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 It's been a long time, whithout you my friend.

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AnonymousInvité
MessageSujet: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 26 Nov - 14:57

« Et n’oubliez pas de me faire un rouleau de parchemin sur les ampoules LED pour la semaine prochaine » m’écriai-je pour masquer le brouhaha qui caractérisait chaque fin de cours, une fois que le son mélodieux et libérateur de la sonnerie eut retenti dans les couloirs déserts de Poudlard. Quand le dernier élève quitta enfin la classe, je m’autorisai un soupir de soulagement. Les quatrièmes années étaient particulièrement indisciplinés et bruyants cette année, et il me fallait admettre que chaque heure passée en leur compagnie revenait à mes yeux à une heure de course longue.

J’avais terminé tous les cours de la journée, et m’autorisai à ranger mes affaires directement, sans passer par la phase correction. Le week-end approchait à grands pas et j’aurai à ce moment là bien le temps de plonger mon nez dans les copies nombreuses et parfois laborieuses que mes élèves me rendaient régulièrement. Empoignant mon sac d’un air distrait, je me dirigeai vers la salle des professeurs, espérant secrètement la trouver vide, en ce jeudi après-midi.

Mon vœux ne fut cependant pas exaucé, car je découvris mon collègue le professeur de vol, confortablement installé dans l’un des nombreux canapés qui meublaient la pièce. Il lisait d’un air concentré un magazine de sport dont le nom m’échappe, et ne leva les yeux que lorsque je refermai la porte derrière moi. « Cassandra », me salua-t-il avec un sourire sincère et chaleureux. L’homme approchait de l’âge de la retraite, et avait un ventre bedonnant et une calvitie bien prononcée. Grand et imposant, il m’avait longtemps intimidée jusqu’à ce que je comprenne que son air sérieux et parfois bourru n’était réservé qu’à ses élèves. Ses collègues, dont je faisais partie, se voyaient offrir des sourires affectueux et des blagues souvent fines et drôles. Un homme bien, en somme. « Alexus », soufflai-je en retour avec un sourire. « Je suis désolé Cassandra, je pensais que la salle serait vide à cette heure-ci. » Je ne comprenais pas bien où il voulait en venir, et j’haussai les épaules d’un air surpris. «Je veux dire, je fais venir un intervenant en Quidditch aujourd’hui, pour les entraînements de ce soir, et nous pensions nous entretenir ici, sans gêner personne. »

Sa politesse et son sourire contrit furent contagieux, et même si j’avais espéré passer un temps calme et solitaire dans la salle des enseignants, je ne pus m’empêcher de répondre avec douceur « Oh, ça ne me dérange pas, je me mettrai dans un coin de la pièce, et me ferais toute petite ! ». Alexus se leva et s’approcha de sa démarche chaloupée. « Mais non voyons, nous allions boire un thé, tu te joindras à nous. » Il venait déjà de sortir sa baguette et de disposer trois tasses de porcelaine sur la table, une théière fumante et une assiette pleine de petits biscuits. Sans plus attendre, il me mit une tasse brûlante entre les mains.

J’étais sur le point de refuser poliment, quand trois coups secs retentirent sur la porte d’entrée. Voyant Alexus occupé, je profitai de l’occasion pour aller ouvrir, espérant pouvoir me faufiler à l’extérieur et gagner un endroit plus calme où je ne dérangerai personne. Appuyant sur la poignée avec douceur, j’ouvris la porte tout sourire, prête à accueillir le nouvel arrivant.

Tout se passa très vite, ensuite. La tasse de thé glissa de mes mains et s’écrasa aux pieds de l’homme qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Mes yeux ne prirent même pas la peine de s’abaisser sur l’eau chaude qui se répandait, quand j’étais déjà happée par la vision qui s’offrait à moi. Debout, face à moi, un fantôme. Du moins, je l’espérai. Grand, beau, terriblement charismatique, il se tenait devant moi. Le seul mot qui m’échappa fut son prénom, autrefois jalousement gardé dans le creux de ma gorge, mot tabou que j’interdisais à quiconque de prononcer en ma présence. « Lust ! ».
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 26 Nov - 15:43

« Monsieur Whitaker ! » Dans le brouhaha tonitruant du grand hall nourri par une curiosité soudaine, quelques professeurs tentèrent un rappel au calme sans y parvenir. Nombre de paires d'yeux toisèrent cette personnalité au sourire goguenard et aux pupilles pénétrantes, et l'on scandait son nom – de façons plus ou moins timorée, pour les quelques élèves réservés – dans l'espoir d'obtenir un autographe. Se prêtant au jeu avec l'aisance des célébrités habituées à l'exercice, Lust s'épanchait sur des parchemins et autres livres, corroborant son geste d'un clin d'oeil notamment orienté vers les demoiselles. Un rôle à sa hauteur, confondu entre l'arrogance et le charisme inhérent à son cas ; on le savait excellent joueur de Quidditch, mannequin à ses heures, fêtard invétéré et surtout l'inventeur de la technique imparable du « Lust shoot » destinée à mettre le gardien hors d'état de nuire. L'on s'agita autour de lui dans une houle exaltée ; ce qui ne sembla guère perturber l'individu au contraire. L'un des professeurs sembla par ailleurs le trouver bien trop pris par l'exercice, car il le pria de se rendre derechef vers la salle des enseignants, escorté par le concierge. L'ambiance délétère créée par quelques mages noirs au sombre dessein nourrissait un peu plus la défiance à l'égard des inconnus des lieux ; ledit concierge ne quitta pas Lust d'une semelle, maugréant tout au long du chemin sur les salaires indécents des joueurs de Quidditch. Autant d'allocutions agressives qui ne déstabilisèrent pas Whitaker ; il portait en étendard cette insolence qui ne l'avait jamais quittée, une suffisance aussi charmeuse qu'agaçante, cette impression de se sentir chez lui partout. Aussi toqua-t-il à la porte de trois coups secs, d'une sérénité arguant sa morgue. Un sourire aux lèvres, une attitude décontractée, autant de pédantisme qui ne fit guère long feu.

