And I'm feeling good | EVAN

Une fois n'est pas coutume, Bellatrix est de bonne humeur. Elle a envie d'exploser le Ministère de la Magie - ou mieux encore, de faire une petite descente remarquée à Poudlard. Si seulement son souhait pouvait se réaliser sur ce point, ce serait tout bonnement merveilleux. Elle s'imagine déjà, dans l'enceinte de l'école, à aller cueillir les Serpentard dans leurs dortoirs pour leur annoncer la bonne nouvelle de leur venue. Aller terroriser les autres pour leur faire réaliser qu'ils ne sont plus sains et saufs dans leur Ecole maudite et chérie. Elle pourrait en croquer quelques uns, ruiner les rêves des Sang de Bourbe et autres sorciers ridicules. Déchiffrer l'expression de défaite sur les traits des professeurs - et mieux encore, sur ceux de ce cher Albus. Malheureusement, le projet semble impossible pour l'instant, et Bella doit donc se contenter de tourner en rond comme un chien en cage en rongeant son frein dans l'attente de leur prochaine poussée de pouvoir. Elle déteste ça. Mais aujourd'hui, bien qu'impatiente, comme à son habitude, elle n'en reste pas moins d'humeur taquine. Elle rôde quelques temps dans l'énorme maison vide, traumatisant quelques insectes sur son passage. Heureusement pour elle, Bella a quelques jeunes loups à canaliser. Greyback, par exemple, requiert particulièrement son attention. Il faut bien que quelqu'un se charge de l'occuper, et de lui dispenser la formation qui lui manque.

Et puis, il y a Evan. Le jeune Rosier est un digne descendant de la famille, pour ce qu'elle en dit. Contrairement à Narcissa, Bellatrix apprécie grandement la folie de son cher Evan. Il est comme elle, incontrôlable et indomptable quand il le veut - Bellatrix est admirative de ces choses là. Peu de mangemorts sont suffisamment dévoués à leur Maître pour perdre progressivement la conscience du reste, du risque, et des autres. Elle, par exemple, se considère comme n'ayant strictement rien à perdre. La mort ne l'effraie pas, si ce n'est pour la perspective de ne plus pouvoir servir son Maître. Une fois morte, elle ne pourra plus aider la Cause, et c'est sans doute la seule chose qui la pousse à faire un peu attention, parfois. Sinon, Bellatrix se fiche pas mal de mourir, qu'on assassine son mari ou qui que ce soit. La seule personne à laquelle Bellatrix tient, c'est Narcissa. Pour Narcissa, elle se battrait. Mais les autres ne sont que centres d'intérêt ponctuels pour lesquels, très clairement, elle ne sacrifierait pas sa vie.

Cela dit, Evan recueille toute son attention. Et peut être même qu'elle se fatiguerait un peu pour le protéger. Encore fallut-il qu'il en ait besoin, ce qui ne semble pas vraiment être le cas. L'indomptable Rosier, digne fils de son père, parait partager son goût pour le sang et les choses bien faites. La cruauté lui procure sans doute le même effet qu'à Bellatrix. Et c'est tant mieux.

C'est lui qu'elle va voir, d'ailleurs. Pour partager sa frustration face à l'inaction, mais aussi pour prendre des nouvelles plus générales, et notamment des nouvelles de ses projets maritaux. Il faut qu'Evan se marie, impérativement, avec une Sorcière de Sang Pur qui lui permettra de perpétrer l'espèce. Elle ne lui demande pas de faire vœu de fidélité, ou de chasteté. Juste de trouver une femme lui permettant d'avoir un enfant pour poursuivre les lignées. Et puis, il ne faut pas que les noms de Rosier se perdent. Quand on voit ce que le fils a donné après un père aussi remarquablement dévoué à la Grande cause, il serait regrettable que tout s'arrête maintenant.

Elle va le trouver directement chez lui, dissimulée sous une capuche verte. Elle sonne et patiente - le protocole, la famille, et toutes ces considérations stupides, l'empêchent de transplaner directement dans le salon. Un peu de bienséance, de temps en temps, ne fait pas de mal, même si Bella ne voit pas bien l'utilité. « Evan, dear, mon Cher Neveu » lance-t-elle quand elle le voit apparaître. « Ca fait trop longtemps, un rattrapage s'impose ». Qu'il ne pense pas à lui répliquer qu'il est occupé à autre chose, cette excuse ne ferait pas un pli.

and i'm feeling good ϟ But these words people threw around - humans, monsters, heroes, villains - it was all just a matter of semantics. Someone could call themselves a hero and still walk around killing dozens. Someone else could be labeled a villain for trying to stop them. Plenty of humans were monstrous, and plenty of monsters knew how to play at being human.

