Wasn't it easier in your lunchbox days?
Always a bigger bed to crawl into
Wasn't it beautiful when you believed in everything
And everybody believed in you?
Wasn't it easier in your firefly-catching days?
When everything out of reach, someone bigger brought down to you
Wasn't it beautiful running wild 'til you fell asleep
Before the monsters caught up to you? 1971 † «
C’est pas juste moi aussi je veux y aller ! » Elle tape du pied et jette son hibou en peluche en direction de la porte manquant de peu la silhouette sortant de la chambre. Sa mère se retourne et l'enfant esquisse un mouvement de recul devant l’éclair de furie qui passe dans ses yeux sombres. «
Dalia, habille-toi et arrête tes sottises immédiatement. » Malgré son instant d’hésitation — quand l'accent de Mamá ressort, Dalia sait d'ordinaire qu'il vaut mieux arrêter de geindre —, la fillette croise les bras sur sa poitrine et secoue vivement ses longs cheveux bruns. «
J’irai que si je peux aller dans le train aussi. » Elle tint bon devant la colère apparente de sa mère et celle dernière change finalement de tactique s’approchant doucement de sa fille avant de s’agenouiller. «
Tu iras dans un an tu sais bien. » Dalia hausse les épaules. Elle se demande presque, de façon un peu injuste, si c'est parce qu'Alessandra n'a jamais mis les pieds à Poudlard qu'elle ne
comprend pas. «
Mais j’ai onze ans dans deux jours, c’est totalement stupide. » D’une main étrangement tendre sa mère vient caresser ses cheveux. Dans son courroux Dalia remarque à peine ce geste peu habituel, n'en profite pas comme elle devrait peut-être. «
C’est la règle, tu dois avoir onze ans avant septembre pour rentrer à Poudlard. » Elle trouve la règle bien bête. Quand Abel a du attendre un an sous prétexte de sa naissance tardive, évidemment elle n'avait évidemment pas bronché, mais désormais que ça la concerne, elle a un avis bien tranché sur la question. C’est absolument ridicule à son sens de la priver de son éducation pour un an de plus à cause de deux misérables jours. «
La règle est stupide alors. » Sa mère reste plutôt insensible à son argumentation, malgré son petit rictus vaguement amusé. «
¡Así es la vida! Cesse de faire l’imbécile maintenant, tu iras à Poudlard bien assez tôt. Tu devrais profiter de ton enfance. » La jeune fille n'apprécie pas du tout de se faire traiter d’enfant et une moue déforme son joli visage. Elle se dit prête pour Poudlard et n'accepte de personne une affirmation du contraire. Elle n'a jamais eu grande occasion de se montrer capricieuse, ses parents lui faisant systématiquement passer l'envie d'exprimer le moindre désir inapproprié. Elle n'a jamais eu le moindre problème avec aucunes des restrictions imposées par sa famille pourtant, acceptant toujours tout avec un hochement de tête et un sourire. Mais il faut là comprendre que elle sait choisir ses batailles, pas qu'elle est docile. Et sa bataille, son désir, c'est Poudlard. «
Dépêche-toi, sinon on te laisse ici. » fait Alessandra avec fermeté. Elle a
besoin que Dalia vienne cependant. Il n’y a pas de nourrice pour s’occuper d'elle, comme dans les maisons de certains autres sang-purs de leur cercle. Et hors de question de la laisser seule, elle ne le sait que trop bien; le risque de retrouver la maison, la bibliothèque du paternel ou la chambre du frère sans-dessus-dessous étant bien trop important. Comme l'enfant ne cille pas sa mère propose «
Je t’emmènerai au chemin de traverse après. —
Je veux la nouvelle baguette-jouet. » La sorcière hésite, ils ne peuvent pas véritablement se le permettre. C'est bientôt son anniversaire toutefois. «
Vendu. Habille-toi. » Dalia s'exécute, un petit sourire aux lèvres. Ce n'est pas ce que elle voulait et elle doit céder devant l’intransigeance de sa mère, mais elle est plutôt fière d'avoir su s'en sortir avec une petit concession. C'est un début pour sa carrière de négociatrice. Un caprice malvenu pour la bourse trop légère de ses parents, aussi, une part d'elle en a conscience et s'en veut presque.
