looking like I have something to hide | Gid

Fabian est un peu chamboulé. Si la rencontre avec Hestia ne s'est pas mal passée, ce serait mentir que de prétendre qu'elle n'était pas perturbante. Fabian a beau avoir la volonté de mettre le passé derrière lui, il n'est pas encore tout à fait performant dans la tâche. Ce moment passé ensemble a bien évidemment rouvert de vielles blessures qu'ils croyait guéries depuis longtemps. Ce n'est qu'une question de temps avant que Gideon ne mette le sujet sur la table, d'ailleurs. Les rumeurs vont vite dans le monde magique, surtout quand son jumeau est impliqué. Fabian joue pourtant parfaitement le rôle de l'innocent lorsque son frère passe la porte de l'appartement en rejoignant, par extension, le joyeux bordel qui les caractérise si bien. Des cadavres de bouteilles de bière jonchent encore la table basse ainsi que quelques cartons de Pizza de la veille. Fabian est parti à la hâte et il s'est empressé de rejoindre son petit atelier en rentrant du café. Focalisé sur la potion qu'il prépare, il laisse Gideon faire sa vie à l'étage, évitant soigneusement de venir l'accueillir avec une expression de culpabilité qui ne peut que vouloir dire qu'il lui cache quelque chose.

Le médicomage aimerait garder sa vie privée secrète parfois, notamment parce que Gideon ne peut pas s'empêcher de la commenter, mais Fabian n'a que bien trop rarement réussi à impressionner son jumeau avec ses mensonges. Et parce qu'il ne peut jamais se retenir d'essayer, lorsque Gideon finit par descendre à l'atelier, Fabian continue ce qu'il était en train de faire, et lance sans quitter sa potion des yeux : « Hey bro ». Il hausse les épaules et passe ses nerfs à vif sur quelques plantes dont il coupe vigoureusement les tiges. « Tu as passé une bonne journée ? » , finit-il par demander. Beaucoup trop de banalités et pas assez de contact visuel. Il ne prendra pas longtemps à Gideon pour remarquer que quelque chose chez son frère n'est pas tout à fait comme d'habitude.

Il a passé la journée à errer. Parfois, il se sent un peu enfermé. Ce métier, briseur de sorts, a de moins en moins de mérite au fur et à mesure que les jours passent et que la guerre fait rage, dehors, sous leurs nez à tous. Gideon aimerait se battre tous les jours, toutes les heures contre le mal qui ronge et monte. Il sait que ce n'est pas possible, il sait que la vie, celle qui se poursuit, est aussi l'important. Qu'on ne peut pas être tout entier à une guerre. Il faut partager son temps, méthodiquement. Créer l'habitude. L'habitude, il la créée essentiellement en rentrant chez lui le soir, dans cet appartement qu'il occupe avec Fabian, son frère. La prunelle jumelle de ses yeux. Celui qui veut se battre quand il aimerait tant le garder à l'abris. Il ne peut pas imposer à Fab de rester chez eux pendant que lui se bat, c'est ridicule et égoïste. Gideon a appris à composer avec le danger, et s'il est conscient du fait qu'il sera sans doute beaucoup moins efficace avec son frère à ses côtés, il tolère la situation telle qu'elle est.

Il rentre tard, et Fab s'est réfugié dans son atelier, confectionnant une potion, plongé dans une concentration factice qui ne berne pas Gid. Fab est doué, il pourrait fabriquer ses petits mélanges les yeux fermés - il aurait donc largement les moyens de relever les yeux vers lui pour lui offrir un sourire, ce qu'il choisit délibérément de ne pas faire. Il a quelque chose à cacher. Fabian est un piètre menteur - on peut lire dans ses yeux comme dans un livre ouvert. Gid soupire et hausse une épaule, d'humeur joueuse. « Excellente, et toi ? Quoi de neuf ? » Gid s'approche et se penche sur l'épaule de son frère. « Qu'est-ce que tu fabriques ?»

