment avoir envie de faire perdre des points à sa maison. James n’en doute pas, la ronde sera calme et ils rentreront au dortoir sans avoir vu âme qui vive. Pour autant, ça ne le dérange pas. Parce qu’il a réussi à se faire accompagner, pour celle-là, et que c’est énorme.

Il a perdu le compte de toutes les fois où il a demandé à la rousse de sortir avec lui. Presque sept Saint Valentin, déjà. Trois bals divers, dont un à l’extérieur de l’école. Sept ou huit sorties à Pré-au-Lard au moins. Toujours sur le ton de la dérision, toujours sous les sifflets enthousiastes de Padfoot et Wormtail, et jamais de James à Lily. Il y pense souvent, en revanche, et pour de vrai. Ce que ça serait, non pas de l’avoir à son bras, parce qu’elle ne sera jamais une conquête, mais de savoir qu’elle lui réserve son affection pleine et entière, et ses baisers. Il songe aussi, souvent, que peu importe le temps qu’il faudra, Lily Evans l’embrassera. Elle n’y croit pas. Ses amis non plus. La moitié de l’école a parié contre eux, il le sait, en autre parce que c’est Padfoot le bookmaker de toute cette histoire. Tous pensent qu’il y a trop de choses qui les séparent, à commencer par leur caractère.

Les querelles sont fréquentes, enflammées et risibles, pour la plupart. C’est qu’ils s’engueulent pour un rien, pour un désaccord minime, pour une divergence qui n’existe que pour eux. C’est un spectacle pour James, c’est sans doute plus douloureux pour Lily, surtout quand le sujet porte sur les maisons et leurs membres. Mais James se refuse à penser à Snivelus, qui se la joue profil bas depuis quelques semaines, pour le plus grand bonheur de tous. Il rase les murs, se glisse dans l’ombre comme un rat, comme un serpent plutôt, échange discrètement avec ses petits copains Mangemorts et se prépare à devenir la loque traîtresse que James a toujours su qu’il était. Il ne comprend toujours pas pourquoi Lily a longtemps eu de l’affection pour lui, pour son nez pointu et pour ses cheveux sales. James lui aurait brisé tous les doigts, lui aurait crevé les deux yeux et usé sur lui du pire Endoloris possible, quand il a entendu parler de leur dispute. Padfoot a du faire usage de toute sa force pour empêcher James d’aller tuer cette petite raclure de cachots, cette crevure graisseuse, ce fumier de collabo de Mangemerde.
Ne pas penser à lui. Ça dérape toujours.

Il l’a mise mal à l’aise, de toute évidence, et elle reste silencieuse un moment. Quand elle reprend la parole, un peu tendue, elle parle de la forme prendrait son animagi. Et c’est au tour de James de replonger dans des pensées qu’il a déjà eues, notamment lors du cours sur les Patronus, quelques années avant. Les garçons l’avaient enquiquiné avec ça pendant des semaines. James se tient coi, ça serait trop bizarre de répondre à la question informulée et il a l’impression qu’il ne sera pas capable de trahir Prongs en prononçant le nom d’un autre animal. Il est un cerf, on va faire semblant d’ignorer qu’Evans serait sans doute une biche si elle parvenait à se transformer un jour.
Une bonne équipe, dire que c’est ce qu’il tente de lui faire comprendre depuis tant d’années, et là, il la ferme, ne prononce pas un mot de la moquerie qu’il a sur le bout de la langue, pourtant. « Bon, alors le vieux Dumby il a un coup dans le nez, ou il sait parfaitement ce qu’il fait ? Non, attends, je retire ma question, moi-même je n’ai jamais pris de meilleure décision qu’après une demie bouteille de whisky Pur Feu, alors je parie que c’est ce à quoi il tourne aussi. » Il a beau avoir le plus grand respect du monde pour Albus Dumbledore, se moquer des gens c’est inscrit dans son ADN, à James. « Disons que j’ai ma petite influence sur Sirius, mais que c’est bien plus drôle de le regarder courir sans laisse ! Parole que Dumbledore partage mon avis, ne me dis pas que tu n’as jamais remarqué cette tension entre eux deux, c’est presque physique ! »
Il accuse le compliment en silence, un peu touché. « Disons, pour moi, que je n’aurais pas pu rêver mieux ? » Ça se tente, et, une seconde après l’avoir pensé, James prononce, pas trop fort, ces mêmes mots. Sans autre explication, sans fioritures du genre : « t’abas le boulot de deux personnes » ou « au moins t'es pas un Serpentard ». Juste ses gros sabots de dragueur terriblement sincère pour le coup. Il ponctue, comme elle, sa sortie d’un haussement d’épaules. Puis, il enchaîne.

« La coupe, hein… Tu sais comment casser l’ambiance, Evans. Tu veux me, tu veux nous forcer à renoncer à notre corps de métier, juste pour la dernière année ? C’est terriblement injuste, si je peux me permettre. La septième année, nom d’une gargouille ! Toutes ces années de cours et de méfaits à réutiliser, comme un bouquet final ! Je t’en supplie, Evans, tu ne peux pas me demander ça ! »

Théâtral, James porte la main à son cœur, le visage défait, mais la posture est trop difficile à garder longtemps et James fini par partir dans un fou rire incontrôlable.
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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyVen 24 Nov - 14:47

C'est vrai, à bien y réfléchir, que leurs différences de caractère sont énormes. Même à ne pas y réfléchir du tout, d'ailleurs, elles sautent presque aux yeux tant il est facile de les détecter. Lily est d'un naturel plutôt calme et réfléchi, passant de nombreuses heures à étudier et considérant Poudlard comme un lieu d'apprentissage plus que comme une cour de récréation. James est sans doute à l'extrême opposé de cette vision terre-à-terre, elle n'en doute pas. C'est aussi pour ça qu'elle n'imagine pas bien, contre toutes les mauvaises langues, ce que son co-Préfet en Chef pourrait bien lui trouver. Il a toujours apprécié de se moquer d'elle - sans grande méchanceté cela dit, elle peut bien le reconnaître. Mais pour le reste ? Lily Evans n'imagine pas vraiment qu'un garçon comme James Potter pourrait lui porter le moindre intérêt. Même si de temps en temps, il lui semble bien que le garçon l'observe. Lily chasse cette idée de ses pensées d'un signe de tête et soupire un peu. Ces années mémorables auront quand même été à la fois mouvementées et assez compliquées, parfois. Lily a grandi, et, par tant, a été contrainte de faire le deuil d'un certain nombre de choses. Sa relation avec Severus n'est pas la seule chose qu'elle aura sacrifié sur les bancs de Poudlard ; une partie de son innocence restera ici, certaines croyances, aussi. Comme l'égalité des gens, l'amour commun de la magie qui réunit les divisions. Le monde sorcier auquel elle a la chance d'appartenir sans prédisposition particulière n'est finalement pas bien différent du monde moldu tel qu'elle l'a étudié étant plus jeune. Les mêmes oppositions foncièrement injustes, les mêmes débats. Les mêmes guerres, déclinées dans une violence semblable aux moyens différents. Toutes ces choses qui font partie de la réalité qu'il faudra malheureusement affronter très bientôt. Et puis, il y a Pétunia, aussi, sa froide distance, ses yeux emplis de jalousie et de jugement, ses réponses sèches - quand elle se donne la peine de répondre.

Ces idées, qui ont eu le temps d'être réfléchies des heures durant pendant les vacances d'été, ont tout de même conduit Lily à aborder cette dernière année un peu différemment. Elle ne travaillera pas moins, hors de question qu'elle n'excelle pas aux examens de fin d'année. Mais il serait sans doute grand temps qu'elle se mette à profiter un peu d'autres aspects de Poudlard auxquels elle s'est un peu refusée jusqu'à présent. Oui, cette année est la dernière, et il faut bien entendu en tirer le maximum, car sauf à venir enseigner ici plus tard, elle n'est pas prête de refouler les couloirs de Poudlard, et l'Ecole va terriblement lui manquer, cela va sans dire.

La familiarité que James emploie pour parler de Dumbledore arrache un sourire à Lily. Pas parce qu'elle trouve ça mignon, mais parce que le Directeur semble effectivement assez affectueux avec les quatre garnements de Gryffondor, et ce, malgré leur acharnement à ne pas respecter le règlement. Elle, pour sa part, est assez appréciée du Directeur également, de même que de tous les professeurs. Même Slughorn, dont on place les préférences plutôt auprès des Serpentards, habituellement. Quoi que certains murmurent sur son passage qu'elle n'est là que pour redorer le blason de Slug, ce qu'elle préfère honnêtement ne pas savoir. Elle se contente de briller, pour le reste... « Dumby ? Sérieusement ? Ne me dis pas qu'il vous invite à boire dans son bureau de temps en temps... » elle demande, sourire malicieux collé aux lèvres. Oh, ça ne l'étonnerait pas tant que ça, Lily est persuadée que Dumbledore devait lui même apprécier de contourner les règles lorsqu'il était plus jeune. « Il aurait fait du favoritisme en te mettant là ? » demande-t-elle pour plaisanter plus que pour savoir vraiment. Lily ne connait finalement pas grand chose de la vie de Potter, en dehors de ce qu'il veut bien crier sur les toits, évidemment. « Cela dit, pour Sirius, je crois qu'il existe une... tension », démarre-t-elle en rougissant un peu - elle tousse pour faire passer la chaleur qui lui monte aux joues et reprend courageusement : « Avec une grande majorité des personnes présentes dans cette école, non ? » Elle songe à l'autre soir où elle l'a trouvé errant dans les couloirs après quelques détours programmés avec une étudiante de Serdaigle. Elle se demande s'ils sont tous les quatre comme ça, à courir les filles. Sans qu'elle ne sache pourquoi, Lily imagine moins Remus comme un coureur de jupons - et Peter est définitivement dernier du classement. Entre Sirius et James, cela dit... Mais elle garde la question pour elle, parce qu'on ne demande pas ces choses là.

Ses réflexions s'arrêtent quand il lui indique qu'il n'aurait pas pu rêver mieux. Un regard inquisiteur jeté dans sa direction l'informe du fait qu'il n'a même pas l'air de plaisanter ou de se moquer d'elle, contrairement à d'habitude. Non, il a l'air sérieux - à moins qu'il soit en plus de ça très bon acteur. « T'exagères », murmure-t-elle, ses lèvres s'étirant à nouveau en un sourire plus ou moins volontaire, cette fois ci. « Tu aurais pu tomber sur quelqu'un qui ne te force pas à faire tes rondes », note-t-elle, pour désamorcer la sensation étrange qui l'habite à nouveau, et qui la pousse, sans doute, à réfléchir un peu trop à la situation. Parfois, elle aimerait comprendre les gens aussi bien que les cours. Pouvoir déchiffrer ce genre de... d'allusions ? De compliments ? Elle plisse le front et soupire à nouveau, heureusement, le sujet change pour plus de légèreté.

Vite, le rire - sincère - de James emplit le couloir d'une chaleur particulière. Elle l'observe qui rit et fait l'idiot, et le rire de Lily se joint au sien sans qu'elle ne puisse vraiment se retenir, ou tenter de jouer la carte du sérieux imperturbable. Elle secoue la tête d'une désapprobation amusée et pousse même le vice jusqu'à le pousser un peu, quand il a retrouvé son équilibre après avoir manqué de tomber. Le contact est bref et sans intérêt, sans doute, pour quiconque est un oeil extérieur, mais ça lui fait bizarre, à elle, cette main qui rencontre son épaule, cette proximité soudaine qui n'a jamais existé entre eux. Parce que c'est vrai, ils n'ont jamais été seuls. « T'es bête », elle murmure en se mordant un peu la lèvre, ses doigts s'emparant de mèches de ses cheveux qu'elle entortille. « Je dois me résigner, alors ?
Pas de coupe cette année non plus ?
», elle demande finalement dans un sourire. « Moi qui pensais qu'on avait une chance avec toi comme Préfet en Chef... Tant pis. Je vais me faire une raison », ajoute-t-elle, bonne joueuse, en haussant une épaule. Et puis, son sourire s'agrandit, et elle le fixe, provocatrice. « Tu nous ramèneras la Coupe de Quidditch pour te faire pardonner ».
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptySam 25 Nov - 1:34

Une rumeur, qui courr à Poudlard, veut que les premiers mots que James Potter a prononcés à propos de Lily Evans, il les ait glissés à l’oreille de son déjà grand ami Sirius Black. Et on murmure qu’il a dit : « Celle-là, cette fille, elle sera ma femme. » Beaucoup d’élèves féminines trouvent cette légende d’un romantisme fou, et un nombre égal d’entre elles respectent ce vœu et essayent de dévergonder James. Dire qu’il n’a jamais profité de leurs avances serait mentir, mais le nombre de ses aventures est en soi bien moindre que ce qui se raconte. Ce qui contrebalance donc à la perfection le nombre estimé des conquêtes de Sirius, bien supérieur à ce qu'en disent les rumeurs.
La légende est fausse, bien sûr, mais James n’est pas ravi de son existence, parce que, de fait, il ne sait pas sur quel pied danser. Est-ce qu’Evans en a entendu parler ? Ou bien croit-elle qu’il a, comme Sirius, folâtré avec la moitié des filles du château en âge de, eh bien, folâtrer ?

Pire, est-ce qu’elle ignore totalement qu’elle lui plaît, ne serait-ce qu’un peu ? Ça serait gros, énorme, même, mais Lily est bien connue pour être un rat de bibliothèque, une jeune fille sage, presque trop innocente pour son propre bien. Et si le prochain mouvement qu’il devait faire c’était quelque chose de vrai ? Quelque chose de si évident qu’elle-même ne pourrait pas ne pas comprendre ? Ce serait sans doute le truc le plus flippant qu’il n’a jamais fait, ainsi que le plus important. Après tout, même si ça commence à le fatiguer d’avoir à se le répéter à longueur de temps, cette septième année est la dernière. À partir du diplôme, ils vont tous se séparer, comme une volée d’oiseaux, et le risque qu’ils ne se revoient pas avant longtemps n’est pas négligeable. L’idée de Lily Evans sortant de sa vie est presque trop insupportable pour James, et il serre les dents. Il a besoin d’en parler à quelqu’un, mais Padfoot ne comprendrait pas forcément l’enjeu, et pareil pour Peter. Reste Remus, ou l’une des filles. Quoi que, non, trop commères, aussi sympathiques soient-elles. Moony, voilà la bonne personne à qui se confier, peut-être même aura-t-il une idée pour le coup d’éclat, qui devient une possibilité de plus en plus envisageable dans l’esprit de James. Une preuve de son amour vieux de sept ans, un véritable coup de Maraudeur. Histoire de savoir, quoi, de ne plus se contenter de l’espoir qu’un jour, hypothétiquement… Et si, par hasard, ça marque le début de quelque chose. James ne peut pas s’empêcher de rêver.

Il va le faire, dans pas longtemps. À moins qu’il ne l’embrasse directement, ici, dans le silence et l’obscurité des couloirs. Ah ? C'est que ça le démange si fort quand il entend la taquinerie dans sa voix et qu’il se tourne pour découvrir un sourire malicieux. Non, James, respire. Attends encore un peu, imagine qu’elle ne t’aime pas, que tout ça sorte de ton esprit. Respire.