Evan a l'impression d'être un lion en cage. Une toute petite cage. Une jolie cage, ceci dit, le manoir Rosier est décoré avec goût, et il y a de nombreuses pièces dans lesquelles il peut se perdre et savamment éviter des parents pour ne pas avoir à interagir avec eux. Ça devient bien vite ennuyeux de leur parler: d'avoir à subir les regards désapprobateurs, parfois effrayés, de sa mère; d'avoir à sentir la déception pincée de son père comme si c'était un élément physique qui s'incrustait sous sa peau. Evan aimerait sortir, tuer des moldus, chasser des sang-de-bourbe, aider le Seigneur. Mais c'est dangereux, dit-on, ils ne peuvent pas faire n'importe quoi.

Alors Evan tourne dans sa cage, furieux et ignorant quoi faire, lançant parfois un sort aux elfes dès qu'ils s'approchent de lui pour lui demander si il a besoin de quelque chose. Il boude aussi, parce qu'il n'a jamais rien fait de sa vie: les cours ont repris à Poudlard mais il a fini sa septième année, il n'a plus rien à faire à l'école. Il a toujours été feignant mais c'est nouveau, ce sentiment d'inutilité et d'impuissance, cette impression de s'engrosser et de ne rien faire les jours où il ne sort pas. Sa mère aimerait qu'il se trouve une fiancée, son père aimerait qu'il trouve du travail, Evan aimerait qu'on le laisse tranquille. Si ça se trouve des Aurors n'attendent plus qu'il mette le nez en dehors de chez lui pour l'arrêter et le tuer.

Il s'ennuie ferme. Et quand il s'ennuie ferme, Evan se met à réfléchir et quand il se met à trop réfléchir, il y a trop de pensées d'un coup dans son crâne, et ça l'énerve, le rend agité, il arpente les couloirs du manoir Rosier avec ses pas furieux, sa baguette tournant à toute vitesse entre ses doigts au bout de sa main, il traverse les pièces — bureau, drawing room, bibliothèque, serre intérieure, boudoirs, un autre bureau — furieusement, les sourcils froncés, les yeux hantés par des pensées qui lui déplaise. Il se demande ce que font Dalia et Luke à Poudlard. Il repousse cette pensée.

Il est en train d'esquinter le tapis du salon avec ses chaussures quand l'antique clochette de la porte d'entrée résonne dans le manoir. Il est au même étage, seulement deux pièces plus loin, et pourtant il cherche déjà un elfe du regard; hurle un “ VINKEYYYY ” rageur quand il n'y a personne — toujours dans ses pattes mais jamais quand il le faut, ces imbéciles — et finit par se diriger de lui-même vers l'imposante porte d'entrée quand personne ne lui répond, marmonnant un “ fuck's sake, ” teigneux au moment d'ouvrir la porte. Ce ne serait pas un Auror, il en est convaincu, son père a redoublé les sortilèges de sécurité autour du manoir depuis qu'Evan a pris la Marque. Ça ne l'empêche pas d'être un peu méfiant quand il ouvre la porte et ne voit qu'une grande silhouette portant une cape qui la dissimule à moitié.

« Evan, dear, mon Cher Neveu. » Bellatrix. Un sourire tremble sur les lèvres d'Evan, elle est sans doute la seule personne sur Terre qu'il peut supporter en cet instant précis. « Ca fait trop longtemps, un rattrapage s'impose. » Evan n'est pas trop un homme fait pour les rattrapages mondains, surtout quand la moitié des femmes de sa vie veulent juste parler potentiels mariages et arrangements maritaux, mais il peut pardonner à Bellatrix son obstination, il sait qu'elle ne veut que son bien. “ Si tu le dis, ” fait-il simplement, sans retenir son sourire cette fois, en la laissant entrer et refermant la porte derrière elle. Peut-être qu'il pourra la convaincre de sortir avec lui se défouler un peu. Il y a véritablement une agitation dans sa poitrine qui le fait trembler jusqu'au bout des orteils.

