Siobhan ❃ Knowledge is Power

Affiliation : Elle souhaiterait avoir le luxe de dire qu'elle s'en fiche de la guerre ou qu'elle est encore jeune donc qu'elle n'y pense pas trop pour le moment. Là est tout le problème justement, un choix, elle n'en a jamais vraiment eu. Comment s'en foutre alors que dans les couloirs on la traite de mudblood, que le professeur de potions s'étonne devant son talent, que les journaux relatent des meurtres violents de moldus, les gens chez qui elle a grandi ? Rejoindre les mangemorts est tout simplement inconcevable et admettons-le, sachant qu'ils veulent la tête de gens comme elle, se serait aussi du suicide, mais rejoindre l'Ordre ? Ses convictions rejoignent les leurs, assurément, mais elle ne sait pas si elle est prête pour autant à rejoindre leurs rangs. Elle n'a jamais été amateure du danger et est tellement peureuse qu'elle doute qu'elle puisse leur être d'une grande aide, sauf que si même elle, étant née-moldu, refuse de se battre, qui le fera ? Toutes ses questions traversent son esprit qui tente de se convaincre qu'il lui reste encore un peu de temps avant de se décider. En attendant, elle essaie de ne pas trop tenir tête au puriste et peaufine ses connaissances en magie noire. On ne sait jamais, peut-être qu'un jour elles lui seront utiles.

Baguette : Lors de sa première visite chez Ollivander, Siobhan a dû essayer une poignée de baguettes avant de trouver la bonne. Au lieu de s'impatienter, ses parents et elle en étaient amusés et fascinés d'admirer les maladresses qu'elle provoquait avec chacune. Le fabriquant de baguette, observant une fillette timide d'abord, mais désormais bavarde et curieuse, lui tendit finalement une baguette en bois de sycomore, coeur de ventricule de dragon, 30 cm, plutôt flexible et cette fois-ci, ce furent des étincelles mauves qu’elle réussit à produire. Siobhan l’avait senti en elle que celle-ci, c’était la bonne, comme un frisson qui avait parcouru le long de son corps. Lorsqu’elle fit part de cette impression à ses parents, remplis de fierté, et au sorcier, il lui répondit d’un sourire énigmatique que ce n’était pas elle qui avait choisi la baguette, mais la baguette qui l’avait choisie. Alors qu’ils payaient, Ollivander leur apprit que le bois de sycomore possédait des capacités d’apprentissage et d’adaptation particulière chez les sorciers curieux et ayant le goût de l’aventure, mais que si ces baguettes s’ennuyaient, elles avaient tendance à perdre de leur éclat ou à s’autodétruire. Cette nuit-là, Siobhan s’endormit en regardant sa baguette posée sur sa table de chevet, se promettant que cela n’arriverait jamais. Encore aujourd’hui, sa baguette sautille lorsqu’elle manque de stimulation, ce qui concorde avec les périodes où Siobhan s’ennuie. Elle accorde également une confiance aveugle à cet instrument, qu’elle considère presque comme une entité à part entière. Bien qu’elle le nierait, on peut parfois la surprendre à lui chuchoter des petits mots lorsqu'elle pense que personne ne la regarde.

Miroir du Riséd : Elle y voit son reflet accompagné de toute sa famille, sauf que celle-ci est vêtue de capes et ils ont tous une baguette magique à la main. Siobhan n’a pas honte de son statut de née-moldu, mais que sa famille soit sorcière, cela signifierait beaucoup à ses yeux. D’abord, elle n’aurait plus à s’en faire autant pour leur protection. Elle n’aurait plus à jeter en cachette des sortilèges de protection sur la maison ou à craindre que d’une façon ou d’une autre ils aient été victimes d’un attentat. Aussi, elle ne sentirait plus autant cette séparation, cette coupure qui s’est faite entre eux dès la première fois qu’elle réussit à dessiner une fleur en faisant bouger son crayon par la pensée. Elle aimerait tant partager ce monde avec eux, qu’ils puissent apprécier sa beauté au quotidien, qu’ils la comprennent lorsqu’elle parle et non qu’ils lui lancent de drôles de regards parce qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’elle raconte, qu'elle n'ait plus à leur cacher qu'une guerre se déroule en ce moment même, qu'elle puisse se réfugier dans les bras de sa mère et lui raconter toutes ses craintes alors que celle-ci lui caresse les cheveux en lui disant que tout irait bien... Tel est son plus grand souhait.