Gideon n'est pas dupe et Fabian n'a pas besoin de le regarder dans les yeux pour en être persuadé. Il continue donc son petit jeu autant qu'il le peut. Fabian n'est pas un très bon menteur, et il ne doute pas que son manque de compétences dans ce domaine finira par le tuer un jour. Par chance son côté tête brûlée compense un peu sa faiblesse dans l'art du mensonge éhonté. Peut être que la guerre finira par changer la donne, en attendant, Fabian se contente de fixer la belle couleur claire de la potion qu'il prépare, en espérant stupidement que son frère aille boire un verre avec Ted au chaudron baveur, à la place de le questionner. L'attente est sûrement désespérée d'ailleurs. Les jumeaux se connaissent beaucoup trop bien. Fabian peut tout au plus faire mariner son frère pendant quelques minutes. Il finira, dans tous les cas, par devenir insupportable, et Fabian n'aura alors pas d'autre choix que de s'épancher sur ce retour inattendu de sa meilleure amie et âme sœur, qui l'a abandonné deux ans auparavant. S'ensuivra une conversation désagréable, où Gideon se sentira obligé de le mettre en garde, de le juger du regard lorsqu'il finira inévitablement par évoquer Mr Jones avec un air de chien battu qui en dira long sur l'état de son deuil. Fatigué d'avance par tout ça, il hausse les épaules et décide d'opter pour une version édulcorée de la vérité, qui lui permettra entre autres choses, de passer sous silence l'information qu'il cherche à tout pris à cacher à Gideon, à savoir le petit café improvisé avec son ex fiancée. « Une potion contre la gueule de bois, je suis surpris que tu ne reconnaisses pas l'odeur, grand consommateur que tu es. » Fabian plaisante, ce qui l'aide à ne pas avoir l'air plus suspect qu'il ne le paraît déjà. « J'essaye de me changer les idées. Je suis sûr que tu es déjà au courant du retour d'Hestia ? Je n'en attendrais pas moins de quelqu'un qui couche avec Rita Skeeter, même en refusant de l'avouer à son propre frère. » Le monde magique est beaucoup trop petit pour que les rumeurs ne volent pas.

Les y voilà, au moment fatidique de la confession. Au sujet qui risque de fâcher, ou peut être pas autant que Fab le croit. L'histoire de Fabian avec Jones s'est mal terminée, sans doute un peu à cause - ou grâce, selon les versions - à lui. Elle est de retour, Gideon le sait comme tout le monde, et pas simplement parce qu'il s'envoie Rita Skeeter de temps en temps. « Je n'ai aucune honte à admettre que je m'envoie Rita Skeeter de temps en temps, elle est merveilleusement bien faite même si, objectivement, elle gagnerait parfois à parler un peu moins pour se concentrer plus vivement sur l'essentiel... » Il s'autorise un sourire plein de dérision et hausse une épaule en observant la potion. « Bonne idée de faire des recharges, j'ai cru mourir l'autre jour quand je ne trouvais pas de fiole d'avance », note-t-il, appréciateur. Cette potion lui a sauvé la vie à bon nombre de reprises, objectivement, et il est bien content que son frère soit le roi des fabrications originales dans ces moments là, quand la douleur lui barre le crâne et qu'il doit aller se battre. « Cela dit, je suis au courant, oui. Pour Hestia », note-t-il en soupirant un peu, se laissant tomber sur le tabouret, à côté de son frère. « Je suis surpris qu'elle ne t'ait pas déjà sauté dessus pour te trainer dans un café ou un truc du genre, d'ailleurs », ajoute-t-il en s'emparant d'un flacon vide avec lequel il joue un peu. Gideon soupire un peu. En réalité, une part un peu obscure de son cerveau espère que le retour d'Hestia Jones pourrait ramener Gideon à la raison et le convaincre de ne pas aller se battre avec son frère. Peut être que si elle le suppliait avec ses yeux de chat... Well, de toute façon, Hestia n'est pas au courant, sans doute pas. Et Fabian ne renoncera jamais à se battre. C'est un peu peine perdue.

