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 theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me

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Dorcas Meadowes
Dorcas Meadowes
MessageSujet: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyMar 1 Mai - 23:49

Par un hasard des plus pratiques, elle n'avait pas mis les pieds à Sainte-Mangouste depuis un moment, probablement que Fabian l'avait rafistolée la dernière fois. Curieusement, cette dernière blessure était arrivée juste avant que Dumbledore ne lui demande – ne lui ordonne, plutôt – de s'intéresser au cas de l'un de ses anciens camarades de classe, sans lui laisser l'occasion de répliquer, encore moins de refuser d'ailleurs. On ne disait pas non à Dumbledore lorsqu'il s'agissait de l'Ordre, aussi irritant que pouvait être ce vieux cinglé. Parce qu'il fallait bien être cinglé pour lui demander à elle, of all people, de recruter Theodore Lewis. Elle avait écouté l'ordre, si surprise qu'elle n'en avait pas bougé avant la fin de la réunion, bien après que l'auguste directeur de Poudlard ait disparu de la chaise à côté de la sienne, brièvement occupée, juste le temps de la désarçonner.

Encore maintenant, à attendre devant l'hôpital que son courage se pointe – ou mieux, des mangemorts, n'importe quoi, tout pour éviter ce face-à-face désagréable – Dorcas avait du mal à comprendre pourquoi et comment elle n'avait pas réagi à la mention de Lewis, pourquoi elle n'avait pas rétorqué qu'il était sans doute plus simple pour quelqu'un d'autre, quelqu'un comme Fabian, quelqu'un qui travaillait à Sainte-Mangouste, de recruter ce type-là. Elle était restée plantée sur sa chaise, droite comme un piquet, les doigts crispés autour de sa chope de bière, tentant vainement de repousser les stupides souvenirs que la seule évocation de ce nom faisait remonter à la surface. Ce n'était pourtant pas faute de les avoir soigneusement mis sous clé dans un coin de sa tête, non. Peut-être aurait-elle pu résister, refuser même, si elle n'avait pas tant de mal à remonter la pente depuis le Nouvel An. A croire que l'attaque des mangemorts l'avait affaiblie plus qu'elle ne le croyait. Après tout, elle s'en était sortie durant des années sans – trop – penser à Theodore et à ce qu'ils avaient vécu ensemble. Il fallait bien qu'elle soit dans un moment de faiblesse pour qu'un simple nom la mette dans l'embarras. Et si ce moment durait déjà depuis plusieurs mois, well, personne n'avait besoin de le savoir. Personne n'avait demandé, de toute manière.

Avec un soupir agacé, elle finit par se décoller du mur contre lequel elle était restée appuyée le temps d'une cigarette – ou peut-être trois mais pour ça non plus, personne n'avait besoin d'être mis au courant – et jeta son mégot d'une main peu assurée. Elle ne pouvait pas reculer, pas après avoir utilisé tous les prétextes et excuses en tout genre face à Dumbledore chaque fois qu'il avait pris des nouvelles de sa petite mission personnelle. Il n'était certainement pas dupe, même s'il avait eu la délicatesse de feindre de gober le moindre de ses mensonges – même le pathétique oh, right, totally forgot about that qu'elle avait eu l'audace de lui servir la première fois qu'il avait demandé. On lui avait donné du travail et, certes, il lui arrivait de manquer totalement de professionnalisme au ministère, mais avec l'Ordre, c'était différent. Cette fois, en tout cas, ce serait différent.

Les mains dans les poches, l'air prétendument détaché, Dorcas s'engouffra dans le hall de l'hôpital et, avec l'assurance de quelqu'un qui connaît plutôt bien les liens, gagna l'accueil, non sans se doter d'un large sourire. Un peu trop forcé ? Oh, peut-être, oui, mais la sorcière qui lui faisait soudainement face ne sembla pas vraiment s'y attarder. « Je cherche un médicomage, un certain Lewis ? » fit l'auror, feignant d'avoir des doutes sur le nom qui l'obsédait légèrement depuis qu'on lui avait assigné le cas. Lewis, Lewis, Lewis. C'était étrange de le prononcer à nouveau, amer et lourd de sens mais curieusement familier. Dorcas n'aimait pas ça du tout mais elle s'efforça de garder le sourire. Ce n'était pas le moment d'éveiller les soupçons de qui que ce soit. « Au fond du couleur, à gauche, lâcha finalement son interlocutrice, d'une voix nasillarde qui n'augmentait en rien son capital sympathie. Il devrait être dans son bureau normalement » ajouta-t-elle, probablement parce qu'elle avait pris la vague surprise de Dorcas pour de l'incompréhension. Truth to be told, la jeune femme s'était un peu accrochée à l'espoir qu'il ne soit pas là, l'hypothèse de pouvoir enfin fournir une vraie excuse à Dumbledore sur le manque total de résultats. Que Lewis soit rentré tranquillement chez lui retrouver sa charmante petite épouse à une heure décente ou quelque chose dans ce style-là. C'était surtout pour ça qu'elle avait décidé de transplaner devant Sainte-Mangouste bien après vingt-trois heures, plus que par réelle envie de passer une partie de la nuit à errer dans les couloirs de ce stupide hôpital.

Et pourtant, here she was, à longer un mur qui paraissait sans fin. Les yeux perdus dans le triste spectale qu'offraient les murs pastels, elle manqua presque le fameux bureau et pila tout net devant la porte avec la très perturbante impression de s'arrêter au bord d'un gouffre. Mais tout allait très bien, elle ne risquait rien, sinon de perdre la face. Sa fierté pouvait encaisser. Right ?

Dans le fond, elle savait qu'elle trouverait le moyen de se défiler si elle restait là plus longtemps, aussi finit-elle par pousser la porte d'une main, l'autre toujours serrée sur sa baguette. Son coeur s'affola, tapant si fort qu'il en sifflait contre ses tympans, et elle s'efforça de se calmer mais l'air semblait ne plus atteindre ses poumons. Quelle drôle d'idiote elle faisait. « Lewis, lâcha-t-elle, la gorge serrée, j'espère que tu pardonneras la visite tardive mais en même temps, si tu es toujours là, c'est que tu n'as rien de mieux à faire, si ? » Elle haussa un sourcil et, d'un bref moulinet du poignet, verrouilla la porte de sa baguette avant de se laisser tomber sur l'un des deux sièges qui faisaient face à la table de travail. À l'aise ? Oh non, pas vraiment.


