ATTENTION ϟ warning pour violences; torture; meurtres; sang.1970 ϟ La douleur irradie de sa jambe, Evan pense qu'on va la lui couper. Il n'a jamais eu aussi mal de sa vie, même cette fois où Luke l'a poussé dans les escaliers sans faire exprès et qu'il a eu mal partout pendant plusieurs jours. Non, là, c'est différent, Evan a l'impression que sa jambe est en feu, littéralement en feu, et il croit que ce qu'il voit et qui est blanc est son os, et ça lui donne envie de vomir. Il entend un cri de son père mais il ne comprend pas ce qu'il dit, ne peut que pleurer en tenant sa cuisse jusqu'à voir son père approcher après être sorti de la maison. Evan n'a pas envie qu'il s'approche. C'est de sa faute si il est tombé. Son père est rentré avec une humeur noire du travail et il y avait de l'alcool dans son haleine quand il l'a pris par le col alors que Maman était en train d'hurler; il a ouvert la fenêtre et a menacé de le laisser tomber si il ne faisait pas preuve de magie. Il a six ans après tout, il ferait mieux de s'y mettre. Mais rien n'y a fait, même quand il est tombé, la magie ne l'a pas sauvé. Il est peut-être un Cracmol. Evan sait ce qu'on fait aux Cracmols. “
Bâtard inutile, ” grogne son père en s'approchant pour transplaner avec lui à l'hôpital sans même examiner ses blessures (il s'occupera de son Cracmol de fils plus tard) et Evan se ratatine sur lui-même, malgré la douleur et ses pleurs, en voyant sa main s'approcher de son épaule. Il n'a pas envie qu'il le touche, il n'a pas envie d'aller nulle part avec lui. Son père ne fait que l'effleurer; il retire vite sa main avec un hurlement de douleur. “
Qu'est-ce que-- ” Il réessaye, même résultat. Evan a si mal. Il voudrait juste que ça s'arrête. Il ne peut pas empêcher la curiosité d'envahir ses traits quand il entend son père rire d'une blague qu'il ne comprend pas. Sa mère arrive en hurlant toujours, se précipite vers lui, mais elle se brûle aussi dès qu'elle l'effleure. “
Qu'est-ce que tu lui as fait? ” hurle-t-elle à son mari. “
Rien! ” Et il rit encore. “
Notre fils est un sorcier. —
Bien entendu qu'il est un sorcier! Par Merlin, Richard-- ” est la dernière chose qu'Evan entend avant de s'évanouir.
1975 ϟ Il y a un nid de gnomes pas loin du manoir et ça agace son père, il a appelé des spécialistes mais ils ne viendront qu'à la fin de la semaine. Il a demandé à ses fils de s'en occuper mais Luke préfère profiter du soleil alors Evan y est allé seul sans se plaindre. Il n'a pas le droit d'utiliser la magie, c'est stupide, mais il est parvenu à en capturer un qu'il a attaché dans l'ancienne écurie vide depuis des années. Il aimerait le tuer mais il n'a pas d'objet tranchant alors à la place, il lui envoie des pierres à la tête sans se lasser, essayant de viser de plus en plus loin et de mieux en mieux à chaque fois. “
Qu'est-ce que tu fais? ” Luke. Evan ne se retourne pas pour le voir, il s'en fiche, il envoie une autre pierre, il ne lui répond même pas. Son petit frère l'embête, il est collant et stupide et puis ils n'ont rien en commun. Son père le préfère lui, le cadet, plus calme et sage et insignifiant et stupide. Evan ne comprend pas pourquoi quiconque pourrait faire le choix de Luke à la place de lui. “
Arrête, ” lui dit Luke quand le gnome gémit de douleur quand une énième pierre l'atteint à la tempe, faisant couler du sang sombre. Evan ne s'arrête pas. “
Arrête! ” Luke pose la main sur son épaule et Evan se retourne pour lui sauter dessus. Ils se débattent un peu mais Evan est plus fort, il est plus rageur aussi. Il a la tête de quelqu'un qui a la rage, qui pourrait le frapper, lui, son propre petit frère. Il l'a toujours détesté. Il l'a toujours protégé. Il enfonce ses ongles dans ses poignets. Il le fait tourner sur le ventre pour lui tordre le bras dans le dos, jusqu'à ce que Luke gémisse de douleur; son épaule est à deux doigts de se casser. “
Laisse-moi jouer et dégage. ” Il le relâche et son petit frère détale.