Fabian lève les yeux au ciel aux remarques de son frère, qui joue absolument bien son rôle de fuckboy de première. Au moins, il sait que si il veut éviter pour un moment de parler de sa propre vie sentimentale, il peut toujours lancer Gideon sur sa vie sexuelle très active. Mais là n'est pas vraiment le sujet. La taquinerie ne le mène d'ailleurs pas bien loin, parce qu'il n'a pas vraiment envie d'entendre parler des ébats de Gideon avec une des pires vipères qui se fait dans le monde magique. « Peut être que ce qui l’intéresse n'est pas forcément la même chose que toi, tu fais partie de l'ordre, et tu détiens des informations un peu plus croustillantes que le retour d'Hestia, même si je ne doute pas qu'elle n'hésiterait pas à raconter mes déboires sentimentaux pour passer le temps, tout en se tapant mon frangin. » Fabian note tout de même sur le ton de la critique. C'est précisément de ça que Gideon devrait avoir honte, mais ce mot ne fait visiblement pas partie de son vocabulaire. Tant mieux pour lui. Ceci dit, la remarque sur sa potion déclenche un petit sourire tendre et affectueux de la part de Fabian, qui si il est honnête, a probablement mis au point cette potion pour son frère, qui ferait sans doute bien moins le malin, si il devait assumer ses migraines au quotidien. Finalement peut être que Fabian est à l'origine des supers pouvoirs de Gideon.

La suite de la conversation met évidemment Fabian mal à l'aise, et sa paranoïa dans ce genre de situation atteint sa puissance maximale. Gideon a un don incontestable pour mettre les pieds dans le plat presque systématiquement. A croire qu'il a un don pour la divination. « Surprenant, hein... » Fabian marmonne en versant délicatement la potion dans une fiole. « Tiens. » dit-il ensuite en la posant dans la main de Gideon pour remplir d'autres fioles du liquide bleuté.

Gideon lève les yeux au ciel, amusé. Son frère est adorable. Adorable, mais parfois, il le prend pour un idiot. « Fab, je ne révèle aucune information confidentielle à Rita Skeeter, même quand elle se déshabille, crois-moi », il précise, amusé. Il presse l'épaule de son frère et l'observe du coin de l'oeil. Cette histoire du retour d'Hestia Jones l'a un peu perturbé lui-même, il doit bien l'admettre. Parce qu'il n'a pas pu s'empêcher de penser que son retour était forcément lié à Fab, et que si ce n'était pas le cas, peut-être, éventuellement, qu'il pourrait lui toucher deux mots. Gideon a promis à Fabian qu'il le laisserait se battre à ses côtés pour l'Ordre, mais l'envie lui manque cruellement de tenir parole. Il a peur, voilà la vérité. Et les yeux de chat d'Hestia pourraient éventuellement représenter des alliés dans la bataille qu'il tente de mener tout seul - mais si Fab venait à l'apprendre, il serait sans doute furieux. « Tu devrais essayer, tu sais ? Pas Rita, hein. Mais de voir des filles, comme ça... pour quelques heures, de temps en temps. C'est assez apaisant », il lance en haussant une épaule. « Tu peux prendre mon identité et appeler une de mes conquêtes, si tu veux, comme ça, même pas besoin de draguer... Je te mâche le travail ». Le sourire de Gid s'élargit et ses yeux détaille son frère qui sera sans doute très mal à l'aise face à cette proposition.

« Merci pour la potion, elle me sera vraisemblablement utile rapidement », précise-t-il en se laissant finalement tomber dans un fauteuil, derrière le plan de travail de l'atelier de Fabian. Gid, qui ne tient pas en place et qui présente tous les signes d'un gosse hyperactif, sort sa baguette pour faire virevolter des bouts de papiers journaux qui trainent par-ci, par là. « Donc Hestia n'a pas tenté de te contacter, alors ? » il demande soudainement, les yeux rivés sur son frère, pour analyser la moindre de ses réactions. Fabian lui cache quelque chose, et Gideon ne va pas tarder à découvrir quoi.