Un visage familier et pourtant fantôme, un parfum qu'il eut hélas oublié au fil des ans. « Lust ! » Le concerné perdit de sa superbe, quand son faciès vaniteux se fit opalin. Un bond dans sa poitrine, débris d'un myocarde gangréné qu'il sentit revivre ; ah et quelle douleur en son sein, il en grimaça malgré lui. Déglutissant à grand peine, Lust entrouvrit les lèvres sans pour autant parvenir à créer quelques sons. L'homme la dévisagea longuement (du moins, cela lui parut être une éternité), se demanda s'il n'était pas encore et toujours spectateur de ses rêves où il retrouvait Cassandra. A la fois si proche et si insaisissable. « Et bien, je ne vous aurais jamais imaginé timide ! » Face à tant de mutisme, Alexus s'était élancé vers la porte non sans se rabrouer. Jovial et taquin, l'enseignant avança sa main vers le joueur de Quidditch, lequel peina à détourner son regard de Cassandra. Comme il eut préféré rétorquer quelque chose d'un sourire enjôleur, ne lui laissa entrevoir aucune faiblesse ni déconfiture. Mais se trouvant bêtement face à la seule qu'il n'eut jamais aimée, Lust se découvrit aphone. Goujat malgré lui, à ne pas même saluer le spectre amoureux, il se résigna à serrer seulement la poigne d'Alexus non sans le ramener vers lui afin de susurrer à son oreille : « Je pensais que nous serions seuls. » Un chuchotement discret qui s'échappa de ses lippes. En proie à la débâcle, battu par un cœur accélérant son flux sanguin, Lust vint réagir avec la faiblesse de la surprise. Alexus sembla prendre sa remarque à la rigolade, et de fait déploya son gosier en un large rire : « Les belles femmes sont toujours impressionnantes, n'est-ce pas ? Allez, asseyons-nous et discutons autour d'une tasse de thé. »

Coeur rompu, cœur battant. Le regard pénétrant de Lust ne cessait de s'attarder sur elle, là où les mots étaient impuissants. Il se laissa guider vers la table, vint s'asseoir non sans un manque d'aplomb qu'on ne lui connaissait guère, reprit constance en feignant un sourire séducteur. De ceux qu'il esquissait lorsque les journalistes tentaient de le piquer sur ses points faibles. « Cassandra, je te présente Lust Whitaker. Un des joueurs stars des Faucons de Falmouth. » Alexus bomba le torse en une fierté sincère d'avoir su alpaguer parmi eux une célébrité en vogue. « Lust, je vous présente Cassandra Ledoux. » Le ténébreux tiqua quant au patronyme, laissant ses yeux bruns glisser sur une main dépourvue d'alliance. Ce qui devait rester discret se révéla au final déplacé, tant Lust ne semblait plus que fixer ces mains nues. Plongé dans ses pensées, il semblait se révéler seul au monde quand enfin sa voix suave et basse résonna : « Nous nous connaissons, Cassandra était ma professeur lorsque j'étudiais ici. » Sourire mordant de connivence. Comme une gêne planant au-dessus de leurs têtes. Trop palpable pour être ignorée d'Alexus qui se racla la gorge.  « Bien heum... C'est très aimable à vous d'avoir répondu à mon invitation en dépit de votre emploi du temps chargé. S'il vous était possible d'intervenir au moins toute une journée sur plusieurs cours, afin de motiver les élèves ce serait... Lust ? » Interpellant son invité n'ayant de cesse de toiser la jolie blonde d'un regard aussi scrutateur qu'interrogateur (qu'était-elle devenue, pourquoi l'absence d'alliance alors même qu'il l'eut vue fouler le sol de cette église d'un village de province, comment se portait-elle, avait-elle changé...?), il dut attirer avec force son regard par quelques interpellations : « Il vous sera toujours possible de vous retrouver à Pré-au-Lard par la suite pour papoter du passé. » « J'y compte bien. » Enfin l'insolence recouvrée comme un second souffle, Lust se redressa non sans étirer ses lèvres rubicondes d'un rictus conquérant.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 26 Nov - 16:18

C’était… déstabilisant ? Déboussolant ? Inattendu. Il n’avait pas changé. Bien sûr, j’avais eu le loisir de l’admirer sur nombreuses premières pages de magazines et autres quotidiens célèbres. Le grand Lust Whitaker, dont les talents au Quidditch n’étaient plus à prouver depuis bien longtemps, celui dont le nom résonnait dans les stades et à qui l’on prêtait les plus grandes frasques dans le monde sportif. Les mains légèrement tremblantes, je me laissai guider jusqu’à la table, où l’on me tira une chaise sur laquelle m’asseoir. Un bourdonnement incessant dans les oreilles semblait me couper du monde qui m’entourait, et mes yeux ne parvenaient pas à se détacher de la silhouette élancée de celui que j’avais un jour appelé, « amour ».

« Cassandra, je te présente Lust Whitaker. Un des joueurs stars des Faucons de Falmouth. » Le prénom roula sur sa langue et j’eu l’impression qu’il m’écorcha le cœur. Est-ce possible qu’un nom soit plus acéré qu’une dague en plein cœur ? Je ne l’entendais pourtant qu’à moitié, Alexus me semblait si lointain, tandis que je n’avais d’yeux que pour Lust. Si je n’avais pas été si troublée, je me serais délectée de voir qu’il ne me lâchait pas non plus. Mais mon cœur tambourinait, mes oreilles bourdonnaient et mon esprit semblait à la dérive. Avais-je jamais eu les pieds sur terre quand je me trouvais en sa présence ? J’en doutais bien malgré moi. « Lust, je vous présente Cassandra Ledoux. » Je sentis le regard indiscret de Lust quitter mes yeux pour mieux glisser sur mes mains. Mal à l’aise, je me mis à les tordre à la manière d’une enfant prise sur le fait, sur le point de recevoir sa sentence. « Nous nous connaissons » Nous nous connaissons » comme un écho qui résonne, nous répondîmes exactement la même chose à Alexus, qui eut un petit sourire en coin. Je m’éclaircis la gorge, prête donner une justification bancale, lorsque Lust reprit la parole. « Cassandra était ma professeur lorsque j'étudiais ici. »

J’acquiesçai subrepticement, tandis que je plaquais mes mains tremblantes sur la nouvelle tasse que venait de me servir mon collègue. Ce dernier s’épancha en remerciement. Oui, Ô combien Lust était généreux d’avoir accepté de présenter son illustre personne à Poudlard, les élèves – surtout les filles – devaient attendre de l’autre côté de la porte dans l’espoir – sans doute pas si vain – de lui arracher une œillade séductrice. Mais n’avait-il pas pensé une seule seconde que je travaillais encore ici ? Qu’il était plus que probable que nous nous tombions dessus ? Après tout, voilà près de cinq année que nos regards ne s’étaient plus croisés, et j’avais espéré qu’une promesse tacite s’était tenue entre lui et moi le jour même de notre séparation : si je ne mettais pas les pieds sur un terrain de sport, j’attendais de lui qu’il n’empiète pas dans mon monde bien rangé et ordonné qu’était Poudlard.

