Demandez à Barbara de vous raconter son histoire, et elle vous racontera avant tout l'histoire de la rencontre de ses parents. Parce que c'est là que commence son histoire après tout, non? Sûrement. Mais ça n'est pas une raison pour que ça occupe les trois-quarts de son récit. Enfin, vous pouvez en penser ce que vous voulez. Barbara raconte son histoire comme elle l'entend, et elle n'est pas du genre à se laisser facilement convaincre qu'elle pourrait peut-être avoir tort. Alors que vous le vouliez ou non, elle va reprendre du début.
-----
Il était une fois Monsieur Taylor, un jeune sorcier métisse un brin déluré et peu réfléchi. Le quidditch, c'est sa passion, et il ne vit que pour ça. Alors quand on lui propose de partir loin de sa famille pour une opportunité de carrière aux Etats-Unis, il ne réfléchit pas plus de deux secondes et il s'enfuit vers le nouveau continent. C'est par le plus grand des hasards qu'il s'aventure dans un établissement moldu et propre à la communauté noire américaine. C'est une soirée où la petite scène au fond de l'établissement est ouverte à quiconque ose y monter. Et celle qui y monte peu après qu'il soit entré dans l'établissement capte son attention en moins d'une seconde. Mademoiselle Fishburne est une femme éblouissante qui écrit des textes violents et sans fard. Mademoiselle Fishburne est une femme passionnée, battante et prête à rejoindre tous les mouvements possibles pour faire valoir ses droits au sein de la société américaine. Mademoiselle Fishburne est une femme intriguée par ce jeune anglais qui vient l'aborder, des étoiles dans les yeux.
Ils habitent ensemble très peu de temps après s'être rencontré, et ils partagent tout. Mademoiselle Fishburne découvre le monde des sorciers, et elle est émerveillé par cette magie qui existe réellement et dont elle ignorait tout. Mais elle se demande, tout de même, où étaient ces sorciers quand les siens mourraient en esclavage, ou en tentant de se libérer. Elle s'interroge sur la réalité de la magie vaudou, sur la force de ses ancêtres. Elle veut tout savoir, mais elle n'a pas le temps de tout découvrir, elle n'a pas le temps de s'intéresser au passé, parce qu'elle a trop de combats à mener dans son monde à elle, le monde des moldus.
Mais Monsieur Taylor a une carrière qui l'amène à devoir quitter les Etats-Unis pour rentrer dans son pays natal. Mademoiselle Fishburne accepte alors de devenir Madame Taylor et d'abandonner son pays, ses amis, ses luttes, et tout ce qu'elle connaît. Comme quoi l'amour fait faire des folies. Elle découvre alors la société sorcière anglaise, qui est selon elle "mille fois pire que la société américaine", et décide de s'intéresser plutôt aux moldus. Elle laisse la connerie des sangs-purs à son cher et tendre.
Ils sont bien à deux, mais ils se disent qu'ils seraient bien à plus. Madame Taylor n'a pas spécialement envie de porter un enfant. Pas maintenant, pas tout de suite. Alors ils se décident à adopter un jeune garçon de neuf ans. Monsieur Taylor s'est renseigné et ce garçon a déjà manifesté une prédisposition pour la magie. Qui sont ses parents? Personne n'en sait rien, mais ce n'est pas bien grave. Il a deux nouveaux parents maintenant. Et Darell les aime, ses nouveaux parents, même s'il n'est pas toujours le plus démonstratif des enfants.
Quatre ans après que Darell ai rejoint la famille, Madame Taylor décide qu'elle est prête. Enfin prête. Elle veut porte son enfant. Elle veut porter sa petite fille et la mettre au monde. Dans cette Angleterre magique un peu trop anachronique. Mais elle se dit qu'ils retourneront peut-être aux Etats-Unis. Là-bas, les choses s'améliorent au moins, doucement mais sûrement. Du moins, c'est l'impression que ça lui donne vu d'ici. Et pour se rappeler qu'elle doit toujours se battre, elle donne à sa fille le nom d'une de ses femmes qui l'inspirait, à l'époque où elle se battait encore dans son pays à elle. Barbara. Un beau prénom pour un splendide bébé.
-----
La gamine avance dans la chambre sous les combles qui sent un peu le fauve. Si sa pièce préférée dans la maison c'est la cuisine, elle adore venir ici. S'asseoir sur le tapis rapiécé au milieu de la pièce, et feuilleter des comics desquels elle ne sait pas lire les textes, mais elle se contente des images. Alors elle se permet d'entrer comme si c'était chez elle, la porte est ouverte après tout, et quand on a six ans, on a pas toujours une très bonne notion de ce que sont les bonnes manières. Elle entre, et elle se dandine jusqu'au bureau. Les comics ne sont pas à sa portée, mais elle va bien trouver quelque chose. Alors elle ouvre le premier tiroir à sa portée, comme la petite exploratrice qu'elle est, sans peurs et sans reproches. Mais elle n'a pas le temps de fouiller comme elle voudrait.