« Un verre chez le dirlo ? Ah, je ne dirai rien, il m’a, en personne, interdit de révéler quoi que ce… Oups ! » Son premier geste est de se couvrir théâtralement la bouche, puis il se passe la main droite dans les cheveux, son tic le reprenant soudainement maintenant que la gêne s’éloigne. Dumbledore, tue l’amour par excellence, voilà qui ne lui ferait pas plaisir ! « Un grand homme, cela dit. Il nous a tout appris. » Et il n’a pas terminé leur apprentissage, mais ça, James le garde pour lui. Ce qui va se passer à la fin de l’année est flou, mais les chemins ne sont pas nombreux, et James sait déjà lequel a le plus de chance de le, de les, mener de l’autre côté du brouillard. « C’est carrément du favoritisme ! Le seul élève qu’il préfère c’est Sir, et, comme tu le dis, ce type est tellement tendu, que c’était trop de risques de lui donner accès aux salles, sans compter le mot de passe du bureau de Dumbledore, le droit inaliénable de se balader dans les couloirs peu importe l’heure… Je ne veux pas dire que j’étais le meilleur choix, quoi que, mais je représente sans doute moins de risque. » Une pause, le temps de passer outre la gêne de Lily qui du coup le touche aussi. « Tu sais qu’il ne ferait pas de mal à une moche… euh, pardon, à une mouche, hein ? C’est toujours consentant, et, la plupart du temps, il gère bien l’après. Je sais… Je sais que tu n’aimes pas le sujet, on arrête de suite, mais je ne serais pas moi si je ne m’assurais pas que Sirius est… bien vu ? Surtout par toi. »

Et voilà, il s’embrouille à nouveau, mieux vaut ne pas continuer. Comment elle fait pour le rendre si tributaire, lui, de ses émotions à elle ? Il est heureux quand elle sourit, défoncerait la moitié du monde à la moindre larme, son embarras le plonge dans les affres de l’incertitude… Ça serait insupportable, si ça n’était pas aussi inexplicablement agréable. Bon, une fois réalisé ça, ça n’était sans doute pas la bonne chose de lui faire un compliment, et donc de la faire rougir. Sa voix comme un souffle, James n’a pas de mal à l’entendre dans le couloir vide. Les escaliers sont derrière eux, ils s’avancent vers le hall. « Pas sûr d’exagérer, Evans. Je pense que je suis l’un des mecs les plus enviés de cette école, et je ne te parle pas forcément de mes cheveux, de mon talent de Poursuiveur, de mon exceptionnelle bande d’amis, de ma fortune familiale… Enfin, je pourrais continuer longtemps, comme tu sais. » Il a prit le risque, oui, de continuer sur la voie du compliment, mais de façon à le noyer cette fois. Il ne faut pas la mettre mal à l’aise et briser le moment. « Les rondes, c’est rien. C’est pas à toi que je vais cacher que je n’ai pas eu besoin de ce badge pour en faire, hein ? »

C’est trop en faire de dire qu’il aime aussi son rire, comme un dingue ? Mais même cette pensée disparaît de son esprit en un millième de seconde quand elle s’amuse à le bousculer. Oh, ça n’est pas grand chose, juste il trébuche, manque de perdre pied, se rattrape de justesse et sent, là, sur son bras, une poussée. C’est rien, le contact disparaît aussi vite qu’il est arrivé, et James est tout aussi surpris de sa soudaine absence qu’il l’a été de sa soudaine présence. Sa peau le sent là où elle a posé, effleuré. Il voudrait rire et se raccrocher à sa main à elle, dans le même genre de geste presque involontaire mais ses doigts n’attrapent que le vide. Est-ce que c’est la première fois qu’ils se sont touchés, vraiment ? Il est trop à l’ouest, il ne peut qu’obtempérer : « Oui, j’suis bête. On parlait tout à l'heure de mes si nombreuses qualités, je deviendrais ennuyeux, sans ça, non ? Je te promets de faire un effort. » Un effort pour la Coupe, un effort pour devenir plus comme tu veux que je le sois. « Des compromis… Dumby a vu juste en faisant confiance à ta bonne influence. Va pour la coupe de Quidditch et des efforts de comportement ! »
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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyDim 26 Nov - 3:52

Lils est une fille méthodique, à la mémoire plutôt fonctionnelle. Elle se souvient très bien de tous les petits détails qui ont fait de sa scolarité ce qu'elle a été. Elle se rappelle de la première fois qu'elle a foulé le sol de la Grande Salle, sous les yeux tendres des plus vieux, pour assister à la cérémonie de la répartition. Elle se souvient de son air émerveillé, quand elle a découvert le plafond changeant, tantôt bienveillant, tantôt sombre, parfois orageux. Elle se souvient des premiers cours, de la découverte des livres et d'un monde dont elle ne connaissait rien, absolument rien. Elle se souvient de l'adaptation, de la volonté d'être la meilleure, de mériter sa place ici, comme si on lui avait offert un don qui allait nécessiter d'elle qu'elle s'en montre digne. Elle se souvient des sentiments des premières semaines, du manque de la famille, de la sensation d'être un peu perdue, et aussi d'une certaine forme de culpabilité, attachée à l'idée d'avoir abandonné Pétunia derrière elle, sans pouvoir lui faire une place ici, sa soeur souffrant terriblement de ce qu'elle qualifiait encore à l'époque d'une injustice. Lily se souvient le trajet en train avec Severus, et par tant, sa première rencontre avec James Potter. Il a été évident assez tôt que James, Sirius et les autres deviendraient plus que des camarades de jeu. Lily se souvient aussi du regard profond et triste de Severus lors de leur répartition dans deux maisons distinctes. Pour autant, au début, la différence ne s'est pas tellement ressentie. Pour Lils, le seul fait qu'ils se soient rencontrés avant d'intégrer Poudlard suffisait à justifier qu'ils restent amis pour toujours. Elle a pris sa défense, à de nombreuses reprises, et plus encore contre Potter, Black, Lupin et Pettigrew. Ils étaient tout bonnement infernaux. Lils se souvient des bousculades et des humiliations, des vols de livres, des farces usantes et agaçantes. Elle a haussé la voix un certain nombre de fois, et c'est en réalité cette base là, cette relation étrange à plusieurs mains, qui a posé les bases de sa relation avec Potter. De lui, elle n'a eu longtemps que l'image d'un gamin arrogant, fier et mesquin, qui s'amusait de la différence des autres et se croyait le Roi du monde, avec son comparse du même cru. Elle ne lui a longtemps réservé que la faveur de son ignorance pleine de jugement, et le changement n'est que récent, l'apaisement n'ayant eu lieu que parce qu'elle a progressivement cessé de s'occuper des affaires de Severus, sauf à défendre son honneur dans l'ombre quand Emmeline la vexe.

Le changement est récent, donc. Peut être date-t-il de la fin de l'année dernière. Ou bien peut être de cette année, de l'été qu'elle a passé à réfléchir et à consigner ses souvenirs sur des carnets - à défaut de pouvoir les raconter à Pétunia, imperméable à tout évènement survenu à Poudlard. Et si, avant ces évènements, Lils ne portait pas vraiment d'attention à ce que les autres lui disaient de Potter, force est de constater que, cette année, les échos ont une tonalité nouvelle. Elle ne sait plus trop sur quel pied danser. Lily est au moins sûre d'une chose : ils sont terriblement différents. Leurs caractères sont très vraisemblablement incompatibles. Ils ne partagent pas les mêmes envies, ni les mêmes centres d'intérêts, et passent le plus clair de leur temps à se disputer pour tout et rien. Si vraiment James Potter veut sortir avec elle, alors il doit être fou - ce dont elle ne doute plus vraiment - non ? Lily réfléchit à la question en se mordant un peu la lèvre inférieure tandis qu'elle lui jette des regards furtifs. Elle, si elle est tout à fait objective et rationnellement, ne sait pas ce qu'elle pense. Si elle est subjective et irrationnelle, ce qu'elle tente de demeurer pour son bien et sa... dignité ? alors elle sait qu'elle ne pourrait pas accepter une proposition de sa part. Si ? Nouveau regard en biais - elle soupire un peu, et secoue la tête, pour tenter de revenir à l'instant, à la conversation, chassant les sentiments qui s'emmêlent dans son esprit fatigué. Elle devient folle, à trop travailler. Est-elle seulement en train d'envisager qu'il pourrait éventuellement se passer quoi que ce soit ? Non, certainement pas. Elle divague, et s'assène de rester raisonnable.

Lils retrouve son sourire quand James parle de Sirius. Il y a quelque chose d'absolument adorable dans la façon qu'ils ont de parler l'un de l'autre. C'est peut être leur valeur d'amitié qui a fait réfléchir Lily sur les adjectifs dont elle qualifiait les deux amis. Parce qu'on ne peut pas être complètement idiot ou méchant quand on est si loyal. « J'ai dit un jour à Sirius ce que je vais te dire aujourd'hui - mais sache que j'admire beaucoup votre sens mutuel de la loyauté. Et je sais pertinemment que Sirius respecte ses conquêtes - d'ailleurs, pour être tout à fait franche, si j'aime bien lui faire des réflexions sur ses rondes nocturnes improvisées, je ne juge pas. Il fait ce qu'il veut. Et puis, je trouve ça assez drôle de le voir se faire crier dessus par une éconduite de temps en temps, je dois bien le reconnaître. Et aussi d'entendre parler de lui de la bouche des plus jeunes fascinées ». Voilà. Elle sourit, sur ce, et hausse une épaule, amusée. « Par contre, il faut qu'il arrête de m'appeler Elizabeth », ajoute-t-elle dans un soupir. Au fond, elle aime bien Sirius. Elle le trouve courageux. Et parfois, il est un peu drôle. C'est qu'elle s'est tout de même grandement détendue pendant l'été - il faut bien lui reconnaître ça.

Voilà qu'il en rajoute sur le compliment et Lils ne peut s'empêcher de rougir davantage. Elle détourne les yeux quelques instants, de manière à observer les jolies colonnes qui bordent le couloir. Ils sont toujours en train de marche - et ils pourraient sans doute faire demi-tour, maintenant, contrôler encore quelques mètres et considérer que c'est bon. Mais pour la première fois de sa vie, tandis qu'ils sont seuls dans un couloir vide et silencieux, elle a un peu envie d'être égoïste. Et plutôt que de suggérer de mettre fin au calvaire de Potter qui, de manière assez évidente, déteste les rondes nocturnes, elle se tait et continue d'avancer comme s'ils étaient partis pour inspecter tout le Château. En voilà, une drôle d'idée, songe-t-elle en rougissant d'avantage. Cela dit, si la suite du compliment la fait rougir, elle la fait rire, aussi. « Potter... » murmure-t-elle, un peu amusée, en levant les yeux au ciel, renouant avec ses vieux démons. « Qu'est-ce que qui se cache derrière cette flatterie ? Est-ce que tu vas me demander d'assurer toutes les rondes jusqu'à la fin de l'année, maintenant ? » elle demande, en souriant de plus belle, pour désamorcer, aussi, la situation, parce qu'elle ne sait pas vraiment comment accueillir le compliment. Elle sait quel sentiment il déclenche chez elle. Elle sait que son coeur bat un peu plus vite, tout à coup, et que ses joues qui s'empourprent sont accompagnées d'une douce chaleur qu'elle n'a pas vraiment l'habitude de ressentir. Mais elle ne veut pas montrer tout ça, alors l'humour lui parait la meilleure arme, et comme Potter s'en est servi en premier, elle ne va pas se priver.

Et puis, le voilà qui confesse ses rondes nocturnes - avant cette année, s'entend - et elle, soudainement, elle se sent un peu... piquée. Elle sait, oui. Qu'ils ont une grande expérience en matière de parcours du château. Et elle s'imagine assez bien Potter faisant les mêmes sorties que Black. Comme lorsqu'elle lui est tombée dessus l'autre jour, qui quittait une Serdaigle avec laquelle il avait allègrement fricoté dans la Tour d'Astronomie - ou quelque chose du genre, d'ailleurs. « Oui, je sais bien », lâche-t-elle, son ton soudainement un peu plus brut. « Black m'a déjà expliqué quelle technique il employait pour rejoindre ses conquêtes dans des endroits exotiques du Chateau », précise-t-elle en haussant une épaule. Elle tend un peu le bâton pour se faire battre, sans doute, mais ne s'en rend pas vraiment compte. Au lieu de ça, il y a cette inexplicable pointe d'agacement sur laquelle il lui suffirait de réfléchir quelques secondes seulement pour qu'elle puisse comprendre de quoi il retourne. Jalousie. Sauf qu'elle, elle ne l'admettra jamais. Voilà qu'elle préfère camoufler tout ça sous une bonne dose de mauvaise foi et de ton empli de jugement.

Et puis, il y a ce contact qui efface tout. Qui la laisse un peu ailleurs, qui radouci son ton, son air aussi, qui lui fait oublier la pointe d'agacement. Elle lui offre un sourire sincère - et satisfait, tout de même, Lils reste elle-même - quand il promet de faire des efforts et approuve l'idée des compromis. Ses doigts s'emmêlent à nouveau dans ses cheveux qu'elle tente de démêler d'ailleurs, et elle acquiesce. « Dans ce cas, je viendrai t'encourager... Enfin, l'équipe, je veux dire. Encourager l'équipe de Quidditch pendant les matchs. » Elle cache son écart de langage sous un sourire qui devient légèrement gêné et souffle. « Pour fêter les compromis, même si honnêtement, je n'y connais pas grand chose en la matière. Au Quidditch. Pas aux compromis », ajoute-t-elle en toussant un peu, légèrement confuse.
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyDim 26 Nov - 23:12

[quote="James Potter"]
Et si la grande démonstration publique ça n’allait pas ? Et si ça n’avait pour seul effet que de faire fuir Evans pour de bon ? Le risque est grand et les enjeux, élevés, toute cette affaire doit être soigneusement réfléchie. Après, à la vérité, après sept ans, il finit par la connaître. Pas sûr, réflexion faite, qu’elle apprécie vraiment le spectaculaire de la demande qu’il imagine. Surtout dans le contexte romantique.
Elle pourrait refuser uniquement parce qu’elle n’ose pas dire oui après tout ce temps. Elle pourrait refuser uniquement parce qu’elle ne le croit pas sincère, encore une fois. Elle pourrait refuser, à l’avenir, de le laisser approcher à nouveau, échaudée par cette « réactualisation » de tout ce côté de son caractère à lui qu’elle déteste. Si seulement Sirius était là, si seulement, entre la Carte et les feux d’artifices améliorés ils avaient pensé à mettre au point ce fameux système de communication dont ils parlaient tant à une époque. À quoi ça sert un frère qui n’est pas là quand on a besoin de lui ?

Lui il saurait. Il a assisté à toute l’histoire, en première loge. depuis les balbutiements jusqu’aux déclarations enflammées. Sept ans, voilà qui rend James songeur. On ne se rend pas compte, quand on est à Poudlard, du temps qui passe, du temps qui reste. Les jours d’élève s’enchaînent les uns aux autres, marqués par les cours, les examens, les colles, puisqu’il faut le dire, mais surtout les mêmes visages, en boucle, et on se prend à croire que tout va durer pour toujours. C’était facile de s’imaginer être le prétendant éconduit jusqu’à la fin du monde, mais il faut se rendre à l’évidence, les choses changent, et ça ne fait que commencer. Déjà, elle essaye d’être discrète mais James capte quelques unes de ses oeillades, Lily ne le considère plus comme avant. Il a de toute évidence cessé d’être le petit emmerdeur des premières années. Heureusement, d’ailleurs. Même ses parents en avaient marre de lui et de son comportement, à une époque.

Mais, quitte à penser qu’il change, de même que le regard que les autres posent sur lui, il est normal de penser qu’elle a changé aussi. Evans n’a plus rien de la née moldue qui est arrivée, les yeux immenses, sur le quai du Poudlard Express, le matin du 1er septembre 1970. Pour commencer, elle a perdu de son physique enfantin, elle s’est élancée, elle est devenue une jeune femme propre à plaire à ce jeune homme qui, à son tour maintenant, la regarde en coin. De son ébahissement des premiers temps, quand elle ne pouvait croire ni à sa chance, ni à ce qu’elle voyait dans les cours et les couloirs. À l’époque déjà elle n’avait pas peut d’exister, de se positionner en défenseuse de la veuve et de l’orphelin, et surtout du cafard. Parfois, elle l’a presque mouché, sans y arriver complètement, parce qu’elle avait contre elle quatre autres orateurs, quand Snivelus la laissait seule. Mais est-ce dû à sa magie, à la libération de son pouvoir, cette confiance en elle et en ses capacités ? Son caractère s’est affirmé, sa langue affûtée, son intelligence acérée, et c’est sans parler de sa beauté, de son humour, de toutes ses qualités dont James serait capable de parler pendant des heures, pendant autant d’heures qu’il est capable de parler des siennes.
Par Merlin, comment va-t-il faire pour parvenir enfin à Lily Evans, alors qu’il est… lui ? L’unique moyen, c’est de se montrer sous un jour tellement nouveau, tellement peu ressemblant, qu’Evans ne pensera jamais qu’il simule, qu’il se paie sa tête. Plus honnête, tu meurs, plus sincère, tu vas chercher Pomfrey parce qu’il y a forcément quelque chose qui ne va pas, regardez-le, ça fait cinq minutes qu’il n’a pas passé la main dans ses cheveux en clignant un œil, c’est sûr il va mal !