Ni Lust ni moi n’écoutions vraiment la diatribe de mon aimable collègue et sans doute s’en rendit-il compte car je l’entendis vaguement interpeler son invité. « Il vous sera toujours possible de vous retrouver à Pré-au-Lard par la suite pour papoter du passé. » « J'y compte bien. » Le sourire de Lust m’arracha des frissons. Je ne le connaissais que trop bien, fut un temps où j’avais espéré qu’il ne l’adressa qu’à moi. De l’eau avait coulé sous les ponts, et bien sûr, une autre femme devait depuis bien longtemps profiter de ce sourire charismatique dont il avait le secret. S'il y comptait bien, mon coeur, lui, balançait entre l'envie irrésistible de lui parler en tête-à-tête et celle de ne plus jamais sombrer dans ses yeux mordorés.

Une heure. Ce fut le temps durant lequel je dus sagement rester assise à écouter les monologues interminables d’Alexius sur les bien faits du sport à l’école, l’immense joie et honneur que lui faisait Lust d’intervenir à Poudlard, et le bonheur que les élèves avaient déjà exprimés en sachant sa venue future. Une heure, c’est terriblement long quand on y pense. Je me contentai d’acquiescer et de sourire doucement lorsque l’occasion s’y prêtait, mais je fus plus que soulagée lorsque j’entendis à nouveau la sonnerie retentir dans l’école.

« Oh, nom d’un balais ! Le temps passe si vite quand on est en si charmante compagnie » s’exclama Alexus en se levant prestement. « J’ai cours avec les premières années » expliqua-t-il à Lust sur le ton de la confidence. « Il faudra que je vous présente le jeune McDougall, il est très prometteur. Bien Lust, je ne vous retiens pas plus longtemps, rendez-vous lundi prochain sur le terrain ! » Il tendit une main potelée et un peu moite à Lust qui la lui serra poliment.

Bientôt, le moment tant redouté arriva et je me retrouvai seule dans la salle des professeurs avec mon ancien élève, ancien amant et actuel père de ma fille qui n’avait pas la moindre idée de qui son géniteur pouvait bien être. Je m’éclaircis la gorge. «C’est… inattendu. » Qu’est-ce qui était inattendu ? De le voir ? De sentir mon cœur battre à tout rompre en sa présence, comme il l’avait toujours fait ? De comprendre que je pourrais potentiellement le recroiser dans les couloirs dès lundi prochain ? Bien sûr, mon esprit tout entier me criait de prendre mes jambes à mon cou avant de tomber dans les méandres de la déception et de la passion déchirante. Pourtant… « Pré-au-lard ? » murmurai-je à demi-mot, consciente de l’électricité et de la tension qui pesait déjà dans l’air, une main déjà tendue en direction de la porte, où de trop nombreuses adolescentes attendaient surement la star du jour.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 26 Nov - 16:57

Il ne l'écoutait guère. Plongé dans trop de songes le rappelant au passé, tissant d'autres questionnements lissant son faciès d'un sérieux redouté, Lust se contentait de souffler quelques soupirs insolents quoique incontrôlés. Témoins de son impuissance comme de son impatience, il n'écoutait plus que son interlocuteur d'une oreille distraite, attendant silencieusement que l'entrevue ne se termine pour vaquer à d'autres préoccupations. Fuir ou rester. Lust ne cessait de se demander s'il eut été préférable d'honorer la promesse qu'il s'était faite cinq ans auparavant : vivre et laisser vivre. La laisser libre de ses sentiments et de ses envies, alors même qu'à l'époque la décision de Casandra d'en épouser un autre l'avait poussé vers une sinistre dépression. Un passé qu'il ne gardait que pour lui-même, répugné de s'être vu si faible à l'époque. Secret jalousement gardé, même auprès de journalistes tentant de gratter plus encore dans son intimité ; malgré lui, Lust avait toujours eu l'espoir tranchant que sa jolie blonde ne le suive dans ses péripéties, par le biais de papier glacés et d'interviews succincts. La moiteur de ses mains, alimentée par le stress, lui procurait une désagréable impression malvenue. Il se sentait déjà en déroute, perché sur une appréhension qu'on ne lui connaissait guère ; démuni de son aplomb légendaire, le grand Lust Whitaker se sentait perdu. Sans doute était-ce pour cela qu'il ne daigna plus croiser le regard de Cassandra durant cette heure interminable, prompt à se noyer dans ses pensées plutôt que d'écouter les louanges d'Alexus sur le bien-être du sport. Le concerné se contentait d'acquiescer ; son sourire enjôleur faisait le reste. C'est ainsi qu'il était devenu la coqueluche des médias sorciers ; sa gueule d'ange et son sourire démoniaque les faisaient fantasmer. Il fit craquer ses doigts dans d'autres soupirs à peine contenus et déplacés, se maudissant presque d'avoir accepté l'invitation. En dépit de cette curiosité pour elle, de cet attrait magnétique qu'elle exerçait sur lui, de cette singularité qui lui était propre et dont étaient dépourvus les mannequins pourtant splendides qu'il côtoyait, Lust peinait à trouver sa place dans la vie de Cassandra. Relents du passé sans aucune perspective. Il tenta de se rappeler soudain les causes de leur rupture déchirante, la peine qu'il eut enduré et la haine qui l'habita quelques mois. Puis vinrent la résignation et la maturité ; Lust n'avait su se résoudre à lui en vouloir encore, finissant par comprendre le besoin qu'elle avait de construire une vie stable et sûre. Loin de la drogue et des déchirures ; c'est que la passion peut provoquer l'hémorragie.

Enfin Alexus acheva son soliloque. Le soulagement de Lust fut si vif qu'il put paraître malpoli ; néanmoins son interlocuteur, gargarisé par la venue de la vedette, ne s'en aperçut guère. L'homme ventripotent s'en alla en arguant devoir donner quelques cours, les laissant seuls dans l'intention bienveillante de les laisser savourer leur retrouvailles. Pour autant ce fut un embarras de plomb qui pesait soudain sur leurs têtes, mus par un silence éloquent, les anciens amants semblaient sentir les secousses angoissantes des premiers rendez-vous. Ceux que l'on appréhende, ceux qui nous excitent. Ceux qu'ils n'avaient finalement jamais connus. Lust ouvrit la bouche dans l'espoir de rompre le mutisme glacé par leur anxiété, fort heureusement ce fut Cassandra qui parla la première. Elle avait toujours su inciser la brèche, alors même que cela fut ardu. «C’est… inattendu. » Le ténébreux opina du chef, tenta de débloquer moult paroles s'accrochant rudement à sa trachée. Un seul mot sembla s'en réchapper, comme une réponse qu'il s'arracha de force : « Ouais. » Mâchoire serrée, cœur comprimé par la débâcle, le joueur de Quidditch ne comprenait guère ce qui lui arrivait. Lui qui avait joué devant des stades remplis, assisté à des galas, posé pour de grands magasines sans jamais se laisser envahir par le trac, se sentait soudain dépourvu face à une femme. Pas n'importe laquelle cependant. « Pré-au-lard ? » Bref sourire à ses lèvres, il lui devait au moins cela. Et tandis qu'il passait la porte les mains dans les poches, Lust releva la tête, toisa droit devant lui.

