School work sucks - Moreen & Nicola

school work sucks

La demoiselle se dépêcha d’engouffrer ses œufs brouillés, tâchant de finir son petit-déjeuner le plus vite possible. Il était déjà dix heures, en ce samedi matin et elle avait promis à Moreen de la rejoindre pour réviser leur prochain cours de potions, mais elle avait lu jusqu’à pas d’heure la veille et n’avait pas réussi à sortir du lit ce matin. Le décalage adolescent n’était pas un mythe et le manque de ponctualité de Nicola non plus. Alors qu’elle dégringolait les dernières marches du grand escalier, elle était tombée sur son frère qui lui avait affirmé que son amie était levée depuis longtemps déjà. L’espace d’un instant, l’idée d’aller travailler sans déjeuner lui avait traversé l’esprit, mais elle l’avait balayée d’un revers d’estomac, ce dernier réclamant son dû. Qu’elle lui donnait, au risque de se rendre malade. Pas certain que le jus d’orange mélangé au thé brulant fut l’idée du siècle. Elle quitta la table des lions en précipitation, manquant d’assommer son voisin de table. Elle s’excusa du bout des lèvres avant de quitter la Grande Salle au pas de course.
Nicola fini par s’engouffrer dans la bibliothèque, le souffle court d’avoir grimpé tous ces escaliers. Elle avait dû remonter à la tour des rouges et or pour récupérer ses affaires qu’elle avait oublié dans sa précipitation. Ses cheveux lui collaient à la nuque et certains pointaient dans des directions aléatoires, un peu à la manière d’un hérisson. Elle traversa l’endroit sur la pointe des pieds, espérant que son amie n’avait pas décidé qu’elle avait mieux à faire que de l’attendre. Heureusement, une tête rousse se trouvait à l’endroit même où elles avaient toujours révisé, depuis ce jour de septembre, cinq ans auparavant. Dans un gros bruit, elle posa son livre de potions sur la table, s’attirant un regard noir de la bibliothécaire et d’autres élèves plongés dans leurs devoirs. Elle grimaça en sorte d’excuse et s’assit à la table. « Momo ! Je suis trop désolée, je me suis pas réveillée et j'avais faim surtout ! Dis moi que t’as compris ce qu’on nous demandait ! » Elle sourit de toutes ses dents à sa meilleure amie, qui devait finir par la connaître avec le temps. Nicola n’était ni réputée pour être à l’heure, ni pour être très douée en – devoirs – potions.

Lorsque Moreen entra dans la bibliothèque tant aimée, celle-ci était encore vide de toute présence humaine. La jeune sourit intérieurement et un sentiment d’apaisement la saisit. Moreen, sans être oclophobe, n’aimait pas les lieux bondés, trop de gens, trop de risques. Elle pouvait ainsi s’asseoir à leur place attitrée depuis leur première année.
Elle ouvrit ses livres de cours de potion. Elle allait prendre un peu d’avance en attendant Nicola. Puisqu’elle allait devoir lui expliquer, il valait mieux tout comprendre auparavant pour être la plus claire possible. Si Moreen n’était pas aussi obsédée par les créatures magiques, elle aurait sans doute apprécier être professeure.

Les tables se remplirent petit à petit, mais il était encore tôt et durant le week-end, alors que l’année ne faisait que commencer, il y avait peu de monde. Les étudiants préféraient s’y prendre au dernier moment. Elle ne comprenait pas ce fonctionnement, maintes fois elles avaient discuté avec Nicola à ce sujet, et elles n’avaient jamais totalement réussi à se mettre d’accord.

Moreen secoua la tête pour chasser ses pensées et se concentra, le professeure Slughorn souhaitait que les étudiants se renseignent sur le philtre de paix, potion difficile dans le dosage et qui était presque une incontournable des BUSE. Il leur avait demandé de s’intéresser aux risques et à la meilleure manière de faire afin d’être prêts la semaine d’après pour la pratique. Cette façon d’opérer était très rassurante pour Moreen, mais elle trouvait cela suspect. Est-ce que ce n’était pas un «piège» pour les prendre au dépourvu et les faire travailler au final sur une toute autre potion ?
Alors qu’elle réfléchissait à cette possibilité, elle entendit le bruit sourd d’un gros livre qui tombe sur une table et releva brusquement la tête.

