let's learn how to fight ▸ andreas

« Tu es certaine que ça va ? »

La blonde lève les yeux au ciel, soupire et secoue légèrement la tête, visiblement découragée par l'inquiétude constante qu'elle devine sur le visage de son meilleur ami.

« James. Si tu me le demandes encore, je mets un scrout à pétard dans ton lit. »

Le Gryffondor ouvre la bouche afin de répliquer, mais Marlene est plus rapide et le regard noir qu'elle lui lance pour le défier de poursuivre sur sa lancée semble lui clouer le bec. Elle fronce les sourcils pour lui montrer qu'elle n'apprécie aucunement ses préoccupations et que ses appréhensions sont infondées. Le sont-elles vraiment ?

« J'ai cours d'arithmancie. »

Elle tourne les talons, coupe court à cette conversation qui ne mène de toute façon nulle part et disparait derrière le portrait de la Grosse Dame, son livre dans le creux de ses bras. Depuis les évènements survenus au Chaudron Baveur plusieurs jours auparavant, Marlene n'est plus tout à fait elle-même, se montre plus impatiente, plus nerveuse aussi. Évidemment, tous ceux et celles qui se trouvaient au sein de l'établissement lors de l'attaque demeurent sur leurs gardes, mais la jeune fille peine encore à réaliser ce qui s'est vraiment passé ce soir-là. Ses frères ont été blessés, ses amis aussi et même si ses proches s'en sont assez bien sortis malgré tout, Marlene ne peut pas s'empêcher de se dire qu'ils sont trop forts, que les mangemorts n'ont aucun scrupule et qu'ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Comment peuvent-ils vraiment combattre ce genre de personnages ?

Elle pousse la porte de la salle de classe et s'installe davantage en retrait, contrairement à son habitude. Elle prend quelques notes lors des premières minutes du cours, mais se perd rapidement dans ses pensées. Pour la première véritable fois, l'écossaise a obtenu un aperçu de ce qui se déroule à l'extérieur des murs du château et la peur l'immobilise, la frayeur l'angoisse. Son petit frère et ses amis sont peut-être en sécurité dans l'enceinte de Poudlard, mais le reste de sa famille se trouve bel et bien à l'extérieur et la jeune fille panique à l'idée de les savoir à la merci de ces tortionnaires. Duncan et Ross étaient encore à Poudlard il y a quelques années, ils n'ont pas beaucoup d'expérience derrière la cravate et elle les connait suffisamment pour savoir qu'ils peuvent parfois se montrer irréfléchis et téméraires, ne serait-ce que pour montrer aux autres ce dont ils sont capables. Et s'il leur arrivait quelque chose de pire ? Et si ... ?

Elle sent son coeur qui palpite dans sa poitrine, constate rapidement que le cours est terminé alors que les autres étudiants se relèvent de leur chaise pour rejoindre leurs amis. Un peu sonnée, Marlene pose ses prunelles azurées sur le rouleau de parchemin qui se trouve devant elle et où elle n'a écrit que quelques mots.

Elle sursaute légèrement lorsque l'enseignant l'interpelle, relève la tête et se précipite afin de ranger ce qui traîne encore sur le bureau.

« Je suis vraiment désolée, professeur. Je ... » Ses mains tremblent un peu et elle renverse maladroitement la bouteille d'encre sur sa feuille de parchemin à peine remplie. « Veracrasse. »

Elle s'empresse de nettoyer le liquide, glisse une main nerveuse dans ses cheveux afin de repositionner une mèche derrière son oreille. Elle se promet de demander à quelqu'un de lui faire un compte-rendu rapide sur ce qu'ils ont vu ce jour-là, ne peut pas se résoudre à avouer au professeur Underwood qu'elle n'a pas écouté un seul mot de ce qu'il a dit à partir de sa deuxième phrase.