Jamais il ne s'était si peu prêté au jeu de la célébrité. Refusant les autographes au passage, sa mine déconfite peinte d'un faux sourire. Il se contentait de saluer de loin l'attroupement des élèves, tout en bénissant leur présence. Cet amas de foule tout autour d'eux était un bon prétexte à se lover dans le silence. Jusqu'à ce qu'ils ne gagnent le parc de Poudlard.

Alors l'air frais – ou bien était-ce ce calme effrayant – le somma de sortir une cigarette. Soufflant les nuages de fumée comme s'il exorcisait le stress, Lust l'interrogea enfin. Ses grands pas lestes témoignant de son désir d'arriver rapidement à destination. « Alors, qu'est-ce que tu deviens ? » Question a priori stupide. Il avait face à lui une enseignante, rendant son interrogation dérisoire. Le jeune homme reprit alors : « Je veux dire que j'aurais plutôt pensé que tu aurais fait ta vie en France.  Me dis pas que c'est le pudding anglais qui t'a manqué. » Il tenta un trait d'humour, un peu nerveux, un peu nostalgique. A se dire que jamais, il ne s'était senti si fébrile face à Cassandra.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 26 Nov - 17:25

La porte s’ouvrit, et comme je m’y attendais une horde d’élèves s’approcha en gloussant, criant, interpelant. Laissant passer Lust devant moi, je me contentais de le suivre en silence, l’observant du coin de l’œil refuser poliment autographes et autres photos souvenirs. Le voyant de dos, je m’autorisai à le regarder tout à loisir, laissant mes yeux vagabonder sur sa nuque et son dos musculeux, tandis que mon esprit, lui, remontait le temps de nos amours, chose qu’il s’était interdit depuis bien des années.

Scindant la foule, nous parvînmes tout de même à regagner le grand hall et à nous échapper à l’emprise presqu’oppressante de l’agglutinement d’élèves. S’il était rôdé à l’exercice, ce n’était certainement pas mon cas. De nature discrète et secrète, je chérissais mon anonymat et me délectai de ne pas voir mon visage sur la première de couverture de trop nombreux journaux.

Quand enfin, l’air frais s’insinua dans mes poumons, je me sentis submergée par une vague de quiétude et de paix. Le silence était toujours aussi pesant, mais bien plus réconfortant que la foule qui scandait son nom. Prénom maintes fois susurré au milieu de la nuit, et que j’avais promis, un jour, de ne plus jamais prononcer. Tandis que nous marchions côte à côte, murés dans notre mutisme, je l’observai sortir un paquet de cigarettes moldues et s’en allumer une d’un geste expert.

« Alors, qu'est-ce que tu deviens ? » Un sourire moqueur se dessina sur mes lèvres, tandis que je l’entendis reprendre, conscient que sa question n’était sans doute pas des plus pertinentes. « Je veux dire que j'aurais plutôt pensé que tu aurais fait ta vie en France.  Me dis pas que c'est le pudding anglais qui t'a manqué. » Un rire cristallin s’échappa de ma gorge sans que je m’en rende compte. Comme un déclic salvateur, comme un glas qui sonne sur nos têtes, je sentis le malaise se briser au-dessus de nous.

Nous n’avions jamais été mal à l’aise l’un envers l’autre. Jamais. Le feu qui brûlait en nous dès que nous étions dans le même espace, sa présence qui m’électrisait dès lors que son regard croisait le mien… Autant de sentiments qui ne pouvaient pas laisser place à la gêne. Il me connaissait dans les moindres parcelles de mon intimité, alors… «Mon poste à Poudlard me manquait » finis-je par répondre. «Après le pudding, bien sûr. » Je lui adressai un sourire sincère et malicieux, me promettant de ne pas laisser la tension pesante qui régnait jusqu’ici s’emparer de cette rencontre fortuite et sans doute ultime. «Je ne te ferais pas l’affront de te demander ce que tu deviens. N’importe quel imbécile sachant lire le sait. » De trop nombreuses fois, le visage impeccable de Lust avait été placardé sur des posters et autres couvertures de magazines, aussi me contentai-je de lui faire comprendre que, parfois, quand la nostalgie m’habitait, je m’autorisai à lire une interview volée dans un coin d’un journal oublié sur la table de la salle d’attente du pédiatre d’Eydis. « Le Quidditch, hm ? J’aurais parié sur la musique pourtant. » Quant à savoir si c’était à lui, ou à moi-même que je m’adressais… Lust avait toujours été un musicien talentueux, mais peu nombreux étaient ceux à le savoir. Je faisais partie de ces quelques privilégiés, ainsi que ma fille, qui l’ignorait cependant. Tous les soirs, je remontais la petite boîte à musique que m’avait donné Lust pour sa fille, et elle l’écoutait en fermant les yeux et en se laissant entraîner dans un monde onirique connu d’elle seule.

Nos pas nous guidèrent jusqu’au seuil des Trois Balais, qui, à cette heure-ci, était quasiment vide. J’entrai la première et me dirigeai vers une petite table qui nous promettait une certaine intimité. « Tu n’as pas changé » osai-je finalement murmurer tandis qu’il prenait place en face de moi.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyMar 28 Nov - 20:25

Etait-ce l'air frais battant ses joues pâles, le soulagement de sentir la nicotine emplissant ses poumons, ou l'effet de surprise légèrement dissipé qui fut facteur de son apaisement progressif, quoiqu'il en soit Lust ne sentait plus la moiteur dans le creux de ses paumes ni le mutisme malvenu s'accrochant désespérément à sa trachée. Bien sûr, la fébrilité le secouait encore par vagues discrètes comme irrégulières ; la savoir à ses côtés, humer son parfum, se souvenir du timbre cristallin de sa voix ravivèrent des souvenirs éteints prompts à le confondre et le déstabiliser. Cassandra avait des airs de rêverie lointaine, tel un fantôme qu'il ne saurait saisir et, ignorant encore comment se placer dans sa vie puisque se sentant absent de cette dernière, le ténébreux se sentait vacillant. Tant de questionnements languissant sur sa langue, de son parcours de vie à ses élans du cœur, passant bien sûr par ce qu'il advenait de Eydis. Il se tut cependant, persuadé qu'il était préférable de se murer dans un silence pudique plutôt que de lui avouer avoir fait abstraction de sa fille. C'est qu'il n'avait eu de cesse de penser à elle, au début. S'imaginant l'éclat de son rire, ses yeux malicieux ou ses petites mains potelées. Etait-elle blonde ou brune, parlait-elle seulement le français, connaissait-elle au moins l'Islande, avait-elle un goût prononcé pour le piano, le quidditch ou les potions ? Autant de questions émouvantes d'un père pour sa fille qui, perdues dans les affres du doute et de l'incertitude, s'étaient muées en une torture quotidienne. Ainsi, pour ne plus subir la souffrance de son absence et approuver comme il se devait la décision de Cassandra, Lust avait choisi la délicate imputation du cœur et du cerveau ; sans pour autant effacer Eydis de sa vie, il avait appris douloureusement à ignorer son absence. L'instant n'était donc guère aux questions, car ces dernières lui piquaient la gorge et le cœur dès lors qu'il faisait l'affront de ne serait-ce qu'y penser.