Dernière édition par Dorcas Meadowes le Ven 4 Mai - 16:52, édité 1 fois
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Theodore Lewis
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MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyMer 2 Mai - 19:13

La journée avait été épuisante, même si elle avait commencé tard. Il avait du supporter quelques patients des plus désagréables, trois blessures incompréhensibles, et un gosse très malade. Il avait réussi à s'occuper des premiers avec son éternel sourire et son charme naturel avait fait son travail. Les secondes lui avaient demandé plus de temps, et il ne pouvait s'empêcher de maudire les sorciers qui trouvaient le moyen d'inventer de nouveaux sortilèges et de le forcer à retourner les bouquins qui ornaient les étagères de son bureau pour tenter de trouver un contre-sort décent. Le gosse malade lui avait pris le reste de la soirée, à discuter avec lui pour le rassurer quand à son traitement. Rassurer l'enfant, puis rassurer les parents, que la procédure n'était qu'une procédure de routine, sans aucun risque, qu'il aurait pu la faire les yeux fermés. Parce qu'étrangement, son sourire ne suffisait pas à calmer les parents paniqués. Et une fois tout le monde ramené à sa chambre, avec les bonnes indications de traitement, il avait pu prendre une pause. Juste une heure, pour manger en dix minutes un repas préparé trois jours plus tôt lors de sa journée de repos. Et passer le reste de l'heure à promener son chien puis à jouer avec lui. Parce que si les enfants malades avaient tendance à lui peser sur le moral, Rhian savait toujours y remédier. L'American Bully était une vraie boule de bonne humeur.

Puis le retour à l'hôpital. Le boulot n'attendait pas, et il ne s'en plaignait pas. Sauf peut-être quand, comme ce soir, sa nuit allait consistait à s'occuper de la paperasse qui s'accumulait sur son bureau. Pour un peu, il aurait espéré que les urgences soient surchargées et n'aient pas d'autre choix que de lui demander de venir aider. Mais la journée avait été calme de ce côté-là, et la soirée semblait partie pour être de la même veine. Alors pour repousser le moment fatidique où il finirait cloué derrière son bureau, il fit une dernière fois le tour des chambres de ses patients pour vérifier que tout allait bien. Il discuta rapidement avec les infirmières et infirmiers de garde pour la nuit, leur rappelant qu'ils pouvaient venir le chercher au moindre problème. Même s'il savait bien que ça ne suffirait pas à le sauver de l'ennui mortel de la paperasse. Il adorait son métier, mais il fallait bien qu'il ai des défauts aussi. Rien n'était parfait, après tout.

Et enfin, il finit par atterrir dans son bureau. Celui-ci n'avait rien de particulier, juste un bureau comme un autre. Si ce n'était son balai de quand il était à Poudlard posé dans un coin de la chambre, son diplôme de Medicomage encadré, la cravate verte et argent de son ancienne maison qui traînait en vrac sur le bord de sa bibliothèque, et une collection de bouquin de médecine, aussi bien moldus que sorciers. Et sur son bureau, la photo d'Allia avait disparu depuis longtemps et il ne restait plus que les feuilles de soin des patients qui traînaient, les documents à remplir pour l'administration, deux bouquins qu'il avait utilisé dans la journée, et un verre de whisky qu'il s'était autorisé, parce que la journée était de toute évidence terminée, et il lui fallait bien ça pour tenir face à la paperasse.

Il ne releva pas la tête quand la porte s'ouvrit ni qu'elle se ferma, il n'était pas rare qu'on se trompe de bureau ou qu'une infirmière vienne déposer un dossier sur son bureau sans le déranger pour autant. Et il était trop occupé à essayer de comprendre ce qu'il était sensé mettre dans la case de ce foutu questionnaire que la direction lui demandait de remplir. Il quitta la feuille en entend son nom. Et surtout cette voix. Il n'aurait pas pensé la reconnaître avec tant de facilité après presque dix ans. Il fallait croire qu'elle l'avait marqué. L'entendre l'appeler par son nom de famille avait quelque chose d'étrange. Et alors qu'il croisait son regard, il crut un instant que son cerveau allait cesser de fonctionner.  Il lui faisait pourtant confiance, leur routine fonctionnait bien. Pendant dix ans ils avaient réussi à ne pas se croiser ou du moins ils avaient réussi à prétendre qu'ils ne se voyaient pas, et ça lui avait bien simplifié la vie. Et la voilà qui débarquait dans son bureau, dans son hôpital, dans sa vie, dans l'un des rares endroits où il se sentait chez lui. La voilà qui se rappelait à lui, et faisait remonter à la surface bien trop de souvenirs. Et maintenant qu'elle était là, il se rendait compte à quel point il avait vécu dans le déni. Et à quel point c'était une bonne chose, le déni. Il n'avait pas besoin de ces souvenirs. Il n'avait pas besoin de ces souvenirs qui lui serrèrent la gorge une seconde. Il n'avait pas besoin d'elle qui lui embrouillait l'esprit. Ou bien peut-être qu'il avait besoin d'elle, et que c'était bien ça le problème.

