Big sister is watching you / Nicola&Lily

Lily est installée dans la salle commune, emmitouflée dans un énorme pull-over rose pâle en maille, chaussons aux pieds, lisant un bouquin à la faible lueur qui s'échappe de sa baguette. Elle n'arrive pas à dormir. Comprenez-la, aussi. Ce sont les derniers moments à Poudlard, et elle n'a pas la moindre idée de ce que l'avenir lui réserve. Tout ça sans mentionner, bien entendu, que Potter l'a invitée à sortir et qu'elle n'a pas encore eu l'occasion de le dire à Marlene pour que Marlene lui donne son avis sur la question. Non parce que, il faut qu'elle parle à Marlene. Seulement, elle n'y arrive pas, parce que son amie est toujours occupée, toujours prise, toujours entourée. Et qu'elle craint un peu l'effet de répétition. Et Lils a peur, aussi. Elle ne sait pas pourquoi, quelles sont les explications logiques et rationnelles, mais elle a peur. Voilà. Elle a peur de formaliser la proposition et que Marlene explose de rire en lui expliquant que Potter s'est bien foutu d'elle. Elle a peur de n'avoir pas très bien saisi, elle a peur de se lancer, elle a peur d'avoir envie de dire oui, elle a... globalement, une bombe à retardement d'angoisse dans la poitrine. Alors, le plus simple est sans doute de lire et relire ce passage d'un livre spécialisé dans les mutations animales - elle vient juste de finir le passage sur les loups-garous.

Et puis soudainement, comme tombée du ciel, voilà qu'une discrétion se profile devant son nez de Préfète en Chef. Nicola. Qui visiblement, ne l'a pas vue - ou si elle l'a vue, elle l'ignore royalement. Nicola qui se faufile dans le couloir à des heures indues pour passer en toute tranquillité le portrait de la Grosse Dame. Bon sang, Lils ne l'a-t-elle pas habitué à mieux ? Elle soupire, abandonne le livre et capture un plaid pour emboiter le pas à la jeune fille. Elle éteint le filet de lumière qui s'échappe de sa baguette pour être discrète et tenter de la suivre un petit peu pour savoir où elle va, mais à peine quelques mètres après être sortie de la Salle Commune, elle trébuche et se rattrape de justesse au mur, démasquée. « Nicola », lance-t-elle en s'armant d'un sourire un peu menaçant. « Je peux savoir ce que tu fiches là à une heure pareille ? »

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Nicola se retourna une fois de plus dans son lit, elle avait chaud, sorti un pied de sous sa couette, comme si cela allait changer quelque chose, tenta de remettre en place le drap qui sous sont dos faisait des plis inconfortables, avant de soupirer profondément, produisant à quelques choses près le bruit d’un ballon que l’on dégonfle. Elle avait la tête ailleurs, plus tôt alors qu’elle se prenait la tête sur un parchemin à rendre en potions, des murmures avaient attiré son oreille. Elle n’en était pas certaine, mais il lui semblait que les voix parlaient d’un passage secret. Ces derniers étaient sa grande passion depuis son arrivée au château et elle s’était mise en tête de tous les trouver avant la fin de sa scolarité. Ce n’était pas une mince affaire, puisqu’ils portaient bien leur nom et étaient de ce fait plutôt difficile à trouver. Alors, la supposition qu’un d’entre eux se trouve derrière un tableau dans le couloir du sixième étage, voilà un sujet digne de garder notre Gryffondor éveillée. Si l’idée l’avait traversée plus d’une fois, jamais encore elle ne s’était aventurée dans le château la nuit. Il y avait donc bien une première fois à tout. Elle repoussa son drap sur le côté, enfila sa cape par dessus son pyjama rouge, celui que sa grand-mère lui avait offert pour Noël l’année passée et la baguette à la main, elle entreprit de sortir de son dortoir, sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller ses camarades. Elle jeta un œil par dessus la balustrade et une moue contrariée naquit sur son visage à la vue d’une lueur de baguette sur un des fauteuils. Difficile de distinguer précisément l’auteur de cette lumière, mais les reflets roux ondulant tout près semblaient être ceux de Lily. Nicola descendit les marches une à une, dans le silence le plus total, priant pour qu’elles ne craquent pas sous son poids et décida de raser le mur, direction la sortie, sans prêter de regard au veilleur de nuit. Une fois dans le couloir, le cœur battant la chamade contre sa poitrine, excitée d’être arrivée jusque là, elle décida d’avancer à l’aveugle, avec pour seule compagnie, les rayons de lune sur le sol, bien décidée à trouver ce passage secret et donc à ne pas se faire repérer. Elle n’eut cependant pas fait trois pas qu’un bruit résonna dans son dos. Elle fit volte face, le sang battant contre ses tempes, s’inventant en quelques instant une pelletée d’histoires sordides qui toutes, annonçaient sa fin. Ce n’était que Lily. Elle aurait dû se douter que la préfète ne la laisserait pas vagabonder sans rien dire, mais comme disait si bien l’expression, qui ne tente rien, n’a rien… Il lui fallut quelques secondes pour trouver une excuse qui n’avait rien de valable, mais dite avec tant d’aplomb qu’elle en tirait une certaine fierté. « Je me suis rendue compte que j’avais oublié un parchemin à la bibliothèque, l’idée de perdre un devoir m’empêchait de dormir. » Elle se souvint alors d’une pièce de marionnettes moldue qu’ils étaient allés voir en famille et dont le personnage principal voyait son nez s ‘allonger chaque fois qu’il mentait et c’est avec un certain soulagement qu’elle remarqua être ravie de ne pas s’appeler comme lui.