Savoir que Lily a de l’affection pour Sirius et regarde d’un œil bienveillant leur relation fraternelle fait du bien à James. Pas parce que « il faudra bien qu’elle apprécie le meilleur ami de son mec » mais parce qu’il faut que les deux personnes de sa vie s’entendent bien. Vrai, si elle ne pouvait pas voir Pads, il ne pourrait sans doute pas être avec elle. Son amusement le rassure, son sourire est une approbation. « Je ne suis pas sûr qu’il soit aussi fana que toi de ces scènes… Il nous a déjà fait faire une moitié de château en plus pour échapper à l’une de ces éconduites, et je t’assure que tu n’avais pas vu Sirius aussi inquiet de sa vie ! Et les plus jeunes, c’est un autre problème. Il ne l’avouera pas, mais ça n’a pas que du bon de grandir, les plus jeunes c’est moins intéressant que les plus âgées, sur pas mal de points. » Oups. Ça n’est pas par là qu’il veut aller. Pas du tout. Il sait ce qu’il veut faire, ce qu’il va faire. Maintenant qu’il a eu l’idée, il se demande pourquoi elle n’est pas venue avant. Ça n’a jamais été plus clair. Quand elle rougit, il se passe la main dans les cheveux. Entre leurs échanges et les quelques longs silences de réflexion, ça fait près d’une demi-heure qu’ils marchent. Il va falloir descendre vers les cachots, s’ils veulent être vraiment disciplinés. Pour une fois, James se sent d’humeur. Il a oublié les garçons qui se bidonnent là-haut. Et même s’ils étaient juste-là, à côté, il ne les entendrait pas à côté d’Evans qui murmure son nom. Dans une tempête, et le bruit que font les Maraudeur est parfois « ouraganesque », James n’aurait rien entendu d’autre que ce « Potter… » Alors même si après elle se moque et suggère une idée qui aurait tenté le brun à peine une heure auparavant, il ne peut que s’outrer : « Si peu de confiance ! Tout ça pour quinze minutes de ronde manquée, je te trouve dure ! Mais puisque tu me prends par les sentiments, je vais te révéler mon secret, écoute. » James adopte un ton très bas, qui force Evans à se rapprocher. Là. Elle ne doit même pas sentir qu’ils se frôlent. « La flatterie est toujours gratuite, avec moi. Du moins, les dix premières sont gratuites, et puis on raque à la onzième. Tout d’un seul coup, intérêts compris. » Elle voulait de l’humour, en voilà, beauté. Bien sûr, ça James le garde pour lui. Il garde aussi pour ses pensées le fait qu’il reconnaît parfaitement le parfum qu’il sent si proche de lui. La dernière fois, Slug avait le nez dessus, et félicitait son Amortentia – pour une fois qu’il y avait quelque chose à véritablement féliciter en potion ! Là, pas de Slug – Merlin, merci ! – et James est seul à respirer le parfum de Lily Evans. « Pas de rondes jusqu’à la fin de l’année. » promet-il en chuchotant presque. « Mais maintenant que tu sais, prépare-toi aux intérêts. » Sa voix est devenue presque rauque, il se redresse. Pas encore. Bientôt.

Heureusement qu’il se relève, parce que sur une phrase de lui on ne peut plus innocente, elle se tend, comme piquée par une bestiole. Son ton est plus dur, teinté d’un sentiment que James ne reconnaît pas, pas dans sa voix. Il cherche ce qu’il a pu dire de mal, a l’impression que tout lui échappe. Humour ? Sincérité ? C’est peut-être le moment de poser la première pierre. « Ah, je vois que Sirius est intarissable. » C’est un constat, sans moquerie. « Heureusement, d’ailleurs. C’est le seul sujet sur lequel je ne pourrais pas rivaliser. Vaut mieux qu’il soit prêt à faire la conversation tout seul, puisqu’il s’avère que ni Remus, ni Peter, ni moi n’avons quoi que ce soit à partager. » Et voilà, c’est dit. Evans pouvait bien penser qu’il était un bourreau des cœurs, le voilà blanc comme neige, désormais. En espérant que cette révélation calmera son agacement. Le moment approche, comme le lui fait sentir son cœur qui commence à battre un peu plus vite. Il en oublie la question, ou était-ce une promesse ?, sur le Quidditch. Il remercie d’un demi mot. Il ne pouvait, de toute façon, pas s’empêcher de la chercher des yeux dans les gradins, à chaque match. Avec un peu de chance, cinq ans ont assez entraîné ses yeux, qui seront à l’avenir capable de la trouver comme s’il n’y avait qu’elle. « Je t’apprendrais, si tu veux. » Les mots sortent mécaniquement, peut-être dans le désordre, James ne sait pas. Ça lui va juste de parler au futur. Je t’apprendrais, à savoir, je serais là quoi qu’il arrive, et, ASPICs ou pas, guerre ou pas, couple ou pas, je t’apprendrais les bases de ce sport, et tout ce que tu voudras apprendre, comme tu viens de m’enseigner les compromis.

Il tousse, les mots sont trop nombreux. « Eh, Evans. » Il s’arrête, au milieu d’une volée de marches qui descend vers l’obscurité des cachots. Elle va s’arrêter, ou pas, qu’est-ce qu’il fait si elle refuse de s’arrêter ? Ne pas s’en faire, continuer. « J’ai une idée, comme ça. » Faire genre ça vient d’arriver ? Non, on a parlé d’honnêteté totale et absolue. « Non, en fait, j’y pense depuis quelques temps. » Mieux. « Ça te dirait, à l’occasion, je sais pas, de Noël, par exemple, comme ça c’est assez loin, tu as le temps d’y réfléchir… » Continue, James, t’es pas du tout en train de t’enfoncer. « Par exemple, au moment de la sortie à Pré-au-Lard. » Y a un truc qui cloche. Il a l’impression d’avoir tout dit, mais… Ah, non, il a oublié le plus important. « On pourrait y aller ensemble. Pour faire les courses de nos cadeaux, pour s’aider l’un l’autre, avec les paquets. » Allez, encore un effort. « On pourrait aller boire une Bièraubeurre, chez Rosmerta, ou un thé, hein, comme tu veux. » C’est assez sincère, là ? Est-ce qu’elle va accepter ou le gifler ? « Encore une fois, c’est loin. Je te laisse tout le temps pour y réfléchir, t’as même pas à répondre maintenant. Ou alors tu me dis non, et oui plus tard. Je préfèrerais ça à oui maintenant mais non plus tard, par contre. C’est juste une question de… faux espoirs. »

C’est dit, il respire enfin. C’est donc ça que ça fait, la sincérité ? Ok, bien. Une fois, pas deux.
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Lily Evans
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyLun 27 Nov - 12:55

Oui, Lily Evans apprécie la loyauté. Et sans vouloir l'admettre, sans doute apprécie-t-elle aussi cette nouvelle facette de la personnalité de Potter et ses comparses qu'elle analyse peu à peu, qu'elle découvre au fil des conversations. L'attachement qu'elle éprouve pour Remus s'étend, peu à peu, bon gré mal gré, aux autres phénomènes de Gryffondor. Oh, il lui faudra du temps pour admettre, et du temps pour s'en remettre aussi. Mais sans doute ne se cache-t-il pas seulement, derrière ces blagues hasardeuses et ce dégoût pour les règlements, que de la provocation. Il y a autre chose, de ce qui fonde les qualités même de la maison à laquelle ils appartiennent. Une loyauté sans frontière, fraternelle, qui la touche plus qu'elle ne le laisserait entendre. James et Sirius, tout particulièrement, la laissent entrevoir ce à quoi les rencontres d'école peuvent aboutir. Une amitié indéfectible, de celle qui pardonne tout et efface le reste. C'est comme ça qu'elle voit les choses, elle aussi - à ce détail près sans doute qu'elle s'est déjà trouvée incapable de pardonner dans le passé. Il faudrait qu'elle soit folle pour ne pas être un peu au moins admirative. James a pris aujourd'hui la défense de Sirius de la même façon que Sirius a pris la défense de James lors de leur dernière rencontre fortuite dans les couloirs sombres d'un Poudlard endormi. Et tout ça parait parfois peu de choses par rapport aux six années qui se sont écoulées depuis leur première rencontre. Qui plus est, sans donner raison à qui que ce soit, Lily doit bien admettre qu'au moins, Potter, Black et les autres ne se sont jamais montrés décevants. Ils sont restés fidèles à eux-mêmes, sans se soucier de ce que pourraient dire les autres. A l'inverse de Severus, sans doute, qui lui a préféré se ranger à l'opinion de ses pairs. Il faut d'ailleurs qu'elle arrête d'y penser, car à part rouvrir une souffrance vieille de près d'un an, ça ne lui apporte pas grand-chose. Elle soupire d'ailleurs, ses doigts fins laissant ses cheveux tranquilles pour regagnent ses poches, plutôt. Elle se demande ce que James pense de l'intervention de Severus. Elle ne peut pas s'en empêcher. Lui qui voue une haine sans nom à Sev depuis leur entrée à Poudlard - sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, d'ailleurs, parce qu'à l'origine, Severus n'était rien d'autre qu'un petit garçon rejoignant les bancs de Poudlard et pas vraiment maître de sa répartition - a forcément dû entendre parler de sa dispute avec Lils. Personne ne lui en a jamais parlé. Marlene s'est contentée de lui jeter un regard à mi-chemin entre je te l'avais dit et désolée, Emmeline n'en pense clairement que du mal, comme elle l'a bien affirmé il y a quelques semaines seulement. Lils garde toutes ces choses-là pour elle, et, étrangement, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, alors qu'elle y repense, elle se demande si Potter pourrait être un interlocuteur réconfortant.

Ce qui semble totalement ridicule. Il a sans doute des qualités, oui, personne ne naît dépourvu de la moindre qualité. Mais de là à dire qu'il pourrait être un bon interlocuteur pour parler de sa déception quant à Severus, il ne faut pas exagérer. Elle soupire, parce qu'elle parvient tout de même à s'agacer toute seule. Ou peut-être que son agacement est multiple et qu'elle préfère en ignorer les causes. « T’emballe pas trop quand même Potter, je n’ai jamais dit que j’étais d’accord pour les intérêts. Je peux aussi exiger de toi que tu arrêtes de me flatter, plutôt – non ? » Elle demande, sournoise, un sourire enfin raccroché aux creux des lèvres, tandis que Severus quitte définitivement ses pensées. Ce qu’il mérite, en soi. « Donc ça ne vous intéresse pas d’avoir un harem de jeunes filles éplorées, si je comprends bien ? Vous préférez les œillades entendues de qui ? Vos compagnes de septième année ? Pire, McGonnagall ? J’ai cru comprendre qu’il avait un rapport un peu particulier à notre professeur de Métamorphose, mais quand même, de là à dire que… » Lily ferme les yeux pour démontrer son refus d’imaginer quoi que ce soit de plus que cette phrase laissée en suspens. Elle se souvient très bien de Sirius qui confesse qu’elle est McGo sont les deux femmes de sa vie – ce genre de révélations vous marque, même quand vous êtes la Reine des premières de la classe et des jeunes filles sages. Elle lâche du lest, la pauvre Lily. A se laisser attendrir par des énergumènes.

Et puis, boum, voilà Potter qui fait taire son agitation, son agacement. Sa jalousie, peut-être même.  D’une seule phrase qui la surprend, la prend au dépourvu, la laisse sceptique et – une fois de plus – un peu attendrie. Black serait donc, des quatre, le seul coureur digne de ce nom ? Voilà une belle branche de réputation qui s’effondre, soudainement. Elle le dévisage, un peu trop longtemps pour que ce soit normal, perdue dans ses pensées et ses constatations, tentant de se souvenir des conquêtes de James dont elle aurait entendu parler pour pouvoir le démentir, mais non, il se tient là, à quelques mètres, à faire des confessions qui prive Evans de son droit à le détester foncièrement, brutalement, et elle, elle ne sait plus quoi dire. Quoi faire. Elle lui répondrait bien, moqueuse, qu’elle ne le croit pas, que ce n’est pas la peine de prétendre pour l’apitoyer sur son sort, mais en réalité, ce n’est pas ce qu’elle pense. Elle le fixe tout au long de la confession à peine murmurée, et elle le croit. Et ça lui fait une impression bizarre – comme si quelque chose venait, dans son paysage à elle, de changer radicalement. Ça n’a pas la moindre importance, pourtant. Elle devrait s’en foutre, changer de sujet, passer à autre chose pour aborder les prochains cours, les prochains devoirs, les examens, les rondes, n’importe quoi qui la met beaucoup plus à l’aise que cette conversation bizarre sur les conquêtes des garçons. Mais rien ne vient. Aucune phrase bien servie, aucun sujet salvateur. Elle se contente de le fixer, à moitié mal à l’aise, presque impressionnée, et puis hoche doucement la tête, ses mains s’échappant de ses poches pour retourner jouer avec ses cheveux, signe indéniable de sa nervosité. Heureusement, il inclut Peter et Remus dans ses affirmations, ce qui lui permet d’exprimer sa surprise un peu plus librement. « Je vois », finit-elle par lâcher. Oh, vraiment, tu vois ? Elle s’engueule intérieurement, et se somme de se ressaisir un peu – du nerf, Evans. « Ca me surprend », s’autorise-t-elle enfin, sans berner personne – s’il n’a pas compris, par son manque total de réaction ou de réplique, qu’elle était surprise, c’est qu’il est aveugle. Il l’a mouchée, oui. Pour une fois, Evans n’a rien à dire, rien à répliquer, seulement le silence pour s’enfermer et cuver. Et ce n’est pas vraiment dans ce domaine-là qu’elle s’attendait à être mouchée, franchement.

Et puis la proposition vient troubler le silence qui reste en écho à ses paroles. Une proposition anodine, qui ne veut rien dire, qui ne devrait rien dire, mais qui lui arrache de nouveau un sourire. Lily Evans est une excellente élève dans la plupart des matières. Deux choses n’ont jamais recueilli sa passion, cependant. Le Quidditch, et la Divination, les deux domaines dans lesquels, malgré quelques efforts au départ, elle n’a jamais réussi à être douée. Elle doute fort qu’il puisse lui apprendre quoi que ce soit de technique, mais elle peut définitivement au moins tenter de comprendre la théorie. Le comptage des points, ce genre de choses. Après six ans passés à Poudlard, ce serait la moindre des choses que de commencer à s’y intéresser. Et ça pourrait toujours lui servir, notamment à être un peu fière si jamais ils ramènent la Coupe, comme il le dit, à la fin de l’année. Elle acquiesce, simplement, sans ajouter le moindre mot, pour signifier son accord – et pour une fois que Lils est d’accord avec ce que lui propose Potter, il faut quand même le faire remarquer. D’ailleurs, elle se sent qui s’affaiblit à vue d’œil, ce qui n’est définitivement pas bon pour les affaires, et pas du tout ce qu’elle avait en tête, un peu plus tôt, quand elle est rentrée de la bibliothèque avec ses livres pour aller se coucher. Résultat des courses, la voilà à déambuler pour une ronde plus que discutable à bonne distance de la Tour des Gryffondors. Et en plus de ça, comme toutes les personnes de la Salle Commune les ont vus partir ensemble, tout le monde saura très bien qu’ils ont vagabondé bien trop longtemps pour pouvoir se servir de la seule excuse de leurs rôles de Préfets en Chef. Elle entend déjà les commentaires sarcastiques de Sirius, voit déjà le sourire en coin de Peter et le haussement d’épaules résolu de Remus.

Sauf que quand elle s’apprête à suggérer qu’ils se dirigent à nouveau vers la Salle Commune, ils empruntent le chemin des cachots – et Potter reprend la parole. Il a une idée. Et sans qu’elle sache pourquoi, Lily sent venir la conversation sérieuse. Un peu trop sérieuse, de celle qu’on redoute, non pas parce qu’on les rejette totalement mais parce qu’elles vous angoissent. Les conversations trop intimes auxquelles vous n’êtes pas préparé. Et pire, encore, il y a ce cadre, ce contexte qui amène la proposition de Potter, un Potter comme elle ne l’a jamais vu, d’ailleurs. Seul, hésitant, un peu timide, sans doute ? Ils ne sont entourés de personne, il n’y a pas le moindre spectateur de ce qu’elle aurait pu analyser, à l’inverse, comme une moquerie ou une énième provocation. Entièrement seuls. Il lui propose de sortir parce qu’il semble en avoir envie, pas parce qu’il veut impressionner les autres, on se fait mousser par Sirius. Il butte un peu sur les mots, lui offre même le temps de réfléchir, et vlan, voilà que la proposition a quitté ses lèvres et qu’elle est en suspens, entre eux, dans les airs. C’est sans doute la proposition la plus maladroite de l’histoire des propositions, mais elle surprend tellement Lily que, dans un premier temps, elle ne peut que sourire, vaguement gênée. Alors quoi ? Les rumeurs disent vrai ? Potter veut sortir avec elle, après toutes ces années – ou pire, depuis toutes ces années ? Outre le fait que Lily n’a pas la moindre idée de comment une chose pareille a pu arriver – parce que clairement, ils n’ont pas grand-chose en commun, et en toute objectivité, James n’aurait aucun mal à trouver une fille qui lui corresponde plus et qui serait à ses pieds – elle ne sait pas quoi répondre. Et zut, à la fin, pourquoi est-ce qu’elle n’a jamais sérieusement abordé cette situation avec Marlene ? Pour recueillir ses conseils ? C’était plus simple avant, quand Potter proposait sur le ton de l’humour, pour passer le temps ou faire le guignol entre ses copains. Une petite répartie bien piquante et bien placée et elle se débarrassait de la question sans avoir à envisager qu’elle puisse être sincère et déguisée, au fond. Mais maintenant ? Maintenant, elle a l’air maline. Et outre le fait que c’est une nouvelle proposition de Potter – Lils n’est jamais sorti ou que ce soit avec qui que ce soit. Elle ne sait pas faire de ces choses-là. Elle ne sait même pas si elle en a envie – sincèrement ? Elle a toujours vu Potter comme un fauteur de trouble allergique aux règles. Ce qui est bien loin de ce qu’elle est, elle. Et elle a toujours été contente de lui envoyer une petite répartie dans la figure pour tenter de le moucher ou de le faire taire. Et là ? C’est elle qui est à moitié muette, comme une idiote. Elle se fait penser à ces filles qui leur courent après sans arrêt. Et la voilà qui tremble un peu, qui s’est arrêtée en plein milieu des escaliers pour le dévisager à son aise, le cerveau tournant à plein régime, fort de toutes les questions qu’elle se pose. « Attends, tu… » Elle secoue la tête et s’interrompt. Elle s’apprêtait à lui demander s’il la faisait marcher, mais elle se ravise. Parce qu’il est clair et objectif qu’il ne la fait pas marcher. Sa proposition est sincère. Un peu gênée, aussi.