Andreas Underwood n’était pas le professeur le plus avenant, de par ses difficultés sociales et son manque d’adaptabilité, il paraissait distrait et inquiétant et puis il était un professeur très strict qui demandait une attention soutenue et un sérieux à toute épreuve. Pas par méchanceté, mais parce qu’il savait que l’arithmancie s’avérait être une matière compliquée que l’on ne pouvait suivre à la légère en chuchotant avec son voisin de table ou en s’endormant sur sa table. Et malgré ce qu’il avait dit à Poppy dans les couloirs de Poudlard, il souhaitait que ses élèves réussissent leur études et que les portes ne se ferment pas pour eux à cause d’une matière optionnelle un brin trop complexe. C’était pour cette raison que l’anglais faisait son maximum pour rendre ses cours clairs et précis. En tentant - et parfois en échouant - de ne pas digresser sur des théories plus ardues et parfois farfelues qui ne manquaient pas de perdre les jeunes élèves de Poudlard. C’était pour cela aussi qu’il fixait régulièrement son regard brun sur chacun de ces élèves, s’assurant qu’ils n’avaient pas la tête ailleurs - à savoir dans un autre livre ou sur une autre planète. Ce qui, comme Ingrid le lui avait expliqué, était une image pour décrire quelqu'un qui ruminait tellement sur des pensées sombres ou amoureuses qu'il n'arrivait plus à faire attention à ce qu'il se passait autour de lui. Image étrange de l'avis d'Andreas, mais qu'il avait dû apprendre malgré tout.

De par sa nature calme et distante, on pouvait avoir l’impression que l’arithmancien ne ressentait rien, n’était pas capable d’éprouver la moindre émotion. Ce qui était tout à fait faux, Andreas restait humain, c’était juste son incapacité à les reconnaître et les analyser qui créait cette dissonance en lui. Entrainant des crises auxquelles certains élèves avaient eu le malheur d’assister, ayant même jusqu’à l’amener à l’infirmerie une fois. Depuis quelques temps, cependant, ces crises s’étaient un peu calmées. Se faisant moins violentes et moins pressantes. C’était peut-être encore plus inquiétant, mais Andreas tentait de ne pas y songer. Ne supportant pas l’incompréhension et l’échec par dessus tout. Alors qu’il tentait de leur apprendre une notion particulièrement complexe et qui était souvent demandée aux ASPICS ce qu’il avait bien répété plusieurs fois au début du cours, son regard se porta pour la troisième fois - oui il avait compté - sur la jeune McKinnon, une griffondor qui était son élève depuis trois ans et qui irradiait d’une énergie que lui trouvait... pour le moins déconcertante. Mais plus depuis quelques temps, comme si quelque chose avait changé en elle. Il n’aurait pu dire quoi, puisqu’il se sentait déjà incapable de comprendre ses propres bouleversements intérieurs. Sauf que c’était assez visible pour que cela le questionne. Et pour chaque question, il y avait une réponse que le professeur voulait connaître. Déformation professionnelle sans doute.

Il mit cette information de côté, pour ne pas se laisser déborder et rester pleinement concentré sur le moment présent et les nombreuses notions qu’il devait faire passer en un laps de temps bien trop court. Et lorsque la cloche retentit, bien trop rapidement à son avis, le professeur Underwood se dirigea lentement vers l’élève. « Mademoiselle McKinnon, pourriez-vous m’accorder un moment je vous prie ? » Sa voix résonna dans la salle, pas tout à fait une question et pas réellement un ordre, qui fit sursauter la griffondor. Il lui laissa le temps de nettoyer sa table alors que l’encre s’était répandue sur ses feuilles un peu trop blanches par rapport aux concepts étudiés durant l’heure. « Ce n’est pas grave. Par contre, ce qui m’étonne c’est  votre absence d’écoute durant mon cours. » Il ne cherchait pas à la faire culpabiliser ou la réprimander pour ce manque d’attention. « L’arithmancie est une matière complexe qui demande beaucoup de travail. C’est pourquoi c’est une option et non pas un cours obligatoire. » Andreas ne savait comment parler aux autres, il était donc obligé de passer par des moyens détournés, sans comprendre qu’il pouvait perdre ses interlocuteurs dans un flot de paroles. Il enleva ses lunettes qui reposaient encore sur son nez et fit apparaître un tissu pour les nettoyer. Geste non nécessaire mais calmant qui ne manquait jamais de le déstresser. « Or, je vous ai trouvée distraite aujourd’hui. Ce qui n’est pas dans vos habitudes. Il ne faudrait pas qu’une situation personnelle délicate vous empêche de réussir vos examens. Sachez donc miss McKinnon, que je reste à  votre écoute si jamais vous avez besoin. J’ai même un délicieux thé aux myrtilles et à la cannelle si vous souhaitez que nous discutions maintenant. » Un thé pour chaque occasion, des thé fruités et gourmands avec les étudiants, réconfortants et pour les mettre en confiance. Les thé ne le décevaient jamais. Et il avait l’impression que le jeune fille en face de lui en avait bien besoin.