Épouvantard : Si on demandait à Siobhan, elle répondrait qu'elle est tellement peureuse que son épouvantard ne saurait probablement pas lui-même qu'elle forme prendre. Sauf que si elle était réellement confrontée à l'une de ses créatures, elle se transformerait en Bellatrix Lestrange, mangemort dont elle a lu les crimes dans les journaux. La première fois qu’elle est tombée sur un article du genre, elle est devenue blanche comme un drap et a totalement perdu l’appétit. Les victimes avaient été des gens comme elle, ou encore des personnes comme ses parents, qui n’ont aucun moyen de se défendre contre des sorciers. Siobhan est  terrifiée à l'idée qu'on s'en prenne à des moldus qu’elle connait ou encore à elle-même, simplement à cause de son sang. Cette guerre lui fait peur aussi, et elle s'y trouve directement mêlé sans rien avoir demander. Qu'adviendra-t-il une fois sortie du château, le lieu le plus sûre de Grande-Bretagne qui même lui, n'arrive pas à échapper aux tensions politiques ? Bellatrix Lestrange représente toutes ces préoccupations, et en plus il faut l'avouer, quelque chose dans son regard est à glacer le sang.

Amortentia :La première odeur est celle d'un livre, typique pour une Serdaigle, mais elle n'y peut rien, ils lui procurent un moyen de s'évader et d'assouvir sa soif de connaissance. La deuxième est celle de biscuits triple chocolat, ses copains de réconfort qu'elle engouffre dès qu'il y en a sur les tables de la grande salle. La troisième odeur est celle de gazon mêlée à la pluie, à la boue et à l'air frais, l'odeur des campagnes d'Irlande où vivent ses grands-parents.

Compétences magiques

Duels : 4/10
Potions : 8/10
Métamorphose : 7/10
Sortilèges : 8/10
Légilimancie : 0/10
Occlumancie : 0/10
Quidditch : 3/10
Divination : 0/10

« Alors Miss O’Reilly, dans quelle branche voudriez-vous vous diriger après Poudlard ? » lui demande le professeur Flitwick de sa voix aigüe. C’est le mois de mai de la cinquième année, un peu avant les BUSE et tous les élèves doivent passer par une rencontre avec leur directeur de maison. Siobhan a développé un attachement particulier pour le professeur au fil des ans, mais en ce moment, elle se sent surtout intimidée par sa présence. Après tout, il l’a surprise la semaine dernière, couchée sur le dos dans la tour d’astronomie à pleurer toutes les larmes de son corps et à s’engouffrer de biscuits à cause d’un garçon. Oh il avait été très gentil avec elle, il avait même ensorcelé ses biscuits pour lui remonter le moral. Sur le coup elle n’avait pas du tout trouvé ça bizarre, mais plus elle y pensait, plus ce l’était. Vraiment très, très bizarre. Et humiliant surtout.

« Humm » Elle se racle la gorge, évitant son regard. « Briseur de sorts, ça me dirait bien.» Le professeur se montre très enthousiaste face à cette perspective, lui tend une brochure, mais insiste néanmoins sur la difficulté de cette carrière et la nécessité d’un plan B. Un plan B ? Elle relève la tête, surprise. Briseur de sorts, c’était à peine un plan A. « À oui, euh, j’ai pensé à médicomage mais c’est vrai que c’est tout autant difficile, même plus, alors il y aurait peut-être chercheuse ? Ou créatrice de sorts, ou potionniste. Les relations avec les moldus ça doit être bien aussi, du genre le département des catastrophes magiques au Ministère. Ah et ouvrir une boutique ou un restaurant ça pourrait m’intéresser je pense, ou encore… » Voyant le regard amusé que lui lance le professeur alors qu’elle s’emballe et que ses yeux s'illuminent, comme à chaque fois qu'elle parle de ses projets, elle sourit timidement puis fixe à nouveau son regard sur ses mains, qui semblent tout à coup extrêmement fascinantes.