Nicola se trouvait devant elle, "Momo ! Je suis trop désolée, je me suis pas réveillée et j'avais faim surtout ! Dis moi que t’as compris ce qu’on nous demandait"
La poufsouffle sourit doucement et hocha la tête. Elles étaient faites pour se rencontrer toutes les deux. Aussi différentes que le soleil et la lune. Même leur matières de prédilection étaient opposées (au moins elles pouvaient ainsi s’entraider) ... Sauf bien sûr pour le vol en balais où ni l’une ni l’autre n’excellaient ! C'était sans doute cette différence qui les attirait l'une à l'autre. C'était du moins le cas pour Moreen.
«T’en fais pas Nini. Je sais.» Elle n’avait besoin d’en dire plus.
«C’est un philtre de paix. Assez complexe à faire. Plusieurs ingrédients et si le dosage est raté, la personne qui le boit risque de s’endormir et ne jamais se réveiller.» Expliqua Moreen des étoiles dans les yeux. Elle était comme ça dès qu’elle parlait d’un sujet qui l’intéressait.
Elle allait reprendre mais Nicola l’interrompit avec une plaisanterie comme elle seule avait le secret. Le sourire discret de l'adolescente s’étira et contrasta avec la face enjouée et éclairée de sa meilleure amie. «Si tu veux. Mais je ne te la préparerais pas pour cette utilisation.» Elle attendit un peu que son amie se recentre «tu sais, c’est un philtre pour apaiser l’anxiété et procurer une sensation de calme. Ca doit être utile avant un concours, ou un match de Quidditch.» Nicola semblait l’écouter, tout en gribouillant sur ses feuilles de parchemin, bien entendu. Elle reprit. «Ce qui est très intéressant c’est qu’à mesure que la préparation avance, elle passe par plein de couleurs. D’abord du bleu, puis du violet, du rose, du turquoise, violet encore. Ca nous permettra de bien tout maîtriser et de savoir si on s’en sort ou ...» Moreen s’arrêta lorsqu’elle réalisa que Nicola était distraite. Elle n’écrivait plus, s’était arrêtée même de gribouiller et regardait par la fenêtre.
La rouquine posa sa plume et lança son regard perçant vers sa meilleure amie, elle connaissait cet air absent. «Bon. Que se passe-t-il ?»