Fort heureusement les moments de retrouvailles se voulurent plus chaleureuses dès lors que le trait d'humour fut tenté. L'on demeurait encore aux échanges basiques, polis à la banalité, mais une curiosité certaine émanait de leurs propos. Cassandra avoua même à demi-mots avoir suivi – ne serait-ce que d'un œil – le parcours de son amant aujourd'hui célèbre. Lust opina du chef en un rictus, admettant silencieusement qu'il eut été dérisoire d'évoquer son parcours si la française l'avait ne serait-ce que survolé. Elle lui rappela cependant quelques moments privilégiés, de ceux qu'un magazine ne pouvait pas même divulguer : « Le Quidditch, hm ? J’aurais parié sur la musique pourtant. »  Il sourit alors, bref rire échappé de ses lèvres. Ainsi elle n'avait pas oublié. Cinq ans pourtant, c'est une éternité. « J'ai toujours eu des priorités. Emmerder mon père en fait partie. Il aurait mille fois préféré me savoir pianiste que Joueur professionnel, alors j'ai arrêté le piano il y a cinq ans et je me suis mis à fond sur le Quidditch. » Aveux furtifs mais animés par un réel amusement, une insolence aiguisée.

Ce fut donc bien plus détendu qu'il passa la porte des Trois Balais, suivant Cassandra dans son sillage non sans baisser les yeux au sol, nuque courbée par un angle si étrange qu'il n'était nullement naturel. Cette attitude s'était révélée instinctive quand, lors de ses péripéties de petite célébrité, il accusait régulièrement les doléances et autres sollicitations faisant écho à sa notoriété. Le jeune homme avait appris à se faufiler lorsque l'envie de se faire solitaire lui prenait soudain ; moments rares, mais bien réels. « Tu n’as pas changé » Léger souffle approbateur, presque cynique. Sans doute n'avait-il pas avancé du tout. « C'est vrai. Ma vie est encore aujourd'hui une succession de fêtes et de débordements. » Constat calamiteux, quoique l'on puisse en penser. Lust sentit soudain peser sur lui le poids de l'immaturité, celle qui l'habitait déjà lorsqu'il avait dix-sept ans. Alors sa bouche se tordit en un sourire à la fois fier et coupable ; elle, était partie pour plus de stabilité. Elle le retrouvait toujours autant borderline. « Tu n'as pas l'air d'avoir changé non plus. » Attitude plus décontractée, Lust recouvrait une sérénité presque arrogante. Posant son coude sur le dossier de la chaise, son attitude entière transpirait l'effronterie ; de celles annonçant quelques palabres déplacées. « Pourquoi tu as divorcé ? Il baisait juste comme un eunuque ou est-ce que sa gueule de petit français parfait ne te revenait plus ? » La clouant au pilori de l'inconvenance, Lust furetait avec une indélicatesse qu'on lui connaissait parfois.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyMer 29 Nov - 14:33

« J'ai toujours eu des priorités. Emmerder mon père en fait partie. Il aurait mille fois préféré me savoir pianiste que Joueur professionnel, alors j'ai arrêté le piano il y a cinq ans et je me suis mis à fond sur le Quidditch. » Je retombais dans des souvenirs trop lointains pour mon esprit embrumé. J’avais rencontré son père, une fois. Il n’était pas de ces hommes sympathiques et tolérants qui vous charment en un sourire. Il était charismatique, trait que son fils avait hérité, mais je l’avais trouvé désagréable, et notre rencontre, pénible. Je ne m’étonnais dès lors plus des choix de Lust, qui de toute façon, avait toujours eu ce don d’intriguer et de surprendre ceux qui le connaissaient un tant soit peu.

La chaleur réconfortante et douce du bar me détendit légèrement, et je sentis mes muscules se relâcher au niveau de ma nuque. Sans m’en apercevoir, je les avais contractés pour me protéger du froid, et sans doute aussi du regard transperçant de mon ancien élève. « C'est vrai. Ma vie est encore aujourd'hui une succession de fêtes et de débordements. » Je me sentis rougir, et détournai brièvement le regard. Ce n’était pas ce que j’avais voulu dire, bien sûr… Il avait changé de bien des manières, sans doute, mais je ne le connaissais plus, et je ne pouvais alors juger que sur ce que j’avais connu de lui, autrefois. Il était resté le même homme sombre et discret, malgré la célébrité. Jamais je n’avais vu, dans les quelques interviews que j’avais survolé, de détails intimes de la vie de Lust. De son amour de la musique, à sa vie sentimentale, en passant par son passé, son père difficile, sa mère… malade. Rien de tout cela n’avait trouvé sa place sur les nombreux torchons qui étalaient fièrement son nom en gros titres. Je secouais doucement la tête, confuse qu’il eu mal interprété mes paroles. Fut un temps, où il m’aurait comprise en un regard. « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire » murmurai-je en levant à nouveau le yeux vers lui. Et tu le sais, faillis-je ajouter.

« Tu n'as pas l'air d'avoir changé non plus. » Quand à savoir s’il s’agissait d’un compliment ou d’une insulte… Dans la bouche de Lust, le plus bel éloge pouvait avoir un goût de venin. Je me contentais d’hausser les épaules, incertaine de ce qu’il y avait à répondre à cela. Son allure soudainement détachée, son air serein et décontracté me firent me méfier, car certaines choses ne changent pas, et j’eus la désagréable sensation de le voir se préparer à attaquer. A m’attaquer. « Pourquoi tu as divorcé ? Il baisait juste comme un eunuque ou est-ce que sa gueule de petit français parfait ne te revenait plus ? » J’eu un petit rire rauque. C’était gras, c’était vulgaire, et pourtant, c’était terriblement drôle et charmant dans sa bouche milles fois chérie. Le visage d’Alan me revint en mémoire. Je ne l’avais pas vu depuis plus de cinq ans, lui non plus. Il était pourtant parfait, le prince charmant, celui que l’on épouse les yeux fermés. D’autant plus lorsque l’on est enceinte d’un homme tout juste majeur que l’on a quitté de manière douloureuse. « Je n’ai pas divorcé » lâchai-je, de manière un peu brute. Sous ses yeux curieux et attentifs, je me demandais encore si je devais lui expliquer, lui raconter ce qu’il était advenu de ma vie. Comprendrait-il seulement ? Comprendrait-il que j’avais préféré tout quitter ? Que je ne l’avais pas seulement quitté lui, mais que j’avais aussi quitté Alan, et la vie de félicité qu’il m’offrait ? Que je m’en étais allée, le ventre rond, sans me retourner, pour regagner l’Angleterre où je n’avais plus donné aucune nouvelle ni à lui, ni à qui que ce fut, si ce n’était ma mère ?