« Barb', what the fuck are you doing here. » Elle ne se retourne pas tout de suite. Parce que quand il l'appelle Barb, c'est qu'il n'est pas content. Alors elle prend soint d'afficher son air de gosse innocente avant de le regarder. Les mains sur sa bouche, sous le choc.
« Han, maman elle a dit que tu n'avais pas le droit de dire des gros mots devant moi! » Darell lève les yeux au ciel, pas dupe une seconde.
« Elle a aussi dit que ici c'était ma chambre, non? et pourtant c'est toi que je retrouve devant mon bureau. » Pour toute réponse Barbara hausse les épaules et se retourne vers le tiroir pour voir ce qu'il cache. Quand même. Elle n'est pas venue jusqu'ici pour rien. Elle attrape un genre de cône de papier pour l'examiner. En voyant ce qu'elle a dans la main, Darell se dépêche de refermer la porte derrière lui.
« Barb. Repose ça. » Pour une fois, elle s'exécute sans négocier.
« Ça sent mauvais, c'est nul. » Son frangin ricane alors qu'elle repose le cône dans le tiroir, et il la soulève dans ses bras.
« Oh, crois-moi, quand tu sera plus grande, tu seras contente d'avoir un grand frère comme moi, qui peut te fournir des joints puants à volonté. Alors ne fronce pas le nez comme ça. » « Même pas vrai, moi j'aurais pas besoin de toi quand je serais plus grande, je serais tautonome, comme Maman. » Elle croise les bras et affiche sa moue boudeuse, qui n'a pas l'effet escompté.
« Tautonome, hein? J'en doute pas, Angel', en attendant, t'es pas tautonome pour attraper mes comics alors dis moi lequel tu veux. » Et il suit les indications de sa sœur pour lui trouver la Bd de ses rêves, avant de refermer le tiroir qu'elle avait ouvert et de rouvrir la porte maintenant que les parents ne risque plus de tomber sur une vilaine entorse au règlement du foyer familial. Parce que les joints, moldus ou sorciers, qui puent ou non, ne sont pas autorisés chez les Taylor.
-----
S'il y a bien un truc qui angoisse Barbara alors qu'elle fête ses dix ans avec ses parents, c'est de savoir si elle aussi, elle pourra aller à Poudlard. Comme Papa, et comme Darell. Parce que même si Maman n'arrête pas de lui dire qu'elle ferait une moldue extraordinaire, quand même, elle aimerait beaucoup voir la tour d'astronomie. Et les cours de soin aux créatures magiques. Et les serres pour les cours de botanique. Et le lac. Et les matchs de quidditch. Et la salle commune de gryffondor dont Papa parle avec des étoiles dans les yeux. Et les fantômes. Et... Tout, en fait.
« Non, mais franchement Papa. C'est sérieux. Tu penses que j'ai des chances d'y aller? » Maman soupire et Papa lui sourit.
« Mais tu sais, tu te plairais aussi au collège moldu... Tu resterais avec tes copains et copines, tu pourrais rester vivre avec nous et nous voir pas seulement aux fêtes et... » « Urh... Papaaaa... » Et ses deux parents sourient avec amusement alors que leur fille roule des yeux. C'est le moment que choisit Darell pour sortir de la cuisine avec le gâteau, donc les bougies chantent en l'honneur de Barbara. Elles ne chantent pas forcément juste, mais c'est l'intention qui compte.
« Encore en train de faire des caprices Angel'? Tu as dix ans, t'as passé l'âge. » Barbara lui tire la langue mais elle est trop fascinée par les bougies pour lui répondre. Et un sourire ravi étire ses lèvres sans qu'elle puisse le retenir alors qu'il pose le gâteau devant elle. Elle souffle les bougies qui continue à chanter quoi qu'il arrive, et Papa accepte la tâche complexe de couper le magnifique gâteau sous les cris horrifiés desdites bougies.
« Et Papa et Maman peuvent pas te dire si tu as des prédispositions ou pas, leur seule référence c'est moi, et je suis un tel génie qu'aucune comparaison n'est possible. » Maman ricane et adopte un air innocent devant l'air outré de son fils.
« Fiston... Tu peux faire taire tes bougies, j'ai l'impression d'assassiner un innocent là... » Darell s'exécute d'un mouvement de poignet. Avant de recommencer à "rassurer" sa sœur.
« Et puis si t'es coincé au collège nul des moldus chiants, et que tu en as marre de supporter Papa et Maman, tu pourras toujours passer faire un séjour chez moi. » « Darell, je t'ai déjà dit que ta sœur n'irait pas vivre chez toi, et ne s'occuperait pas de faire tes comptes. » « Mais Mamaaan, j'ai besoin de quelqu'un qui gère en Maths, j'en ai pas fait depuis le primaire!! » Et on pourrait céder face au ton désespéré de Darell... Sauf quand on est sa mère et qu'on en a l'habitude. Le paternel, lui, se contente de rigoler doucement en servant à chacun sa part de gâteau. Et un silence presque religieux envahit enfin la cuisine alors que tous savourent le gâteau.