school work sucks

Malgré les apparences, Nicola aimait les cours, le fait d’apprendre de nouvelles choses, de les mettre ensuite en pratique. Son problème était de devoir travailler en dehors d’une salle de classe. La demoiselle avait parfaitement dissocié ces dernières du reste du château, où elle pouvait alors faire ce qui lui chantait. Aussi s’était-elle toujours maintenue dans la moyenne, mis à part en vol sur balai où elle était – il n’y a pas d’autre mot – nulle. Elle aimait beaucoup les cours de sortilèges et de métamorphose, mais Moreen avait des facilités dans cette matière là, alors elle se laissait aider. En réalité, son amie était une des raisons pour laquelle Nicola n’avait pas des notes abyssales. Heureusement, elle pouvait lui rendre la pareille dans le cours du professeur Flitwick. Nicola ne se posait jamais la question de savoir si son amitié avec la Poufsouffle était normale, mais quiconque observant la scène était en droit de se la poser. La rouge et or entreprit de se recoiffer rapidement avant d’attraper parchemins, plume et encrier, parée pour la révision du jour.
En face d’elle, Moreen un sourire énigmatique au visage semblait s’amuser de la situation, comme toujours, mais l’autre ne le remarqua même pas, trop occupée à essayer de concentrer son attention sur ce qu’elle disait.
Elle appréciait leur professeur de potions, mais n’avait jamais compris le sens de cette matière. Elle se voyait mal, plus tard, concocter des potions pour séduire quelqu’un ou pour manquer de s’endormir sans jamais se réveiller. Un sourire amusé vint illuminer son visage.
« Tu veux dire que ça marche encore mieux que Professeur Binns ? On pourrait en faire une et la filer à Rusard et Miss Teigne dans ce cas ! Pis on rentre dans son bureau voir ce qu’il y cache ! »
Son ton de voix enjoué contrastait fortement avec le calme serein de sa meilleure amie. Pour autant, Nico sentait qu’elle l’amusait un tant soit peu. Plus discrètement, presque sous cape, elle rajouta quelque chose avant de se mettre à gribouiller sur le haut de son parchemin. « Qui a dit que je ne pouvais pas la préparer seule ? » Elle écoutait Moreen lui expliquer l’utilité de ce mélange, d’une oreille se faisant de plus en plus distraite, haussant même des épaules à l’évocation du match de Quidditch. Qu’est-ce que cela pouvait bien faire ? Elle n’était pas douée sur un balai et n’intégrerait jamais l´équipe des lions. Depuis sa première année, ce fait lui minait le moral chaque fois qu’elle y songeait. Et ce n’étaient pas les heures d’entrainement dans le jardin de ses grands-parents qui changeraient la chose. Sans s’en rendre compte, elle avait cessé d’écouter la jolie rousse qui pourtant semblait donner du cœur à son explication. Le regard perdu vers la fenêtre, Nicola s’imaginait faire gagner la coupe à sa maison, triomphante sur un balai. Les supporters l’acclamant, les Serpentards pleurnichant dans leurs gradins. Cette simple évocation lui brûlait la poitrine. Elle aurait tout donné pour avoir ces capacités là et pour réussir à ne pas se retrouver la tête en bas chaque fois qu’elle enfourchait un balai.
Une idée lui traversa alors l’esprit. C’était une mauvaise idée, un peu folle, mais pas irréalisable. Elle faisait rouler sa plume entre son index et son pouce, son visage prenant une aura malicieuse, tandis qu’elle se redressait inconsciemment.
Moreen sembla enfin s’en rendre compte et l’interpella. Il faut dire qu’elle connaissait le personnage et avait dû reconnaître la malice dans ses yeux. Surtout, elle avait dû prendre conscience que Nicola ne l’écoutait plus depuis quelques temps déjà.
Elle ne sursauta pas en étant tirée de sa léthargie, prit même quelques instants pour se tourner vers son amie, entretenant un suspens qu’elle seule palpait. « Je vais passer les sélections de Quidditch. » Elle n’était pas tombée sur la tête si cela pouvait rassurer sa camarade. Mais vu le regard interloqué qu’elle lui lançait, cela n’aurait pas suffi comme explication. « Je vais passer les sélections et tu vas m’aider ! Ta potion là, elle peut me calmer pas vrai ? » Son ton sonnait comme une évidence. Une très mauvaise idée…

L’annonce de sa meilleure amie lui fit l’effet d’un sort de bombarda – la mort en moins. Nicola n’était certainement pas la plus douée dans cette matière. Moreen se souvenait encore des heures passées à la réconforter après leur premier cours pour le moins catastrophique. Mais elle savait à quel point cela avait été dur pour la Griffondor qui avait toujours rêvé d’entendre la foule se déchainer devant ses prouesses.
Elle n’était pas à l’aise face à cette demande, mais seul un sourcil relevé pouvait le laisser paraître.
Elle réfléchit à la réponse la plus appropriée : pouvait-elle réellement faire cette potion ? N’était-ce pas de la triche ? Et que se passerait-il si, malgré tout, Nicola ne passait pas les sélections ? Alors que toutes ces pensées fusaient dans sa tête, elle vit le visage de son amie s’affaisser, perdre de sa luminosité naturelle. Et elle sut qu’elle ne pourrait lui causer de la peine. Moreen ne pouvait pas lui dire non. Mais le risque était gros. Trop gros ?
« Tu penses que ça suffirait à t’aider ? » Demanda-t-elle prudemment. Ne pas trop s’avancer, questionner la motivation, voir l’intérêt. Puis prendre une décision. C’était ainsi que fonctionnait la rouquine, avec prudence.
La réponse de son amie fusa immédiatement. « Ce n’est pas ce que je dis Nini, tu le sais bien. » ajouta tout de suite la jeune fille, Moreen avait l’impression de marcher sur des œufs, et elle n’appréciait guère cela. « Mais tu me demandes de te préparer une potion complexe, ce qui nécessite obligatoirement de voler les ingrédients, et de ne pas me tromper dans les doses et la préparation parce que je ne veux pas t’envoyer à l’infirmerie… ou pire », la fin dit dans un murmure. « Du coup je repose ma question : Est-ce que tu le veux vraiment ? Es-tu prête à subir la possibilité d’un échec, et tout le reste ? » Elle lui sourit, un vrai sourire qui n’était réservé que pour les êtres qu’elle aimait le plus. Un sourire qui calmait, qui entourait, qui n’était très grand, mais qui faisait l’affaire. C’était la seule réelle expression qu’elle était capable de montrer. Avec la peur bien sûr. Chacun de ces sourires avaient un rôle à jouer : Celui-là disait, je te suivrai partout, mais je ne veux pas te blesser, je ne veux pas te perdre. Le jeu doit en valoir la chandelle. Elle espéra de tout cœur que Nicola comprendrait, et attendit.