Il haussa un sourcil surpris quand elle affirma qu'il n'avait rien de mieux à faire avant de les froncer en la voyant verrouiller sa porte. Il souleva d'une main un paquet de feuilles trop épais à son goût qu'il laissa retomber sur le bureau avec un bruit sourd. « Je travaille. » S'il n'avait rien de mieux à faire, il serait surement à boire un whisky dans un bar quelconque plutôt que d'être ici. Mais cela ne servait surement à rien d'essayer d'expliquer ça à la jeune femme. Un soupir lui échappa. « Mais on va faire vite, que je puisse m'y remettre. De quoi tu as besoin Do...rcas? » Il avait peut-être manqué que l'appeler par son surnom. Peut-être. Mais il n'était de toute façon pas assez mesquin pour lui rendre la pareille l'appeler par son nom de famille. Il n'allait par contre pas perdre son temps à se faire de faux espoirs, à se demander pourquoi elle était venue le voir, et à espérer quoi que ce soit de nouveau avec elle. Il était passé par là, et il avait réussi à passer à autre chose. Il n'allait pas gâcher ses efforts, juste parce que le simple de la voir réveillait en lui un certain nombre d'émotions qu'il aurait préféré pouvoir faire taire. Dorcas n'était pas là pour ses beaux yeux. Depuis le temps, ils étaient devenus pro dans l'art de s'ignorer l'un l'autre, et si elle débarquait ainsi, c'était qu'elle devait avoir besoin de quelque chose. Et à dire vrai, cela l'intriguait presque autant que ça lui faisait du mal, parce qu'il ne voyait pas ce qu'il pouvait bien avoir à lui offrir qu'elle ne pouvait trouver ailleurs.
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Dorcas Meadowes
Dorcas Meadowes
MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyMer 2 Mai - 22:31

Sous l'épaisse couche de sarcasme dans laquelle elle avait choisi de se draper, Dorcas n'en menait pas large. C'était un exploit que sa voix n'ait pas flanché d'entrée de jeu et presque un miracle si elle parvenait à rester immobile face à lui, les mains crispées sur l'accoudoir de sa chaise. Elle rechignait rarement à la tâche, ne refusait jamais une mission, ne reculait jamais devant un duel mais c'était là une entrevue qu'elle aurait volontiers fui à toutes jambes. Seulement, si avant d'entrer dans ce bureau, se dérober était restée une possibilité, elle ne pouvait plus reculer à présent. Elle était trop fière pour ça, trop fière pour lui laisser croire, ne fût-ce qu'une seule seconde, qu'elle n'était pas en pleine possession de ses moyens. Trop fière pour le laisser imaginer combien il était compliqué pour elle de se retrouver assise là. Dumbledore avait ordonné et elle obéissait, malgré ce que ça lui coûtait.

Elle haussa un sourcil devant sa petite démonstration, réplique parfaite au venin qu'elle avait craché par réflexe. Après tout, la meilleure défense restait toujours l'attaque. Pas sûre, toutefois, que Moody aurait approuvé la méthode cette fois. Il n'était pas question d'envoyer un mangemort croupir au fond d'une cellule sombre et humide, non. Il fallait faire preuve de finesse, qualité qui avait toujours fait cruellement défaut à Dorcas. Elle se força à sourire, tâchant de ne pas tiquer devant la manière dont il avait traîné sur son prénom, ni sur la sonorité familière qu'il avait dans sa bouche. De longues années s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre et ce différend, pour le moins fâcheux, qui avait mis fin à leur petite relation mais elle avait encore dans l'oreille ses soupirs et sa tendresse. Et ce surnom, Merlin, ce surnom. Elle ne l'avait jamais accepté que de ses lèvres, murmuré contre sa joue ou au creux de son cou, toujours refusé, rejeté d'autres bouches. C'était stupide, elle le savait, se détestait de tant de faiblesse d'ailleurs. Elle n'était plus une gamine, n'était même plus l'idiote qui s'accaparait les soirées d'un homme marié dans un élan de pur égoïsme. Elle avait changé et, pourtant, sous le regard vif de Theodore, elle avait l'impression d'avoir à nouveau vingt-quatre ans. Mue par un vieux réflexe qu'elle regrette immédiatement, elle baissa les yeux sur ses mains, perdues au milieu de toute cette paperasse. Fût un temps où elle les observait discrètement, appréhendant presque d'y trouver cette alliance qui la laissait perplexe à l'époque.  Elle ne s'en était jamais souciée outre mesure, parce qu'elle tenait à son indépendance, parce qu'elle ne connaissait pas cette femme qu'il trahissait en venant la rejoindre, parce qu'elle était bien trop douée pour se trouver des excuses afin de ne pas trop y penser. Le fait était que le bijou lui semblait lourd de sens lorsqu'elle brillait faiblement au doigt de Theodore mais plus lourd encore lorsqu'il n'y était pas. Dorcas se redressa, relevant les yeux vers lui. Cette vérification, vieille habitude un rien sordide, n'avait pas lieu d'être, elle le savait mais elle dût se mordre la joue pour s'empêcher de demander, mesquine, des nouvelles de sa femme. Elle n'était pas là pour remuer de vieux souvenirs, ni pour relire une page qu'ils avaient tous deux parcouru à de trop nombreuses reprises. Une page tournée, qui devait le rester. Dorcas était là pour une seule raison et il fallait qu'elle reste concentrée. « Moi, je n'ai besoin de rien. Je n'attends rien de toi, je pensais que c'était clair, tu sais, avec toutes ces années de silence » lança-t-elle, fronçant légèrement les sourcils, un sourire figé et froid sur les lèvres. So much for keeping that book closed. « Non, en fait, reprit-elle très vite, c'est Dumbledore qui m'envoie. Ton... cas l'intéresse, précisa-t-elle après une seconde de réflexion, et il semblerait qu'il te fasse confiance, pour une raison qui m'échappe. En même temps, l'esprit de ce vieux fou est impénétrable et c'est certainement mieux comme ça. Alors ? Je développe ou tu es trop pris par toute ta paperasse certainement très passionnante pour m'écouter ? » D'un bref signe de la main, elle désigna l'épais tas de papiers qu'il avait eu la gentillesse de soulever une minute plus tôt pour illustrer sa charge de travail. Please say no, please say no. Elle aurait donné à peu près n'importe quoi pour qu'il soit d'accord avec elle, juste cette fois et qu'elle puisse disparaître pour de bon de sa vie et lui de la sienne. Juste cette dernière fois.
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Theodore Lewis
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MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyMer 2 Mai - 23:48

Il la regardait et il se sentait tellement paumé. Partagé entre des émotions qu'il ne savait pas comment accorder. De la rancune, parce que même s'il voulait se croire plus mature que ça, il ne lui avait jamais pardonné leur dernier échange. Oui, de la rancune avant tout, nourrie insidieusement par ces années de silence. De l'amertume aussi, parce que s'il lui en voulait, c'était qu'elle lui avait fait du mal, avec son manque de confiance. Beaucoup de mal. Et malgré dix années de silence et d'émotions refoulées, il ne s'en était pas vraiment remis. De la tendresse, définitivement. Une petite partie de lui avait juste envie de la prendre dans ses bras et d'enfouir son nez contre sa peau pour respirer encore une fois son odeur. Des regrets, pourquoi pas. Après tout, il aurait pu se contenter de lui expliquer calmement qu'il avait changé, ne pas le prendre comme une attaque personnelle... Mais quelles que soient ces émotions, ce n'était pas vraiment difficile pour lui de savoir comment réagir, quand l'attitude de Dorcas lui renvoyait une telle animosité.