Bien que Fab n'est pas très envie de parler des conquêtes de Gideon, son double maléfique ne peut pas s'empêcher de raconter les moindres détails de sa vie sexuelle, allant même jusqu'à lui faire des propositions qui n'ont franchement rien d'éthique. Fabian lève d'ailleurs les yeux au ciel pour manifester sa protestation. Il est bien entendu hors de question qu'il aille draguer les ex conquêtes de son frère comme un désespéré. Ils n'ont peut être pas la même façon de faire, mais Fabian s'en sort très bien tout seul. La raison pour laquelle il est toujours célibataire, c'est qu'il ne veut pas de relation. Il n'en éprouve pas spécialement le besoin, et il a besoin de temps pour mettre Hestia derrière lui, Hestia et les plans d'avenir qui allaient avec elle par extension. Pour ce qui est des relations d'un soir, il sait pertinemment qu'elles le mettraient mal à l'aise. Fab contrairement à son frère ne pourrait pas se contenter de la première personne venue, il a besoin d'une relation basée sur un intérêt intellectuel mutuel qui ne peut pas être exclusivement physique. Il se demande encore parfois pourquoi son frère continue de lui proposer des plans aussi nazes. « Les filles ne m'apaisent pas Gideon, elles m'angoissent. » Fabian explique avant d'ajouter, conscient de l’extrémisme de la phrase. «  J'allais me marier, je me suis fait plaquer, c'était peut être il y a deux ans, mais ça laisse des traces. Et puis je ne suis pas comme toi, j'ai besoin d'une connexion, quelque chose... Appelle moi romantique si tu veux, c'est juste que de m'envoyer en l'air comme ça, ça ne me ressemble pas. » Il soupire. « Tu le sais de toute façon, alors garde tes plans à la con pour toi. » Il ne peut pas s'empêcher de secouer la tête et de sourire à la fois. Si son frère n'existait pas, il faudrait l'inventer.

Après cette conversation un peu houleuse, Gideon se laisse tomber dans le fauteuil, loin d'en avoir fini avec lui. Puisque ses conseils en matière de séduction ne font pas grand effet chez son jumeau, Gideon opte pour une autre tactique, celle de le cuisiner sans honte. Fabian se tourne vers lui, bien décidé à continuer avec la tactique de la semi vérité. « Sa mère est morte, elle m'a prévenu pour les obsèques, je vais bien évidemment m'y rendre. » Après autant d'années de relation, c'est une évidence qu'elle allait lui demander de venir, et une évidence aussi qu'il accepterait. Il a connu la famille d'Hestia, il a longtemps cru qu'il faisait partie de cette famille, ce n'est qu'une question de respect. « Mais c'est pour ça qu'elle est là, avec son mari. », se permet t-il de de préciser.

La réplique de son frère l'amuse et lui arrache un rire léger. Gideon doit bien admettre que cette formulation est étrange. Mais ce qu'il doit encore plus admettre, sans doute, c'est que visiblement, lui énerve son petit frère. Il soupire un peu et ne retient pas la blague qui lui échappe cependant, trop prévisible, trop habituel, sans doute. « Well, tu sais Fab, je suis pas très compliqué, je peux aussi te recommander des hommes », il lance, amusé. Il croise les bras et détaille son frère, de dos, penché sur ses potions, méticuleux. Le meilleur d'entre eux, sans aucun doute possible. Fabien est un jeune homme réfléchi, plus sensible. Peut être plus accompli, malgré cet air timide, malgré le passé, les échecs. Les déceptions. « Hestia est la grande perdante de cette rupture, si tu veux mon avis » finit-il par répliquer en soupirant un peu, en toute mauvaise foi sans doute, parce qu'il n'est pas pour rien dans la fin de leur couple. Mais tout de même. « Pas la peine de faire comme si t'étais énervé contre moi, je sais que tu ne l'es pas », il précise, sourire en coin collé aux lèvres, tandis qu'il lui envoie un coussin dans la figure - en prenant gare à ne pas viser ses fioles et ses potions, bien entendu.

« Enfin, je ne comprendrais jamais ce besoin de connexion. Justement, tu vois, quand tu ne partages rien avec la personne, elle a pas le temps de t'angoisser. C'est tellement plus simple... » Nouveau soupir, Gid lève la petite fiole que vient de lui donner son frère pour admirer le liquide à l'intérieur. Et puis, le sujet passe à Hestia, qui, bien entendu, l'a contacté. Ca n'étonne pas tellement Gideon. Il acquiesce quand Fab parle de la mort de sa mère - pas vraiment attristé. Ces derniers temps, tout le monde perd des proches, et il a déjà assez à faire de s'inquiéter des siens. « Je vois... » lance-t-il en soupirant un peu. « Miss Parfaite ne pouvait pas rester bien loin trop longtemps. Pas la peine de t'énerver, je plaisante », lance-t-il en levant la main. « Mais sache que c'est une mauvaise idée de revoir cette fille. Surtout si elle te colle son mari dans les pattes. Tu crois pas que t'as assez souffert comme ça pour t'en recoller une couche, Fab ? »