« Je vais réfléchir », elle finit par balbutier, comme elle peut, maladroite. « Oui, il faut que je réfléchisse ». Comprenez : il faut que je convoque d’urgence une réunion des filles, que je fasse une crise d’angoisse, que je leur explique ce qu’il se passe pour qu’elles me donnent un avis et m’aident à décider quoi faire. « Mais ça a l’air tentant ». What ? Cette dernière phrase s’échappe toute seule, comme pour le conforter. Pour laisser entrevoir l’issue du débat. Car elle sait très bien ce que lui conseilleront les filles. Mais qu’est-ce qu’elle en pense, elle, pour de vrai ? Est-ce qu’elle a envie d’y réfléchir ? Il faut qu’elle ait au moins l’air d’avoir envie d’y réfléchir, non ? Pour que ce soit crédible ? Pour qu’elle, elle soit crédible ? La voilà qui panique, soudainement, dans les escaliers, un peu plus haute que lui – pour une fois. « De toute façon, il faudra bien que j’aille faire des courses de Noel. » De mieux en mieux, Evans. Voilà qui est brillant de répartie – et qui ne laisse pas du tout entrevoir ton trouble. Elle se mord la lèvre et soupire vaguement.

Mais sous ces soupirs et une angoisse peu maitrisée, Lily sourit, aussi. D’un de ces sourires qui scellent les destins.
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 30 Nov - 11:00

Les dilemmes ont longtemps été quelque chose d’inconnu pour James. Les décisions épineuses, voire impossibles, il n’avait jamais eu à en faire, même petit. Oui, il était pourri gâté, certes, mais du coup il n’avait jamais été obligé de choisir entre le mini-balai, la fausse baguette magique qui faisait apparaître des lapins en peluche et le chaton gris qui lui avait léché le bout du nez la dernière fois qu’il était entré dans cette animalerie. Quand il voulait quelque chose, il l’avait. Et cette tendance ne s’était pas amoindrie au fur et à mesure des années.
James Potter était drôle, populaire, il était devenu beau garçon, il était intelligent, fortuné, bien élevé, loyal. Qui pouvait lui refuser quoi que ce soit ? Les profs lui avaient permis de commencer à s’entraîner au Quidditch avant de rentrer dans l’équipe, sur les balais de l’école et puis sur le sien propre, tous se levaient pour le laisser s’installer auprès du feu avec sa bande, une fois l’hiver venu, on l’admirait, on lui passait tout, ou presque. Avec ça, il n’était pas difficile de comprendre comment il avait pu attraper la grosse tête, et pourquoi il pouvait paraître imbuvable aux yeux de beaucoup.

Mais, pour ceux qui lui accordent encore une attention un peu plus qu’éphémère, à savoir ses parents, certains des profs et ses amis les plus proches, à étendre peut-être à tous les élèves de septième année de Gryffondor, les choses ont changé depuis le début de l’année. Le dilemme est entré dans la vie du jeune homme, c’est à dire que, pour une fois, tout n’est pas clair, facile, futile. Ça n’est pas que tout l’était avant non plus – apprendre que l’un de ses meilleurs amis est un loup-garou, voilà qui peut-être déstabilisant – mais il a toujours été possible de trouver une solution tierce, et, finalement, d’être léger. Remus souffre le martyr, seul, une fois par mois ? Ignorons que c’est impossible et illégal, et devenons Animagi ! Sirius va devenir dingue, à rester chez ses fous de parents ? Ouvrons lui les portes de Godric’s Hollow ! Tout est possible, quand on est jeune, rien n’a d’importance.

Aujourd’hui, avec la guerre qui va ravager le monde, les mondes, l’ancienne gymnastique paraît plus difficile à appliquer. La seule acrobatie mentale possible, c’est de parvenir à décider que c’est dehors, pas à Poudlard, qu’ils sont des enfants et que ça ne les concerne pas encore.
Le problème, c’est que dans Poudlard, il y a autre chose, une autre décision à prendre, une autre situation dans laquelle il ne peut pas faire le malin. Lily n’a rien de contournable, et James a montré, à de nombreuses reprises, qu’il ne sait vraiment pas comment se comporter face à elle. Il tâtonne depuis six ans, et le nombre des choix est de plus en plus réduit. Les choses se passent même sans qu’il s’en aperçoive. De la reine des glaces, malgré ses cheveux de feu, à la sympathique camarade de classe et de rondes, James ne sait même pas comment le changement s’est opéré. Tout ça part sans doute autant d’elle que de lui, et sans doute de Snivelus. Depuis qu’il s’est éjecté du tableau tout seul, comme un grand, et sans aucune aide extérieur, genre, celle des Marauders, au hasard. S’il faut lui reconnaître une chose, à celui-là, c’est qu’il a épargné à James un choix, celui qui menaçait vraiment cornélien, le faire, oui ou non, dégager de ses propres mains. Certes, Evans ne lui aurait plus parlé, mais au moins elle aurait été débarrassée du serpent. Mais il n’y a même pas besoin d’y penser, puisque le « pauvre Sev » comme l’appelait Evans avant, a décidé pour lui, épargnant, sans doute, à James d’être renvoyé.

Lily ne parle plus jamais du Serpentard, impossible de savoir exactement ce qu’elle pense de lui. Le seul indice, c’est qu’elle ne lui parle plus jamais non plus. Mais c’est un sujet sur lequel James ne va même pas essayer d’aller à la pêche aux informations. Il a assez à faire avec sa co-préfète, c’est à dire sauter enfin le pas. C’est là où ça l’a mené, tout ce chemin de pensée tortueux sur les choix. Tout ce qui lui manquait en fait, et ironiquement, c’était le courage.

« Y a pas besoin d’être d’accord pour que ça t’arrive. D’ailleurs, je suis tellement doué que tu ne vas même pas remarquer que l’heure est venue de passer à la caisse. Je sais faire dans la finesse, promis. » La proposition d’arrêter la flatterie le fait taire une seconde. C’est qu’il aimerait bien, mais ça serait plutôt pour passer aux compliments. Impossible de répondre ça, elle risquerait, sincèrement, de le gifler. Quand c’est trop tôt, c’est trop tôt. « Alors disons, puisqu’on est dans le marchandage – et crois moi, j’adore ça – cinq flatteries et 10 pourcents de réduction sur les intérêts qui tomberont, forcément. Du coup, ça sera moins pire que tout ce qui arrive aux autres, je te le jure sur la barbe de notre très cher directeur ! » Lily la marchandeuse fait alors place à la Lily qu’il connaît bien, qu’il préfère peut-être ? En tout cas, il y a peut-être moyen de désamorcer cette gêne, embêtante avec ce qu’il prévoit par la suite, avec humour. « Tu mélanges plein de choses, avec cette histoire de harem. Certes il y a des jeunes, des filles et des éplorées, mais on ne s’arrête pas là ! Enfin, surtout Sirius, quoi. La sélection n’est pas drastique à l’entrée. Si c’est joli et pas trop bête, ça passe. » Pas un mot de plus sur McGo, ça achèverait sans doute son élève préférée. Que Sirius raconte partout que la professeure de Métamorphose n’est pas avare de clins d’œil, c’est une chose, mais le répéter à Evans c’est un autre problème. D’autant plus que Padfoot serait furieux de savoir qu’il a manqué la réaction à chaud. Ne pas parler non plus de la dernière barrière, à savoir que les Serpentards n’ont pas une chance, une seule, avec le brun. Il ne manquerait plus que Snivelus apparaisse dans la conversation, alors même que leur ronde les amène de plus en plus près des cachots. Et s’il suffisait de prononcer son nom pour l’invoquer ? On a déjà vu ça !

Mais apparemment, il n’y a pas moyen de continuer la discussion sans que la gêne s’invite entre eux. C’est qui, cette intrigante ? Elle non plus, James ne la connaît pas bien, lui qui est si souvent sûr de lui, ainsi que fier de sa petite personne. Ne pas savoir où se mettre, que dire, quand et comment le dire, voilà qui est bien nouveau et bien désagréable. La gêne de Lily devient encore plus profonde, parce que plus particulière. Lui, ne pense pas dire quelque chose de phénoménal. Oui, c’est personnel, oui c’est dit sur le ton de la sincérité, en effet, ça n’est pas quelque chose qu’il crie sur tous les toits, et qu’il se contente d’entendre dans les recoins des couloirs. Mais au delà de ça, c’est la surprise sincère, l’étonnement, le… plaisir, peut-être ?, d’Evans qui le laisse sans mots. Elle joue avec ses cheveux, le regarde comme si elle oublie que lui aussi peut la voir. Elle ne rougit pas plus que raison, elle a plus l’air songeuse qu’outrée, ou mal à l’aise. Elle a l’air de le croire. C’est comme si elle découvrait que le jeu qu’elle pensait avoir sous les yeux n’était finalement pas du tout tel qu’elle l’imaginait. Comme si les cartes venaient d’être redistribuées, le Roi de cœur est libéré de sa cour fictive. James ne comprend peut-être pas bien dans quelle mesure exactement cette confession change la donne, il ne peut qu’essayer de le deviner en rendant à Lily son regard perçant. Mais pour lui, elle est toujours la même. Il n’a jamais commis l’erreur de la sous-estimer, ni vraiment de l’idéaliser. Elle a beau avoir fait tout son possible pour le tenir à l’écart d’elle, il a l’impression de la connaître par cœur, à force de regards en coin, à force d’être assis non loin d’elle en cours, à force de plaisanter avec ses copines. Sept ans d’école, ça rapproche mine de rien. Et, au contraire de ce à quoi on pourrait s’attendre, James est ravi de n’avoir sans doute rien à découvrir de cette fille. Il sait déjà de quoi, de qui, il est tombé amoureux. Pas besoin d’en rajouter, son cœur déborde déjà.

Et c’est d’ailleurs ce même cœur qui prend la parole à la place de sa tête. Cette dernière a définitivement rendu les armes devant le chuchotement étonné ? content ? bref déroutant d’Evans. Cette fille est incroyable, y a rien à dire. Jamais vraiment où on l’attend, alors qu’il pense qu’elle va rire, elle pète les plombs, alors qu’il se prépare à la voir fondre sur lui en mode dragon, elle se tait, sourit, prend le temps de la réflexion. Et c’est plutôt encourageant, vu ce qu’il a en tête. Présager de sa réponse est quasi impossible, évidemment. C’est bien pour ça que les paris courent, ou du moins que certains se donnent le droit d’en discuter alors que ça ne les regarde pas. James et Lily sont un sujet public, aussi risible que ça soit. Mais du coup, ils sont rarement loin des regards, juste l’un avec l’autre, avec la chance d’être autre chose qu’en représentation, du moins dans le cas de James. Non, aussi pour Lily. Elle aussi est obligée de se conforter à qui elle doit être : élève brillante, tempérament de feu, tout à fait à l’opposé de ce qu’il est lui. Elle ne peut pas se laisser attendrir, pas quand les profs et les élèves ont les yeux fixés sur eux. Lui aussi respecte son personnage canon. Semblable à qui on veut qu’il soit.

Mais là, il y moyen d’être autre chose, de continuer dans la voie du nouveau James, celui qui laisse Evans songeuse. Il ne se rend pas compte, pas plus qu’elle, qu’ils marchent au gré de leurs pas, dans un silence simple. C’est à lui, lui qui n’aime pas le silence, qu’il revient de le briser. Mais pour ça, il faut d’abord le rendre total, en faisant taire le bruit des pas. La brusquerie et la totalité du silence, quand il s’immobilise au milieu de la cage d’escalier, fait qu’elle s’arrête aussi. Merlin merci, elle s’arrête. C’est déjà assez compliqué comme ça, il aurait eu l’air malin à lui courir après, littéralement, pour lui demande de sortir avec lui. Il trouve ses mots au fur et à mesure, en s’inspirant de ce qu’il voit passer sur le visage de Lily. Devant son air inquiet, il essaye de rassurer, en voyant ses sourcils se froncer d’incompréhension, il explicite. Il navigue à vue, son phare est une émeraude. Elle sourit. Elle sourit ! Est-ce qu’elle se moque, parce qu’il s’emmêle ? Est-ce qu’elle le trouve touchant ? S’il te plaît, Evans, comprend à quel point cet instant est déterminant. Le James en suspens n’attend qu’un signe de toi pour prendre la place de celui que tu as longtemps méprisé. Une pique, et Snivelus recommence à en prendre pour son grade. Pas par basse vengeance, mais parce que tu auras montré, en riant, que l’heure de devenir adulte n’est pas encore venue. Tu es un signe, Lily Evans.
Pour l’heure, le signe est mutique. L’ombre et le silence s’éternisent, maintenant que James a fini de parler. Sa hantise le reprend. Elle va décliner, gentiment mais fermement. Il ferait mieux de proposer maintenant qu’ils commencent à remonter vers les tours. Après tout, qui va se balader dans les cachots à cette heure-ci ? En plus il fait froid, ils ont cours demain matin, tôt, et maintenant qu’il y pense, il semble à James qu’il n’a pas terminé le devoir de Métamorphose. Il se cherche une excuse, pour n’avoir pas à faire le chemin du retour en sa compagnie, si elle l’envoie bouler. Voilà pourquoi il ne se montre jamais sincère, c’est trop de travail, c’est trop douloureux. « Attends, tu… ». Le signe a parlé. La voix hésite, James est sûr et certain que ses jambes vont le lâcher.

Sa seule consolation est qu’Evans ne fait pas la fière non plus. Et elle accepte. Ou pas. Enfin si. Elle met presque autant de temps que lui pour formuler ce qu’elle a à dire. Chaque mot est une bataille, autant à prononcer qu’à entendre. James ne peut en croire ses oreilles, ni sa chance. C’est vrai qu’il s’est lancé sans trop savoir ce qu’il espérait. Parce que le oui, ça n’est que le début. C’est une porte ouverte, reste à savoir ce qu’ils vont trouver derrière. Qu’elle y réfléchisse, oui, parce que sa réponse va peut-être tout changer.
Tentant.
James va porter sa main à ses cheveux, pour exorciser le trouble, mais Evans n’en a pas fini avec lui. C’était ça, réfléchir ? Une seconde de plus. Le truc, c’est qu’il ne doute pas une seconde de sa sincérité. Elle ne ment pas, ça ne serait pas « elle », et donc Lily Evans veut sortir avec lui. Il a la main arrêtée à mi-hauteur, il la regarde d’en bas. Il pourrait lui prendre la main, là tout de suite. Sa gorge est serrée, mais c’est quoi cet état dans lequel il est nom d’un chien ? C’est ça que ça fait, sept ans de vannes et deux de sentiments qui se libèrent ? Merlin, heureusement que ça n’arrive pas plus souvent que ça ! Elle soupire, il soupire. Ils vont se regarder en chien de fusil combien de temps ? Il faut remonter. Il doit remonter, sinon il risque de l’embrasser, là, tout de suite, et ça serait tout foutre en l’air. Alors, quitte à bousiller l’ambiance, autant le faire à la Potter avant qu'il ne soit trop tard.

« Il n’y aura personne en bas, je crois bien. Et je vois bien la tête de Slug s’il nous trouve en bas à cette heure-là, Préfets en chef ou pas. On remonte ? »

Et il se permet de monter une marche, d’être beaucoup trop près d’elle, mais sans rien tenter. Sa main, arrêtée en plein geste, s’avance vers son bras à elle, et l’effleure pour l’inciter à faire demi tour. Le temps s’arrête pendant qu’elle sourit. Ça serait si facile, si définitif, que ça en aurait un goût de début de la fin.
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Lily Evans
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyVen 1 Déc - 16:59

La voilà qui lève les yeux au ciel, à nouveau, devant les répliques de Potter. Oh, elle ne doute pas du fait que son duo d’enfer avec Sirius fasse fondre des cœurs. Peter et Remus semblent pour leur part plus sur la réserve, à ce niveau-là, en tout cas. De manière générale, les quatre amis ont clairement marqué de leur passage la maison Gryffondor, personne ne pourrait affirmer le contraire, pas même la Préfète-en-Chef. Chacun avec sa particularité, chacun avec sa signature, et puis aussi en groupe. Lily admet bien volontiers d’ailleurs qu’elle est un peu admirative de ce groupe impressionnant de l’extérieur. Elle aussi, est parvenue à nouer ici des amitiés profondes et vraies, mais dont elle n’est pas vraiment certaine qu’elles soient aussi indéfectibles. « Je suis surprise que vos victimes n’aient pas vu clair dans votre petit jeu de flatterie, depuis le temps… » note-t-elle en riant légèrement, s’autorisant un soupir. Elle est bien hypocrite, pourtant, et si seulement elle était suffisamment attentive pour porter quelques secondes de crédit aux réactions de ses joues, de son cœur, et de son corps, elle pourrait facilement admettre qu’il se passe quelque chose de nouveau depuis quelques semaines et qu’elle est finalement peut être au niveau de ces filles qui font les fans éplorées. Son égo l’en empêche d’une manière assez cruelle, cela dit – ou du moins le croit-elle, jusqu’à cette improbable interruption au beau milieu d’une cage d’escalier dont la pénombre gagne les cachots.