Elle n'avait besoin et n'attendait rien de lui. Très bien. Il s'apprêtait à la raccompagner vers la sortie aussi vite, parce que si elle voulait jouer à la maline, il n'était pas près pour ça. Il ne lui avait pas demandé de venir, il ne lui avait pas demandé de se rappeler à son bon souvenir. Et si les joutes verbales lui plaisaient particulièrement, pour le coup, il s'en serait bien passé. Mais elle reprit la parole avant qu'il n'ai eu le temps de l'envoyer balader. Elle reprit pour lui sortir un pitch étrange, et il la dévisagea un instant avec de lui répondre. Elle n'était donc pas là de son plein gré et de toute évidence, elle n'avait pas changé d'avis sur lui depuis dix ans. Voir depuis 18 ans, même. Et cela lui coupait aussi vite toute envie de tendresse. Alors certes, il avait plus envie de s'occuper de sa paperasse chiante que de la supporter plus longtemps, mais il avait aussi envie de la faire chier. Et si elle le voyait comme un connard de base, elle aurait sans doute préférer passer sa soirée ailleurs. Alors un petit ricanement lui échappa alors qu'il se reculait dans son siège et croisait les bras sur son torse.

« Et il t'envoie toi pour me demander quelque chose? » Il ne put s'empêcher de ricaner à nouveau. De toute évidence, le vieux consommait toujours des trucs louches, il n'y avait pas d'autres explications. Envoyer la personne le méprisant le plus au monde pour ça. What else? Peut-être qu'en fait, ça finirait par être le meilleur divertissement qu'il n'ai vu depuis quelques temps. Il fallait bien avouer qu'il avait besoin de rire un peu. « Ma paperasse peut attendre. Je ne voudrais pas rater ça. » Un sourire moqueur s'étalait sur ses lèvres alors qu'il attendait la suite. Pour un peu, il serait redevenu le petit con qu'il avait été à Poudlard et qui n'attendait que de la voir se planter. Pour un peu, il n'en aurait rien eu à faire. Elle était persuadé qu'il n'avait pas changé, et pour le coup, il se portait volontaire pour lui donner raison. Après tout, ça ne les avait pas empêché de passer quelques bons moments à l'époque, alors ça ne devrait pas la gêner plus que ça aujourd'hui. Il attrapa sa baguette pour se verser un nouveau verre de whisky, il allait en avoir besoin pour avaler la pilule, avant de se caler confortablement dans son fauteuil. Elle n'était pas son invitée, et il n'avait pas besoin de faire preuve d'une quelconque hospitalité. Il se contenta de lui faire un petit geste de la main. « Développe donc. »
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Dorcas Meadowes
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MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyJeu 3 Mai - 13:36

Elle avait la très nette impression que la tension, déjà bien présente dans le moindre de ses mouvements lorsqu'elle avait passé la porte, était montée d'un cran, tordant ses muscles de crispation. Et, vraiment, c'était entièrement sa faute. C'était elle qui avait attaqué la première, parce qu'elle ignorait comment gérer la situation – ou n'importe quelle situation un tant soit peu dangereuse pour elle, vraiment – autrement. Les rapports humains, quel qu'ils fussent, n'étaient pas son fort, ne l'avaient jamais été d'ailleurs. Elle ignorait comment se lier d'amitié à quelqu'un, ignorait aussi comment garder ses amis, lesquels se comptaient facilement sur une seule main. A la réflexion, ses rares amis ne lui avaient pas vraiment laissé le choix, à l'image de Fabian ou encore Sierra. Ils acceptaient ses humeurs sans les laisser passer, rassuraient ses élans de paranoïa et semblaient sincèrement tenir à elle, malgré tout ce qu'elle pouvait leur dire pour les faire fuir. Quant aux autres, Dorcas n'était pas certaine de pouvoir les qualifier d'amis. Gideon ? Ha, ha, fucking ha. Oengus ? Peut-être, mais plus pour longtemps. Le reste, elle s'en approchait peu. La moitié de l'Ordre devait la prendre pour une cinglée de la trempe de Moody, tout comme le Ministère d'ailleurs. Et il y avait Theodore, qu'elle avait réussi à faire fuir en bonnes et dues formes. Ils n'étaient pas amis, ne l'avaient jamais vraiment été et, fatalement, elle ne savait pas comment se comporter avec lui, sinon en se protégeant sous une épaisse couche d'ironie acide, fort utile devant ce sale petit air satisfait qu'il affichait à présent.

Elle encaissa sans broncher les réflexions, accepta les ricanements moqueurs sans bouger, se retenant même de lever les yeux au ciel. L'envie ne manquait pas, pourtant. Elle aurait volontiers fait disparaître son irritant petit sourire suffisant mais elle doutait que Dumbledore soit très heureux d'apprendre qu'un poing était malencontreusement entré en collision avec le visage arrogant d'une hypothétique recrue. Aussi Dorcas s'exhorta-t-elle mentalement au calme, s'efforçant de garder une respiration mesurée, régulière. L'espace d'une seconde, peut-être deux, elle eut une pensée – plutôt malvenue – pour Gideon et ses mains se détendirent sur l'accoudoir, en un réflexe qu'elle n'expliquait pas. Ses sourires de Nouvel An lui revinrent en mémoire, l'air de défi malicieux aussi mais là s'arrêtait cette comparaison malsaine que lui fournissait son esprit un rien tordu. Là où Gideon n'avait, lui aussi, eu aucun mal à répliquer sur le même ton qu'elle en une séduisante invitation à surenchérir, Lewis attendait simplement la meilleure occasion de la démolir verbalement. Si Gideon lui avait inspiré une envie folle de lâcher prise, offrant une vision terriblement grisante de l'abandon, Lewis, lui, réveillait chez Dorcas de violentes pulsions qu'elle expliquait difficilement mais, et surtout, un besoin maladif de garder le dessus, coûte que coûte.