1972 †
Fawley, Dalia appelle-t-on enfin, son nom raisonnant sur les murs de la Grande Salle tandis que quelques regards curieux se posent sur elle. La répartition n’est presque qu'une formalité pour les sorciers de sa famille, Serdaigle accueillant la plupart d’entre eux de génération en génération, son père compris, son frère et ses cousins également. Drapée dans son innocence apparente et sa grâce travaillée, elle s'avance l'air déterminée vers son destin. Brave comme sa mère elle refuse de ressentir peur ou stress quelconque. Serdaigle est certes la maison ancestrale, mais elle n'est pas de ces familles où l'on déshérite qui faillit aux traditions. Les Fawley ne sont rien s’ils ne sont pas tolérants après tout. En apparence du moins, et c'est sans compter l'influence d'Alessandra. Néanmoins il n’y a surtout plus d’héritage à dérober, à faire pendre au-dessus de sa tête comme une carotte pour la forcer à rester dans le rang, sa famille s’étant ruinée peu avant sa naissance — pour le peu qu'on lui aurait offert à elle, simple
fille. Et puis, pas dépourvue de l’intelligence familiale, elle a bon espoir d'être répartie chez les aigles. À peine assise sur le tabouret, l'on dépose le chapeau sur sa tête et bientôt une voix étrange s'adressa à elle. «
Oh une Fawley ! Il fut un temps j’en voyais passer des dizaines par génération.. » Dalia est la seconde enfant et benjamine de la troisième branche actuelle, qui est également la dernière, rien à avoir avec le modèle de la famille nombreuse que représentait sa famille fut un temps. Peut-être faut-il attribuer ça à la crise financière que traversent ses parents ou bien simplement au déclin de la réputation de leur nom après que son grand-père ait été démis de son poste de Ministre pour son laxisme face à Grindelwald. Il ne fait plus si bon que ça de naître Fawley. Elle aimerait que ce soit différent, non pas pour elle-même, pour ajouter des nœuds de satin à ses robes et ses cheveux comme les filles des amis de ses parents, pas pour espérer hériter de bijoux quelconques, pas pour avoir plus de jouets, mais juste pour que sa mère sourit un peu plus. Pour que son père rentre plus tôt du travail le soir, pour que tout le monde soit plus détendu, qu'Abel n'ait pas toute la pression du monde sur les épaules, pas parce qu'il hérite de quoi que ce soit, mais parce qu'on compte sur lui pour
reconstruire. D'elle en revanche on n'attend rien, outre peut-être cette répartition justement, on ne compte sur elle pour rien, rien d'autre que de ne pas leur faire honte.
It shouldn't be too hard et vu la pression mise sur Abel elle imagine qu'elle devrait être heureuse de sa situation, d'avoir un monde de possibilités enfin devant elle et aucune attente à respecter, mais, de la même façon, aucun moyen d'impressionner.
1975 † «
So why did they kick you out of the team again exactly ? » Dalia fronce le nez, manque de faire une tâche d'encre sur son parchemin en appuyant sa plume un peu trop fort dessus et grogne légèrement en rattrapant la chose d'un coup de baguette. «
They didn't kick me out I quit. » Son amie roule des yeux, comme si elle osait douter de sa sincérité et la moue de Dalia s'agrandit légèrement. C'est la vérité pourtant: elle a décidé elle-même de quitter l'équipe et
peu importe qu'on l'ait viré au même moment, c'est un détail technique, inutile, inintéressant. «
Captain's a male chauvinistic pig. » marmonne-t-elle en reposant plume et baguette sur la table avec le plus grand sérieux. C'est franchement dommage à son sens, elle était plutôt douée sur un balai, ravie de rejoindre l'équipe de sa maison, de la représenter avec fierté et de montrer ce dont elle était capable, qu'elle n'était pas juste une excellente élève —
simplement digne au fond de la plupart des Fawley avant elle. Sa fierté était d'autant plus grande qu'elle, contrairement à d'autre, n'avais pas grandi avec un balai entre les jambes, ni même le moindre balai jouet pour le moindre de ses anniversaires, ayant appris à voler à Poudard. Elle-même n’a pas pu avoir le dernier modèle de monture pour ses débuts, peu importait. Réactive, rapide, précise et avec plus de force qu’on aurait pu imaginer vu sa carrure, elle occupait le poste de poursuiveuse. Et puis on ne lui a pas assez passé la balle, ou l'on s'est plaint qu'elle la gardait trop pour elle — même si c'était pour marquer des points, un but, aider l'équipe à gagner — et puis le capitaine l'agaçait, s'énervant trop, et selon elle, principalement parce que, typiquement masculin, il ne supportait pas qu'une fille puisse l'égaler. C'était faux, elle en avait conscience au fond: elle était loin d'être la seule fille dans l'équipe. Mauvaise foi pure et simple: elle n'a juste pas aimé être mise sur le banc. Idée stupide au fond que de rendre sa robe de Quidditch, mais peu importe. Elle ré-essaiera quand un nouveau capitaine aura pris la place de celui-ci se convainc-t-elle. En attendant, beaucoup vivent sans Quidditch, elle n'en a pas
besoin. «
If you say so. » marmonne son amie en réponse, visiblement toujours pas convaincue. Peut-être simplement parce que si son joli minois couplé sa bonne humeur, son esprit et son charme naturel lui ont valu de se faire pas mal d'amis et une bonne place dans sa maison, son impulsivité et sa mauvaise foi ne passent pas inaperçu, surtout pas auprès de quelqu'un qui la connaît si bien.