L'excuse, bien que complètement ridicule, fit légèrement douter Lily. Elle n'avait jamais rien oublié à la bibliothèque, mais il y avait fort à parier que si ça avait jamais été le cas, elle aurait été suffisamment perturbée pour se tenter à aller roder dans les couloirs sombres. Cela dit, il lui semblait peu vraisemblable que la vraie raison de l'errance de Nicola soit un quelconque devoir oublié. Pas qu'elle doute sincèrement de ce que Nicola soit une élève sérieuse, mais disons que depuis que son modèle est James Potter, Lily est moins encline à croire en sa parfaite bonne foi. Quoi qu'il en soit, la jeune femme pose ses mains sur ses hanches et dévisage la plus jeune d'un air à la fois bienveillant et sceptique. « Oh vraiment ? » demande-t-elle, pour tester un peu le terrain. Ca l'amuse, un peu. Mais ça l'agace, aussi, de voir que les jeunes gâchent parfois leur potentiel à faire des bêtises idiotes qui font perdre des points à leur Maison pour des raisons douteuses. Et puis, Lils ne peut s'empêcher de se demander si elle est vraiment la seule de cette école à avoir adopté une conduite irréprochable tout au long de ses sept années d'étude. Visiblement, la réponse doit être proche de oui - et ça l'angoisse un peu, bien qu'elle ne l'admettra jamais. Et si elle était passée à côté de quelque chose ? Quelle forme d'excitation étrange tire-t-on d'errer dans les couloirs à des heures indues avec pour seul objectif de ne pas se faire prendre ? C'est un mystère pour la jeune femme, et il faudra peut être qu'elle s'y essaye, juste une fois, un jour. « Quelle conscience dans le travail, je suis impressionnée », note-t-elle sans se départir de son sourire. « Ce n'est pas vraiment une excuse valable pour traîner dans les couloirs, cela dit, tu sais ? » questionne-t-elle en croisant les bras. « Cela dit, à titre exceptionnel, je vais t'accompagner jusqu'à la bibliothèque, récupérer ton parchemin, et ensuite on pourra rentrer au dortoir dormir. » Voilà qui devrait vraisemblablement apporter des petites modifications à l'histoire inventée par la jeune Gryffondor - à moins qu'elle ne dise la vérité, et dans ce cas, elles retrouveront facilement le parchemin pour pouvoir s'offrir une bonne nuit de sommeil sans risque de faire de mauvaises rencontres dans les couloirs. Parce que, ce qu'oublient bien des gens qui font les malins à traîner en dehors des heures autorisées dans les couloirs sombres de Poudlard, c'est que le château n'en fait qu'à sa tête et qu'il serait très bien capable de leur jouer un mauvais tour.