La surprise lui barre encore le cœur, même plusieurs secondes après que les mots aient passé ses lèvres. Elle ne sait pas bien si elle vient de donner son accord, si elle s’est proposée de réfléchir, ni ce qu’il va s’en suivre. Elle a l’impression de planer, là, quelques centimètres plus haut que cette scène improbable de Potter qui l’invite à sortir et de sa propre voix qui donne son accord de principe. Elle reste bloquée, en suspens, sur sa marche, à l’observer comme si elle le voyait pour la première fois, alors qu’une chose vient frapper son esprit tout à coup. Les rumeurs sont peut être fondées. Peut-être qu’elles tiennent leur source dans quelque chose de plus profond, de plus justifié, aussi. Elle sent les battements de son cœur qui accélèrent notablement dans sa cage thoracique, et sa main, posée contre le mur de pierres froides, tremble légèrement. Lily Evans n’a jamais été invitée à sortir avant. Quoi que si, techniquement, à bien y réfléchir, Potter n’en n’est pas à son coup d’essai. Mais tout est différent, ce soir. Le contexte même a changé. Ils sont seuls, avec pour seuls témoins les murs froids et humides et les profondeurs de Poudlard. Elle se mordille légèrement la lèvre, songeant aux bienheureux qui les attendent là-haut et qui les ont vus partir ensemble, et prend une inspiration. Lily sait exactement à qui elle voudrait demander conseil, et ce n’est pas nécessairement à Marlene, même si c’est sans doute auprès de la blonde qu’elle finira par trouver repère. C’est Petunia. Oui, là tout de suite, elle aimerait s’empresser de regagner son dortoir, s’installer sur son lit, et écrire à Petunia. Pour lui raconter l’angoisse de la dernière année, de la fin qui approche, l’incertitude de l’avenir, et surtout, surtout, pour lui dire qu’un garçon vient de l’inviter à sortir. Pour lui dire que ce n’est pas n’importe quel garçon. Qu’il est convoité par les autres, qu’elle pensait le détester, qu’elle se ravise un peu maintenant. Elle aimerait demander à Petunia si c’est normal, parfois, de répondre sans savoir ce que l’on répond. Si ça existe qu’une situation soit si claire, si limpide, si dépourvue de doute et de besoin de réflexion qu’on l’accepte sans même parvenir à y réfléchir une seule seconde. Dis-moi, Petunia, est-ce que c’est ça, apprécier quelqu’un ? Vouloir quelqu’un ? Est-ce que l’attachement vous prive de votre droit de réflexion ? Est-ce que je suis en train de devenir idiote parce que je suis flattée que Potter m’ait proposé de sortir ? Est-ce que c’est parce que j’ai sincèrement envie d’y aller ?

Elle soupire, sans se départir de son sourire cependant. Elle ne peut pas écrire à Petunia, parce que Petunia s’en fiche, qu’elle n’a rien envie d’avoir à faire avec le Monde de Poudlard. Voilà longtemps maintenant que les deux sœurs n’ont plus grand-chose à se dire, à part des échanges tragiques de banalités.

C’est lui qui finit par briser le silence. Avec des banalités qui la ramènent au monde réel. Elle le dévisage un instant sans comprendre, avant de se souvenir qu’elle est effectivement plantée au milieu des escaliers, immobile depuis tout ce temps, plongée dans ses réflexions et son observation. Elle tousse pour s’éclaircir la voix, et finit par hocher la tête vivement. « Oui, bonne idée », réplique-t-elle en lui offrant à nouveau un sourire. Décidément. Et puis, il passe une marche, pour arriver à sa hauteur, beaucoup trop près, juste là. Elle le fixe, immobile alors qu’elle vient de consentir à partir, et frémit légèrement quand son bras effleure le sien. Mais bon sang, où est passée la Lily d’il y a quelques minutes ? Celle qui lui criait dessus pour qu’il aille faire sa ronde ? Elle se mord la lèvre, incapable de bouger. Elle ne sait pas de quoi elle a envie, là, tout de suite. Ou peut-être qu’elle le sait trop bien. Dans tous les cas, ça la paralyse. Elle le fixe dans les yeux, puis son regard s’attarde, quelques instants, un peu plus bas, et elle devient rouge écarlate. Son cœur s’emballe et il lui faut le plus grand self control pour ne pas céder à la panique complète. Elle prend une inspiration, tremble légèrement, puis finit par se dérober, parce qu’elle ne sait pas quoi faire d’autre – et pour faire ça, la voilà qui se penche légèrement et qui attrape la main de Potter, celle qui vient d’effleurer son bras, celle qu’il a laissé en vol. Elle prend sa main dans la sienne, sans le lâcher des yeux, pour éviter le reste, parce qu’elle ne sait pas, parce que son cerveau va exploser, bientôt. Elle mêle leurs doigts par automatisme, comme si elle avait fait ça toute leur vie, et prend une inspiration. « Allons-y », lâche-t-elle en se mordant la lèvre. Ses yeux fuient ceux de James pour se focaliser sur le haut de l’escalier qu’ils étaient en train de descendre, et, courageusement, reprenant lentement le fil de sa pensée en ignorant sa main dans la sienne – ou en ne l’ignorant pas, d’ailleurs – elle remonte, doucement, pour lui laisser le temps d’arriver à sa hauteur. Silencieuse. A la fois heureuse et mortifiée. S’ordonnant de ne pas penser. Gênée par le silence qu’elle impose elle-même parce qu’elle ne sait pas quoi dire. Ils marchent un moment, comme ça, et Lils espère qu’ils ne vont pas croiser du monde. Parce qu’elle ne saurait ni quoi faire, ni quoi dire.

Quand elle a parcouru quelques mètres, et remit ses idées en place, elle s’autorise un sourire un peu sceptique et se tourne vers Potter qu’elle continue d’entrainer vers la Tour de Gryffondor. « Ca reste entre nous, Potter », lâche-t-elle en haussant un sourcil curieux. « Ca reste entre nous ». Le temps qu’elle puisse décider de ce qu’elle raconte et à qui, quoi.
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James Potter
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMar 5 Déc - 0:02

Tout ce qui a pu arriver avant ce moment semble avoir disparu. La discussion précédente, l’échange dans la Salle commune, le moment où ils se sont croisés ce matin en sortant de la Grande Salle, et puis plus loin, le 1er septembre de cette année, quand ils se sont vus sur le quai et que Lily a détourné les yeux avec un air qu’il ne lui connaissait pas. Son sourire mi-figue mi-raisin quand ils se sont quittés pour les grandes vacances après leur sixième année, la fois où elle a pleuré de rage en l’engueulant parce qu’il faisait léviter Snivelus, les larmes qui glissent de ses yeux verts, incontrôlables, au moment de la dispute avec le ver de terre, sa première ronde avec elle en tant que préfet et préfète de Gryffondor, sa surprise teintée de dégoût quand elle a vu l’insigne sur sa poitrine au début de leur cinquième année, les Chauve-Furies qu’il a appris à éviter, les mauvaises blagues concernant ses cheveux, qu’elle était à l’époque incapable de lui rendre, les sorts en douce, les escapades interdites qu’elle a essayé d’empêcher en dormant quelques fois dans la Salle commune, les meilleures notes arrachées de peu à sa féroce intelligence, les mèches tirées, les blagues criées d’un bout à l’autre de la Grande Salle, la fois où il s’est mis, bon, la première des nombreuses fois où il s’est mis debout sur une table pour déclamer son « amour immortel pour ta chevelure pastel… Quoi, Remus ? Pastel c’est pas un synonyme de rouge ? Regarde pour qui tu me fais passer avec tes inventions moldues à deux noises » et de redescendre penaud sur son banc après avoir fait perdre quinze points à Gryffondor parce que « on ne dérange pas le dîner de rentrée pour ce genre de bêtises, Monsieur Potter, oui, même lorsqu’on est follement amoureux », et leur première rencontre sur le quai 9¾, elle avec son air perdu et émerveillé, lui qui saluait déjà tout le monde, menant ses parents à travers la foule.

« Tu as vu la jeune fille, Jamesie ? Tu seras gentil avec elle et tous les autres né-moldus, hein, tu sais comme ça peut être déstabilisant de découvrir qu’on est un sorcier. »

James a levé les yeux au ciel, vérifié la tenue de sa coiffure, terriblement fier du look que ça lui donnait. La née-moldue, elle allait faire comme tout le monde, découvrir Poudlard pour la première fois, assister aux cours de magie avec sa baguette toute neuve, s’inquiéter un peu à l’idée de passer plusieurs mois sans voir ses parents. « C’est pas en restant avec lui qu’elle va se faire des amis ! »
Le ton est moqueur, un peu dégoûté, la première fois que James Potter a posé le regard sur  Severus Snape. Il répète un peu plus fort, sous le regard consterné de ses parents, qui ne disent rien, pourtant : « De toute façon, aucune chance de les retrouver à Gryffondors ceux-là, on vaut mieux qu’une rougette ou un graisseux, chez nous ! ».

James ne se souvient pas de cette anecdote, ou si peu. Peut-être préfère-t-il l’ignorer, et se concentrer sur les retrouvailles plus récentes. Mais même celles-ci se diluent et disparaissent, alors que Lily Evans accepte d’oublier les mauvais souvenirs à son tour. Viendra le moment où il faudra s’excuser pour tout ce qu’il lui a fait endurer, et peut-être, si elle insiste, pour tout ce qu’il a fait endurer à Snivelus. Mais ça, en privé, en cachette, que personne ne le sache. Il faudra baisser le regard pendant un instant, accepter de ne plus voir ces prunelles le temps que le pardon tombe. Il faudra admettre, promettre, insister, jurer, et conclure,  avec un peu de chance, sur un baiser. James n’a plus envie de penser au passé, définitivement. Il peut tout annuler, et faire que tout commence ce soir, dans l’entrée de ces cachots qu’il a, maintenant, envie de quitter. Parce qu’elle frissonne et qu’il ne se donne pas encore le droit de lui passer un bras autour des épaules pour la réchauffer, comme il le ferait avec n’importe qui d’autre, de Peter à Marlene en passant par Nicola.
James sourit, conscient de sa méprise. Il n’a pas besoin de tout oublier du passé, il a juste besoin de recommencer à apprendre.

Et le bon élève en lui, qui a attendu si longtemps pour se faire reconnaître, en est ravi. Que Lily lui donne le droit, et il connaîtra bientôt tout d’elle, des secrets qu’elle cache dans la tristesse de ses yeux, de la douceur de la peau de son cou, de ce qui la fait rire vraiment de ce rire si franc, de la finesse de sa taille, de l’histoire de sa famille même. James s’est toujours foutu comme d’une guigne de la chronologie des guerres des Gobelins, mais il apprendra par cœur les prénoms et dates de naissance des ancêtres de la jeune femme, sans rien demander en échange. Il veut sourire comme un idiot, il s’en empêche. Il est OK pour apprendre, mais où est le professeur ? On va vraiment le laisser seul maintenant, alors qu’il n’a jamais autant eu besoin d’aide ? Pads, comment on fait ? Papa, après la déclaration d’amour, comment on rebondit ?

Elle se décale en réponse à sa proposition, mais ne fait pas un pas en arrière. Papa, je réitère. C’est vraiment trop tôt pour l’embrasser ? De nouveau plus grand qu’elle, James pourrait sans problème attraper doucement son menton et franchir cette minuscule, infime distance, mais il ne le fait pas. Même quand elle se mord la lèvre et qu’il se demande d’où il sort cette volonté de feu. C’est la Maison, ça. Un Poufsouffle n’aurait pas tenu, à sa place. C’est elle qui bouge finalement, et le brun se sent aussi déçu que soulagé. Déçu, parce qu’il est passé près, tout près. Soulagé, parce qu’il peut enfin recommencer à respirer. Minable, Potter. Troll, direct.
Sauf qu’elle lui prend la main au passage, et que c’est à grand peine qu’il se retient de serrer le poing pour vérifier qu’elle est bien là, que c’est la réalité. L’invitation est claire, puisqu’elle lui tourne le dos et commence à remonter les marches. Il la suit, hypnotisé. James a la chance de n’avoir jamais connu l’Imperium, mais il y a peut-être quelque chose qui ressemble à ce qu’il est en train de vivre. C’est facile. C’est aussi facile de grimper une marche de plus pour que son épaule vienne toucher celle de Lily. Ils sont loin du début de la ronde quand il ne voulait même pas la frôler.

Le Château est toujours vide, les tableaux somnolent, les armures restent immobiles. Les fantômes les évitent, les professeurs leur laisse la voie libre. La bulle de sérénité, dont leurs mains enlacées sont le cœur palpitant, les protège plus fortement qu’un sort quelconque. Ils ont des dizaines d’étages à remonter, mais James se sent tranquille. Même quand elle lui demande de garder ça pour lui, son accord pour sortir, cette main dans la sienne, ça ne change rien pour lui. Les choses sont lancées, c’est une évidence. S’il ne dit rien, les autres sauront tout de même. Mais peut-il le dire aussi crûment à Lily ? « Je ne dirais rien, et je promets de nier autant que possible. Je te le jure, même, sur ma baguette, sur la Coupe de Quidditch, sur tout ce que tu voudras. Mais je ne peux pas leur mentir, Evans. »

Si elle refuse, si elle le lâche, il aura l’impression de se noyer, c’est vrai. Mais pourrait-il préférer une fille, fut-elle cette fille, à ses meilleurs amis ? Pour une seconde, oui, pour le moment qu’il est en train de passer avec elle, oui, mais à long terme, au moment de la prochaine pleine lune, au moment de la prochaine vanne de Wormtail, au moment ou Sirius le regardera avec cet air blessé de l’ami que l’on vient de trahir… Non.

« J’ai besoin d’eux, tu sais. Comme j’ai… Comme j’ai de toute évidence besoin de toi, j’ai besoin d’eux. »

Il souffle. C’était peut-être la chose la plus difficile à dire, c’est peut-être la chose qui va tout réduire à néant, mais c’était le plus important.
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Lily Evans
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyMer 6 Déc - 14:59

Toute sa scolarité semble l'avoir menée à ce moment. Elle ne sait pas comment expliquer ce sentiment qui n'est de toute façon pas explicable. Bien entendu, dans son cerveau, les doutes s'emmêlent toujours autant. Elle ne sait pas vraiment comment analyser leurs mains jointes à sa propre initiative. Elle ne sait pas pourquoi, ce soir en particulier. Pourquoi elle n'a pas répliqué d'un cinglant refus, pourquoi elle n'a pas tourné les talons en le taxant d'être un idiot, un flatteur. Pourquoi elle n'a pas cherché à débusquer le mensonge, le pari sous sa proposition. Lils se sent apaisée, pour la première fois sans doute depuis des mois. Elle a peur mais son esprit est sûr. C'est une sensation étrange, presque schizophrène qui l'étreint. Sur laquelle elle n'a pas spécialement envie de mettre de mots ou de justifications. Pour une fois, elle veut vivre cet instant particulier sans l'intellectualiser. Elle sait qu'il faudra forcément qu'elle réfléchisse, que cette soirée peut, va tout changer. Si Potter est sérieux, alors l'avenir démarre aujourd'hui, sans doute, avec Lily Evans qui accepte de déconstruire les remparts de protection qu'elle a dressés autour d'elle, malgré elle, parce que les déceptions marquent la chair et l'esprit, au fil des années. Petunia, Severus... La place de Lily n'a pas été facile à trouver. Pour la plupart des gens, elle reste cette élève un peu intello de Gryffondor qui ne plaisante pas. Elle se demande indéniablement ce qui peut plaire à James dans ce tableau qui ne lui ressemble tellement pas, mais mieux vaut-il sans doute ignorer la question. Pour l'heure, elle s'abandonne à l'instant, et curieusement, le rouge quitte peu à peu ses joues parsemées de taches de rousseur, et elle se sent plus à l'aise, malgré cette main qui serre la sienne, malgré les épaules qui se touchent. Il n'y a presque plus de place pour le doute, elle savoure simplement cette soudaine sensation d'abandon qui l'aide à se détendre et à réaliser qu'en fait, elle se sent... bien. Pas apeurée, pas piégée. Juste bien.