Le problème de Fabian et Gideon, c'est qu'ils se connaissent par cœur. Et Fabian pour le coup, si il avait espéré s'en sortir sans que Gideon ne l'embarrasse avec ce genre de commentaires, avait pu voir venir sa réplique avant même qu'il ne commence à ouvrir la bouche. Alors évidemment, il se braque, parce qu'il ne trouve pas ça vraiment amusant qu'il s'entête, alors que Fabian éprouve de grandes difficultés à gérer sa vie sentimentale désastreuse, même si il prétend que tout va bien sur ce point là. Ils savent tous deux que c'est un gros foutoir, dont Fabian ne veut tout simplement pas parler. Décision que Gideon ne respecte pas le moins du monde par ailleurs. « Je ne suis pas énervé contre toi en effet, tu m'agaces ? » Le terme est plus approprié, oui. Oui il l'agace, définitivement. Gideon lui offre en prime son point de vue sur la question de la connexion, et Fabian hausse une épaule après s'être lui aussi laissé tomber dans le canapé. « On est juste différents, rien de très grave tu sais... » Différents et pourtant si similaires. Fabian lui offre un sourire affectueux, vite éclipsé par le sujet de conversation qui revient inlassablement, Hestia. Fab sait que son frère ne veut que son bien, mais parfois il aimerait juste qu'il n'arrive pas à lire en lui comme dans un livre ouvert. « Je sais que tu t'inquiètes, mais je gère. On a trente ans, on est amis depuis toujours, je pense qu'on peut tout à ait gérer ça en adulte. Et puis j'aimais beaucoup ses parents. » Fabian ajoute, en ayant l'air plus triste soudainement.

Gideon lève les yeux au ciel et sort une nouvelle cigarette de son étui. Cette invention moldue vaut ce qu'elle vaut, mais il aime bien. Ca renforce son côté agaçant - et puisqu'on est dans le thème, il voit difficilement pourquoi il se priverait, après tout. Les deux frères sont différents, cela va sans dire. Fabian est sans aucun doute le plus raisonnable et le plus posé des deux, même si objectivement, le sang qui coule dans les veines des jumeaux Prewett est plutôt celui d'hyperactifs aux comportements osés voire parfois dangereux. « Différents, ouais », lance-t-il en haussant une épaule, les yeux dans le vague, presque hypnotisé par la fumée qui s'échappe de la cigarette glissée entre ses doigts. « J'espère juste que tu sais où tu t'aventures. Hestia est mariée, et même si ça fait déjà des années, comme tu le précises si bien, vous vous connaissez depuis toujours. » Gideon n'a pas peur que le couple se reforme, en réalité. Il doute fortement de la probabilité qu'une chose pareille ne se produise un jour. Ce dont il a peur est ailleurs, différent. « Tant mieux si tu gères. Mais je préfère quand même attirer ton attention sur le fait qu'un esprit occupé peut s'avérer dangereux quand il s'agit de donner une bonne leçon aux Mangemorts. On ne peut pas vraiment se permettre le luxe de la distraction quand on se bat face à des Sorciers qui veulent nous exterminer, et on est allés un peu trop loin pour qu'ils nous laissent tranquilles, maintenant. C'est comme ça, il nous appartient d'être prudents - et de l'être tout le temps. » Et Dieu sait que c'est fatiguant, d'ailleurs, comme conduite. Gideon aime se battre pour ses idées et pour ses proches, mais parfois, il se perd à rêver à une vie plus tranquille, où il serait libre d'être juste un grand gamin agaçant.