« Je ne me suis pas mariée. J’ai failli. Je me suis enfuie de l’église, et j’ai regagné l’Angleterre. Et puis… » commençais-je. Et puis, j’ai accouché de ma merveilleuse petite fille, et j’en suis tombée amoureuse, alors je n’étais que trop heureuse de ne pas avoir à la partager avec un homme qui n’était même pas son père. Voilà le discours que j’aurai dû tenir. Mais je réalisai que le prénom d’Eydis restait en travers de ma gorge et que je n’osais aborder le sujet. Si je ne doutais pas un seul instant qu’il se souvienne être père – ou au moins géniteur – j’avais de gros doutes quant à la volonté de Lust de parler d’une enfant qu’il n’avait pas désirée et qu’il n’avait pas eu le loisir d’élever, ni même de connaître. « Et puis tu as raison, ce n’était pas le meilleur coup de ma vie » finis-je par lâcher avec un sourire moqueur et embué de souvenirs de nos nuits passionnées. Ce n’était pas très honnête de ma part que de me moquer de cet homme qui aurait sans doute donné sa vie pour Eydis et moi. Mais je lui avais rendu service, ce jour-là. Je n’aurais pas été une bonne épouse, et je n’aurai pas toléré qu’Eydis l’appelle « papa ».

Tandis que je me demandais encore si je devais aborder le sujet de notre fille, une serveuse d’une vingtaine d’années s’approcha et vint nous demander ce qui nous ferait plaisir. Son regard flamboyant et le bouton qui avait sauté de son chemisier m’assurèrent qu’elle avait reconnu le célèbre sportif, et bien malgré moi, je répondis sèchement « Un thé noir, je vous prie. » Je regrettai mon comportement immédiatement, car c’était dans de tels moments que mon accent étranger ressortait davantage, et laissait transparaître mon mécontentement. Quand Lust eut commandé et que la serveuse eut regagné son comptoir, je me jetai enfin à l’eau. « Et … Tu as quelqu’un dans ta vie ? » demandai-je d’une voix plus aigüe que nécessaire. « Des enfants peut-être ? »

Voilà comment faire tourner une conversation relativement cordiale en un conversation potentiellement houleuse. Heureusement pour nous, les gens alentours n'était pas nombreux, et aucun d'entre eux n’avaient connu nos querelles et nos disputes parfois si impétueuses que nous en avions fait trembler les murs.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyJeu 30 Nov - 20:40

L'acerbité de son discours n'impacta nullement sa verve, laquelle demeurait bien plus piquante qu'agressive voire même insolente. Le ténébreux avait bien sûr quelques revendications sur le bout de la langue, entre la douleur d'antan nourrissant toujours son esprit de spectres amoureux et la maturité assumée de ne plus la ressasser, mais il tentait de les étouffer puisque les sentant ni légitimes ni péremptoires. Leur idylle leur avait brûlé les ailes avec tant de violence que la chute fut éprouvante. Néanmoins Lust avait appris au fil des ans à l'atténuer, vivre avec, puis l'accepter. Malgré la puérilité inhérente à ses amours pour la fête et la bonne chair – il est bien question de l'épiderme doux et chaud des femmes – le jeune homme ne pouvait aujourd'hui imputer à Cassandra toute la misère du monde. Certes il avait souffert, certes il l'avait haïe, pour autant l'ancienne amante était très probablement passée par ces mêmes états d'âme. Ce qui n'avait guère empêché Lust de sacrifier pour elle son amour, lorsque, s'étant déplacé en France dans le seul espoir de la faire changer d'avis sur son mariage, il avait décidé à grand peine de lui offrir la vie de quiétude qu'elle méritait. Aussi, s'il demeurait incisif envers ce pauvre Alan, aucune inimitié ne perlait pour autant à ses lèvres. Une fierté sans doute, quoique minime, mais surtout une volonté de comprendre ce qu'était sa vie d'aujourd'hui.

Cassandra répondit sans ambages bien qu'un peu sèchement (il ne pouvait cependant l'en blâmer) qu'elle n'avait en réalité jamais divorcé. C'est alors que Lust détourna le regard en un souffle convenu, de ces rires détracteurs accusant l'interlocuteur de mentir. Et pour cause : il l'avait vue aux portes de l'église, transcendante dans sa robe de mariée, prompte à passer le seuil de la consécration et d'illuminer sa vie. Lui n'avait ressenti que peine et douleur ; celles de l'avoir rendue malheureuse, puis de devoir lui rendre sa liberté. Ce fut alors vacillant mais résigné que l'audacieux amant s'en était allé, laissant sur le rebord d'un muret un écrin contenant la bague qu'il eut choisie pour elle. Son romantisme discret avait su s'épanouir auprès de Cassandra, mais tout comme sa personnalité ne savait que vivre à travers l'exubérance. Tout ou rien. Il avait choisi le néant sous prétexte de la laisser vivre, et avait entamé un nouveau chapitre à son tour. Pour autant Lust scella les lèvres à ce sujet ; s'il ne croyait pas Cassandra, il lui était (pour le moment) impossible de lui révéler ce souvenir aussi ardent que leur défunte romance. « Je ne me suis pas mariée. J’ai failli. Je me suis enfuie de l’église, et j’ai regagné l’Angleterre. Et puis… » La française attira derechef le regard du jeune homme dont le faciès marquait l'interrogation puis le dépit ; les sourcils d'abord froncés le temps d'ingérer l'information, Lust se sentit pâlir quand il comprit combien leur histoire aurait pu avoir un autre tournant s'il était resté ne serait-ce que quelques minutes de plus aux abords de cette petite église. La pâleur de son visage était loquace, mais sa langue restait indéniablement silencieuse. « Et puis tu as raison, ce n’était pas le meilleur coup de ma vie »  Là où Lust aurait usé d'un trait d'insolence tissé à sa fierté, il demeura coi à force de broder dans son esprit les fils d'un monde parallèle. Abasourdi de comprendre soudainement être passé à côté de son unique chance, voilà qu'il se contenta d'opiner du chef tout en étant absent. Son regard vidé de l'instant présent prenait les couleurs fantômes de leur passé, s'abattant pensivement sur les rayures de la table. Et ni l'intervention de la serveuse, ni le ton rétif de Cassandra envers cette dernière, ne lui firent lever les yeux ; il se contenta de commander une bière brièvement, comme coincé dans un espace-temps parallèle. Peut-être qu'aujourd'hui, ils se seraient aimés. Mariés sans doute. Et une petite fille qu'il aurait eu tout loisir de connaître. Il soupira. Espoir vain de défaire ce nœud désabusé grattant sa gorge.