Le silence qui les escorte, tandis qu'ils remontent les étages vers la Tour des Gryffondors, ne la dérange pas. Il lui permet de réfléchir silencieusement, de jeter des coups d’œil vers James, à la dérobée, pour apercevoir des traits différents, une attitude différente qu'elle ne lui connait pas, qu'elle refusait, peut-être, de voir depuis des années. Elle prend une inspiration, ses yeux quittent progressivement James pour observer les portraits dans les couloirs. Tous somnolent à leur guise. Et Lils se rend compte, au fur et à mesure qu’elle avance, qu’elle n’a jamais vraiment connu Poudlard la nuit, comme ce soir. D’habitude, il fait jour quand elle se promène dans les couloirs – ou alors c’est qu’elle est en train de réaliser une ronde, et dans ce cas, elle se presse, parce qu’il fait froid, la nuit, dans les couloirs humides du Château, et parce que bien souvent, elle tombe de fatigue avant même de s’arracher à la chaleur apaisante du dortoir. Ce soir, elle n’a pas vraiment froid, et elle n’est pas vraiment pressée non plus. En réalité, c’est même plutôt l’inverse, les pas qui la rapprochent de la Salle Commune la contrarient un peu. Elle aimerait faire durer cet instant volé au temps. Non, en réalité, ce qu’elle aimerait surtout faire durer, Lily, c’est cette intimité bizarre, presque pudique, qui vient de se créer entre elle et James, et dont elle n’a pas l’habitude. C’est étrange, il lui tient la main, et elle a l’impression qu’il sait tout, qu’elle est en sécurité, et que tout va bien. Ce qui est complètement illusoire – le côté rationnel de son cerveau, celui qui est encore disposé à penser convenablement, en est pleinement conscient. Mais la sensation est assez agréable mine de rien, Evans ne va pas prétendre le contraire.

Elle est surprise qu’il accède aussi facilement à sa demande. Les réserves ne la surprennent pas, si elle est tout à fait honnête. Elles ne la déçoivent pas non plus. C’est même plutôt le contraire. La vérité, c’est que Lily se fiche de savoir si Remus, Sirius, et Peter sont au courant de leur petite escapade. Parce que, s’ils sont toujours dans la Salle Commune à leur retour, il y a fort à parier qu’ils devinent tous seuls, comme des grands, que quelque chose s’est passé en leur absence. C’est un fait dont elle a parfaitement conscience. Ce n’est pas tant ça, le problème, mais surtout tous les autres – Lily n’a pas envie de devenir une espèce de spectacle pour étudiants curieux. Elle a envie de prolonger l’intimité du moment, quelques temps, encore, pour avoir le temps de comprendre, de ressentir – et de profiter, égoïstement, peut-être. Mais pour être tout à fait franche, et non hypocrite, Lily doit bien admettre qu’elle mourra très certainement d’envie, avant le lendemain matin, de raconter à Marlene ce qui vient de se passer, en faisant abstraction de sa propre demande.

« Je ne te demande pas de leur mentir », précise-t-elle en tournant ses yeux verts sur lui. Elle le dévisage un instant, pour sonder cette expression particulière, différente qu’il arbore lorsqu’il parle de ses comparses. « Je veux dire, je comprends. Ils sont comme de la famille, et j’admire ça. Je comprends. ». Elle le fixe et, lorsqu’il prononce cette dernière phrase qui fait à nouveau accélérer son cœur, elle s’arrête. Encore. En plein milieu du couloir, pour planter son regard dans le sien, en se mordant la lèvre. Parce qu’elle veut comprendre. Il a besoin d’elle ? Comment ça ? Elle refuse de lâcher sa main, bien que la position soit devenue étrange maintenant qu’ils se font face. Lily se sent sombrer progressivement dans un état de langueur qu’elle ne connait pas, et presque malgré elle, ses lèvres se déforment en un sourire. « Tu as besoin de moi ? » elle demande, sourcil haussé, en penchant quelque peu la tête. Ils ne pourront pas avoir cette conversation là-haut, de toute évidence. Alors, si elle veut des explications, il faut qu’elle les obtienne maintenant. « Ca veut dire quoi, ça, Potter ? On est dans la même maison depuis plus de six ans, et c’est le soir où je te force à aller faire une ronde que tu me dis que tu as besoin de moi ? » Son ton n’est pas offusqué, ni teinté de reproches, juste de questionnements. « Il faut que tu me dises ce que ça veut dire, avant qu’on remonte, parce que là-haut, ils t’attendront tous les trois et personne ne sera dupe, et je vais devenir rouge et filer jusqu’au dortoir et après ça… » Elle parle plus vite, maladroite, un peu embrouillée. Elle a le don, en cet instant même, de s’agacer elle-même. Elle voudrait arrêter de parler, reprendre sa marche, regagner le dortoir et réfléchir seule. Réfléchir avec James lui semble être la pire idée possible, parce que clairement, contrairement à ce qu’elle aurait aimé affirmer ou penser, il la perturbe bien plus qu’elle ne le voudrait. « Je sais pas faire ces choses-là », finit-elle par murmurer, sans être vraiment sûre de ce dont elle parle elle-même. « Toutes ces propositions, je pensais que c’était juste pour faire rire la galerie, la plupart du temps – mais là… ». Elle se mord la lèvre, à nouveau, et ses yeux chutent jusqu’aux siennes – jusqu’à ce qu’à son esprit apparaisse cette question étrange qu’elle ne formulera pas à voix haute parce qu’elle a trop peur d’être ridicule, d’entendre la réponse, de devoir répondre à son tour, et de tout ce que ça implique.

Mais dis-moi Potter, est-ce que tu m’aimes ?
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 7 Déc - 12:06

James pourrait penser à toutes les fois où Evans a refusé ses invitations, aux Chauve-Furies qu’elle lui a envoyés, à toutes les fois où ça n’a pas marché. Mais il se sent trop calme et trop à sa place pour se concentrer là dessus. L’état de sérénité dans lequel il se trouve est tel qu’il ne sait pas s’il a jamais été aussi en phase avec lui-même, avec les évènements. Tout est à sa place, organisé comme il le faut. Et dire qu’il suffisait simplement de sortir ces quelques mots pour que tout devienne simple. Enfin, simple. C’est simple si Evans ne change pas d’avis, c’est simple si elle accepte de rentrer dans le cercle qu’il s’est construit, c’est simple si il se tient à carreaux jusqu’au moment du rendez-vous. C’est simple s’il ne croise pas Snivelus, c’est simple si Lily ne se rend pas compte qu’elle a passé, au final, plus de temps à le détester qu’à l’aimer…

Pourquoi c’est si simple, soudainement ? Après cinq ans d’inimité féroce, et malgré les risques qui restent en suspens, c’est monstrueusement simple. James n’a pas besoin de se le formuler pour le savoir, qu’il est amoureux de Lily Evans. Il ne sait même pas pourquoi, alors qu’elle est si différente de lui. C’est une question qu’on lui a déjà posée, à de nombreuses reprises. Pourquoi Potter, qui pourrait avoir n’importe quelle fille, ne court qu’après une seule, une sainte nitouche qui plus est ? Mais quand on parle d’elle comme d’une intello, James ne retient uniquement ce qui touche à son intelligence vive. Oui elle est grande, comme ça, il ne la domine pas. Elle ne plaisante pas assez, mais chacun de ses sourires en est d’autant plus précieux, plus lumineux. Quand il la regarde, il ne voit pas une fille, comme lorsqu’il regarde Valpuri, ou Marlene, il voit le feu de sa crinière rousse, l’émeraude de ses yeux, il voit ses joues piquetées de constellations pas de tâches de rousseur, ses lèvres à elles seules sont un chant de sirène. Qu’est ce qu’il ne donnerait pas pour se couper le bout du pouce en effleurant ses pommettes, pour aller saluer le dieu de l’amour en embrassant l’arc de Cupidon, pour ne jamais cesser de s’enivrer du parfum de cette précieuse fleur. Sirius a bien raison de se moquer de son obsession, de rire quand il le voit la regarder en douce, de lui faire remarquer grossièrement qu’il ne va pas falloir tarder à passer à l’action.

C’est si simple, soudainement, peut-être justement parce qu’il n’y a pas moyen de douter. Soit les choses sont tangibles, comme sa main à elle, soit parce qu’elles sont évidentes, comme ses sentiments à lui. Il n’y aurait pas à extrapoler beaucoup pour imaginer que c’est aussi simple et évident pour elle, si ?
James n’a jamais pris le temps de s’intéresser sérieusement aux sentiments de Lily, entre autres parce qu’elle a toujours eu l’air de tout montrer. Qu’il la dégoûte, la mette en colère, l’attriste, l’ennuie, l’enrage, elle l’a toujours montré sans filtre. Et lui s’est toujours laissé avoir, en ne cherchant pas forcément à voir ce qui se cachait derrière. Il sait que les choses ont changé dernièrement, qu’elle a pour lui un regard plus curieux qu’avant. De là à penser qu’elle est intéressée, James n’avait pas encore osé l’imaginer avant ce soir. À force de faire le malin, à affirmer haut et fort que si, si, elle l’aime, il s’est laissé prendre à son propre jeu, et ses bavardages lui suffisaient. Pas étonnant qu’Evans l’ai toujours envoyé chier, lui et son arrogance. Un peu de simplicité, Potter, c’est ce qu’il te manque.

C’est pour ça qu’il ne cherche pas à faire le malin quand il faut promettre, qu’il ne plaisante pas. Les garçons sont la seule chose qui compte pour lui, autant le faire savoir. Comme elle n’hésitera probablement pas longtemps avant d’aller en parler à l’une de ses amies. James parie sur Marlene, qui elle même n’hésitera pas à venir lui en toucher un mot. Son amie de toujours est comme Sirius, Remus et Pete, à lui demander quand est-ce qu’il va bien vouloir arrêter de faire semblant et se montrer honnête face à ses sentiments. Il y en a quatre qui ne vont plus pouvoir se tenir en apprenant ce qu’il s’est passé ce soir. Ils vont les percer à jour au premier pas qu’ils vont faire dans la salle commune, même si leurs mains se lâchent. Peter va forcément lui demander de tout raconter, dès qu’ils seront dans le dortoir. Sirius va faire semblant de ne pas être intéressé, sans manquer, pourtant, de tendre l’oreille. Remus va tout enregistrer, surtout ce qui concerne directement Lily, pour pouvoir ensuite confronter les deux versions en allant lui parler. Marlene lui tapera dans le dos avec un cri de soulagement non feint. Et autant James est ravi d’être aussi bien entouré, autant il commence à ressentir une certaine gêne. Il voudrait garder Evans pour lui, un peu, avant de la partager au reste de l’école, et même à ses plus proches amis.

« Ça a été incroyable de tomber sur eux. Admirable, je sais pas, mais un gros coup de chance, oui. » Il ne voit pas tout de suite qu’elle s’est arrêtée en pleine marche. Son bras le tire en arrière. S’il a su, en le disant, que cette phrase était majeure, il a aussi pensé que le ton léger suffirait à le faire passer sans heurt. Mais Lily est immobile, ses yeux ancrés dans les siens, et elle se mord la lèvre, indécise. Il s’arrête aussi, lui fait face. Du courage, Potter. Pense que plus ça dure ici, plus tu profites de sa présence, du secret que vous partagez et qui va être éventé dès le premier regard d’une tierce personne. « J’ai sans doute un peu… tardé. La ronde c’est juste une opportunité, puisqu’on n’a jamais eu l’occasion d’être juste toi et moi ? » Il parle lentement, au contraire de Lily, au contraire de son habitude. Il ne veut pas bégayer, il ne veut pas hésiter, se reprendre. Il veut être sûr de ce qu’il dit pour ne pas tomber à côté. Il attend de voir si elle a terminé de parler, prend le temps d’y réfléchir, et se lance. « J’ai déconné pendant cinq ans, peut-être cinq ans et demi. C’était du jeu, de la méchanceté, et pour faire rire la galerie, oui. Je ne sais pas non plus comment faire, là, maintenant. C’est devenu sérieux il y a quelques temps à peu près au moment de… la fin de la cinquième année. » Ne pas parler de la dispute, ne pas briser le moment. Ça lui fait un bien fou de pouvoir parler aussi librement et sincèrement avec Lily Evans. De ne plus être seul avec lui-même. « C’est sérieux, Lily. Evans. Pardon, je ne sais plus vraiment… Mais je suis mortellement sérieux et je me déteste parce que c’est ma faute si tu penses que je ne le suis pas. Je m’en fous de la galerie, je m’en fous des autres, je voudrais que toi, juste toi, tu me regardes et tu m’aim… »
Autant pour la lenteur et la précision des mots. James s’interrompt brusquement et serre la main de Lily, désespéré, craignant qu’elle la retire.
James cherche ses mots, en vain, voudrait ajouter une tirade pour lui faire oublier qu’il a failli lui demander de l’aimer. Qu’il voudrait qu’elle ne voie que lui, comme lui ne voit qu’elle. Il ne peut pas lui dire à quel point il est déjà amoureux, même si les mots lui brûlent les lèvres.

Il lâche sa main, fait remonter la sienne le long de son bras, jusqu’à dans son cou. Il ne peut pas l’embrasser, il effleure juste de son pouce la ligne de sa mâchoire jusqu’à juste sous sa lèvre inférieure. « Pardon. » Il murmure sans retirer sa main. Puis, lentement il se recule pour être juste face à elle, sans aucun contact. « Pardon. »
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Lily Evans
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyJeu 7 Déc - 23:09

Les sentiments, voilà une chose que Lily n’est pas vraiment habituée à manier. Oh, bien entendu, elle sait ce que ça fait d’aimer sa sœur, ses parents, d’être proche de sa famille. Contrairement à ce que, vraisemblablement, de nombreux peuvent penser, elle sait aussi ce que ça fait d’être attirée par un garçon – d’en trouver un autre charmant. Lily n’ignore aucune de ces choses, mais on ne peut pas vraiment dire que ses sentiments à l’endroit de ceux qui n’étaient pas les membres de sa famille aient jamais dépassé la profonde amitié. Même pour Snape, qu’elle défendait corps et âme quand il lui semblait encore possible de le sauver. Lily n’a jamais vraiment été amoureuse de qui que ce soit, en somme, pas plus qu’elle n’a été invitée à sortir. La plupart des bals, des soirées où elle s’est rendue, elle y est allée en solitaire, ignorant les invitations provocantes de Potter, terminant la soirée installée dans un fauteuil en compagnie de Remus à surveiller les autres, à réconforter Marlene, éconduite, ou Mary, timide. Personne n’a jamais pris sa main pour l’inviter à danser, personne ne l’a jamais sérieusement invitée tout court, d’ailleurs. Lils est une solitaire, fidèle en amitié comme tous les membres de sa maison, sans doute. Le peu d’expérience dont elle bénéficie ne l’a ni inquiétée ni perturbée, au départ. Pendant de longues années, elle s’est contentée d’être une fille intelligente et discrète à la réputation de Sainte Nitouche. Lils se fiche un peu de ce que les gens murmurent dans son dos – tant qu’ils ne sont pas ses amis. Certains lui ont prêté une relation secrète avec son meilleur ami de Serpentard, pendant quelques temps, avant de se lasser du manque d’informations croustillantes. Tout ça pour dire que, malgré les années, malgré le temps, malgré le fait qu’elle a bien grandi depuis la première fois qu’elle est arrivée ici, Lils n’est pas vraiment très douée pour les sentiments, pour les relations, et pour toutes ces choses que ses copines maitrisent bien mieux qu’elle – ce qui fait peut-être aussi un peu partie de son charme, mine de rien.

Elle ne s’attendait pas à ça, tout à l’heure, quand elle a prié James d’aller faire sa ronde comme un Préfet en Chef digne de ce nom. Elle s’attendait à le sermonner, puis à regagner son dortoir pour aller s’effondrer sous les couvertures en fermant les yeux pour s’endormir presque aussitôt, bercée par le bruit de la pluie et du vent contre la petite fenêtre juste à côté de son lit. Pas à ce que Potter l’entraine dans ce dédale d’escaliers, jusqu’aux cachots, pour l’inviter à sortir et lui faire des déclarations enflammées.

Juste toi et moi.

