he's a fallen angel, and he used to be god's favorite

Affiliation : Son père se bat pour rétablir la paix dans le monde sorcier en décimant le mage noir et ses sbires. Tout laisserait à penser que son fils se positionnerait dans le même camp, mais il n'en est rien. Le manque d'intérêt navrant du patriarche Crouch pour son unique fils a eu l'effet toxique de pousser ce dernier sur la voie inverse. Barty a développé une passion dangereuse pour la magie noire, se documentant avec avidité sur cette dernière et épousant des idées contre lesquels ses propres géniteurs se battent. Il projette avec de plus en plus d'excitation et d'avidité de rejoindre l'armée du seigneur des ténèbres. Il veut arborer sur sa peau pâle la marque d'un noir d'encre, symbole d'une nouvelle allégeance. Son esprit est corrompu, sa tête comme son cœur est dépravé.

Baguette : Barty était très impatient de faire l'acquisition de sa baguette lorsqu'il a poussé en compagnie de sa mère la porte de chez Ollivander. On n'est pas vraiment un sorcier sans baguette, c'est là ce qu'il pensait alors et il le pense par ailleurs toujours. En fait, cela ne lui a jamais semblé aussi vrai qu'à l'heure actuelle. Au delà de l'enceinte rassurante trompeuse du château, la guerre fait rage, les sorts fusent, les vies sont fauchées. Un sorcier dépouillé de sa baguette en des temps aussi durs serait d'une vulnérabilité impensable. Même à Poudlard où il ne craint pas grand chose, Barty garde toujours sa baguette sur lui et en prend grand soin. Fidèle extension de son bras droit depuis ses onze ans, sa baguette est faite de bois de cerisier et porte en son cœur une plume de phénix. Fine et légère, elle est bien équilibrée et mesure vingt-sept centimètres.

Miroir du Riséd : Une vision enchanteresse dont il a trop souvent rêvé. Le visage souriant de son père, sa main sur l'épaule de Barty Jr, son regard brillant de fierté et d'affection pour son unique garnement. La reconnaissance du patriarche. Il s'est tellement battu pour cela et en vain. Bosser d'arrache-pied ne lui a rien apporté, le paternel demeurant particulièrement distant à l'égard de sa progéniture frustrée. Au fur et à mesure que la peine gangrénant le coeur du fils à muer en rancœur dirigée contre le patriarche, le reflet du miroir s'est progressivement mis à changer. Il s'agit toujours de Barty, se tenant fièrement au côté d'un homme, mais l'homme en question n'est plus son père. À défaut de parvenir à l'obtenir de la part de son propre père, Barty quémande désormais l'approbation du seigneur des ténèbres dont il aspire à grossir les rangs et c'est le faciès du mage noir qui est venu remplacer celui de Barty Crouch Sr.

Épouvantard : C'est la vision du cadavre de sa mère qui le hante. Car outre la guerre, la maladie la guette. Même si elle s'efforce de feindre vaillamment le contraire dès qu'elle sent le regard de son fils se poser sur elle, ce dernier pas dupe. De la même façon que cette dernière ressent la sienne depuis le berceau, Barty perçoit la souffrance qu'éprouve sa mère. Il la sait fragile et s'en désole terriblement. Car il aime sa mère, ardemment et de toute son âme. Il a conscience de l'amour incommensurable qu'elle lui porte depuis sa venue au monde  et si cela ne se voit pas forcément compte tenu de la pente glissante qu'il empreinte, Barty aspire à la protéger. L'idée d'un monde amputé de sa génitrice si aimante et maternelle lui donne la nausée.

Amortentia : Une sentence florale, douce et légèrement fruitée, arrosée d'une effluve gourmande, parfum de miel. Une odeur familière qui n'est pas sans le ramener en enfance vu qu'elle se rapproche tangiblement du parfum utilisé par sa mère.