Traversée par un frisson, Dorcas réalisa qu'elle avait cessé de l'écouter, perdue dans un mélange de souvenirs aussi embarrassants qu'inappropriés. Elle se redressa et, le genou gauche agité par un tic nerveux, finit par croiser les jambes dans l'espoir de garder un semblant de contenance. « Dumbledore estime que tu pourrais, comment a-t-il dit déjà ? Ah oui, être un élément utile » lâcha-t-elle avec un bref ricanement. Sèche, concise. Elle n'allait pas s'attarder, elle se sentait déjà mal à l'aise dans son univers, coincée entre les murs chargés de bouquins et son bureau couverts de parchemins. « J'ai essayé de lui expliquer que tu n'étais pas le type le plus fiable du coin mais apparemment, tu vaux le coup d'essayer. Ou quelque chose comme ça » Elle lui adressa un sourire sans joie, sans éclat. « J'imagine que tu te doutes que tous ceux qui ont la chance d'atterrir ici ne sont pas juste des imbéciles qui s'amusent avec leur baguette, pas vrai ? » Par la barbe de Merlin, pourquoi lui avait-on demandé de recruter qui que ce soit ? Qu'il s'agisse de Lewis rendait, évidemment, la tâche plus compliquée encore, d'autant que Dorcas n'avait rien d'une diplomate. Elle ne comprenait pas qu'on puisse hésiter à rejoindre l'Ordre, encore moins qu'on puisse se complaire dans l'ignorance et tourner la tête tandis que des gens mourraient pour avoir être simplement nés dans la mauvaise famille selon quelques fanatiques dégénérés. Elle ignorait comment expliquer, comment convaincre, simplement parce que la question ne s'était pas posée pour elle. « Un de ces jours, ça pourrait être ta mère, ta femme, même toi. Ils ne reculeront devant rien, à moins qu'on les arrête. Mais pour les arrêter, il faut qu'on reste en vie et en bon état. Dumbledore est, certes, un très grand sorcier et nous avons de très bons médicomages, concéda-t-elle, non sans fierté, mais ce n'est pas assez » Sa gorge se serra au souvenir de l'effervescence qui avait suivi la sournoise attaque, au Chaudron Baveur, des contre-sortilèges qui s'improvisaient ici et là, des tables du bar transformés en lits de fortune. Ce n'était pas assez, parce qu'ils n'étaient pas assez, et cela lui coûtait de l'admettre mais si Albus Dumbledore avait décrété que Theodore pouvait être utile, alors c'était certainement le cas. « Alors ? Qu'est-ce que ce sera, Teddy ? reprit-elle, insistant sur ce dernier mot, lourd de sens. Est-ce que je dois expliquer à Dumbledore qu'il s'est lourdement trompé sur ton compte parce que tu auras préféré m'envoyer balader par simple rancoeur ou est-ce que pour une fois dans ta vie, tu vas te décider à prendre une décision courageuse ? » Non, vraiment, la diplomatie ne faisait clairement pas partie de son arsenal et c'était certainement la première et dernière fois qu'on l'envoyait sur ce genre de missions.
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Theodore Lewis
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MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyJeu 3 Mai - 15:26

Sa présence ici avait suffit à replanter violemment le couteau dans la plaie qui n'avait jamais réellement cicatrisé. Et il semblait qu'à présent ils prenaient plaisir de le remuer chacun leur tour. Le plus simple aurait forcément été de la mettre à la porte et de s'épargner tout ça, mais il fallait croire qu'il aimait souffrir. Ou bien qu'il se fichait des plaies ouvertes si cela signifiait qu'il pouvait la revoir un peu plus longtemps. L'entendre un peu plus. Mauvaise idée. Chaque mot dans la bouche de Dorcas ne semblait être là que pour teinter un peu plus d'amertume ces quelques souvenirs qu'il avait gardés précieusement. Parce que si l'amour rend aveugle, il avait du l'être, amoureux. Aussi ridicule que ça puisse lui paraître à présent. Il s'était laissé emporté comme un pauvre gosse, il s'était fait des films sur leur relation, sur eux, sur ce qu'ils pouvaient devenir. Mais il n'y avait jamais eu d'histoire entre eux, pas de relation, juste du cul, et le mépris de la demoiselle. Alors oui, elle avait réussi à le déstabiliser simplement en entrant dans la pièce, mais l'avantage avec Dorcas était que plus elle parlait, plus il se rappelait pourquoi il était parti sans faire demi-tour.

Et elle invoquait Dumbledore comme seul responsable. Ne manquant pas de se distancier autant que possible de cette décision. Elle n'avait pas besoin d'insister, il savait bien qu'elle n'avait aucune estime à son égard. Cela ne l'empêcha pas de ciller malgré tout un instant alors qu'elle se faisait un plaisir de lui expliquer qu'elle avait tenté de convaincre le vieux fou de son erreur. Il savait, mais ça lui faisait toujours autant de mal de l'entendre. Il se ressaisit en avalant une gorgée de whisky. Et son regard se perdit au fond de son verre alors qu'elle lui débitait son discours. Son sourire s'était envolé. Elle n'avait pas besoin de lui expliquer le tragique de la situation, les blessés ne manquaient pas d'atterrir à Sainte Mangouste. Et il soignait tout le monde sans s'inquiéter de savoir s'ils se trouvaient parmi les civils, les Mangemorts, ou l'Ordre. Ce n'était pas son travail de juger. Le Ministère était là pour ça. Lui avait déjà bien assez à faire à s'occuper de soigner les gens. Et c'était tout ce qui l'intéressait.