Enfin, l'elfe stupide se montre, l'air d'avoir couru à travers le manoir pour les rejoindre — madame Rosier déteste que ses minions transplanent, le bruit lui fait peur et d'après elle, ça abîme le plancher. “ Maître- maître- maître Rosier? ” halète-t-il et Evan grogne, sa baguette tournant dans sa main pour envoyer valser Vinkey hors de son chemin. “ Va nous préparer du thé et ramène nous quelque chose à manger, nous serons dans le petit salon. ” Sa voix est bien plus amène et chaleureuse quand il s'adresse à Bellatrix, la menant vers ladite pièce, son sourire revenant rapidement sur ses lèvres. “ Aurais-tu une nouvelle liste de fiancées à me proposer, est-ce la raison de ta venue? Si c'est le cas, permets-moi de t'épargner de devoir me la présenter: je ne suis pas intéressé. ” Avec un grognement de contentement, Evan se laisse tomber sur le fauteuil le plus proche, tendant sa baguette pour allumer la cheminée dans un coin de la pièce, espérant réchauffer un peu les murs de ce manoir qui devient bien trop froid en hiver. “ Je m'ennuie, ” finit-il par dire, espérant qu'elle ne saute pas sur l'occasion pour lui rappeler qu'une fiancée ou qu'une femme occuperait bien ses journées.

Bellatrix n'est pas très vieille, et pourtant, il lui semble parfois qu'un fossé d'une taille assez impressionnante la sépare de son jeune neveu. Comme s'ils n'appartenaient pas vraiment à la même réalité. Elle sait ses intentions pures et son coeur honorable, cependant, et lui pardonne sa jeunesse et l'impatience de sa voix quand il l'interroge sur les raisons de sa venue. Ils sont dans le petit salon, et Bella virevolte entre les sièges pour observer les décors impressionnants de la maison avant de se laisser tomber dans un des fauteuils, croisant les jambes, remettant en ordre les pans de sa robe émeraude. Elle n'a jamais cessé de porter les couleurs de sa maison, depuis qu'elle a quitté Poudlard. Parfois, son mari aimerait qu'elle mette un peu de fantaisie dans ses tenues ; mais son mari n'a rien le droit de lui imposer. Elle est maîtresse de ses choix, qu'ils soient vitaux ou vestimentaires, et Rodolphus devrait le comprendre, depuis le temps. En ça, elle comprend Evan et sa volonté farouche de refuser ou d'éconduire toutes les potentielles filles de bonne famille que les Black veulent bien mettre sur sa route.

« Je ne suis pas venue pour te marier, Evan, même si l'idée, tu le sais, ne serait pas pour me déplaire - inutile de te mentir. Je n'ai pas de liste à te soumettre, mais puisque tu traînes le sujet sur le tapis, autant nous en débarrasser dès maintenant. » Elle se redresse et hausse une épaule, amusée. Elle aime bien l'embêter un peu - il le faut, de temps en temps, elle est sa plus vieille tante, après tout. « Je comprends bien que l'idée d'un mariage arrangé te rebute. J'étais comme toi, tu sais ? Persuadée qu'on ne pourrait jamais rien m'imposer, que je serai libre, toute entière, libérée des contraintes et des remords. Mon mariage avec Rodolphus n'est pas un mariage d'amour, mais je n'en suis pas prisonnière non plus. Je le supporte parce que notre union sert une cause qui nous dépasse. Nous n'attendons pas de toi que tu te voues corps et âmes à une femme, ni même que tu lui jures fidélité. Prends simplement en compte le fait que pour servir au mieux les objectifs de Lord Voldemort, il faut que nos familles aient une descendance digne de ce nom pour reprendre le flambeau quand nous ne serons plus bons à rien », précise-t-elle dans un sourire. Elle se fiche pas mal d'être mariée, pour ce qui la concerne. Ca ne l'empêche pas de vivre, loin s'en faut. Simplement, l'alliance des Sangs-Purs est nécessairement une bonne chose pour leur avenir à tous.

Bellatrix s'interrompt quand l'Elfe de maison fait à irruption avec leur thé et des biscuits, comme s'il risquait de laisser traîner ses oreilles indiscrètes. Elle ne fait confiance qu'à Kreattur, pour ce qui est des Elfes de Maison. Elle pianote sur l'accoudoir de son siège et soupire doucement, attendant que la porte soit close pour reprendre, non sans s'être emparée d'une tasse de thé.

« Enfin, mon Cher Evan, je ne suis pas venue te rabattre les oreilles avec des informations que tu possèdes déjà et des choses que tu sais. Au contraire. » Elle lui offre un sourire aussi rassurant qu'il puisse l'être en provenant de Bellatrix, et s'enfonce un peu dans son siège. « La vérité, c'est que je m'ennuie, moi aussi, terriblement. », précise-t-elle. « Le temps entre les attaques est bien trop long, si tu veux mon avis, mais les Mangemorts sont frileux, si peu dignes de la confiance de leur Maître. Je voudrais pouvoir parcourir les rues de nos villages pour accélérer les choses, mais il parait que c'est trop risqué et que je suis plus utile vivante que morte ou enfermée... » Un rire léger s'échappe de ses lèvres qu'elle trempe dans son thé. « A quoi consacres-tu tes journées quand ta tante n'est pas dans les parages, dis moi ?»