1976 ϟ Elle est pas comme les autres, Dalia. Elle est brune, déjà, et il préfère les blondes: les filles, il les préfère plus grandes et plus fines et moins intelligentes, aussi. Il n'aime pas la manie qu'elle a de le reprendre quand il parle et dit quelque chose qui est faux, il n'aime pas aussi le fait qu'il soit incapable de mettre un nom sur le parfum de ses cheveux. Il n'aime
vraiment pas ça, ça l'énerve à chaque fois qu'elle le reprend et il est frustré de ne pas connaître le nom des fleurs, ça transforme le sang en feu dans ses veines. Il l'aime bien elle, ceci dit. Elle le fait rire, même si c'est souvent moqueur et que ça tire une moue insatisfaite sur ses lèvres à elle. Elle lui a dit qu'elle n'aimait pas la manière qu'il avait de traiter les autres — “
et alors? ” lui a-t-il répondu, “
je m'en fiche d'eux, on s'en fiche d'eux. ” C'est vrai qu'il ne traite pas
bien les gens, Evan. Il s'en fiche, tout simplement. Il aime bien les faire frémir, il aime bien rire en les martyrisant, il aime bien les impressionner avec son savoir des Arts noirs, les menacer avec de fausses informations. Il aime bien le pouvoir. Il en a sur Dalia aussi. Mais ce qu'il déteste, c'est que le contraire aussi est vrai. Et ça c'est inacceptable. C'est pour ça qu'il ruine tout. Parce que c'est simple, parce que ça énerve son père, parce que ça fait pleurer Dalia et qu'elle peut tout regretter, mais elle ne pourra pas l'oublier. Quand il était gamin, son père l'a pris à part avant sa rentrée à Poudlard. Et il lui a dit des mots qu'Evan n'oubliera jamais. “
Si t'as pas de pouvoir, tu n'as rien. Tu n'es rien. ” Et Evan ne sait pas ce qu'il est. Mais il ne sera jamais
rien.
JUNE 1977 ϟ La première fois qu'il a tué quelqu'un, c'était une gamine. Enfin, pas tellement une gamine, il pense qu'elle devait avoir son âge. Au moins. Mais elle avait l'air jeune, tout comme il l'était. Elle a beaucoup pleuré mais Evan n'a pas hésité et ne l'a pas écoutée. Il pensait que ce serait plus dur que ça mais ça ne l'était pas. C'était même simple. C'était même...
agréable. Il sait que ce n'est pas bien, tuer les gens. Mais il s'en fiche. Quand elle est morte, quand elle est tombée parterre avec des yeux traversant le Voile, Evan a senti un courant électrique passer en lui. Comme si tout faisait sens. Un courant électrique qui a réveillé quelque chose dans le fond de son estomac, qui a réveillé quelque chose de sombre et de malsain qui a toujours été là, le pourrissant petit à petit, jour après jour, année après année. Il s'est senti vivant pour la première fois. Bellatrix avait un sourire fier sur les lèvres quand elle a annoncé le succès de la mission à son père; et pour la première fois, celui-ci semblait lui aussi content de lui. Mais cette satisfaction-là n'avait aucune valeur face à celle qu'il a ressenti pour lui-même. La première fois qu'il a tué quelqu'un, Evan était un gamin. Maintenant, il est un homme.
SEPT. 1977 ϟ Ils ont failli ne pas l'inviter à leurs fiançailles, alors que c'est grâce à lui si ils en sont là aujourd'hui. Ils sont un peu ingrats. Son père n'arrête pas de lui jeter des regards en coin depuis qu'il est arrivé (en retard) et qu'il traîne un peu trop près de la petite table où des sorciers employés pour l'occasion servent des verres de vin. Il préférerait boire une bière, mais il n'y a pas beaucoup de choix.