Il releva les yeux vers elle quand elle l'appela par son surnom. Choix malvenu. Si elle pensait pouvoir le manipuler en lui rappelant leur histoire ensemble, elle aurait mieux fait de commencer en douceur plutôt que de lui sauter directement à la gorge. La formulation de la question le fit soupirer. Evidemment, tout était noir ou blanc, à quoi d'autre s'attendait-il avec Dorcas? Être lâche ou être suicidaire. Le choix était franchement ridicules. Mais si on ne rentrait pas dans les cases qu'elle avait sorties de sa manche, alors on ne méritait que son mépris. Sauf que ses cases, elle pouvait se les garder, il n'était pas intéressé. L'impressionner n'était définitivement plus dans ses plans. Il avait déjà essayé, et l'échec avait été cuisant.

« Ma mère saura se défendre. Je n'ai pas besoin d'attirer leur attention sur elle. Ni sur mon père. » Ni sur son chien. Une femme, il n'en avait plus, et c'était bien comme ça. Moins de personnes pour qui s'inquiéter. Mais définitivement rejoindre l'armée de Dumbledore ne lui semblait pas franchement la bonne idée pour protéger ses proches alors que ceux-ci deviendraient des cibles privilégiées si son affiliation venait à être connue. Les protéger, c'était garder la tête basse, faire son boulot, et ne pas jouer au con. Tant pis si des abrutis pédants se croyant mieux que le reste devaient le prendre pour un lâche, il s'en remettrait sans trop de soucis. « Et puis je suis pas sûr que tu ai bien expliqué le problème à l'autre vieux, tu as pas peur que j'aille tout rapporter à mes "amis"? » Un sourire froid et amer passa sur ses lèvres avant qu'il reprenne sans lui laisser le temps de répondre. Parce qu'il se doutait qu'elle lui avait bien expliqué. Et parce qu'elle était sûrement persuadé que c'était ce qu'il ferait. « Tu sais ce que tu vas dire à Dumbledore? Que s'il veut essayer de me vendre quoi que ce soit, il ferait bien d'envoyer quelqu'un qui ne me voit pas comme le dernier des connards. En attendant, si vous avez besoin de moi, je serais ici à soigner tous les blessés qui arriveront, aussi bien de l'Ordre que les civils. Vous savez où me trouver. » Parce que soigner des petits soldats suicidaires, il pouvait sûrement s'en charger, mais à les civils, et les dégâts collatéraux avaient bien plus besoin de lui. Il avala une nouvelle gorgée de whisky, son regard glacial planté dans celui de Dorcas. « Et tu peux lui faire savoir que d'essayer de me recruter en m'envoyant la dernière femme que j'ai aimé, c'était un coup bas. Même pour lui. »
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Dorcas Meadowes
Dorcas Meadowes
MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyJeu 3 Mai - 22:15

Evoquer la mère de Lewis et insinuer qu'elle n'était pas en sécurité ne l'emplissait pas de fierté, bien au contraire, et Dorcas tiqua lorsqu'il insista sur le fait qu'elle était tout à fait capable de se défendre face aux mangemorts. Sa mère à elle n'avait pas eu cette chance. Sa mère n'avait eu aucune chance face à des sorciers, jamais, jusqu'à la fin. Lèvres pincées, elle détourna le regard. Le deuil était un phénomène curieux. On s'imaginait avoir tourné la page mais une simple réflexion, pourtant sans grand rapport, suffisait à remuer des souvenirs douloureux. Et en même temps, avait-elle réellement fini de pleurer ses parents ? Le meurtre de sa mère était la raison même de son entrée dans l'Ordre du Phénix, la disparition de son père l'avait confirmée. Elle se battait pour eux, pour éviter la même souffrance à d'autres. Elle n'aurait pas dû attaquer Theodore sur ce plan-là, c'était au moins un regret qu'elle pouvait reconnaître mais comme bien souvent, il était trop tard. Elle agissait toujours à l'instinct, suivait ses intuitions, si mauvaises qu'elles pouvaient être. C'était comme ça qu'elle se battait, ainsi qu'elle survivait, mais ça n'empêchait pas les erreurs, loin de là. « Estime-toi heureux qu'ils soient à l'abri » ne put-elle s'empêcher de lâcher, amère. Le reste de sa phrase, pour l'instant, resta coincé au fond de sa gorge, trop brutal pour être prononcé.

Toute impulsive qu'elle était, Dorcas n'en était pas moins observatrice. Il aurait fallu être sourd pour ne pas remarquer qu'il n'avait absolument pas évoqué sa femme. La satisfaction qu'elle éprouva était vaguement malsaine mais elle ne s'attarda pas trop là-dessus. Après tout, peut-être s'était-il découvert une conscience, depuis toutes ces années. Peut-être l'avait-il finalement quittée aussi. Cela ne la regardait pas et, à la réflexion, elle n'était pas vraiment sûre de vouloir le savoir. À quoi bon s'y intéresser de toute manière ? Elle n'avait pas jamais posé de questions à l'époque et n'allait certainement pas commencer maintenant.