La jeune fille se mordille légèrement la lèvre, nerveuse, alors que le professeur lui reproche son manque d'attention dans les dernières heures. De manière générale, Marlene s'avère être une très bonne élève et ce, même si elle est loin d'être la première à lever la main afin de répondre aux questions qui leur sont posées. Elle a la chance d'avoir de bonnes facultés d'apprentissage, ce qui l'aide à se concentrer et à bien suivre même les matières qui sont particulièrement complexes - l'arithmancie en fait bien évidemment partie - mais ce jour-là, elle ne saurait même pas expliquer à un gnome ce qu'ils ont vu en classe. C'est un peu injuste, d'ailleurs, qu'étant donné qu'elle est généralement assidue et concentrée en classe, ses enseignants la repèrent aisément lorsqu'elle se montre un peu plus lunatique. Après tout, si Black se trouvait dans sa classe, le professeur Underwood n'aurait pas été étonné du manque d'attention du Gryffondor.

« Je sais. J'ai beaucoup de choses en tête en ce moment, j'ai ... » 

Elle s'excuse, mais il poursuit afin de lui expliquer que sa matière demande beaucoup de concentration et que les nouveaux concepts sont difficiles à apprendre. Marlene le sait, bien sûr, puisqu'elle assimile cette matière depuis sa troisième année, mais même si le ton de voix de son professeur semble davantage affirmatif que bourré de reproches, l'écossaise ne peut pas s'empêcher de se sentir mal.

« Je suis vraiment désolée, professeur. Ça ne se reproduira pas. Je sais que vous mettez beaucoup d'effort dans l'élaboration de vos cours et que c'est irrespectueux de ne pas porter attention. »

Elle hoche doucement la tête lorsqu'il poursuit en lui révélant qu'il l'a bel et bien trouvée songeuse pendant le cours et elle s'apprête à s'excuser une nouvelle fois lorsqu'il lui offre de discuter devant un thé aux myrtilles.

Un thé ?

Pendant quelques secondes, l'adolescente a l'impression de ne pas avoir bien entendu puisqu'il décide de la récompenser avec une boisson chaude plutôt que de la punir. Andreas Underwood n'est pas le genre de professeur à retirer des points pour tout et pour rien et elle se demande franchement s'il n'a pas compris quelque chose qu'elle s'efforce de se dissimuler à elle-même. Parler avec lui, c'est aussi de libérer les doutes et les incertitudes qui l'ont gardée engourdie jusqu'à présent. Si le professeur a remarqué qu'elle était physiquement présente à son cours sans l'être mentalement, il voudra probablement savoir pourquoi et même si l'écossaise n'a pas l'impression d'être prête à tout lui dévoiler, elle se mordille l'intérieur de la joue avant de récupérer toutes ses affaires qu'elle glisse dans le creux de ses bras.

« J'aimerais bien avoir un thé. Et discuter, aussi, si ça ne vous dérange pas. »

Elle se rappelle encore la douleur cuisante qu'elle a ressentie lors de cette soirée cauchemardesque au Chaudron Baveur et elle se déteste encore d'être effrayée et de laisser la peur la noyer. 

Elle suit son professeur en demeurant complètement silencieuse, n'ouvre la bouche que lorsqu'elle peut prendre place dans la chaise qui fait face à la sienne.

« Est-ce que c'est normal de revivre toujours les mêmes événements dans ma tête ? Et d'avoir envie de me venger, aussi ? »

Les sourcils légèrement froncés, la blonde met quelques secondes avant de se rendre compte que son professeur ne connait probablement pas toute l'histoire et qu'il ne sait peut-être pas à quoi elle fait allusion.

« La soirée au Chaudron Baveur. Je la revis tout le temps, dans ma tête. Et j'aimerais bien qu'ils paient. Tous. »

Pour ce qu'ils lui ont fait, mais surtout pour ce qu'ils ont fait à son frère. À ses frères. La famille est sacrée pour Marlene, mais elle sait qu'elle n'est pas de taille à se battre contre des mangemorts. Impuissante, voilà ce qui la définit plus adéquatement.