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Parler devoirs, voilà ce qui avait paru être une bonne idée pour se sortir d’affaires face à Lily Evans. L’espace d’un instant, elle s’était persuadée que son excuse fonctionnerait parfaitement. Mais, le ton de voix de son aînée la déstabilisa légèrement, elle n’avait pas l’air de marcher et à bien y réfléchir, c’était plutôt compréhensible. Par peur de se faire avoir à son propre jeu, espérant peut-être que jouer la carte de l’innocence suffirait à la sortir d’affaires, elle hocha la tête, les yeux rivés sur ses chaussons. La plus jeune tâchait à tout prix de se contrôler pour ne pas se mettre à danser d’un pied sur l’autre. Ce n’était pas tant le fait de mentir qui la mettait mal à l’aise, plus celui de mentir à Lily. Elle aimait bien la rousse qui l’avait aidé plus d’une fois à comprendre des devoirs compliqués ou même pour des problèmes plus personnels que seule une fille plus âgée pouvait solutionner. Et elle n’appréciait guère lui raconter des bobards. Nicola resta silencieuse, tandis qu’elle sentait les reproches venir. Pour peu, elle aurait croisé les doigts pour ne pas perdre de points. Ç’aurait été stupide alors qu’elle n’avait même pas fait un dixième du chemin prévu… Non Lily allait surement lui demander de faire demi tour, argumentant sur le fait que son parchemin ne risquait pas de disparaître, qu’elle pourrait donc aller le chercher au petit matin, mettant un terme à son escapade nocturne. Quelle ne fut donc pas sa surprise, lorsque la rouquine lui proposa de l’accompagner à la bibliothèque ! Prise de court, Nico ouvrit puis referma la bouche à deux reprises, sans un bruit, tel un poisson hors de l’eau. Il lui fallait trouver quelque chose à dire et vite, sinon, pour sûr, son lit allait la retrouver d’ici quelques minutes. Elle s’avança d’un pas décidé, un petit sourire au coin des lèvres. « Ce serait vraiment chouette que tu viennes avec moi, au moins je ne risquerai pas de faire perdre des points à la maison ! Merci Lily ! »
Son ton de voix n’avait rien de naturel, ses paroles non plus… Et pour cause, elle ne comptait pas suivre la jeune fille jusqu’au quatrième étage. Mais bel et bien lui faire faux bon arrivée au sixième et donc partir à la recherche de son passage secret. Plutôt fière de son idée, elle fit volte face bien décidée à mettre son plan à exécution. « Tu viens ? » Lança-t-elle par dessus son épaule à l’adresse de sa camarade.

Il y a quelque chose dans l'attitude générale de Nicola qui interroge Lily et la pousse à se demander si la jeune femme est complètement en train de se moquer d'elle ou si ce n'est qu'une impression de son esprit. Lils penche fortement pour la première option. Si un jour, elle avait pu considérer Nicola comme une élève un peu comme elle, timide et réservée, travailleuse, il n'en n'est plus grand chose aujourd'hui. Il y a dans les yeux de la jeune femme une lueur qui lui fait penser à celle qui habite les yeux de Potter et sa clique quand ils se préparent tous à faire des bêtises - c'est à dire dans 90 % des cas. Lily soupire un peu en entendant Nicola déballer une excuse qui ne tient pas vraiment la route, mais soit, puisqu'elle veut jouer à ce jeu là, l'offre que lui fait la rousse de l'accompagner devrait suffire à décourager son mensonge. Lily sait que la plupart des étudiants de Poudlard n'ont que faire du règlement. Ils se fichent de savoir ce qui se dit dans les couloirs, sur quels professeurs ils pourraient tomber, ou combien de points ils pourraient faire perdre à leur maison. Tout ça n'est que secondaire face à l'adrénaline que déclenche le fait de contourner les règles. C'est Marlene, patiente, qui lui a expliqué ça un jour, prenant presque des exemples pour adapter son explication aléatoire au cerveau peu réceptif de Lils. C'est là tout le plaisir dans le fait d'errer dans les couloirs le soir, par exemple, la possibilité d'être pris sur le vif, attrapé par un professeur, démasqué. Lily ne comprend pas en quoi ce sentiment est plaisant - mais passons. Bref, contre toute attente, Nicola ne se démonte pas et lui propose effectivement de l'accompagner. « Je t'en prie », répond mollement la Préfète en Chef qui avait d'autres occupations en tête pour passer la soirée. Ce n'est pas très grave, c'est sa fonction qui veut ça, après tout - elle ne peut pas vraiment se plaindre d'être Préfète en Chef, c'est plutôt un honneur. Même si certains soirs, elle préférerait bouquiner au fond de son lit plutôt que chasser les fugueurs. « Oui, allons-y », finit-elle par concéder d'un haussement d'épaule. « Alors, c'est un devoir de quoi ? »

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