Pity. “
Oh, Evan. ” C'est sa mère, qui le fait se retourner pour arranger sa cravate autour de son cou, lisser sur ses épaules la robe onéreuse de sorcier qu'il a mis pour l'occasion (qu'on n'aille pas lui dire qu'il n'a pas fait d'effort) avant de glisser cinq doigts dans ses cheveux pour les recoiffer. “
J'ignorais que tu allais venir. —
Surprise. Je n'ai pas reçu d'invitation mais je ne pouvais pas manquer ça. ” Elle lui tapote le torse avec un sourire contrit, se détache. Se tourne vers le clou du spectacle, Luke et Dalia qui reçoivent félicitations et encouragements hypocrites sans se séparer une seule fois de leurs sourires faussement ravis. Evan a la bouche un peu sèche, il boit dans son troisième verre. “
Ça te dérangerait de partir? ” demande sa mère, qui a toujours été au moins aussi directe que lui. “
Je crois que M. et Ms. Fawley n'apprécieraient pas trop ta présence si ils savaient que tu étais là. —
Je m'en fiche. —
Evan, je t'en prie. —
Tais-toi. Laisse-moi tranquille. ” Il reprend un verre de vin et ignore sa mère, va se joindre à la file des invités pour aller féliciter les deux jeunes fiancés. Dalia le remarque en premier, et il voit tout de suite une mixture d'agacement et d'appréhension se glisser sur son visage; Luke le voit ensuite, sourcils légèrement froncés, il connaît trop son frère pour ne pas redouter qu'il fasse une esclandre en premier. Personne n'a le temps de l'arrêter qu'il est déjà devant eux. Il dépose un baiser au sourire ironique sur la main de Dalia, serre celle de Luke. “
Je crois que je dois vous féliciter. —
Merci, Evan. ” Dalia ne prononce pas un mot, mais ses yeux parlent pour elle. “
C'est une très belle réception. —
Merci, Evan, ” répète Luke comme un automate. “
J'ignorais que tu viendrais. —
Désolé. ” Il hoche la tête, va pour partir. “ Tu ne nous offres pas de cadeau? ” Dalia. Les yeux d'Evan n'ont jamais été aussi noirs. “
Mon cadeau pour toi est l'insatisfaction de ta future vie conjugale. Quant à toi, Luke, je t'offre mes miettes: ta future femme, fraîchement baisée par mes soins. —
Ça suffit. ” Evan sent la main de son père s'aplatir sur son épaule et le pousser dans l'autre direction alors qu'un éclat de colère s'allume dans les yeux de Luke; Evan se laisse faire, avec un rire insolent, faisant bien attention à ne pas renverser la moindre goutte de vin de son verre. “
N'en as-tu pas marre de nous embarrasser constamment? ” lui siffle son père quand ils sont à l'écart du reste de la fête. Evan hausse les épaules, fronce les sourcils quand son père lui arrache son verre de vin des mains. Ses doigts s'agrippent aux revers de la veste de son père qui lui donne un coup de pied dans le genou pour le faire faiblir, Evan grogne jusqu'à ce que la poing de son père trouve sa mâchoire, pas assez fort pour le marquer et lui faire mal, mais de manière suffisamment brutale pour lui faire lâcher prise. Ses doigts s'accrochent à son col, comme quand il était encore un gamin, et Evan redevient une poupée de tissu à son contact. Son père le relâche, le pousse en arrière. “
Retourne chez toi, personne ne veut de toi ici. ”
OCT. 1977 ϟ “
Je pense que tu hais les femmes. ” Evan n'aime pas discuter après l'amour. Il aime encore moins quand on essaie de l'analyser et il se contente de jeter un regard torve à la jeune femme, se détachant d'elle pour s'asseoir sur le bord du lit et rassembler ses affaires. Pourquoi parle-t-elle? Se serait-elle tue, peut-être aurait-il envisagé de rester et de revenir la prendre dans la nuit ou le lendemain; maintenant, il veut juste rentrer chez lui. “