Compétences magiques

Duels : 4/10
Potions : 7/10
Métamorphose : 6/10
Sortilèges : 6/10
Légilimancie : 0/10
Occlumancie : 2/10
Quidditch : 4/10
Divination : 1/10

ϟ 1997 (DEMEURE DES CROUCH) Les secondes s’égrenaient lentement, dans un silence accablant. Barty et sa mère se faisaient face, installés l’un en face de l’autre autour de la table de leur spacieuse salle à manger. Barty trouvait à sa mère l'air fatigué. Ses cheveux blonds autrefois semblables à un voile doré semblaient ternes et il en allait de même pour l’éclat de ses yeux. Son regard s’éclairait simplement à l’occasion, lorsqu’il croisait celui de son garçon. Fourchette en main, Barty s'impatientait. Valeria ne s'en portait guère mieux, son sourire se faisant nettement plus figé à chaque instant. « Il ne devrait plus tarder, à présent. » En entendant ces mots dans la bouche de sa mère, Barty vint à nouveau planter son regard dans le sien, en haussant un sourcil. Il n'y croyait pas et elle non plus. Ils le savaient tous les deux. Mère et fils avaient toujours eu une relation privilégiée et si Barty se détachait doucement de sa génitrice, il n'en restait pas moins l'un des meilleurs pour déchiffrer chacune de ses expressions. Elle essayait vraiment de se convaincre que Barty Sr. allait créer la surprise en passant le pas de la porte d'un instant à l'autre, mais elle ne bernait véritablement personne, elle-même compris dans le lot. De son côté, Barty Jr. avait cessé d'accorder la moindre once de confiance à son père. Au bout de quinze ans de déception, on finit par apprendre la leçon. « Maman... » Il fut coupé dans sa phrase par sa mère qui se pencha vers lui pour attraper sa main qui reposait sur la table, auprès de son assiette encore désespérément vide. Sans ajouter un mot, elle caressa doucement le dos de sa main avec son pouce, comme pour l'intimer gentiment au silence. Retenant à grande peine un soupire, Barty baissa les yeux sur leurs mains entrelacées avant de se confronter à nouveau au regard affectueux de sa génitrice. Lâchant sa main, elle se réinstalla contre le dossier de sa chaise, non sans jamais rompre le contact visuel avec son garçon. « Encore cinq minutes, d'accord ? » Il n'en voyait pas le moindre intérêt. La nourriture refroidissait et Barty Sr. était incontestablement occupé ailleurs, bien loin de seulement songer à ses obligations familiales. Non, ce petit délai ne rimait à rien et pourtant, il acquiesça. Car il ne voulait pas la contrarier plus qu'elle ne l'était visiblement déjà. Il lui accordait ces cinq minutes comme une offrande, un remerciement pour toute l'affection donnée, aussi insuffisante qu'elle se soit révélée.