« Je vois que vous n’êtes pas encore tout à fait certaine. » répond Flitwick et elle peut entendre un sourire dans sa voix. « Ben à vrai dire non, mais c’est qu’il y a tellement de possibilités, c’est mélangeant je trouve. »  À presque chaque mois elle se découvre une nouvelle ambition, une nouvelle passion. Comment se fixer sur une seule chose pour le restant de ses jours ? Il y a tellement à faire, à découvrir... « Tant mieux. La plupart des jeunes de votre âge ont de la difficulté à se décider par manque d’intérêt. Si dans votre cas c’est parce qu’il y en a trop, c’est une bonne chose ! Vous avez encore quelques années pour y penser, mais n’étant pas encore certaine, je vous conseille d’étudier assidument dans toutes les matières pour mettre toutes les chances de votre côté. Si je peux me permettre, je vous conseille également, grandement, de ne pas laisser votre vie personnelle influencer vos performances académiques. Je sais que l’adolescence est une période difficile, j’y suis passé aussi vous savez et… » Les joues en feux, c’est  à ce moment qu’elle arrête d’écouter, comprenant son allusion à la semaine dernière. C’est vraiment trop gênant et honteux pour l’ado qu’elle est. Elle ne se contente que de hocher la tête par-ci et par là, se demandant merlin pourquoi ce genre de choses n’arrivent qu’à elle. La rencontre terminée, elle remercie le professeur d’un sourire poli, empoigne les brochures et sort rapidement du bureau.


Le sapin est saturée de décorations, guirlandes et bricolages fabriqués par les deux plus petits de la famille, Sean 8 ans et Neil, 5 ans. Tous deux sont à table, mangeant des céréales en attendant les pancakes que leur père prépare et élaborent des théories sans faille pour attraper le père Noël. Fiona, leur mère, rappelle tendrement que s’ils le retardent il ne pourra distribuer de cadeaux aux autres enfants, ce qui les rendraient très tristes. Caitlin, 15 ans, roule des yeux face à ce cirque et boude dans son coin en inspectant ses ongles. Les parents lui ont interdits de téléphoner à ses amis pour les deux prochains jours parce qu’elle est rentrée trop tard d’un anniversaire l’autre soir. Puis leur père lance une blague à laquelle ils éclatent tous de rire. Même Caitlin se retient de sourire. Ce spectacle, Siobhan y assiste en retrait, juste devant l’entrée de la cuisine, un pincement au cœur. Elle oublie parfois que le monde extérieur ne s’arrête pas de tourner dès qu’elle entre à Poudlard et recommence lorsqu’elle en sort. Sa famille en tout cas, continue de vivre sans elle. Elle se sent soudainement de trop. Ils ne le font pas exprès bien sûr que non, et après tout, elle est plus souvent absente que présente, sauf que ça n’empêche pas de lui faire du mal pour autant. Elle aurait dû voir Neil naitre, aider sa mère à s’occuper de lui, le voir grandir, mais la vérité c’est qu’il est né alors qu’elle étudiait déjà à Poudlard et que rien de tout ça ne s’est produit. Elle aurait dû apprendre à Sean à lire, écrire et compter, le voir marquer son premier but au foot, mais à chaque fois qu’elle visite sa famille il est gêné devant elle, sa propre sœur, les premiers jours. Puis Caitilin… Elle aurait dû être là pour elle, l’écouter alors qu’elle entrait en pleins dans l’adolescence et vivait le stress de plaire aux autres, les trahisons d’amies, ses premiers crush... Être présente de la même façon qu'elle aurait aimé qu'une grande sœur le soit pour elle dans les moments difficiles. Sauf que non, elle se sentait toujours un peu plus loin de sa sœur et la reconnaissait de moins en moins. Un vertige la prend alors qu'elle réalise qu’elle n’a plus sa place nulle part. Dans le monde sorcier, une guerre se déroule en ce moment même à cause de gens comme elle. Plusieurs la détestent pour une chose qu’elle ne peut contrôler. Dans le monde moldu, sa famille s’est habituée à son absence, et rien ne changerait si elle ne les visitait plus. C'est sans doute égoïste de sa part de souhaiter le contraire, mais si seulement ils n’avaient pas l’air aussi bien. Elle croise alors le regard de son père, qui semble avoir tout compris, puis lui sourit d'un sourire qui monte jusqu'aux yeux, lui demandant si elle veut l’aider avec les pancakes. Alors qu’elle s’approche, il lui embrasse le front et l’enlace, lui murmurant qu’il est content qu’elle soit parmi eux cette année. Siobhan sourit à son tour, serrant son père contre elle. Le poids qui oppresse sa poitrine ne disparait pas, mais il s’allège considérablement.