Les mots résonnent dans le couloir – ou peut-être est-ce simplement dans son cœur, à elle ? Elle ne sait pas pourquoi, soudainement, ça la rend si fébrile de l’entendre parler ainsi. Ou plutôt, si. Elle sait. Parce que Lily n’est pas hypocrite, qu’elle sait très bien qu’elle regarde James différemment depuis le début de l’année. Il est plus mature, plus réfléchi. Il la fait plus rire. Il est plus charmant, plus attentionné. Et peut-être que c’est lui qui a changé, ou peut être que c’est tout simplement elle qui le remarque plus qu’avant – toujours est-il que lorsqu’il prononce la fin de cette phrase, juste toi et moi, le cœur d’Evans s’emballe jusqu’à battre en rythme dans ses tempes fatiguées. Elle voudrait arrêter le temps, un instant, prolonger l’intimité et les déclarations. Elle voudrait un fauteuil, maintenant, qu’il s’installe, et qu’il lui parle comme il vient de le faire. Sa main dans la sienne, elle pourrait l’écouter des heures, elle pourrait lui parler des heures. C’est à la fois ridicule et terriblement enivrant, presque frustrant, ça lui fait presque mal. Elle se sent idiote, et si le moment n’était pas si important, il y a fort à parier qu’elle s’insulterait elle même d’avoir l’air à ce point là d’une idiote. « C’est vrai qu’on est toujours très entourés… » elle murmure, la voix un peu rauque, ses mots se bloquent dans sa gorge et elle se sent étrangement emportée.

Son cerveau percute immédiatement de quoi il s’agit quand James évoque la fin de la cinquième année. La première proposition lancée à la volée, alors qu’il torturait Severus – l’idée l’agace légèrement d’ailleurs, mais elle s’ordonne de mettre cette pensée là de côté car ce n’est pas vraiment le sujet. Elle s’était contentée d’une réplique vive et pleine de répartie qui avait fait ricaner la galerie et James était reparti avec sa troupe, la laissant seule face à un Severus plein de rancœur et énervé, qui l’avait envoyée sur les roses avec la pire insulte possible. C’était donc à cette période ? Elle ne parvient pas à remettre en doute la sincérité de James, il lui paraît trop sérieux.

Elle est touchée parce qu’il s’ouvre. Parce qu’évidemment, ça se voit que ça lui demande un effort. Les explications sont fluides, mais elle se doute qu’il n’est pas aisé de se confier ainsi – et elle se demande si elle, elle en serait capable, d’ailleurs. De parler si ouvertement, de refaire l’historique. Elle n’en n’est pas sûre.

Mais il continue. Il continue et elle, elle retient un imperceptible sursaut, un mouvement d’étonnement, un sourire en coin. Son cœur cogne désormais, et elle a presque l’impression que s’il se penche un peu, il pourra l’entendre, là, contre sa cage thoracique, réceptif à ses paroles et à ses déclarations… Elle sourit un peu, elle se mord la lèvre, sa main libre replace une mèche de cheveux roux derrière son oreille et elle fixe le sol quelques instants. Elle s’apprête à répliquer, peut être un peu moqueuse, tendrement moqueuse, elle s’apprête à lui asséner une petite répartie bien placée pour cacher son propre trouble, pour cacher qu’elle ne sait pas quoi répondre, pour ne pas lui dire qu’en cet instant précis, si elle ne prend pas le temps de la réflexion, si elle fait un pas pour combler la distance entre eux, si elle ose, si elle abandonne le jugement, l’histoire, les années passées, les doutes, si elle se donne toute entière à ce moment de tendresse imprévu, à cet instant volé aux autres, à ceux qui n’ont pas le droit d’être à leur place, si elle oublie tout sauf les mots qui passent ses lèvres, elle a vraiment envie de l’aimer.

Et de le laisser l’aimer, aussi.

Il ne lui laisse pas le temps de répliquer. Il la cloue au poteau, à nouveau – c’est souvent qu’il lui coupe le sifflet, ce soir, ce qui la fait se sentir d’autant plus idiote. Imbécile, Evans, elle s’assène.

Et voilà que sa main caresse sa joue, et elle laisse ses yeux dans les siens, incapable de détacher son regard. Et le contact se poursuit, et l’espace d’un instant, Lily pense que James va l’embrasser, là, dans le couloir de Poudlard. Et sans savoir pourquoi ni même analyser la situation, elle a presque le réflexe de se mettre sur la pointe des pieds, pour combler les quelques centimètres d’écart qu’ils ont – pas grand chose, finalement – pour l’aider. L’espace d’un instant, elle n’a envie que d’une chose, ses lèvres sur les siennes, qui l’embrassent pour la première fois. Personne n’a jamais embrassé Lily. Elle a toujours pensé qu’au moment où ce serait l’heure, l’heure du premier baiser avec le premier garçon, elle aurait peur. Mais elle n’a pas peur, au contraire – et elle soupire quand sa main retombe, quand il recule, pour lui faire face. Tout à coup, c’est comme si son cœur se remettait à battre, comme si le monde se remettait à tourner. Comme si elle se trouvait à nouveau projetée dans la réalité.

Réalité qui lui arrache un soupir légèrement frustré, d’ailleurs. Elle le dévisage, hésitante. C’est à elle de parler, elle en a bien conscience. C’est à elle de dire, de faire quelque chose. Elle ne sait pas pourquoi ce rôle lui revient soudainement, d’ailleurs, parce que jusqu’à présent, James se chargeait très bien des initiatives. Elle n’a pas envie de rester plantée là, comme une idiote. Elle n’a pas non plus envie de se remettre à marcher, pas avec ces phrases en suspens. Pourtant, elle sait qu’il faut qu’ils rentrent. Contrariée, cependant, la voilà qui comble l’espace qu’il vient d’imposer entre eux. Elle franchit ces quelques centimètres qui lui semblent des kilomètres, et elle pose une main sur son épaule, presque fascinée par la profondeur de ses yeux. « Pourquoi tu t’excuses ? » C’est une vraie question – pas une réflexion qui viserait à lui faire croire qu’il ne doit s’excuser de rien. Oh, Potter a des tas de raisons de s’excuser, et cet air affreusement charmant qu’il arbore en ce moment même n’est pas la première. « Pour les moqueries ? Les années passées à embêter Severus ? Les invitations loupées ou moqueuses, les murmures dans les couloirs ? » Oui, elle le torture un peu. Si proche de son but à lui, elle se permet la fantaisie de le faire un peu mariner. Il l’a bien mérité. « Ou alors la ronde ratée de ce soir ? Les confidences qui s’échappent ? l’intimité ? » elle plisse un peu le front, et sa deuxième main gagne sa deuxième épaule. Ses mains glissent, jusqu’à encadrer son cou, jusqu’à ce que ses doigts fins caressent sa nuque, sans qu’elle n’ait la moindre idée d’où elle s’aventure, ou pourquoi, ou comment. « Ne t’excuse pas pour ce soir, Potter, j’ai… passé une belle fin de soirée ». Elle est presque pendue à son cou, et sur ces belles paroles, se hisse légèrement. Pendant une demi-seconde, un instant furtif, insolent, volé au temps, ses lèvres se déposent sur celles de James. Ca n’a rien d’un baiser passionné, ni langoureux. Juste ses lèvres contre le siennes pour un infime instant qui s’interrompt aussi rapidement qu’il a commencé. Et la voilà qui recule, un sourire aux lèvres, incapable de gérer l’agitation de son cœur ou de son cerveau. Qui rompt le contact à son tour, euphorique, luttant pour garder son calme. « Il faut vraiment qu’on y retourne. On va finir par avoir des ennuis ». Et elle ne veut pas d’ennuis. Pas ce soir. Elle veut garder le souvenir de tous ces instants de bonheur mis bout à bout. De la nouveauté. Des sentiments. Elle ne veut pas que ses souvenirs soient entachés. « Allez, viens, Potter », elle lance en offrant un sourire provocateur tandis qu’elle se remet en marche vers la Salle Commune, taquine. « Peut-être que je te regarderai plus souvent à partir de maintenant… » finit-elle par murmurer.

Peut être que j’ai envie de t’aimer.
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James Potter
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MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptySam 9 Déc - 23:36

James est persuadé d’avoir dépassé les bornes. Il n’a jamais touché Lily autrement que pour la bousculer dans un couloir ou la surprendre en lui sautant dessus à l’improviste. Ce genre de contact, comme celui qu’il vient d’initier, n’a bien sûr rien à voir avec tout le reste. C’est pour ça qu’il se recule et retire sa main, quitte à se sentir nu et désarmé sans le toucher de sa peau sur la sienne. S’il faut être honnête, l’adolescent a un peu peur de se faire gifler. Il connaît le caractère de feu de la rousse, elle n’hésitera pas à lui faire savoir qu’il est allé trop loin. Cette inquiétude, cependant, est surfaite, parce que l’espoir pèse plus lourd. L’espoir qu’elle ne le gifle pas, l’espoir que, d’une façon ou d’une autre, elle lui fasse comprendre qu’elle accepte cette proximité, qu’elle l’apprécie. L’espoir aussi que cet effleurement soit le début d’autre chose, même si James préfère faire semblant de l’ignorer, celui-là. Les occasions où il aurait pu l’embrasser, ce soir, n’ont pas manqué, et lui, si fier de son courage, n’en a jamais profité. Avec l’impression que c’était trop tôt, qu’elle allait se reculer et le regarder avec incompréhension. Comment tu oses, Potter, je viens à peine de te dire que je devais réfléchir à simplement être vue en ta compagnie à Pré-au-Lard ? Pour qui tu te… tu me prends ?

C’est vrai aussi, elle n’a pas non plus laissé entendre qu’elle refuserait un tel rapprochement. S’il s’était douté, en se planquant un peu plus tôt dans la soirée, derrière Sirius, qu’il finirait dans ce couloir sans doute glacial mais sans rien ressentir d’autre qu’un brasier dans sa poitrine. James sait qu’il va devoir jurer, là-haut, qu’il n’a rien prémédité, et que tout de même, tout le monde pensera que c’était planifié de bout en bout. Après tout, James Potter ne laisse rien au hasard, n’est-ce pas ? Même ses notes, dont il donne l’impression de se ficher, sont sous contrôle. Si ses blagues marchent si bien, c’est qu’elles sont organisées jusqu’à dans les moindres détails. James a bien retenu la leçon. La dernière fois où les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu, Sirius a manqué de faire de Remus un meurtrier. Depuis, James est discrètement, secrètement, même, devenu un maniaque du contrôle, pour ce qui en vaut la peine.

Sauf Lily Evans. Mais elle, elle échappe à tout, aux paris, aux plans, à James. Jusque-là, du moins. Elle a mis, très longtemps, un point d’honneur à n’être jamais comme les autres, à être toujours là où on ne l’attendait pas. Des années d’amitié avec un Serpentard, des notes exceptionnelles dès la première année alors qu’elle ne connaissait rien à la magie, un mépris affiché pour les quatre mascottes de la classe et futures stars de l’école, dans leur tête du moins, et puis d’un seul coup, alors qu’il pensait que c’était sans doute foutu, elle se tourne vers lui. Si James apprenait qu’elle est en fait une virtuose du Quidditch avec le Troisième Œil et un don de Métamorphomagie, il n’en serait pas forcément plus étonné que ça. Il a déjà eu l’impression que le monde s’effondrait quand il l’a entendue rire sincèrement à une boutade, au début de l’année. Les pôles se sont inversés, le sol s’est fissuré, le monde a manqué un battement. Mais non, c’était juste Lily Evans qui l’avait trouvé drôle. Depuis, Lily Evans a multiplié les comportements étonnants, de sorte que personne, dans leur entourage, n’est dupe à l’exception d’eux-mêmes. Elle parce qu’elle ne peut accepter de craquer pour une ex-petite brute, lui parce qu’il ne peut pas croire que ça pourrait vraiment marcher.
Pourtant, comment ignorer que c’est ce qui est en train de se passer ? Lily n’a pas l’air d’accuser le coup de ses paroles, à part pour un léger rougissement, mais parfois, sa main serre celle du jeune homme. « Juste toi et moi », pression un peu plus longue. James n’en revient pas d’avoir eu parfois l’impression qu’Evans était compliquée à lire, alors que toutes ses émotions semblent ce soir à fleur de peau. James s’en amuse autant qu’il est touché. Il serait capable de continuer à parler juste pour la voir lui jeter des regards en coin, se mordre la lèvre, passer la main dans les cheveux, serrer sa main, respirer profondément. James Potter romantique, quelques uns en perdraient leur latin, mais le secret est bien gardé. Il reviendra à Lily de l’éventer si elle le désire, sinon personne ne sera jamais au courant, ça n’est pas plus compliqué.

C’est presque dommage de cacher cela, étant donné l’impression que font ses mots sur la jeune femme. James ne sait décider si elle parle si bas parce qu’elle ne veut pas l’interrompre ou si c’est cherche des mots. Mais lui, il est lancé. Il a besoin de dire ces choses là comme on se libère d’une camisole. C’est égoïste, parce que si ça le brûle, ça risque de la brûler aussi, mais James ne peut plus garder les choses pour lui. Alors il parle. À son rythme, certes, mais sans laisser le temps, dans son débit, dans son ton, dans ses mots, à la rousse de placer un mot. Il la laissera parler tout le reste de leur relation, s’il le faut, il ne dira plus un mot, ne s’autorisera plus une vanne, si elle le désire, mais là il ne peut pas se taire, à moins que les mots lui manquent. Et, quand c’est le cas, il parvient même à ne pas se laisser démonter. Ce sont ses mains qui parlent, et le revoilà à la merci des choses, à sa merci à elle. C’est pour cette sensation, pas que désagréable, d’être sans défense, qu’il ne prend pas les devants pour l’embrasser. Devant cette fille que tout le monde dit trop timide, trop prude, trop peureuse peut-être au sujet des garçons, c’est lui qui se sent idiot. Plus expérimenté, certes, mais idiot. Et surtout, est-ce qu’il se sent à la hauteur d’être, peut-être, le premier baiser de Lily Evans ?

C’est elle qui répond pour lui, et James est bien forcé de faire face à une deuxième fin du monde en l’espace de quelques mois. Elle avance vers lui, dans une intimité encore plus grande que lorsqu’ils étaient épaule contre épaule dans les escaliers des cachots. Sa main sur son épaule pourrait le jeter à terre, à moins que ça ne soit le poids de ses mots. Mais il n’a plus rien à répondre. Pardon, c’était je t’aime mais tu ne me croirais pas, pardon c’était regarde comme j’ai besoin de ta confiance. Il ouvre la bouche pour parler, la referme. Il n’aurait été capable que de s’excuser encore une fois. Les mots qu’il entend pourraient être dits sur le ton de la séduction, sur celui du jeu, mais, parce que c’est sérieux, ils sont d’autant plus puissants. James ne peut que paraître confus, et il voit dans les yeux de Lily qu’elle s’en amuse. Il ne lui a jamais vu cet air gourmand, et il y a quelque chose d’extrêmement attirant dans ce regard qu’elle lui retourne sans fausse pudeur.
Quand il ne peut plus s’en empêcher, il ferme les yeux et plisse les paupières un tout petit instant pour tenter de reprendre une contenance. Le brun ne doute pas que ses pupilles sont encore plus dilatées que la fois où il a testé, avec les garçons, cette « herbe » moldue.