school work sucks

Nicola se préparait mentalement à ce que son amie tente de la dissuader. Quoi de plus normal après tout quand on l’avait déjà vue monter sur un balai. Sa mère avait même ensorcelé ceux de son mari pour éviter que sa fille ne se casse la nuque un jour. Et Moreen était bien au courant de l’incapacité de son amie à gérer ce moyen de locomotion parfaitement magique. Elle avait directement été confrontée à la déception qu’avait ressenti Nicola après leur premier cours, puisqu’elle était celle à l’avoir longuement réconfortée après son essaie désastreux… Alors qu’elle voyait le visage de son amie devenir aussi blanc que de la craie, créant un fort contraste avec sa chevelure de feu, Nico chassa cette petite voix qui lui soufflait que même détendue au possible, elle ne maîtriserait jamais suffisamment son balai pour être sélectionnée. Et que même si elle intégrait l’équipe, Momo ne pourrait pas lui préparer son remède miracle avant chaque entrainement ou match. Le stress n’était pas le vrai problème. Très franchement cette voix l’agaçait au plus haut point et elle tentait de la faire taire, tandis que la Poufsouffle osa tâter le terrain. Nicola savait pertinemment que ce n’était pas contre elle et que son amie se voulait prudente, pas méchante, pourtant son visage se rembrunit et elle s’écrasa contre le dossier de sa chaise. « Parce que même calme, je ne serai pas à la hauteur c’est ça ? » Sa voix était sèche et ses lèvres pincées. Bien sûr Moreen démentit aussitôt. Nico sentait bien qu’elle la mettait dans une position délicate, mais cette idée lui avait paru fabuleuse, créatrice de nouvelles opportunités. Elle ne songeait pas, ne voulait pas le faire, à l’après, aux retombées que cela pouvait causer. Au fait que l’on risquait de se douter de quelque chose, que l’on comprendrait surement qu’elle n’était pas tout à coup devenue une pro du balai en l’espace d’un été. Ce n’étaient pas le genre de choses auxquelles songeait Nicola quand une idée fusait entre ses deux oreilles. Ses bras vinrent enserrer sa poitrine tandis que la jolie rousse en face d’elle lui exposait ses inquiétudes. Moreen et Marvin, avaient toujours la voix de la raison et Nico avait tendance à trouver cela barbant. Et cela même si tout lui criait qu’ils ne se trompaient pas. Elle préférait largement agir et voir comment cela se passait que de se poser trop de questions et ne jamais rien faire. La jeune fille sentait l’inquiétude dans la voix de sa comparse, lui réchauffant le cœur, n’empêchant pas pour autant sa déception. Un torrent d’idées lui traversait l’esprit, avaient-elles besoin de voler des ingrédients ? Ne suffisait-il pas de prendre le mélange fait en classe ? Et puis elle avait confiance en son amie, d’autant qu’il suffisait que le prof valide sa potion pour savoir qu’elle ne risquait rien ! A nouveau, elle sentit son palpitant s’emballer. Effectivement l’idée de finir à l’infirmerie n’avait rien d’attrayante, encore moins celle de ne jamais se réveiller. Mais la réussite impliquait de prendre des risques n’est-ce pas ?
Son frère allait la tuer s’il apprenait ce qu’elle comptait faire.
Elle allait s’empresser de répondre positivement aux dernières questions posées, quand un sourire se dessina sur le visage de Moreen. Pas n’importe lequel, celui qu’elle sortait quand Nicola se préparait à faire une bêtise. Celui qui voulait dire qu’elle était là, qu’elle tomberait avec elle s’il le fallait, mais qu’il n’était pas trop tard pour faire demi-tour. Celui qui chaque fois, faisait douter Nicola bien plus que tous les argumentaires du monde. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Puis la referma en se mordillant la lèvre supérieure. Doucement, elle se pencha vers son amie, employant un ton de voix bas et posé. A l’inverse de sa manière de parler habituelle. « Tu sais à quel point ça compte pour moi, d’intégrer un jour l’équipe… » Qu’elle joue sur les sentiments ne plaisait pas à Moreen et Nicola le vit sur son visage. « Je ne veux pas t’apporter d’ennuis, si vraiment tu penses que ça ne marchera pas, je trouverai une autre solution… » Elle avait du mal à formuler ces mots et pour cause, laisser partir cette opportunité lui faisait très mal. Seulement, la loyauté la poussait à ne pas aller trop loin. Jamais elle n’aurait forcé Moreen à faire quelque chose si vraiment elle sentait que ça ne lui plaisait pas. Et puis, peut-être lui restait-il une part de lucidité, même minime, ou que la peur de mourir faisait son chemin finalement. Tout en se redressant, ses yeux se mirent à pétiller. « Après tout, il doit bien y avoir d’autres potions qui me donneront plus de chances d’y arriver non ?! »