Cinq minutes de plus. Cinq minutes à attendre. Cinq minutes vaines, bien évidemment. Le père brillait par son absence, comme bien trop souvent. Sa chaise en bout de table demeurait vide. Barty comptait silencieusement les minutes, sans pouvoir se résoudre à le signaler quand le délai accordé fut achevé. Par décence envers sa mère, il garda la bouche fermée. Ce fut donc Valeria qui, après avoir passé une main tremblante dans sa chevelure blonde, fini par reprendre la parole en se forçant à adopter un ton enjoué. « Mangeons ! Winky ! » Barty ne porta aucune attention à l’elfe vêtue de haillons qui se pressa sur le champ autour de la table, un grand plateau dressé au-dessus de sa petite tête peu ragoutante. Non. Il observait sa mère. Valeria Crouch qui était fatiguée. Valeria Crouch qui était vidée. La maladie semblait prendre du terrain alors que la situation familiale se dégradait. Loin d’apaiser le ressentiment de Barty à l’égard de son père, l’état de sa mère avait au contraire le don de ranimer sa colère qui n’en avait vraiment pas besoin. Ne voyait-il pas qu’il était en train de la tuer ? Bien sûr, ce raisonnement n’était pas très juste. Barty Sr. n’était pas un homme parfait, sa femme et son fils pouvant définitivement en témoigner, mais il n’était pas non plus un monstre. Il aimait sa femme. Si Barty doutait fréquemment de l’affection de son père à son égard, il n’avait jamais douté de ses sentiments pour sa mère. Si Barty Sr. était capable d’amour, c’est vers Valeria qu’il avait choisi de diriger ce sentiment. Il l’aimait, mais il la négligeait. Il ne savait faire que cela. Négliger les gens. D’une main, Barty repoussa doucement l’elfe de maison qui s’apprêtait à le servir. Préférant s’en charger lui-même, il commença à remplir son assiette et ne releva la tête que lorsque sa mère repris brusquement la parole. « Tout se passe bien à l’école ? » Barty avait suspendu son geste, manquant de peu de salir la nappe immaculée au passage. Il se reprit rapidement, achevant de se servir avant de repousser doucement le plat vers sa mère. « Oui, mieux qu’en dehors, en tout cas. » Comme toujours à chaque allusion à la guerre qui déchirait peu à peu le monde sorcier, Valeria se tendit. Barty n’était pas sans savoir qu’elle avait déployé beaucoup d’efforts pour le maintenir à l’écart de la situation macabre actuelle, mais il n’était plus un gosse. Il avait des yeux, des oreilles et une pleine conscience de ce que sa mère tentait en vain de lui cacher. Elle n’avait aucune idée d’à quel point il était déjà empêtré dans le conflit actuel. Bien sûr, il ne la flagellait pas pour son attitude à son égard, cette façon qu’elle avait de l’infantiliser. Elle cherchait à le protéger, de la même façon qu’il s’employait à la préserver en lui cachant bon nombre de choses. « Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour ça. » Barty ne répondit pas, avalant une bouchée de son dîner à la place. Que répondre à cela ? Il ne pouvait pas rétorquer quoi que ce soit  à un amour maternel aussi assommant. Il se contenta de lui adresser une ébauche de sourire, dans une vague tentative pour la rassurer. Qui croyaient-ils tromper tous les deux ? Ce diner n’était rien de moins qu’une mascarade, une valse entre menteurs. Barty était rentré chez lui depuis quelques heures seulement et déjà, il n’attendait que de se retrouver seul. Alors qu’il n’aspirait qu’à manger dans un silence tendu par l’absence familière du patriarche, sa mère recommença à parler, en ayant visiblement décidé autrement.

« Et tes amis, comment vont-ils ? » Barty ne s’embêta guère à cacher sa surprise face à une telle question. S’il avait dissimulé des pans entiers de son existence à sa mère depuis qu’il avait développé une curiosité prononcée pour la magie noire et tout ce qui allait de pair avec cette dernière, il ne lui avait jamais caché son manque de popularité au sein de Poudlard. Une situation qu’il avait par ailleurs pleinement choisie et qu’il ne regrettait en rien. Barty n’était pas l’heureux détenteur d’une personnalité particulièrement solaire. Il avait toujours été du genre solitaire, élève sérieux mais plutôt renfermé. Il s’en satisfaisait totalement, ne recherchant pas particulièrement la compagnie de ses camarades. Barty se suffisait à lui-même. La seule personne qu’il aurait décemment pu qualifier « d’ami » était encore Regulus, mais quoi qu’il en soit la question de Valeria demeurait déroutante. « Quoi ? » Lança-t-il, foncièrement perplexe. Son regard était plongé dans celui de sa mère alors qu’il s’employait à découvrir ce qu’elle avait derrière la tête. Valeria éclata d’un petit rire un peu trop pincé avant de tamponner ses lèvres rosées avec sa serviette. « Tes amis, mon chéri. J’ai du mal à croire que tu passes toutes tes journées tout seul. » Effectivement, ce n’était pas le cas, mais cela ne rendait pas moins le tournant pris par la conversation moins étrange. Si sa mère s’évertuait à feindre la nonchalance, Barty percevait également de l’inquiétude dans son regard. De l’inquiétude à son égard. En temps normal, cela n’aurait pas contrarié Barty le moins du monde (après tout, c’est plus ou moins le boulot des mères dignes de ce nom que de se faire constamment du souci pour leur progéniture), mais il ne tenait pas à ce que sa mère s’intéresse de trop près à ses fréquentations. Il y avait des choses qu’elle n’avait pas besoin de savoir, des choses que Barty ne voulait pas qu’elle apprenne. Bien sûr, il allait lui être difficile de dissimuler son allégeance au Lord s’il se faisait marquer comme il y pensait bien souvent, mais il était intelligent. Il trouverait bien quelque chose en temps voulu. Pour l’heure, il lui fallait apaiser des craintes dont il ignorait si elles étaient particulièrement élevées. « Je vais bien, maman. Tout va très bien. » Argua-t-il avec douceur en espérant la convaincre. Il ne mentait pas qui plus est. Oui, il allait bien. Il allait mieux. Bien mieux depuis qu'il avait définitivement renoncé à impressionner une personne tout bonnement incapable de lui témoigner l'attention qu'il estimait mériter. Bien mieux depuis qu'il avait choisi de se tourner dans une nouvelle direction, une nouvelle direction dont il voulait croire qu'elle était la clé, sa clé.