Un frisson parcourt Siobhan alors qu’elle s’avance prudemment dans la réserve, après avoir montré son papier d’autorisation à la bibliothécaire qui l’inspecte avec sévérité. Elle tire sur ses manches pour qu’ils recouvrent ses doigts, enroule ses bras sous sa poitrine, et jette des regards suspicieux aux livres l’entourant, comme s’ils étaient susceptibles de l’attaquer à tout moment. Foutu devoir de DCFM. Elle devait rédiger un parchemin sur la meilleure méthode pour combattre un inferi, mais n’ayant trouvé que peu de sources à ce sujet, elle fit part de ses difficultés au professeur qui lui conseilla de jeter un coup d’œil dans la section interdite. Ses intentions sont purement académiques, pourtant elle ne peut s’empêcher de se sentir coupable, comme si elle commettait un délit. Son cœur s’emballe à mesure qu’elle s’engouffre entre les étagères, puis ne tenant pas à rester une minute de plus dans cette section, elle accélère le pas, cherchant le bouquin dont elle a besoin. Des grimaces étirent son visage alors qu’elle parcoure les titres des yeux, puis après avoir fait le tour deux ou trois fois de l’étagère où devrait se trouver son livre, elle reconnait le titre avec un soupir de soulagement. Elle l’attrape en essayant de se dépêcher, l’échappe en même temps par maladresse et nervosité, puis le ramasse et sort à toute vitesse de la réserve pour se trouver une table, maudissant son manque de bravoure.
Néanmoins, l’esprit plus tranquille et moins apeurée, elle tire une chaise et s’installe confortablement, prête à travailler. Réticente au début, une expression de dégoût ne quitte pas son visage et elle tourne les pages avec prudence, comme si elles étaient infectées d’une maladie grave. Si ses amis l’avaient vu, ils auraient roulé des yeux en la traitant de drama queen. Pourtant, à mesure que sa lecture avance, son visage se détend, son corps se décrispe, ses mains se font plus fermes, ses yeux parcourent les pages avec avidités… Et bientôt elle se fait aspirer par le tourbillon qu’est la découverte d’un univers dont elle n’avait pas la moindre connaissance. Elle parcoure tous les chapitres, même ceux dont elle n’a pas besoin pour son travail. Inferi, détraqueurs, obscurus… Leurs fonctionnements est fascinant, la façon dont ils sont créées l’est tout autant, puis s’est en sursautant, un peu perdue, qu’elle découvre la bibliothécaire derrière elle l’avisant que la bibliothèque ferme bientôt.
Fronçant des sourcils, Siobhan regarde autour d’elle, puis réalise qu’il n’y a plus personne. Déjà ? Elle venait tout juste d’arrivé ! Non ? C’était vraiment la fermeture ? Bon, d’accord… Avec ennui, elle range son matériel et quitte la bibliothèque, la tête complètement ailleurs. Ce n’est plus de peur que son cœur tambourine, mais de curiosité, d’avidité. Elle réalise, avec culpabilité, qu’elle veut en savoir plus. Elle se mordille la lèvre inférieure, préoccupée. Si elle s’intéresse à la magie noire, qu’elle genre de personne cela fait d’elle ? Elle s’imagine avec terreur dans quelques années, portant une robe noire, les cheveux en bataille, les yeux fous et barbouillés de maquillage noir, la marque des ténèbres au bras… Elle secoue la tête comme pour chasser cette pensée. Tu parles d’une idée… Moi ? Mangemort ? J’ai plus de chances de me faire tuer par eux que de rejoindre leurs rangs. Essayant de se rassurer, elle se dit que tel n’est pas son destin, après tout, c’est une obsession comme une autre, non ? Elle fait toujours des fixations aléatoires qui partent généralement après quelques jours, ou quelques semaines. N’a-t-elle pas déjà passé au peigne fin tous les livres mentionnant l’utilisation magique de la salive de gnome, sous les coups d’œil résignés de ses amis ? Ou fait une recherche sur l’effet de la crotte de nez de Troll dans l’usage de potions ? Ou bien lu en une nuit « L’origine des espèces » de Darwin ? Appris par cœur toutes les chansons de Abbey Road et leur signification ? Avoir envie d’en connaitre plus sur la magie noire, c’était tout naturel au fond, c’était juste sa nature curieuse et ça lui passerait, qu’elle se disait. De toute façon, ça lui faisait encore un peu peur et elle n’avait pas du tout l’intention d’en faire usage. Elle pouvait revenir demain sans trop se sentir coupable, essayait-elle de se convaincre. Elle ne se serait jamais doutée que cette fascination malsaine ne la quitterait pas de sitôt.