« Et … Tu as quelqu’un dans ta vie ? » Lust leva la tête, le regard trop virulent pour arguer une quelconque réponse bienveillante. Il allait au contraire pour lui répondre sèchement. Qu'il avait, bien sûr, tous les jours quelqu'un dans sa vie. Parce qu'elles n'étaient que de passage et qu'aucune n'avait su le captiver comme Elle l'avait fait. Parce qu'elles ne valaient rien, parce qu'Elle avait été son tout. Entrouvrant les lèvres, Lust fut néanmoins coupé par la suite de son interrogation. Approche malheureuse ou maladroite de la part de Cassandra, mais en tous les cas sans aucune volonté malveillante de le blesser.  « Des enfants peut-être ? » « Il paraît ouais. » Le ton se fit vif et cinglant, à l'instar de son regard sombre pénétrant les pupilles de sa vis-à-vis. Un battement sanguin annonçant un courroux certain. « Enfin j'en sais trop rien. La mère est partie sans jamais me donner la possibilité de voir mon enfant. Je crois même... » Déglutition pénible, il serra la mâchoire. « Je croyais, qu'elle était élevée par un autre homme qu'elle appelait 'papa'. Je sais pas trop si elle est blonde ou brune, si elle parle français, si elle aime courir après les chats. Je sais même pas, en fait, si elle sait que j'existe. » La véhémence qu'il employa était piquante, quoiqu'il ne haussa guère le ton de sa voix pour autant. Sans doute était-ce là le plus alarmant. « Et toi Cassie. T'as des enfants ? » Un regard qui jamais ne se détourne. Prompt à enfin faire face à son passé.
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MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyDim 3 Déc - 21:44

Je savais, au fond de moi, que je n’aurais jamais dû me rendre dans ce bar avec lui. J’aurai dû fuir, sourire, lui souhaiter une bonne continuation, et oublier cette rencontre fortuite. Cela m’aurait évité de me poser mille et une questions, de replonger dans ce passé à la fois terriblement douloureux et terriblement excitant. Je ne l’aurai avoué pour rien au monde, mais j’étais nostalgique de ce temps. A l’époque, j’avais l’impression de n’avoir peur de rien, de ne vivre que pour cette histoire. Comme si j’étais née pour tomber amoureuse de lui. Ce genre d’histoire, ça n’arrivait qu’une fois dans une vie, et je regrettai que la nôtre eut été si courte. Mais elle avait été si destructrice que cela n’aurait pas pu se passer autrement.

Consciente d’être allée trop loin, j’étais presque sur le point de faire machine arrière, de lui demander d’oublier cette question stupide, de nous quitter en bons termes et de quitter les lieux. Mais l’esprit vif et aiguisé de Lust ne laissa pas le temps à ma couardise, si bien qu’il répondit presqu’immédiatement de son ton cinglant et piquant. Je savais que je ne devais pas me laisser faire, sans quoi, il m’assassinerait. Lust était l’un des rares – peut être le seul – à avoir ce pouvoir sur moi, celui de me briser en une phrase bien placée, en un regard glacé, en un sourire mauvais.

« Il paraît ouais. » Je sentis immédiatement que l’atmosphère avait changé. Il n’était plus dans le trouble de notre rencontre, il reprenait peu à peu ses esprits, et j’étais persuadée que comme moi, il avait remonté le temps de notre histoire. Son cerveau de génie avait du tirer la sonnette d’alarme, et tout un bataillon de mots acerbes et violents était prêt à sortir de ses lèvres. Je l’avais cherché, aussi le laissai-je continuer avant de prendre une décision quant à la tournure de notre conversation. « Enfin j'en sais trop rien. La mère est partie sans jamais me donner la possibilité de voir mon enfant. » « Vraiment ? » répondis-je d’un air détaché. « Je crois même... » Je ne détournai pas les yeux, et dardai plus encore mes iris turquoises dans les siennes mordorées. Les faux-semblants n’étaient plus, les masques étaient tombés. On rentrait le vif du sujet : le fruit de notre union destructrice, la petite Eydis que j’avais privée de père durant toute sa courte vie.

« Je croyais, qu'elle était élevée par un autre homme qu'elle appelait 'papa'. Je sais pas trop si elle est blonde ou brune, si elle parle français, si elle aime courir après les chats. Je sais même pas, en fait, si elle sait que j'existe. » C’était douloureux. A quoi tu t’attendais ? me demandai-je. Il n’allait pas se mettre à genoux et te supplier corps et âme de le laisser voir sa fille. La voix de Lust était calme et basse, et c’était ça le plus terrible. Parce qu’il avait dépassé le stade du hurlement, et qu’il était assez posé pour appuyer où ça faisait mal. « Et toi Cassie. T'as des enfants ? »

Je lui adressai un sourire en coin, camouflant de ce fait la plaie qui commençait à se rouvrit sous ma cage thoracique. « J’ai une fille. Elle est blonde, avec de beaux yeux bruns. Elle parle français bien sûr, et anglais, mais son prénom est Islandais. Eydis. Tu aimes ? » Plongeant mon regard dans le sien, j’élargis mon sourire davantage. Malheureusement, je n’étais pas assez bonne comédienne pour lui faire atteindre mes yeux. « Elle n’aime pas les chats. Elle aime la musique. Et le Quidditch. Elle est bagarreuse et têtue. Elle ne tient pas ça de moi. Elle a un don pour séduire n’importe qui. » Voilà, Lust. Tu sais maintenant. Tu sais que ta fille porte le prénom que tu lui avais choisi, qu’elle se passionne pour les mêmes choses que toi, alors que je ne suis ni musicienne ni sportive, l’art et le sport coule dans ses veines. Elle a tes yeux, et ton charme. Parfois, je jalouse cette ressemblance que vous avez. J’aurai aimé qu’elle ne ressemble qu’à moi, pour qu’elle ne me rappelle pas tous les jours à quel point nous nous sommes aimés.
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: It's been a long time, whithout you my friend.   It's been a long time, whithout you my friend. EmptyJeu 7 Déc - 21:10