Moreen cru qu'elle avait réussi à convaincre son amie, à lui faire entendre raison. Mais tout aussi vite elle réalisa qu'elle l'avait seulement détournée d'un sommeil sans réveil. Lorsque Nicola avait une idée en tête, il était très difficile de la raisonner. Marvin n'était jamais de trop, et la rouquine avait souvent fait appel au frangin quand elle ne trouvait les bons mots. Elle poussa un soupir, comment dire à sa meilleure amie que ses espoirs ne mèneraient sans doute nulle part, comment lui arracher son petit cœur et l'écraser ? Moreen passa une main dans ses cheveux, son cerveau tournait à cent à l'heure, déjà parce qu'elle ne voyait pas quelle potion pourrait faire l'affaire, mais aussi car elle s'en voulait de ce qui allait bientôt s'échapper de ses lèvres. Presque comme une finalité. Elle essaya de retenir les mots de toutes ces forces, de les garder coincés dans sa gorge, mais ils ne l'écoutèrent pas. « Tu serais satisfaite de savoir que tu voles grâce à une potion et pas grâce à toi ? Qu'à chaque fois qu'on t'applaudit, c'est la potion et pas toi. Que les étoiles dans les yeux des élèves ne scintillent pas réellement pour toi ? » Elle voulait s'arrêter mais elle ne pouvait pas. Tout ça était dit calmement et Moreen savait que s'en était plus violent. Au bout de ce qui sembla une éternité, sa bouche se referma, les mots s’éteignirent, et la Poufsouffle eut envie de prendre son amie dans les bras. Mais elle n'en fit rien, les démonstrations d'affection, elle ne savait pas vraiment comment faire. Alors elle posa doucement sa main sur le bras de son amie, elle pouvait presque la sentir trembler mais elle n'en n'était pas sûre. « Pardon. » Moreen sut qu'elle était allée trop loin, trop tôt, trop fort. Elle déglutit, et s'attendait à recevoir une remarque acerbe, amère, n'importe quoi.

Moreen baissa la tête, elle tenta de sourire mais le cœur n'y était pas. « Je sais. » Murmura-t-elle. « Je te fais confiance Nicola. Je crois en toi, et je sais que tu peux arriver à faire des choses magnifiques. Je ne suis pas sûre que tricher soit la meilleure façon ... » une inspiration. Une autre. Moreen avait l'impression de s'enfoncer un peu plus dans du sable mouvant à chaque mot qui sortait. Cette désagréable impression qu'il aurait mieux fallu se coudre la bouche que continuer. Cette envie d'être une petite souris et se terrer dans un trou, invisible, cachée, en sécurité. C'était un miracle que son amie ne soit pas encore partie en coup de vent en renversant la chaise et claquant la porte. La brunette pouvait se montrer aussi explosive que la Poufsouffle était calme. Elle marchait sur des charbons ardents elle avait peur de se brûler les ailes... Elle ...