La salle de classe était vide maintenant et son emploi du temps libéré pour le restant de la journée, sans quoi le professeur n'aurait pas proposé un thé à la demoiselle. Il ne releva pas les excuses qu'elle lui apportait, non pas qu'il n'en ait cure, Andreas considérait simplement que les excuses n'étaient que des paroles et que mots ne faisaient pas le poids face à des actions. C'était pour cette raison même qu'il avait rejoint la résistance. Que valaient ses revendications et ses idées s'ils ne les mettaient jamais en pratique. Il était donc décidé à attendre le prochain cours pour voir si McKinnon était fidèle à ses mots ou pas. C'était là tout le problème avec lui - bien qu'il en ait conscience – il se faisait un avis très tranché et presque définitif sur les gens et quand une parole était prononcée, elle se devait d'être respectée. Lorsqu'elle accepta sa proposition, il hocha la tête. « Très bien, suivez moi Miss McKinnon. » et l'emmena jusqu'à la porte près du tableau, celle qui menait à son bureau personnel. Il la lui ouvrit sans, un mot, et lui proposa de s'installer sur la chaise en face de la sienne. Son bureau débordait de papiers et de livres, rangés méthodiquement mais en quantité assez incroyable pour être remarqués et il chercha la théière que sa sœur lui avait rapporté d'une brocante et qu'il utilisait quotidiennement. D'un coup de baguette, Andreas prépara le thé et ce fut une tasse fumante libérant une délicate odeur semblable à celle d'une tarte aux myrtilles qui atteignit ses narines et qui enroba l'espace d'un parfum apaisant.

Il l'écouta alors, sans rien dire au départ mais ne comprenant pas exactement où l'étudiante voulait en venir. « Pourriez-vous être plus précise ? D'où viennent ces images ? » Un autre que lui aurait pu penser à l'attaque du Chaudron par soi-même, mais Andreas ne portait jamais de jugement hâtif et n'ayant pas participé à la fête qui avait tourné au cauchemars, il n'aurait pu faire le rapprochement. Jusqu'à ce qu'elle précise sa pensée, et qu'il comprenne de quoi il en retournait. Le visage du professeur était impassible, ne voulant pas interférer avec le dévoilement de la Griffondor, puis il attendit d'être sûr qu'elle ne continua pas pour se racler la gorge et prendre ne gorgée de son thé. « Et bien, je ne suis pas un expert en situations stressantes, et je pense que Miss Pomfrey pourrait vous aider avec cette question. Mais j'ai pu avoir une discussion avec elle sur le sujet, et il me semble que vous souffrez d'une réaction de stress aiguë. C'est une réaction tout à fait normal, bien que très douloureuse, peut-être avez-vous aussi du mal à dormir ou bien des difficultés à vous concentrer. Peut-être vous sentez-vous plus irritable ces derniers temps ? Tous ces … hem symptômes sont normaux après une telle situation. » Il reprit sa respiration, car Andreas avait donné toutes ces informations d'une traite comme s'il récitait un livre. Sa mémoire était excellente, et il se rappelait de quasiment tout ce qu'il lisait ou entendait, il n'était simplement pas le plus doué pour les partager. « J'espère ne pas vous avoir perdu avec ce discours. Sachez juste que cette réaction est normale. Et que Miss Pomfrey pourra vous recevoir pour aider par rapport à cela si vous le désirez. Pour ce qui est de la vengeance, c'est un sentiment que je peux comprendre théoriquement. Mais qui à mon sens est plus destructeur qu'autre chose. » Il passa une main dans ses cheveux, son regard fixé sur une peinture derrière l'élève, car il lui était bien difficile de maintenir le regard d'une personne plus de quelques secondes infimes. Il fit cependant un effort, pour moduler sa voix et adoucir son regard, car il savait que ce qu'il dirait pourrait vraiment avoir un impact positif sur l'écossaise, s'il s'y prenait comme il fallait toutefois. « Les personnes qui ont attaqué le Chaudron Baveur ont des idéologies plus que désuètes de comment la société devrait être. Malheureusement, ils sont aussi très bien organisés et très dangereux. Vous êtes une étudiante, et vous lancer tête baissée dans une vengeance n'aurait que pour conséquence une terrible souffrance et une mort certaine. »

Il s'arrêta un instant. Et enleva les lunettes qu'il portait encore sur les yeux. Après les avoir posées sur le bureau, Andreas se mit en avant, les avants-bas posés sur ses genoux. « Je suis un peu brutal dans mes mots et je m'en excuse. Mais il y a d'autres moyens qui existent pour trouver le repos d'une justice bien accomplie. »

Rapidement, l'adolescente secoue la tête lorsque son enseignant propose l'idée d'aller discuter de ses insomnies et de ses visions avec la responsable de l'infirmerie.