Fabian tique lorsque Gideon lui fait la morale, c'est insupportable, sachant qu'en plus, il est le premier à faire n'importe quoi lorsqu'il est concerné. Ne vient il pas de dire qu'il assumait totalement de s'envoyer en l'air avec Rita Skeeter justement ? Personne n'assume ce genre de choses à part son jumeau, ce qui veut probablement dire quelque chose sur Gideon Prewett et ses petites habitudes. Fabian sait ce qu'ils pensent tous au sujet d'Hestia, mais les choses ne sont pas aussi simples qu'elles en ont l'air pour eux. Ils se sont séparés oui, ils avaient fait des projets d'avenir ensemble, certes, mais ils se sont rendus compte qu'ils étaient incompatibles, et ça ne veut pas dire par déduction qu'ils ne peuvent pas être amis pour autant. Fabian ne compte pas courir après une femme mariée, mais il ne va pas l'éviter non plus, ce serait absolument ridicule.

Elle est partie pour s'offrir une vie, un choix respectable qu'il n'avait pas pu faire à l'époque. Il n'empêche que les membres de l'ordre du phénix restent les amis d'Hestia comme les siens, et la brune ne sera pas punie de Chaudron Baveur parce qu'ils se sont séparés. Il doivent gérer la situation en adultes. Montrer qu'ils s'entendent bien malgré tout, c'est un premier pas. « Je ne m'aventure dans rien du tout. Je ne compte pas séduire une femme mariée Gid, encore une fois, tu me confonds avec toi. Mais ce n'est pas parce que ça n'a pas marché entre nous, où que les circonstances extérieure ont fait que ça n'a pas marché entre nous plus exactement, qu'Hestia doit devenir la paria de l'ordre du Phénix. C'est une des notre, et on a bien trop peu d'alliés pour laisser une séparation gâcher tout ça. » Même si c'est difficile, Fabian a réellement envie de régler la situation avec le calme et le pragmatisme imposé par la situation. « Ne t'en fais pas pour moi, je n'ai pas l'esprit plus occupé que toi quand tu passes en revue toutes tes conquêtes. Je suis très concentré sur notre lutte. Ça m'évite même de penser à autre chose. » On peut dire qu'il s'y est consacré corps et âme.

Visiblement, Gid n’obtiendra rien de son frère ce soir. Alors il ira voir Hestia, ce qui lui semble encore être le plus sage. Pas pour la mettre en garde ni pour la faire fuir – il a un peu grandi, depuis le temps, avec les années qui se sont écoulées. Simplement pour voir quelle est la situation, et à quel point il doit s’inquiéter pour son propre frère. Parce que Fab est un garçon intelligent et appliqué, et Gid ne doute pas du fait qu’il soit suffisamment doué pour combattre. Mais s’il y a une chose dont il est certain, le rouquin, c’est qu’il ne survivrait pas à la mort de son frère. Impossible. Il serait bien trop dévasté pour survivre. Alors il faut qu’il prenne soin de Fab comme il le peut, et si son frère ne le laisse pas faire, peut-être peut-il trouver des moyens détournés pour le faire – comme discuter un peu avec Hestia, par exemple. Il fera ça. « Je ne passe pas mes conquêtes en revue », corrige-t-il en levant les yeux au ciel. Des conquêtes sont des conquêtes, il n’a pas besoin d’y repenser après-coup, sauf quelques rares exceptions. « D’ailleurs, en parlant de ça, je te signale que Dorcas m’a demandé de l’accompagner au Bal des Malfoy le soir du Nouvel-an… » Il sourit comme un idiot à l’évocation de cette invitation – et saisit l’occasion pour changer de sujet, parce qu’il n’a pas envie de se disputer avec son frère. En ce moment, la vie semble trop précieuse pour être passée à se battre avec les gens que l’on aime, honnêtement. « J’ai dit oui », il précise, mais évidemment, ça coule de source. Gid enchaîne les conquêtes, c’est vrai, mais il aime bien Dorcas. Et même si c’est pour aller faire les fous au bal des Malfoy devant les Mangemorts contenus mais agacés, il aime l’idée qu’elle l’ait invité à sortir.