Bring your love, baby, I could bring my shame
Bring the drugs, baby, I could bring my pain
I got my heart right here
I got my scars right here
Bring the cups, baby, I could bring the drank
Bring your body, baby, I could bring you fame
And that's my motherfucking words, too
So let me motherfucking love you 1974 † «
Dalia Elizabeth, let me officially introduce you to Evan Richard Rosier your betrothed. » Sa mère l’a forcée à faire une révérence et Dalia sait qu’elle la regarde depuis son coin de la pièce, bien qu’elle soit elle-même en train de se faire congratuler par de purs inconnus, alors elle s’exécute en réprimant une petite moue. C’est complètement stupide, elle a l’air ridicule et elle sait qu’elle n’imagine pas la moquerie dans les prunelles sombres d’Evan. Toute la situation lui semble un peu bête, non qu’elle ne se soit pas résignée à l’idée de son mariage arrangé depuis longtemps, des années, presque depuis la naissance en réalité, mais elle ne comprend pas vraiment le besoin de cette célébration quand ça fait longtemps que les familles se sont accordés et qu’ils sont promis et le savent tous les deux. Ce n’est pas comme si elle le voyait pour la première fois même si c’est la première fois qu’ils se parlent, si l’on peu considérer le «
Hi » misérable de Dalia et la réponse toute aussi courte d’Evan une conversation. Ils se connaissent de nom et de vue, elle imagine qu’il sait depuis des années comme elle et que ça l’indiffère comme c’était son cas à elle aussi jusque-là quand l’idée paraissait encore lointaine. Sûrement pour ça qu’ils ne se sont jamais adressés la parole à Poudlard. Elle a seulement treize ans — mais presque quatorze — il en a quinze, ils n’ont rien d’autre en commun que le sang éthéré qui coule dans leurs veines, mais ils sont fiancés et c’est un grand évènement apparemment. Sa future belle-mère — idée étrange — reste près d’eux et les regarde, apparemment pas surprise par la gêne de la situation et le fait qu’ils ne se parlent pas beaucoup plus, Evan finissant par se détourner pour récupérer un verre et Dalia soupirant pratiquement de soulagement en retournant vers sa mère. Elle ne le connaît pas vraiment, mais personne ignore qui Evan Rosier est à Poudlard, et elle n’apprécie pas forcément ce qu’elle sait de lui.
«
Couldn't you get a good British girl? » Entend-elle quand elle se glisse vers le buffet, voyant du coin de l'œil Madame Rosier pincer des lèvres. «
Where is the mother from again? Is she a Spaniard? —
If only! No she's…latin… » Il lui faut tendre l'oreille pour capter le dernier mot, retenant de justesse une petite moue de déformer son visage alors qu'elle croise justement le regard de sa mère un peu plus loin. «
But she is a Fawley so… —
At least she's pretty…in an exotic way. —
Hopefully the kids will inherit the more…delicate features of your boy. » Sa future belle-mère n'a pas besoin d'acquiescer ouvertement pour que Dalia sache qu'elle en pense tout autant, espère la même chose, que les enfants seront
blancs. Elle se demande si sa mère sait qu'on dit ça d'elle dans son dos après lui avoir sourit et l'avoir invitée, parce que sa famille est si bien vue en Colombie, parce qu'elle a les doigts délicats de celle qui n'a jamais travaillé de sa vie, elle aussi, ou, peut-être, parce qu'on craint le feu de ses yeux impossiblement noirs. Dalia se force à sourire pour le bénéfice de sa mère et avale son petit-four en s'éloignant entre deux sorcières vaguement éméchées. Elle se demande si Evan pense comme ça lui aussi ; ça ne la surprendrait pas.