S'il lui avait semblé sur la défensive jusqu'à présent, il était évident que Lewis avait décidé de passer à l'offensive. La référence à leur ultime conversation ne lui échappa pas et, le temps d'une seconde, elle eut envie de rire, presque amusée, mais il ne lui laissa pas le temps de réagir, assénant reproche après reproche avant de balancer le coup de grâce, sans sourciller, les yeux rivés aux siens. La dernière femme que j'ai aimé. Elle recula dans sa chaise avec la désagréable impression d'avoir reçu une gifle en plein visage. Affronter Dolohov aurait été certainement moins douloureux. Il n'avait pas le droit. C'était elle, le coup bas ? Ha, quelle bonne blague. Il lui semblait un peu trop facile de faire ce genre de déclarations, après tant de temps. Après l'avoir sautée durant des années dans le secret de son appartement avant d'aller retrouver sa charmante épouse. Après l'avoir laissée pour une simple remarque. Il s'était contenté de disparaître, d'emporter avec lui la chaleur de ses draps et les rires qui ricochaient si mélodieusement contre les murs. Il y avait toujours eu quelqu'un pour lui, une fois sa porte refermée, mais elle s'était retrouvée seule. Seule après s'être habituée à sa présence, seule après avoir construit son quotidien sur le sien. Et il osait aujourd'hui lui lancer ça en plein visage ? Comme si elle était responsable de ses prétendus sentiments ? Où était-il, lui, quand elle avait dû gérer les siens et ce gouffre immense dans sa vie ? Chez lui, certainement heureux ou, at the very least, satisfait, avec sa femme. Quel sale petit hypocrite. « Oh, et tu en connais un rayon, en coups bas, pas vrai ? » articula-t-elle, glaciale. Elle réalisa qu'elle tremblait, sans doute assez pour qu'il le remarque, et dans une vaine tentative de retrouver son calme, Dorcas se leva, les bras collés le long des flancs. Ses mains s'étaient serrés en deux poings furieux, des poings qu'elle aurait volontiers fait pleuvoir sur le visage de ce sale petit con. Il n'avait pas changé, pas d'un poil, et elle regrettait amèrement de n'avoir pas su dire non à cette mission terrible. « Tu as été à bonne école, n'est-ce pas ? Mais, oh, j'oubliais, non, tu n'étais pas comme les autres, ce n'était pas de ta faute, tu n'étais qu'un gamin, tu voulais juste qu'on t'aime ! » Elle avait presque crié le dernier mot, toute la rancoeur accumulée depuis son départ semblant dégueuler d'un coup, comme explosant d'une boîte où elle avait été trop longtemps confinée. Secouée par un rire nerveux, si sec qu'il prenait des airs de sanglots, elle croisa les bras puis couvrit sa bouche, faible tentative de contenir ces bruits pathétiques. « Tu as trouvé le plan parfait finalement. Le bon médicomage, si noble, si altruiste, oh les foules doivent t'adorer, ricana-t-elle en secouant la tête, je l'ai presque cru, quand il m'a brossé ton portrait. Comme s'il n'était pas au courant qu'on se connaissait, ah, tu parles. Il est vicieux, vraiment vicieux. Vous verrez, Meadowes, continua-t-elle dans une piètre imitation de la voix de Dumbledore, il est fiable, c'est quelqu'un de bien, vous êtes bien placée pour savoir qu'avoir fait partie des serpentards ne veut rien dire. Je l'ai presque cru » répéta-t-elle, plus bas, dans un murmure. Elle ignorait où elle allait, avec ce petit discours fragile. Ignorait ce qu'elle voulait lui dire, incapable de démêler les reproches des accusations qui se mêlaient dans sa tête. « Mais j'imagine que tu devrais te réjouir. Pour une fois, tu ne m'as absolument pas déçue » conclut-elle faiblement, sans force, sans hargne. Presque comme si l'entendre parler d'elle en des mots aussi simples que frappants l'avait vidée.
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Theodore Lewis
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MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyJeu 3 Mai - 23:02

S'il s'estimait heureux que sa famille fut à l'abri? Il n'était tout de même pas si naïf. Sa mère savait se défendre, mais même la meilleure des duellistes ne pourrait rien contre des Mangemorts déterminés. Et il en était bien conscient. Il ne voyait pas en quoi s'engager leur servirait à eux. Tout ce qu'il pourrait faire, c'était les mettre encore plus en danger. Alors, certes, ils n'était pas en sécurité, mais la sécurité était un concept bien trop surfait pour Theo. La maladie qui touchait son père en était la preuve. Celle qui avait emporté sa sœur également. Après tout, il n'y avait pas besoin de guerre pour qu'on perdre ses proches trop vite. Cela arrivait à tout le monde. Le climat actuel ne faisait qu'accélérer la cadence. Oh, il n'était pas si défaitiste que ça, mais il savait relativiser. Et il savait surtout ne pas se laisser avoir par des arguments stupides. Se joindre à la guerre ne lui apporterait rien, n'apporterait rien à ses proches, et n'apporterait rien aux civils qu'il ne pourrait pas soigner faute d'être à son poste au moment adéquat. Que ceux avides de faire la guerre meurent, c'était une chose qu'il pouvait accepter, mais pour les autres il avait le devoir de faire de son mieux pour les protéger. Même si ce n'était qu'à son maigre niveau, en soignant les blessés qui finissaient toujours par atterrir à Sainte-Mangouste.

Il n'aurait peut-être pas du dire les choses ainsi, mais les seuls moments où Theo faisait preuve d'un minimum de tact, c'était quand il était confronté à ses patients. Et encore. Il savait déléguer la tâche des annonces difficiles à des infirmières plus tendres que lui. Il n'était pas du genre à mentir, non, mais c'était peut-être à cause d'un certain goût pour l'honnêteté crasse. Celle qui fait mal et que personne ne veut entendre. Alors peut-être que pour une fois, il n'aurait pas du dire les choses telles qu'il les pensait, mais il ne s'était pas attendu à ça. Les reproches de Dorcas, ses poings serrés, sa haine palpable. Non, il ne s'était pas attendu à ça. Lui, adepte des coups bas? Il ne voyait pas de quoi elle voulait parlé. Parce que de toute évidence, ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde, ni maintenant, ni aujourd'hui. Parce que pour elle, le monde était en noir et blanc, et elle ne lui pardonnait pas de n'avoir pas été aussi parfait qu'elle. Vraiment. Et il pouvait s'y faire. Il pouvait se laisser gueuler dessus alors qu'elle ridiculisait sa vaine explication qu'il lui avait donné des années plus tôt. Quand il avait cru une seconde qu'elle pourrait comprendre. Qu'il pourrait être plus que ça à ses yeux. Plus que ce con de gosse prêt à tout pour faire partie du groupe.