Ce d'ailleurs en parlant de ça ne plaît pas vraiment à Fabian, qui ne voit pas bien le rapport entre leur amie Dorcas et les conquêtes de Gideon. Pas qu'il ait tellement envie de le voir d'ailleurs. Il pourrait trouver son jumeau adorable pourtant, si il n'était pas aussi suspicieux à chaque fois qu'il parle d'accompagner une fille quelque part. Son frère et ses petites histoires de sexe sont bien mieux éloignées de leur cercle d'amis. Après tout, si il y a bien quelque chose qui n'a pas pourri avec tout le reste, c'est bien le petit cercle du chaudron baveur, alors autant faire en sorte que cela continue sans compliquer volontairement les choses. Les alcooliques de l'ordre se vouent finalement une confiance sans faille, en plus de passer de bons moments ensemble. Et tout ça, malgré la guerre. Les histoires de coeur au milieu d'une bande d'amis ne peuvent donc que mal se terminer et créer du drame inutile. Et puis soyons honnête, il ne voudrait pas que Gideon soit mis sur le carreau par Dorcas après s'être comporté comme un goujat, ce qui arriverait forcément si leur relation venait à mal tourner. Fab n'est pas idiot, il a des yeux comme tout le monde. « Je ne vois pas bien le rapport entre Dorcas et tes conquêtes, mais peut être que je n'ai pas très envie de le voir. » Il se permet tout de même de commenter avant de lever les yeux au ciel. « Je ne vois pas non plus pourquoi tu irais t'infliger ça alors que tu ne travailles pas au ministère et qu'on a besoin de toi au Chaudron. On va finir par se demander lequel de nous deux fume le plus de mandragore. Dolohov sera là j'imagine ? » Inutile de répondre à cette question. Cette bande de trolls est prévisible à souhait, provoquer Dolohov semble être l'activité en vogue ces derniers temps.

Gideon rit un peu - c'est si facile, en réalité, d'embêter son frère. Il excelle, à ce jeu là. Loin devant tous les autres gens que fréquente Fabian, d'ailleurs. Cela dit, Gideon porte une affection réelle à Dorcas qui la coupe effectivement de tout lien avec ses conquêtes habituelles et les jeunes femmes éconduites au petit matin à la sortie de leur appartement devant les yeux ébahis de Fabian - ou blasés, peut-être, Gideon se plaisant à croire que son frère est encore surpris par sa capacité à ramener des jeunes femmes qui ne le connaissent visiblement pas encore assez pour se faire une idée de sa réputation. Il y en a bien qui ont essayé de lui passer la bague au doigt la corde au cou en lui proposant d'autres rendez-vous et dîners mondains, mais très peu pour lui. Il n'a pas vraiment le temps pour ces choses-là, ou alors peut-être qu'il n'a simplement croisé la route de personne ne retenant suffisamment son attention. C'est sans doute prétentieux de le penser, et il tait cette idée qu'il garde pour lui. « T'inquiète pas, Fab, j'ai beaucoup de respect et d'affection pour Dorcas, tu sais ? » il finit par murmurer, plus sérieux, pour une fois, en haussant une épaule. « On vous rejoindra après. On veut juste faire un petit passage éclair pour rappeler à ces prétentieux qui pensent qu'ils peuvent se permettre le luxe de faire une petite fête pour étaler leur pouvoir et leur influence qu'on les attend au tournant », il explique, haussant à nouveau une épaule. « Et Dodo sera bien entendu de la partie, sinon, quel intérêt ? » Oui, il aime provoquer le Mangemort. C'est sans doute l'un des pires, l'un des plus dangereux, et peut-être Dolohov finira-t-il un jour par les torturer tous, autant qu'ils sont. Mais rien qu'à voir sa mine agacée à chaque provocation, le jeu en vaut franchement la chandelle. Et puis, en ces temps sombres de guerre, on se contente de ce que l'on peut avoir.