Je t'ai aimée toute la nuit, ” répond-t-il, avec un certain calme plutôt exemplaire pour la bête qu'il est. “
Hm. ” Elle effleure le bas de son dos nu jusqu'à ce qu'il disparaisse sèchement sous sa chemise. “
Vous tous haïssez tous les femmes. ” Evan ignore ce qu'elle veut dire par
vous — sauf qu'il sait. Il repense à son père. Son premier souvenir qu'il a de lui, c'est les hurlements et sa rage et le corps mort de sa maîtresse sur le sol. Le premier souvenir qu'il a de sa mère, c'est ses doigts enfoncés dans son bras lui demandant de ne le dire à personne, jamais, ses yeux pleins de terreur dans les siens, son doigt se posant sur sa bouche pour taire ses pleurs paniqués alors qu'elle le repoussait vers sa chambre avant que son père ne remarque sa présence. “
Je ne hais pas les femmes, ” finit-il par répondre. Il repense à Bellatrix, et à sa mère. “
Il y a des femmes que j'admire. —
Qui? ” Evan lace ses chaussures avant de répondre. “
Bellatrix Lestrange. ” Elle a entendu parler d'elle; les doigts de la fille retombent sur le drap. “
Margaret Thatcher. ” Le rire de la fille est surpris, absurde. “
Surprenant mais pas si étonnant. —
Je connais une ou deux choses, ” bougonne-t-il, un peu vexé, avant de se relever. “
Qui d'autre? ” Evan pense à Dalia. “
Personne d'autre. —
Pas même moi? ” Elle rejette les couvertures à ses pieds pour révéler son corps nu. Elle est jolie. Mais comment pourrait-il l'admirer quand son sang est de boue, quand elle n'a aucune valeur, aucun intérêt à ses yeux? Quand il l'a baisée parce qu'elle pourrait tout aussi bien ne pas exister à ses yeux? C'est presque une blague; un rare sourire écartèle les lèvres d'Evan. “
Non. ”
NOV. 1977 ϟ La chasse n'a fait que lui donner faim. Maintenant, Evan est écumant, il ne réfléchit pas quand les sorts se succèdent au bout de sa baguette, dorés et verts et rouges, ils atteignent leurs cibles sans faire de différence, il rit un peu quand ils essaient de se débattre, l'idiot s'est réfugié dans un magasin de vêtements moldu, il pense réellement que ça va l'arrêter? Il y a la voix de Bellatrix à sa droite, aussi hystérique que lui, mais Evan n'entend pas ce qu'elle lui dit, il n'entend rien, il y a que le chant de la victoire dans ses oreilles, la rage et le sang et la colère et la satisfaction quand les corps tombent en silence. Il esquive de justesse un sortilège brûlant, hurle de plaisir quand le sien fait mouche et que l'odieux traître se retrouve paralysé au sol. On lui a dit qu'il était un traître. Peut-être que c'est faux. Peu importe pour Evan: il est un chien, un limier, un bourreau. Il attaque les gens qu'on pointe du doigt, il s'en fiche de qui ils sont et de ce qu'ils ont fait. “
Il est à toi. ” Il ne devine pas la fierté dans la voix de Bellatrix. Il pourrait l'achever. Il n'a pas envie de l'achever. Il tente un
Doloris qu'il fait durer aussi longtemps que possible avant de joliment redécorer les vêtements vendus dans ce magasin; il entend à peine les alarmes barbares des moldus tant le traître est en train d'hurler. Bellatrix est occupée de les débarrasser des témoins et des moldus, elle s'est amusée elle aussi. “
Evan. EVAN. ” Il cligne des yeux, la regarde. “
That's us. ” Il hoche la tête. Il pointe sa baguette sur le traître et le traître le regarde, il essaie de dire quelque chose mais il crache du sang. Evan se demande qui il est, quel âge il a, tout en sachant que ça n'a littéralement aucune importance. “
Merci, ” lui dit-il, avant qu'un éclair émeraude pourfende la pièce.