Elle entendit la réponse de son amie, et pendant que Moreen l'observait, une idée brillante lui apparu, une idée qui pourrait peut-être régler ce problème délicat. « C'est dans combien de temps les sélections ? » Coupa l'adolescente. « Je te propose un pacte. » Elle sentit qu'elle avait l'attention de Nicola. « Tu t’entraînes, régulièrement, quotidiennement, tu trouves n'importe quel moyen, n'importe quelle ressource. Et si tu as toujours envie de faire la sélection, et si tu penses toujours pouvoir. Et si tu veux toujours cette potion. Je te la passe. » Pas de retour en arrière, un pacte proposé, une concession. Une nouvelle preuve d'amitié, mais comment pouvait-il en être autrement après tout ce que Nicola avait fait pour elle. Toutes ces fois où elle l'avait protégé, soutenue, accompagnée. Ces soirées passées auprès du feu après une lettre de sa mère, ses attaques de panique et sa présence rassurante, contenante.

Cependant, Moreen avait quelque chose derrière la tête, elle espérait gagner du temps, parler à Marvin, prouver à Nicola qu'elle n'avait pas besoin de tous ces subterfuges. Mais elle se dit que si après autant d'efforts la potion était encore nécessaire, la Griffondor la méritait. Et puis ça calmait juste les nerfs, cela ne lui donnerait pas de super pouvoirs, ce n'était peut-être pas totalement tricher... Elle réfléchirait ensuite aux conséquences, à la façon dont elle se procurerait les ingrédients, et à tout le reste. Et elle ne le ferait pas seule, car avec Nicola, elle n'était jamais seule.
Moreen plongea son regard dans celui de son amie et lui tendit la main « Deal ? »

school work sucks

Si quelqu’un d’autre que Moreen ou Marvin lui avait balancé ces mots à la figure, Nicola serait partie en furie sans jamais plus adresser la parole à cette personne. Pour dire vrai, elle ne s’attendait vraiment pas à ce que son amie ose lui dire les choses – la vérité – aussi franchement. Cette place habituellement lui était réservée, elle était celle à l’ouvrir aux moments peu opportuns ou à dire tout haut ce que tout le monde (personne) pensait. Moreen elle restait en retrait et venait à son secours si les retombées se faisaient trop sévères. Mais parfois, et cette fois-ci en était le parfait exemple, Moreen se devait d’attraper les rennes et de lui mettre la tête dans sa bêtise.
La réaction de la jeune gryffondor ne se fit pas attendre. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise, ses lèvres se pincèrent en une fine ligne et elle se sentit figée sur place, prise d’un tremblement intérieur. La rousse venait de mettre le doigt sur quelque chose d’omniprésent chez Nicola, sa fierté. Bien sûr que non, elle ne voulait pas de cette fausse gloire. Elle déglutit doucement, tachant au maximum de garder son calme. Elles ne se disputaient pas souvent, le nombre de fois où c’était arrivé se comptait à peine sur les doigts des deux mains. La jeune fille n’aimait pas se retrouver dans ce genre de situations et elle était bien consciente que Moreen n’appréciait pas non plus. Mais elle ne contrôla pas ce qui s’échappa sèchement de ses lèvres. Une aigreur lui brûlait l’estomac, une sensation peu agréable comme si on lui enfonçait lentement un couteau dans le ventre. « T’en fais pas pour moi, au pire j’ai pas besoin de toi pour être reconnue ! » La culpabilité vint à son tour la frapper de plein fouet. Elle observa son amie accuser le coup. Aussitôt, l’envie de la serrer contre elle se fit sentir. Ce n’était pas leur manière de fonctionner cependant. Sa réponse lui fendit le cœur, se fut alors à son tour de s’excuser. « Je sais, pardon. Ce n’est pas ce que je voulais dire… Tu sais bien que je… » Moreen la coupa, surprenant le brunette qui la regarda les yeux écarquillés. Etait-elle vraiment en train de lui proposer d’essayer ? Pas certaine que cela soit une bonne idée, Nicola finit par approuver. Sans la moindre d’idée de quand avaient lieu les sélections, sans aucune certitude qu’elle réussirait vraiment un jour à maîtriser son balai. Au fond, elle savait bien qu’une simple potion pour garder son calme ne serait pas suffisante, qu’il en faudrait une de chance ou carrément une qui permettrait de savoir jouer au Quidditch, mais son amie venait indirectement de lui lancer un défi et Nicola ne reculait que rarement face à ces derniers. Et puis peut-être qu’elle avait gagné un peu de dextérité depuis le temps et que James accepterait de l’entrainer un peu ? Dans tous les cas, Nicola appuya le regard de Moreen avant de lui serrer la main, fermement. « Deal. »

Sujet: Re: School work sucks - Moreen & Nicola