Fabian est rassuré de voir que les choses n'ont pas changé entre son frère et Dorcas. Il n'a vraiment pas envie de s'interposer entre ces deux là, vraiment pas. Son frère n'a aucune chance, quoi qu'il en pense, et il n'y a rien de plus précieux qu'une amitié par les temps qui courent. Il hoche donc la tête en guise d'approbation, ne manquant pas de lui rappeler un détail important sur son amie Dorcas tout de même. «  Si tu cherches des noises à Dorcas, tu sais au moins que c'est à tes risques et périls. Quoi qu'il en soit, je suis rassuré d'apprendre que c'est votre amour mutuel pour Dolohov qui vous lie et pas autre chose. » Autre chose, étant les petites activités de son frère qui sont plus que critiquables selon son frère Fabian. Le sujet désormais éclairci, Fabian s'autorise un rire affectueux et même une petite blague pour la route. « Dodo ? Pour Dorcas ou pour Dolohov, j'ai un peu de mal à suivre, tu m'excuseras. » Dans sa grande maniaquerie, il agite mollement sa baguette magique pour rincer les chaudrons qui ont servi à la confection de la meilleure potion qu'il ait jamais inventée. Les objets s'agitent d'eux-même, pendant que Fabian commente toujours amusé. « J'ai envie de fumer, de bière et de pizza moldue. Un apéritif à l'appart ça te dit ce soir, où t'as prévu de t'envoyer en l'air avec Rita Skeeter ? » Autant demander, mais dans tous les cas, Fabian a bien besoin de se détendre après cette rencontre avec Hestia.

Gideon hausse une épaule et soupire. « Je ne cherche de noises à personne, je sais que ton Dorcas est ton amie, et je te le répète, j'ai beaucoup de respect pour cette fille... » Il hausse une épaule en agitant un peu sa baguette pour aider son frère dans sa tâche de nettoyage. « Je parle bien de Dolohov. C'est pour lui qu'on s'amuse à y aller, pas pour tous les autres. Si je pouvais le tuer, celui-là... » Gideon serre les poings ; il a cessé de parler à son frère, en réalité. Il se parle surtout à lui même, dans un motif qu'il n'a de cesse de se répéter à longueur de temps. Si seulement il pouvait régler son compte à Dolohov pour de bon. Ce type est un grand malade, un psychopathe, un des plus fous de tous les toutous de Voldemort, sans doute. Lui et Bellatrix Lestrange devraient faire partie de leurs préoccupations numéro 1, mais l'Ordre n'est visiblement pas de cet avis - ou en tout cas, pas assez de cet avis pour accélérer les choses à leur sujet. Pourtant, Gideon, lui, prendrait un malin plaisir à les exterminer tous les deux, dut-il y laisser un bras ou une jambe. La mort, voilà tout ce que mérite Dolohov. Mais en attendant de pouvoir le tuer, il faut bien se contenter de ce que l'on peut faire - l'humiliation passe, donc, pour défrustrer les troupes. « Je n'ai pas prévu de voir Rita, non, je suis trop fatigué pour ça, elle est épuisante, j'ai besoin de toute mon énergie pour la voir », il lance, taquin. « Faisons ça, je m'occupe de commander les pizzas et la bière, tu t'occupes de ce que l'on fume ? »

Fabian accorde beaucoup d'importance à l'amitié, et ses amies de Serpentard, avec leur intensité et leurs mauvaises idées lorsqu'il s'agit de Dolohov, sont des femmes exceptionnelles à qui il tient beaucoup. Si il doit y avoir quelque chose entre Gideon et l'une d'elle, alors il espère simplement que les tendances de briseur de cœur de son frère resteront au placard pour un moment. Il sait que Dorcas a d'autres projets, et il n'est pas difficile de remarquer dans les regards qu'elle lance à la petite Tonks, que ce n'est pas finir sur la longue liste d'ex d'un Gryffondor qui l'intéresse en ce moment. Fabian garde cependant ce détail pour lui, puisque Gideon lui fait l'immense plaisir de changer de conversation. Fabian laisse échapper un sourire cynique. « J'ai eu pas mal de d'occasion de le tuer. Peut être que tu devrais te faire passer pour moi à St Mangouste un jour. » Les occasions ne manquent pas, mais attaquer Dolohov sans preuve irréfutable, et sans que son visage ne soit caché par son horrible masque, ce n'est tout simplement pas possible. Ils sont aussi impuissant que les aurors. En dehors de Bellatrix Lestrange, les mangemorts font preuve d'un lâcheté qui bat tous les records du monde. Mais ils auront tous le loisir de s'en plaindre éternellement en cumulant les bières. « Tu sais qui est dispo ce soir ? » Fabian demande, en s'occupant de son joint de mandragore, sa baguette entre les dents.