Sandpaper kisses, papercut bliss
Don't know what this is, but it all leads to this
You're gonna leave her
You have deceived her
You're just a bird 1977 † «
Esperá un momento Dalia. » Alessandra l'arrête dans son mouvement pour l’inspecter de plus près. Son regard acéré étudiant avec attention chaque millimètre de son corps, remarquant chacun des plis de sa tenue, chaque mèche un peu électrique de sa crinière brune coiffée par ses propre soin. Sa main droit vient arranger le serre-tête de sa benjamine tandis que l’autre tire un peu sur sa robe, comme pour chercher à la rendre un peu plus longue sans pour autant qu'elle ne se décide à sortir sa baguette pour véritablement recouvrir ses genoux. Dalia n'a pas eu de choix concernant aucun des aspects de sa présentation ; sa coiffe serait bien la dernière qu'elle aurait jamais songé à mettre à son âge. Dalia n'a plus vraiment le choix de quoi que ce soit dès qu'elle est entre les murs du domicile familial, ou sous la surveillance parentale. Elle s'est exécutée, elle a fait ce qu’on attendait d'elle. Elle a ainsi mis les perles de sa mère et le reste des accessoires que celle-ci a posé sur son lit. De même elle est prête à passer sa soirée à sourire et à bavarder gaiement. Elle est prête à prendre sa place et jouer son rôle dans l’immense mascarade qui doit se jouer ce soir-là. «
You need to be more than presentable. » fait sa génitrice, sévère. «
I don't get why it's so important. » avoue Dalia malgré sa (toute nouvelle) résolution à obéir à tout: son erreur n’est que la sienne, il n’y a pas de raison que ses parents aient à en pâtir. Pas question non plus que le nom de Fawley en prenne un (énième) coup. Elle s'est montrée stupide, naïve et imprudente. C’est son fardeau, pas le leur. Le comble pourtant, c’est qu’on se plie en deux pour la rassurer, pour lui dire que son honneur va être racheté, pour réparer une erreur qu’une partie d'elle a même du mal à désigner comme telle - quoiqu'il est plus qu'infortuné qu'ils aient du être pris sur le fait. C'est encore son humiliation personnelle à avoir été découverte par son futur beau-père qui la hante le plus.
Non, elle aimerait pouvoir dire que c'est ça le pire, mais le pire c'est encore l'amertume liée à la réalisation qu'il s'est
joué d'elle, méchamment, vicieusement, que son erreur à elle est bien plus profonde qu'elle ne l'a d'abord cru.
Numb. La colère de ses propres parents a coulé sur elle ; elle a à peine entendu les hurlements de son père, les sanglots de sa mère. La
déception — et le ridicule de cette dernière — l'a rendue de marbre. Dès que son avenir a été éclaircit toutefois, dès que sa mère a cessé de pleurer, les larmes de Dalia sont apparues, immédiatement étouffées dans son oreiller. Elle se déteste pour sa bêtise, le maudit
lui pour sa fausseté.
Si son frère était à sa place nul doute que le scandale aurait été moindre. Pour l'honneur de la famille malgré tout elle est prête à faire l'impasse sur ses propres envies pour accepter l’offre de ses parents. Elle a toujours eu conscience qu'un mariage arrangé l'attendait et a accepté de se plier aux règles de la chose il y avait déjà bien longtemps. Toutefois ça n'empêche pas le besoin de mise en scène de lui échapper totalement. Des fiançailles en grande pompes ils en ont déjà eu les Rosier-Fawley et ça ne s'est pas exactement bien fini. «
It's not like we've never seen each other. » En réalité, les Rosier l'ont peut-être un peu
trop vue justement. Après le point de non retour, elle a du mal à saisir pourquoi ça importe qu'elle ait l’air parfaite dans sa robe blanche censée évoquer la pureté dont on sait pertinemment qu'elle ne la définit plus — si tant est que ç'ait jamais été le cas. «
I think recent events will have shown that there are many things that you don't "get" Dalia. » rétorque Alessandra d'un ton sans appel. Elle lisse un peu le tissu sur les épaules de l'adolescente et hoche la tête satisfaite. «
Don't forget to be gracious mija. It is absolutely honourable of the Rosier to offer you their second son. » Dalia sait bien qu’elle a tenu des propos bien différents quand la proposition leur est d’abord parvenue. Les murs ne sont pas assez épais pour qu'elle n'ait pas entendu pas les complaintes de sa génitrice — et quelques insultes aussi, dans un espagnol rugissant. Néanmoins, Dalia force une risette sur ses lèvres. Elle n'est pas aussi douée que les autres pour faire semblant pour coller son masque de poupée indifférente mais polie sur le visage, mais elle fera de son mieux. «
Of course mamá. And one Rosier or another; what difference does it make? —
¡Exacto! » C’est
toute la différence pourtant. En échange du ténébreux, de l'odieux goujat extrémiste, elle obtient désormais l’insignifiant, l’immature qui l'a toujours laissée parfaitement indifférente. Entre celui qu'elle rêve désormais de
briser et le gamin, son choix (
irrationnel) est tout fait et il n’est pas celui de ses parents. Cependant non seulement Dalia refuse obstinément d’admettre à qui quiconque et même à elle-même qu’Evan ait pu obtenir quoique ce soit de plus d'elle que sa vertu, elle a également conscience que l’honneur de la famille est bien plus important que ses petites préférences personnelles quand bien même celles-ci feraient sens. Aussi compte-t-elle faire tous les efforts du monde pour avaler la pilule et ce, avec le sourire.