Between the lines of fear and blame ► Ingrid

Ingrid & Agathe

Between the lines of fear and blame

Elle marche. Puis se met à courir, comme les autres. Elle ne sait pas où aller, son regard cherche le moindre indice. Il y a trop de bruit. Trop de monde. Les couloirs blancs lui rappellent de mauvais souvenirs. Sauf qu'aujourd'hui personne n'est là pour lui tenir la main. Son coeur bat fort dans sa poitrine, la soulève. Elle essaye de ralentir sa respiration. Mais elle ne peut s'empêcher de penser à Ingrid et aux autres. Surtout à Ingrid. Elle s'en veut terriblement. Elle n'aurait jamais dû la pousser à faire partie de l'Ordre du Phénix. Et surtout, elle aurait dû être là. Avec elle.

Elle aurait dû se battre aux côtés de l'Ordre. Agathe est écoeurée d'avoir raté cette bataille. Mais elle n'a pas le temps pour ce sentiment. C'est l'inquiétude qui prend toute la place dans son esprit. Elle était partie rejoindre sa soeur tout de suite après la petite soirée organisée pour les membres du Ministère. Sophie était dans un sale état. Elle venait de se faire larguer et leurs parents avaient peur qu'elle fasse une bêtise. Agathe avait accouru auprès de sa soeur, comme toujours. Puis, plus tard dans la soirée, elle avait reçu un message par patronus. Et le cauchemar avait commencé. Une attaque des mangemorts au Chaudron Baveur. De nombreux blessés. Tous ses amis, sa seconde famille, étaient présents. Elle avait été tétanisée pendant plusieurs secondes avant de voir ses idées s'éclaircir. Il était trop tard pour se battre. Il était trop tôt pour se venger. Elle avait transplané. Quitter sa soeur pour retrouver celle qui était devenue au fil des années une meilleure amie, une soeur, une confidente.

La voilà maintenant, parcourant les couloirs de St-Mangouste, cherchant désespérément. Elle croise des membres de l'Ordre. Certains n'ont qu'une blessure superficielle, d'autres sont plus gravement touchés. Son coeur s'emballe. Elle pose sa main sur le bras d'une jeune fille, Emma, sa jambe est mutilée. Quelques mots rassurants traversent sa gorge sèche. Douloureux à dire, mais en cet instant, elle sait. Ingrid est là. Elle ne sait juste pas à quel point elle a été blessée. Auprès de ceux qu'elle croise, elle affiche un visage réconfortant. Les plus touchés ne se trouvent pas dans ce couloir. Elle continue de marcher, son pas de plus en plus pressant. Les minutes se rallongent. Elle ne l'a toujours pas trouvée. Elle sent les larmes monter. Dure et forte d'ordinaire, elle perd tous ses moyens quand ça touche l'un de ses proches. Elle ne sait plus où donner de la tête. Trop de monde. Trop de chevelures brunes. Elle la voit partout. Elle s'en veut tellement. « Ingrid ? » Elle crie. « INGRID ? » Elle est ridicule. Elle s'en fiche. Elle veut juste être certaine qu'elle va bien. Que le pire ne soit pas arrivé.

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Ingrid & Agathe

Between the lines of fear and blame

La précipitation. On la jette presque dans la voiture, sur la banquette arrière. Ses parents sont affolés. Sa mère pleure toutes les larmes de son corps. Elle tient le bébé dans ses bras. Elle est enroulée dans sa couverture et Agathe espère qu'elle ira bien. Souvent, elle aimerait qu'elle ne soit jamais arrivée. Qu'elle ne fasse pas partie de sa famille. Mais ce soir, elle donnerait tout pour qu'elle n'ait rien.

Ses pas résonnent au milieu des cris de douleur et des médicomages qui se bousculent. Une ambiance horrible qui lui rappelle à quel point la mort peut être proche lorsqu'on est membre de l'Ordre du Phénix. Elle le sait pertinemment, depuis le départ. Elle est prête à tout pour défendre cette noble cause, mais elle n'est pas prête à voir ses proches disparaître. Elle n'ose pas s'imaginer le nombre de blessés présents dans l'hôpital et encore moins, le nombre qu'elle connaît. Elle continue de parcourir la longue allée.

Les couloirs sont blancs et froids. Un frisson parcourt ses bras frêles. Elle a envie que son père la porte, mais il est trop occupé à tourner en rond. Elle a envie de s'assoir, mais elle ne sait pas si elle a le droit. Elle est fixe, ne bouge pas. Seul son regard observe les allers-retours de son paternel. Au bout de quelques minutes, ses pieds commencent à être douloureux. Elle en a marre d'être debout. Elle est fatiguée. Son père ne la regarde pas. Elle se met à pleurer.

Ces murs, ces peintures, tout lui rappelle cette triste nuit où elle a perdu sa première petite soeur. Les images sont floues, presque effacées, mais les sensations restent. Elle marche, elle a l'impression que le couloir s'allonge, qu'elle recule. Son coeur bat toujours aussi vite. Elle a l'impression qu'il va sortir de sa poitrine. « AGATHE ! PAR ICI, JE SUIS LÀ ! » Ses yeux s'écarquillent. Ses mains cessent de trembler. C'est sa voix. Ingrid est debout, se précipitant vers elle. Elle l'enlace, aussi fort que possible. « Merlin, merci d'être venue » Les larmes au bord des yeux. Toute la pression, l'inquiétude qu'elle a ressentie depuis son arrivée à Sainte-Mangouste redescend enfin. Elle fait un pas en arrière, lui attrape les mains et la regarde. Ses blessures n'ont pas l'air trop graves. Elle sourit, laissant apparaître ses dents blanches. « J'ai eu tellement peur. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu... » Les larmes coulent. Elle porte une main sur ses lèvres tremblantes. « Finalement te savoir dans l'Ordre est une très mauvaise chose. » Agathe l'accompagne jusqu'à la couchette lui appartenant. Il ne s'agirait pas de la fatiguer encore plus. Elle regarde brièvement autour d'elle. Aucun médicomage à l'horizon. Elle aimerait faire accélérer les choses pour être certaine qu'Ingrid est totalement sortie d'affaire. Mais il y a tellement de blessés.

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