Ses lèvres en bouton de rose accueillaient la ciguë telle la rosée du matin ; Cassandra s'était soudainement braquée quant aux remarques incisives de l'ancien amant. Il n'avait guère oublié pourtant leurs guerres passées, aussi cruelles et glaçantes que leur passion ardente et douce. Sans doute se sentaient-ils bien vivants ainsi, bien que Lust, si usuellement cassant, perdait autrefois de sa superbe face aux propos acerbes de la belle française. La souffrance laissait bien souvent place au courroux, et ainsi s'entamait un cercle vicieux qui jamais ne cessait. L'ersatz de maturité peut-être, le désir de demeurer fort et stoïque sans doute, lissaient néanmoins le faciès du jeune homme d'une froide inertie. Malgré la dureté des propos, ce cœur battant le tumulte jusque ses tempes, ces images d'une fillette blonde aux yeux bleus qu'il ne put jamais connaître, et ce nœud étranglant sa gorge, Lust arborait un sourire. De ceux que l'on adresse aux vieux amis à moitié effacés par le temps. Et pourtant cette insolence se gravait à ses lippes telle une provocation, gommant avec finesse l'infinie tristesse de son regard qui se voulait joueur. L'ancien élève approuvait d'une moue exprimant l'admiration, petites connivences factices dans l'espoir de ne pas la laisser gagner. C'était pourtant un myocarde sec et souffreteux qui crissait dans son poitrail. Alors, lorsqu'elle eut terminé son vétilleux laïus, Lust imposa quelques secondes de silence afin de dénouer cet étranglement de la gorge derrière un sourire allègre. Pour autant sa voix chaude s'empourpra de quelques remarques caustiques : « Je confirme que tu n'as pas changé. » La rosserie de son discours s'en tenait pour preuve. « Tu sais, tu n'as pas à te donner tant de mal. Je sais où tu me situes dans ta vie : quelque part bien loin du palier de ta porte. Et je respecte ton choix. » Il avait durement accepté d'en être exclu, ne comprenant qu'à moitié la volonté égoïste d'une mère de garder pour elle son enfant. Et de toute évidence, le jeune homme s'adonnait au mensonge : il ne respectait en rien la décision de Cassandra puisque souhaitant connaître sinon voir son enfant, mais lever les armes à cet instant de l'échange ne lui causerait que défaite. Trop de fierté et de morgue à son étendard pour s'abaisser à cette stratégie ; il opta pour une autre. La toisant longuement de son rictus charmant, Lust songeait à la piquer à son tour de quelques tristes vérités. Combien ce sourire qu'elle portait aux lèvres était bien plus lumineux que le morne faciès qu'elle avait arboré le jour de son mariage. Une morosité qu'il eut autrefois confondu avec l'angoisse naturelle mue par ce jour si émouvant qu'était l'union sacrée. Ainsi aurait-il pu lui avouer du bout des lèvres, et sans trop en dire, qu'il était présent lorsqu'elle passa les portes de l'église.

Le jeune homme entrouvrit la bouche, prompt à cracher son venin lorsque la porte s'ouvrit en trombe. S'y engouffra une brise fraîche précédant une tornade : une silhouette grande mais frêle déboula dans le bar et, comme elle s'approcha à grands pas féroces vers Lust attablé, n'eut pour effet que de provoquer l'amusement de ce dernier. Confiant, il s'adossa à sa chaise et détourna son regard de Cassandra afin de les couler vers l'homme fulminant, comme une habitude dictant sa conduite détachée. Le crâne dégarni, un corps famélique, de grands gestes vifs trahissant sa nervosité ; Wilfried se présentait comme étant l'entraîneur professionnel de Lust. Ce fut par ailleurs la première chose qu'il dégoisa galamment à Cassandra (d'aucuns lui prêtaient une ascendance française, au vu de sa galanterie innée envers les femmes) avant d'éructer auprès de son poulain : « Ca fait une heure que je te cherche ! UNE HEURE ! Tu devais revenir sur le terrain dès que ton entrevue était terminée. Je suis sûr que tu as fumé ? Hein ? » Il se pencha rapidement afin de capter quelques vaines effluves absentes de nicotine, se tournant derechef vers Cassandra : « Il a fumé n'est-ce pas ? » Un emportement plus patriarche que véritablement agressif et qui semblait amuser le concerné probablement habitué des remontrances (sans doute parce qu'il faisait fi des règles à respecter, en vue d'une hygiène de vie irréprochable). Que ne fut pas le plaisir de Lust de voir arriver sa bière sur la table, et sous les yeux révulsés de Wilfried ayant pâli : « Tu as un match demain soir ! Ce qui signifie et tu le sais très bien : pas de tabac, pas de sexe, et pas d'alc... Tu te fous de ma gueule ? » Le laïus emporté dura quelques longues minutes, toujours plus explosif lorsque Lust usa de provocation : buvant quelques gorgées de bière en arguant au passage : « Mince, c'est raté pour aujourd'hui alors. ». L'on pouvait cependant cerner la complicité des deux hommes tant les griefs étaient dépourvus d'animosité.

Sous le soliloque de son entraîneur lui vantant les bienfaits d'une vie saine, Lust finit par se lever sans jamais gommer ce rictus vaniteux de ses lippes et, se tournant vers Cassandra, opta pour la sympathie la plus agaçante : « Je joue un match amical demain soir, contre l'équipe de France. Il paraît qu'ils sont pas trop mauvais. Cela me ferait plaisir que tu viennes me voir. Pas vrai Wilfried ? » Une tape sur le bras et le concerné tourna les talons, toisant avec insistance la serveuse à qui il attribua un clin d'oeil ainsi que quelques pièces – usant de toute évidence d'une provocation farouche envers Cassandra – lorsque ledit Wilfried s'exclamait sur le fait de ne pas être une billetterie ambulante. Ce dernier s'excusa néanmoins auprès de la française et, voilant sa voix comme son visage d'une douceur jamais perverse mais bien galante, posa bien volontiers sur la table deux billets : « Ne vous en faites pas, j'ai l'habitude avec cet énergumène. »

***

Il souffla sitôt sorti des lieux. Emotions vacillantes lui perforant le crâne et le myocarde ; Lust affichait pourtant un sourire en coin esquissant un minime bonheur : « Eydis... » marmonna-t-il comme il porta à ses lippes une autre cigarette. « C'est qui celle-là, une nouvelle conquête ? T'es qu'un sale gosse, Whitaker. » Arrachant l'objet de la discorde des lèvres du concerné, Wilfried finit néanmoins par lui sourire affectueusement, avant de l'inviter à se mettre en route. Sans jamais sentir les doutes ni les flottements de son poulain pourtant déboussolé par ces retrouvailles aussi inattendues que véhémente. Comme le fut autrefois, feu leur idylle.
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