Si Barty ne fut pas sûr de réussir à convaincre sa mère, au moins ne releva-t-elle pas, se contentant d’acquiescer de la tête, un sourire cornant ses lèvres. Le reste du repas se fit dans le silence avec quelques bribes de conversation de-ci delà, visant à combler un vide qui n’en finissait pas de s’en faire sentir. Lorsque enfin Barty put s’esquiver, il en ressentit un soulagement certain et se pressa d’aller embrasser sa mère avant de se retirer pour la nuit. Une fois dans la chambre qui avait été sienne depuis sa venue au monde quinze ans plus tôt, il ôta ses vêtements au profit d’un pyjama dont la soie bleu pâle rappelait la couleur de ses yeux et posa les yeux sur son lit fait par sa mère avec une précision quasi militaire. Il était un peu trop tôt pour qu'il s'endorme, mais peu importe. Il n’avait pas l’intention de se coucher de suite. À la place, il se dirigea vers la commode en bois sombre qui renfermait la majeure partie de sa garde-robe. En position accroupie, il ouvrit d'un geste sûr le dernier tiroir qui renfermait bon nombre de vieux vêtements. Avec une précision née de l'habitude, Barty écarta doucement les étoffes de ses doigts longs et fins. Il souleva d'une main quelques vêtements et tâta de l'autre le fond lisse du tiroir. Ses sourcils se froncèrent alors qu'il ne parvenait pas à mettre la main sur ce qu'il cherchait. Ses doigts tâtaient désespérément le bois alors qu’il retournait peu à peu le continu du tiroir, dépliant les vêtements méticuleusement rangés. Un laps de temps interminable s’écoula avant que, enfin, il ne sente la couverture légèrement râpeuse contre la paume de sa main.

Attrapant le manuel de magie noire, il resta un instant à l’observer. Il avait été déplacé, il en aurait mis sa main à couper. Barty avait hérité de ses deux parents un goût pour l’ordre et n’était pas du genre à commettre des imprudences. Il se revoyait encore rangeant soigneusement l’ouvrage, avec une précision clinique. Quelques minutes s’écoulèrent durant lesquels il demeura assis sur le sol, le livre en main, ses méninges s’activant inlassablement. Si le livre avait effectivement été déplacé, alors la situation était grave, dangereuse. Serrant doucement l’ouvrage de magie noire contre son cœur, Barty finit par se redresser et alla s’asseoir sur son lit, le livre toujours en main. Un avertissement. Il allait lui falloir être plus prudent. Beaucoup plus prudent.