Il souffle par le nez, avala sa salive, rouvre les yeux, juste au moment où la seconde main d’Evans vient encadrer son cou. Dans sa tête, les réponses s’enchaînent comme les perles d’un collier. Oui. Non. Oui, oui. Non. Non. Non. Le fil du bijou est brutalement coupé par une décharge électrique dans sa nuque. James ne pense plus à rien, tout ce qu’il voit est teinté de vert. Qu’elle le sache ou pas, ses doigts qui jouent avec les cheveux dans sa nuque empêchent complètement James d’entendre ce qu’elle a à lui dire. « Belle fin de soirée », c’est tout ce qu’il parvient à déchiffrer sur ses lèvres, avant que leur étonnante fraîcheur vienne se poser sur sa bouche. L’infime seconde que dure ce baiser donné n’est pas suffisante à James pour que ses mains viennent emprisonner la taille de la jeune fille. Il n’enserre que l’air, elle est déjà trop loin. La frustration le laisse coi, crispé. Il sait qu’il n’a pas raison de se sentir aussi amputé, aussi dépossédé. Son cerveau mène une bataille féroce contre le reste de son corps, pour qu’il ne la rattrape pas, là, maintenant. Sa langue est là dernière à se laisser convaincre. Aucune agressivité, aucune frustration quand il sourit :

« Les ennuis, c’est pas nous qui les causons, plutôt ? Le plaisir de l'autorité, voyons ! »

James se mord la langue, passe la main dans ses cheveux, ravivant le souvenir des doigts de Lily dans sa nuque. Sa remarque le fait sourire, sincèrement cette fois. Quand elle commence à marcher, il la suit avec un temps de retard. Il se sent con à la suivre comme ça, mais se porter à son côté signifierait soit marcher sans sa main, soit reprendre comme avant le baiser. Or les choses ne peuvent plus être comme avant, c’est fini. « Evans, tout le monde va être debout là-haut, quand bien même on est partis depuis quasi une heure. Je ne voudrais pas que… ce soir, soit gâché par quelque chose que tu ne veux pas. Je, enfin, on peut sans doute trouver un moyen de t’épargner tout le monde. Pas que je ne rêve pas de… mais un mot de toi et on se sépare maintenant. Tu rentres tout de suite et j’attends une dizaine de minutes. Rien à dire d’autre qu’on est chacun parti de notre côté et que tu ne sais pas où je suis. »
La vengeance est basse, mais pour la caresse dans la nuque, James rend un nouvel effleurement dans le dos de la rousse. Mais ça n’est pas mesquin, c’est attentionné. C’est le genre de geste qu’il voudrait avoir naturellement pour elle, automatique.
Le genre de geste qui n’a d’autre but que de s’assurer d’une chose, qu’elle est vraiment là.
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Lily Evans
Lily Evans
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyVen 15 Déc - 18:41

La proposition de James est honorable, mais trouve un écho désagréable dans le cœur de Lily. Elle sait déjà ce qu’il va se passer quand ils vont se séparer. Si c’est ici, et qu’elle doit regagner seule la Salle Commune, elle va commencer à penser dès maintenant à ce qu’il vient de se produire, à ce qu’elle s’est autorisée à faire, cédant du terrain à James Potter contre toute attente et toute prévision. Si qui que ce soit avait pu voir venir ça – Lily Evans qui fait des avances à James Potter ? Oh, certains auraient pu parier que Potter finirait bien par arriver à ses fins, mais pas avec une Evans si conciliante, c’est certain. Elle ignore pourquoi – ou comment – il a si bien réussi à l’apprivoiser, ce soir. Sans doute avec ses yeux brillants, ses cheveux parfaits, ses mots doux. Elle aurait pu le dire baratineur, agaçant, elle aurait pu s’imaginer que son discours était préparé, dicté, réfléchi et moqueur, mais il y a cet instinct qui gronde au fond de son estomac et qui lui crie à corps perdu que son destin est en train de se jouer une valse étrange, ce soir, au beau milieu des couloirs. Et Lily n’est pas le genre de femme à croire au destin, ou à ce genre de choses, mais pour une fois, elle n’a pas envie de résister. Elle ne sait pas exactement ce qui s’est produit, elle ne sait pas vraiment ce que ça signifie. La seule chose qu’elle sait, c’est la tempête qui résonne dans son esprit, le feu qui fait rage au creux de son ventre, et l’agitation qui occupe son cœur. Elle tente désespérément de ne pas passer pour une débutante, de ne pas avoir le rouge qui lui colle aux joues, de ne pas se débattre avec les mots. Elle essaye, oui – mais en vain. Aucune de ses réactions n’est réellement maitrisée. Et pour une fois, elle s’en fiche. Elle se fiche de ce qu’il va bien pouvoir penser, lui, avec ses grands yeux. Parce qu’il veut qu’elle l’aime, et que ça a l’air de gronder fort, et que peu importe les mots, les réactions, les rougissements, les mains attrapées ou les baisers volés. Lily Evans imagine demain à côté de James Potter et l’idée l’agite. Est-ce que c’est ça, qui se tramait discrètement depuis des années ? Est-ce qu’elle l’a tant de fois envoyé boulé, tant de fois repris, réprimandé, est-ce qu’elle a affirmé à tant de reprises qu’il était irrécupérable, instable, impatient, agaçant, pour finalement se retrouver ce soir, en face de lui, enfermée dans un moment, dans un instant qui parait tant à la fois court et pourtant si long, anecdotique mais si important, ponctuel et définitif ? Etait-ce là le but de ces années d’études, de chamailleries, de rejets et de provocations ? Parvenir au jour où elle finirait par céder ? Lily a l’impression que l’abandon en est d’autant plus appréciable, elle a l’impression que tout est plus fort parce qu’il a fallu sept ans pour que ça se produise. Elle a l’impression que les années ont laissé tellement d’empreintes sur eux, sur leur histoire, sur leurs différends, aussi, que tout n’est que plus appréciable aujourd’hui. Et elle n’avait pas réalisé, avant ce soir, à quel point elle voulait en venir à ce moment si particulier. Elle ne savait pas, avant maintenant, que c’était ça qu’elle voulait, au fond. Effacer toutes les autres et s’accrocher au cou de James Potter. En voilà, une drôle d’idée.

Le choix qu’il lui offre est cornélien. Profiter de quelques minutes supplémentaires, rattraper sa main pour le traîner jusqu’à la Grosse Dame et puis se faufiler dans la Salle Commune sous les yeux et sourires entendus de son assemblée personnelle à lui – ou alors abandonner l’idée des quelques minutes supplémentaires, accepter son offre et regagner seule la Salle Commune, prétextant une excuse bidon pour aller se coucher toute seule. Lils n’est pas sûre d’avoir si vite envie de révéler son secret aux autres. La rumeur va se répandre assez rapidement, nul doute là-dessus, mais elle, personnellement, elle a envie d’en garder le bénéfice, même pour quelques heures supplémentaires. Pour pouvoir réfléchir à ce qu’elle a fait, à ce qu’elle veut, sans être questionnée par les autres. Et tant pis si elle réalise dans deux heures qu’elle a finalement besoin d’en parler, elle réveillera Marlene, toujours là pour elle. Sans doute est-il préférable qu’elle accepte, qu’elle rentre seule, qu’il rejoigne la Salle Commune un peu plus tard. Mais l’idée de la Salle Commune vide de lui qu’elle va rejoindre l’angoisse. Et si tout ça n’était qu’illusion ? S’il changeait d’avis, lui, pendant la nuit, ou sur le trajet ? Lily se demande réellement comment elle va faire, à partir de maintenant, pour vivre sans ces contacts répétés. Et il y a cette main glissée dans son dos qui n’arrange rien au problème. Cette main qui l’effleure, qui signale une présence attentionnée, tendre. Qui agite encore un peu plus son cœur, qui agite encore un peu plus son esprit perturbé. Elle se mord la lèvre, ferme les yeux quelques instants, pour tenter d’y voir plus clair dans le noir complet. En vain. Elle ne sait pas quoi répondre, elle ne sait pas quoi choisir – ces options sont une torture à laquelle elle ne veut pas donner de réponse. Elle tente de reprendre une respiration normale, plus tranquille, se maudit de se mettre dans un état pareil pour quelque chose qui devrait être aussi naturel, et soupire tandis que ses yeux se rouvrent pour affronter les siens.

« D’accord », finit-il par lancer. « Je vais y retourner de mon côté, d’abord, et je dirais qu’on s’est divisé pour aller plus vite, même si ça ne sera sans doute pas très plausible étant donné qu’on tourne depuis une heure… », elle ajoute, dans un demi-sourire un peu sceptique. « Ce n’est pas parce que je suis embarrassée, tu sais ? », finit-elle par demander, d’une voix à la fois plus douce et plus basse. Parce que, et elle le réalise en même temps que les mots passent ses lèvres qui se sont mis à bouger toute seule, elle n’a pas envie de le blesser. Pas après tout ça. « Je ne suis pas embarrassée. Mais je crois que j’ai envie de… Comment dire ? Profiter un peu ? » Elle grimace – s’il comprend ce qu’elle essaye de dire, c’est un miracle. « Je ne suis pas vraiment prête pour les remarques enjouées », prend-elle le soin de préciser, finalement, après réflexion, après avoir bafouillé. « Et je pense qu’il va être assez difficile de faire comme si de rien n’était si on revient tous les deux, maintenant… » Elle a presque l’impression que le déroulement de la soirée est inscrit sur son visage tellement elle a l’impression d’avoir le feu aux joues. « Mais je ne suis pas embarrassée », insiste-t-elle en prenant une inspiration.

Et voilà venu le moment de la séparation, et l’idée l’angoisse. Elle ne sait pas quoi faire, d’abord. Elle vient de l’embrasser, elle ne va décemment pas s’y risquer à nouveau, sinon ils ne rentreront jamais. Elle referme son châle autour de ses épaules, commence à avoir froid. Il est tard, les bougies ne brillent plus dans les couloirs, et l’air de la nuit s’infiltre par les vieilles fenêtres. « Essaye de pas t’attirer d’ennuis entre maintenant et ton retour, tu veux ? » Son ton est, à l’instar de la main de James qui s’est glissée dans son dos tout à l’heure, tendre. Elle lui offre un sourire et abandonne un soupir.

« Merci pour… » Pourquoi ? Lily fronce légèrement le nez et penche un peu la tête. « pour ce soir, pour… pour tout ça, je… » Elle ne sait pas quoi ajouter, et se sent un peu prise au dépourvu. Sa main, hasardeuse, presse légèrement la sienne, furtivement, pour dire au revoir autrement qu’en s’accrochant à nouveau à son cou – elle ne va pas le harceler, non plus. «… m’y attendais pas », elle finit par ajouter en libérant sa main.

Il lui faut quelques secondes de plus pour se décider à l’abandonner, à contrecœur. Elle se retourne pour le regarder quand elle s’éloigne, serrant son châle autour de ses épaules, et finit par se concentrer sur sa propre trajectoire en pressant un peu le pas. Avant de tourner, dans le fond du couloir, elle se tourne une derrière fois, et lui offre un sourire, de ces sourires flamboyants qui proviennent sans doute en grande partie du bonheur.

« Bonne nuit, Potter », elle lance, taquine à nouveau, avant de disparaitre, le cœur à la fois léger et lourd.
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James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Lily » ronde forcée   Lily » ronde forcée EmptyVen 5 Jan - 13:59

C’est à se demander où il a trouvé la force du lui proposer de rentrer chacun de son côté. À peine les mots ont ils passé la barrière de ses lèvres qu’il les regrette, qu’il va jusqu’à se détester de les avoir prononcés. Il a beau savoir que c’est mieux pour elle, que d’ailleurs, elle va accepter, que c’est sans doute aussi mieux pour lui parce que chaque minute qu’il passe à ne pas… à ne plus l’embrasser est comme un supplice et qu’il ne sait pas combien de temps il tiendra… La simple idée d’elle s’éloignant de lui est pire encore. Et si, seule, elle se mettait à réfléchir et à changer d’avis ? Et si la prochaine fois où ils se croisaient, elle l’attirait dans une alcôve pour lui dire que, finalement, non, elle ne sait pas ce qui l’a pris, mais que c’était un moment d’égarement, agréable, certes, mais terminé. Et si, en lui proposant de rentrer seule, il était l’artisan de son propre malheur à venir ? Quelle bouse de troll il peut être, parfois !
James se sent soudain comme une conquête de Sirius, ce qui n’est franchement pas une sinécure. Lui qui s’est tellement moqué d’elles, d’eux, de ces nanas et mecs qui ne parvenaient pas à comprendre qu’ils n’étaient que de passage, le voilà obligé d’observer leur situation avec un regard tout neuf. Et encore, Lily n’est pas Sirius.

La seule solution, maintenant qu’il l’a invitée à rentrer seule à la Salle commune, c’est d’être rationnel. Elle a tout fait, ou presque. Il l’a tout laissée faire, même l’embrasser, à la fois par lâcheté et parce qu’il n’était pas sûr qu’elle n’allait pas l’envoyer chier. Elle l’a embrassé, elle l’a regardé avec plus d’émotion que quiconque, elle s’est laissée convaincre. Elle n’a aucune raison de changer d’avis, quand on considère tout ça. Quand elle va tourner les talons, et le laisser seul dans le couloir, elle va se mettre à réfléchir, à se questionner sur ce qu’elle a fait, et sans doute à avoir un peu peur de ce qui l’attend, maintenant. Mais elle va aussi marcher d’un pas plus léger, elle ne va pas pouvoir s’empêcher de sourire avec douceur, elle ne va pas pouvoir décoller ses pensées de lui de toute la nuit, ni ses yeux, demain matin dans la Grande Salle. Si James le sait avec tant de certitude, c’est qu’il va lui arriver la même chose. Le feu de la frustration qui brûlait dans son ventre n’est pas prêt de s’éteindre, mais le jeune homme est déjà en train d’apprendre comment faire pour le réduire, pour le garder vivace mais moins destructeur, pour s’en faire une veilleuse au lieu d’un incendie. Il n’a pas d’autre choix que de vivre avec, de toute façon, et c’est mieux pour tout le monde s’il n’entre pas en combustion spontanée à chaque fois qu’il croise le regard d’Evans. Quand il va tourner les talons, lui aussi va se mettre à penser, à concentrer son énergie pour calmer la tempête de ses sens, à se questionner sur demain, mais surtout, à se laisser porter par la certitude. Ses pieds seront plus légers, il va sourire comme un con et attirer l’attention de toutes les commères des tableaux, il va tenter de prendre un air moins débile pour entrer dans la Salle commune mais il va se faire griller tout de suite par les trois autres. Et alors, soit ils vont le laisser parler toute la nuit d’Evans, peu probable, soit ils vont le faire taire après avoir capté les informations essentielles, et le laisser seul à ses pensées, à ses rêves s’il parvient à dormir. Pour une fois, il doute d’y parvenir, néanmoins.

James ne doute pas qu’elle va accepter sa proposition, même si elle semble hésiter pour le moment. Il voit dans ses yeux qu’elle pèse le pour et le contre, qu’elle a les mêmes arguments que lui, les mêmes « et si ? ». Il sait ce qu’elle pense, il en jurerait. Un tel niveau de compréhension, il ne connaît ça qu’avec Sirius, les sentiments profonds en moins. En moins aussi l’envie constante de l’embrasser, Merlin merci. James voudrait lui assurer, lui jurer sur tous les tons, qu’elle n’a rien à craindre de son côté à lui. Qu’il respectera tout ce qu’elle demandera, sans exception. Qu’elle n’aura même pas à demander, qu’il apprendra à entendre ce qu’elle ne dit pas. Qu’il saura avant qu’elle ne sache elle-même. Là, par exemple, quand serre les paupières, se mord la lèvre, il pourrait lui dire qu’il sait déjà ce qu’elle va répondre, et qu’elle n’a pas besoin de la formuler si elle ne le veut pas. Qu’il saura se contenter d’un sourire, de la promesse de la retrouver demain.

Mais il ne dit rien, se contente de la regarder prendre sa décision, de voir ses traits se relâcher un peu, et ouvrir les yeux. Et accepter qu’ils se séparent ici. « Je te dirais bien que je vais faire un autre tour juste pour me donner bonne conscience, mais… soyons honnête. Et si quelqu’un a quelque chose à dire, il viendra me le dire à moi ! » Et James de bomber le torse comme le Chevalier de la tapisserie, avant de se dégonfler quand Lily reprend la parole, tout bas. C’est quand elle parle qu’il se rend compte qu’il n’a jamais vraiment eu peur qu’elle ait honte de lui. Qu’elle change d’avis, oui, un peu, mais qu’elle ait honte de s’afficher à côté de lui, certainement pas. Et ça n’est même pas l’arrogance qui parle, là. C’est agréable d’entendre Lily le confirmer, sans ça, l’idée lui serait peut-être venue plus tard, de façon extrêmement désagréable. Or, il comprend les arguments de la rousse, mieux, il est du même avis qu’elle. « Je comprends, ne t’en fais pas. Je veux bien nous… » S’il y a bien un nous ? James ne se reprend pas. « … garder secrets pour le moment. Le plus secrets possible. » Et puis, au point où ils en sont… « Pour nous épargner, nous, plus que simplement toi. » Le prendra-t-elle comme une pique s’il lui conseille d’aller se rafraîchir avant de rentrer ? Il adore la voir rougir, il a multiplié les occasions pendant sept ans, mais elle ne dupera personne si elle rejoint la Salle commune dans cet état. Il tient sa langue. Elle est intelligente, elle y pensera sans doute.

Le moment de se quitter est venu, James le sent dans ses entrailles, le feu qu’il avait réussit à réduire et qui reprend avec plus de force. Il ne voudrait pas la laisser partir. Elle se recouvre, frissonne, James hésite entre la prendre dans ses bras et sourire parce qu’il comprend que dans quelques pas, lorsqu’elle sera loin de lui, sa peau n’aura plus besoin d’être rafraîchie. C’est doucement agréable de savoir qu’il peut la mettre dans cet état. Quand on sait dans quel état elle peut le mettre simplement en le regardant à travers ses cils de biche. Presque agréable de savoir que, loin de lui, elle aura froid.

« Je n’ai pas… Tout ça, ça n’était vraiment pas juste pour... merci ? » Elle le cherche, de la main, du regard, s’il l’attrape, il ne la laissera pas partir et il sait parfaitement qu’il faut aller à son rythme à elle. Il la laisse serrer sa main en serrant la mâchoire, quitte à passer, soudainement, pour froid. « Profite, Evans, c’est la dernière fois où je te dis de partir sans moi ! », lance-t-il, sourire aux lèvres. Il ne bouge pas et la regarde s’éloigner, seule, jusqu’au bout du couloir. Il peut voir son sourire éclatant même de loin, il peut l’entendre dans sa voix qui résonne en sautant d’un mur à l’autre. « Bonne nuit, Potter. », qui réveille les tableaux ensommeillés, qui risque d’attirer sur eux la vieille Miss Teigne et l’ire de son maître, qui fait brûler haut le feu qui anime James, qui scelle définitivement son amour.
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