« Je ne veux pas aller voir Madame Pomfrey. »

Elle s'inquiète, joue avec ses doigts alors que le professeur poursuit néanmoins ses explications sans s'attarder sur son intervention. Il a sans doute compris qu'elle n'a pas vraiment envie d'en parler, mais Marlene ne comprend toujours pas ce qui la pousse à lui raconter ce qui la tracasse puisque ses amis et les membres de sa famille n'ont pas encore eu droit à ce privilège. Elle hoche doucement la tête lorsqu'il tente de deviner les autres maux qui la troublent, pousse un léger soupir alors qu'elle saisit rapidement qu'elle n'aurait probablement jamais dû lui dévoiler ses envies les plus profondes. Marlene n'est pas une mauvaise fille et elle préfère généralement déceler la bonté chez les gens en leur laissant le bénéfice du doute ; or, il n'y a absolument rien de bon chez les mangemorts et elle l'a appris à ses dépens. Ils l'ont torturée, ils ont blessé son frère et ils ont tué des gens qui ne demandaient pourtant qu'à s'amuser ce soir-là. Comment des êtres aussi ingrats et sadiques peuvent-ils vraiment exister au sein de leur communauté sans jamais devoir faire face à la justice magique ?

Elle secoue à nouveau la tête lorsqu'il avance de nouveau la possibilité d'aller à l'infirmerie afin de discuter de ses symptômes, refuse catégoriquement d'y mettre les pieds. L'écossaise n'a jamais vraiment aimé cet endroit, elle le trouve trop blanc, trop propre, trop terne.

« Est-ce qu'on est vraiment censés rester là, sans rien faire, alors qu'ils s'en prennent à nous ? Je comprends, je sais que c'est terrible de vouloir qu'ils souffrent aussi pour ce qu'ils ont fait, mais ... »

Impuissante, l'adolescente plisse le nez et passe une main nerveuse dans ses cheveux blonds alors qu'elle garde sa phrase en suspens, sans trouver les mots pour expliquer exactement ce qu'elle ressent. Souhaiter la mort n'a jamais été dans ses habitudes, mais ces gens-là sont différents. Ils se croient au-dessus des lois - ils font d'ailleurs la leur - et ils ne sont pas comme les autres. La désolation règne sur leur passage et le malheur semble accompagner chacun de leurs pas. Le monde se porterait bien mieux sans eux.

Le professeur poursuit en lui expliquant qu'elle n'a absolument aucune chance contre eux et même si Marlene ouvre la bouche pour répliquer, elle demeure silencieuse puisqu'elle sait pertinemment qu'il a raison. Elle se débrouille particulièrement bien en duels lorsqu'elle défie ses amis et elle est probablement l'une des meilleures étudiantes du professeur Flitwick, mais lancer des sortilèges dans une salle de classe n'a rien à voir avec la vraie vie et elle en est désormais consciente.

« Ce n'est rien. Je comprends. »

Ses parents et ses frères aînés ne pèsent pas nécessairement leurs mots lorsqu'ils s'adressent à elle - surtout ses frères, à vrai dire - et les paroles de son enseignant ne sont pas choquantes à ses oreilles. Il a raison, de toute façon.

Néanmoins, le professeur Underwood poursuit sur une note d'espoir qui lui fait froncer les sourcils alors qu'elle dépose la tasse de thé sur le bureau qui lui fait face.

« Qu'est-ce que vous voulez dire, professeur ? » débute-t-elle alors qu'elle se concentre soudain davantage sur les paroles qui suivront. « C'est vraiment possible de se battre contre eux ? Je veux dire ... On a des chances de remporter une guerre contre des gens qui ne reculent devant rien pour torturer et tuer ceux qui, selon eux, ne méritent pas d'être des sorciers ? »

Un peu perdue, la jeune fille sent les battements de son coeur s'accélérer dans sa cage thoracique. Elle ne veut pas abandonner. Elle veut se battre, elle aussi !

« À moins que ... Quand vous parlez de justice accomplie, vous parlez de se battre, n'est-ce pas ? Et non pas de rester là les bras croisés à ne rien faire et à tenter de trouver une paix intérieure malgré la sévérité des événements ? »

Marlene est une battante et elle ne peut pas rester là sans rien faire alors que ses amis et sa famille sont en danger.