Il était prêt à la laisser soulager son coeur, jusqu'à ce qu'elle se foute de son boulot. Oh, le plan parfait. Oui. A voir des types crevés parce que des cons avaient décidé que c'était l'heure de faire la guerre et qu'il n'en avaient rien à foutre des dommages collatéraux. Un vrai plaisir. Qu'est-ce qu'on ferait pas pour la gloire. Cette idiote n'avait simplement aucune idée de ce à quoi ressemblait sa vie, et elle se permettait de juger. Encore. Parce que si ses motivations à elle se limitaient à "je veux être la plus vertueuse du monde", elle ne pouvait pas comprendre la complexité du raisonnement des autres. Le monde en noir et blanc, ça devait tellement simplifier la vie. La raison pour laquelle il avait choisit ce boulot, il n'en avait jamais parlé à personne, et Dorcas ne devait même pas savoir qu'il avait eu une soeur. Qu'est-ce qu'elle savait de lui, après tout? Rien. Et c'était sur ça qu'elle se permettait de le juger. Elle, la pauvre héroïne qui se retrouvait contrainte de venir lui parler à cause de l'excentricité de son chef. Il soupira à sa dernière remarque. « Je vois mal comment te décevoir quand je ne suis qu'un sale con adepte de la pureté du sang. » Il n'avait pas le courage ni l'énergie d'arrondir les angles. Il attrapa sa baguette et déverrouilla la porte d'un mouvement de poignet. « Tu sais comment retrouver la sortie. » Et il replongea le nez dans ses feuilles pour lui signifier clairement que la discussion était finie. Il avait du boulot. Elle avait son opinion sur lui et il n'avait pas attendu dix ans juste pour pouvoir essayer de la changer. Elle dirait ce qu'elle voulait à Dumbledore, c'était le cadet de ses soucis. Plus qu'il n'en voulait à Dorcas pour quoi que ce soit, il en voulait à ce vieux con de l'avoir envoyée le chercher. Comment son armée pouvait espérer arriver à quoi que ce soit avec un chef aussi décalqué.
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Dorcas Meadowes
Dorcas Meadowes
MessageSujet: Re: theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me   theodore | we're just two ghosts standing in the place of you and me EmptyJeu 10 Mai - 14:41

Theodore Lewis était un imbécile et, certes, ça n'avait rien d'une nouveauté mais jamais Dorcas ne l'avait pensé avec autant de force, ni de violence. Ce calme froid lui donnait envie de hurler encore, de le secouer pour lui faire comprendre qu'il ne pourrait pas se permettre de garder la tête baissée indéfiniment. Lui faire ouvrir les yeux, coûte que coûte. Pourquoi cela lui importait-il tant ? Il n'était plus rien pour elle, il était sorti de sa vie et il pouvait bien faire ce qui lui chantait. Right ? Oui, non, ça ne s'appliquait pas si il perturbait le bon ordre de sa mission. Dès le départ, elle avait su que ce ne serait pas simple, ni même une partie de plaisir. Elle s'était doutée qu'elle allait avoir du mal à garder son calme, parce qu'il lui avait toujours inspiré un puissant besoin d'avoir le dessus, coûte que coûte. Si quelques années plus tôt, ils avaient résolu ce genre de problèmes sur l'oreiller – ou sur, voire contre toute surface plus ou moins solide – aujourd'hui, le désir avait disparu, enterré par une rancœur que Dorcas avait décidément sous-estimé. Lui en voulait-elle toujours d'être parti, de l'avoir abandonnée à sa solitude sans lui offrir la chance de s'expliquer ? Oui, clairement. Regrettait-elle de ne s'être elle-même octroyée l'occasion de fournir des explications ? Peut-être, mais c'était une question qui méritait plus de réflexion et, paradoxalement, elle n'avait pas de temps à perdre sur de vieilles histoires. Etait-elle furieuse qu'il refuse d'entendre ce qu'elle avait à dire pour sa cause ? Sans doute, oui. La colère troublait, certes, son jugement mais malgré ses dires, elle avait pleinement confiance en Dumbledore, même si ses idées farfelues la laissaient souvent perplexes. Comme celle-ci, tout à fait saugrenue et vaguement cruelle, de vouloir recruter Teddy. Theodore. Elle savait, au fond, que ce n'était pas une mauvaise idée, non, mais que ça ne fonctionnerait pas. Pas si c'était elle, la messagère. Et elle avait eu raison.

Elle avait l'impression d'avoir à nouveau quinze ans et de chercher par tous les moyens à se défendre contre la bande d'abrutis qui estimaient qu'elle n'avait pas sa place à Serpentard, ni même à Poudlard. Œil pour œil, dent pour dent. Rendre chaque coup, quitte à s'abaisser à leur niveau et plus bas encore. C'était exactement ce qu'elle faisait là, avec lui. And it felt wrong, pour des raisons qu'elle n'avait pas spécialement envie de découvrir.

Derrière elle, la porte se déverouilla, d'un coup de baguette impeccable. Dorcas baissa les yeux, le temps d'une seconde, et l'ombre d'un sourire passa sur son visage. Ses bras glissèrent doucement pour retrouver ses flancs et elle acquiesça, résignée. « Tu n'as décidément rien compris » lâcha-t-elle avant de faire volte-face pour sortir. Claquer la porte lui traversa l'esprit mais elle la laissa grande ouverte finalement, calme d'abord avant de fuir à toutes jambes ce bureau laissé béant. Les murs étaient flous, les visages aussi et avant d'avoir compris ce qui lui arrivait, elle se retrouva à l'extérieur de l'hôpital, non sans avoir aperçu la mine inquiète de l'infirmière à laquelle elle avait parlé un peu plus tôt. Le souffle court, les joues brûlantes, elle s'arrêta sur le parvis de Sainte-Mangouste sans très bien voir ce qui l'entourait avec la sensation d'avoir couru durant des heures. Elle avait échoué. Complètement raté sa mission. Complètement raté ces dernières années, où elle s'était évertuée à penser qu'elle avait tourné la page. Elle n'allait pas de l'avant, non, jamais, elle fuyait. Parce que la fuite était plus douce, plus simple. Parce que faire face à ses erreurs de jugement, à ses sentiments lui paraissait insurmontable, maintenant plus que jamais.

Elle eut un dernier regard avant de transplaner devant les grilles de Poudlard. Dumbledore n'allait probablement pas être ravi mais elle avait échoué, et si quelqu'un allait devoir l'accepter, c'était bien lui.

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