-----
Elle a passé son trajet en train à trépigner d'impatience. Elle a peur qu'il ne soit pas là, parce qu'il est en retard la plupart du temps. Mais quand elle descend du train, elle le voit appuyé contre un mur, son éternel sourire en coin accroché aux lèvres, et elle ne prend pas vraiment le temps de dire au revoir à ses amis. Elle court vert son frangin et se jette dans ses bras comme elle l'a toujours fait. Il accuse le choc en rigolant.
« T'es plus très légère Angel', va falloir y aller mollo. Je sais que j'ai un physique d'Apollon, mais en vrai, j'suis pas si musclé que ça. » Elle rigole mais elle aurait presque les larmes aux yeux. Cet idiot lui avait vraiment manqué. Elle n'est pas partie si longtemps que ça pourtant. Et elle se contente de le serrer fort contre elle, alors qu'il lui ébouriffe les cheveux.
« Allez Microbe, on décolle, les parents vont penser que je t'ai oubliée à la gare si on rentre pas vite. Tu les connais. Ils ne me font jamais confiance. » Ils rigolent. Ils savent bien tous les deux que leurs parents ont raison de ne pas lui faire confiance. Mais ils savent aussi très bien que non, il ne l'oublierait pas à la gare. Il oublie beaucoup de choses, mais pas sa frangine adorée. Alors elle attrape sa main et le suit sagement. Parce qu'elle a hâte de rentrer à la maison après quatre mois loin de sa famille.
Elle est assise dans la voiture à côté de lui alors qu'ils traînent dans les bouchons londoniens, et elle joue avec une carte qu'elle a eue dans les chocogrenouilles. Ça ne lui ressemble pas vraiment de ne pas parler, mais elle ne sait pas vraiment par où commencer.
« Alors. Poufsouffle, hein? » Elle a une petite moue gênée. Parce qu'elle aurait bien aimé aller à Gryffondor comme son père, et être chez les gens courageux, mais ce n'était pas vraiment à elle que revenait le choix. Alors oui, elle aime sa maison, mais elle se dit que sa grand-mère, dont toute la famille a toujours été chez les rouge et or, doit être déçue.
« Hey! Fais pas cette tête! J'aurais tellement aimé avoir la salle commune juste à côté des cuisines... » Darell sait rassurer sa frangine, et elle lui offre un grand sourire.
« Et t'as pas vu dedans! C'est l'endroit le plus confortable et le plus accueillant du monde. Ya plein de place pour faire pousser des plantes si je veux. Rizzo s'y plaît tellement! » La petite rate sur le siège à l'arrière ne prend pas la peine de manifester son approbation, mais l'intention est là.
« Et puis les gens sont chouettes. Je suis sûre que je peux me faire des vrais amis! Bon, ya des gens bizarres aussi, ils disent que je suis pas aussi bien qu'eux parce que je suis pas sang-pur, mais bon... » Elle voit Darell froncer les sourcils.
« Mais t'inquiète pas! Ils m'embêtent pas vraiment. Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent. » « Mh... Si un jour ils t'embêtent vraiment, tu n'hésites pas à me dire. Je veux des noms. Et je t'assure qu'ils t'embêteront plus. » Mais elle n'a pas besoin de son grand frère pour la protéger. Elle est une grande fille autonome. Une grande fille autonome qui a quand même très hâte de sortir des bouchons et d'arriver à la maison pour pouvoir serrer ses parents dans ses bras. Quatre mois loin de la maison, c'est long, même pour une grande fille autonome.
-----
Et les années à Poudlard s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Tout se passe bien pour Barbara. Ou presque. Si ce n'est qu'elle se fait parfois emmerder par les idiots qui n'apprécient pas les prises de positions de son père qui est parfois trop "pro-moldus". Quand certains considèrent qu'un sportif ferait mieux de ne pas se prononcer sur des sujets politiques. Ils connaissent décidément mal la famille Taylor. Et ils connaissent encore moins Barbara. De toute évidence, ils s'en prennent à la mauvaise personne, parce que le harcèlement ne semble pas atteindre la demoiselle. Comme si elle se relevait quelles que soient les attaques.
Tout se passe pour le mieux si ce n'est que Barbara se rend compte que, pour une sorcière, elle n'est décidément pas très douée. Toutes les matières où elle excelle sont celles où les talents magiques ne sont définitivement pas nécessaires : botanique, astronomie, soin aux créatures magiques, ... Et le quidditch, évidemment, mais ça, c'est dans ses gènes. La gamine maladroite change totalement une fois qu'on la met sur un balais. Viser n'est certes pas son fort, mais s'il faut donner des coups de batte, elle excelle.
La raison pour laquelle elle se débrouille en divination également? Ça, ça reste un mystère. Mais ça lui plait bien, de voir des trucs flou dans des marcs de café, et interpréter tout ça de manière plus ou moins approximative.
Elle ne se fait que des amis, à Poudlard. A moins que ce soit sa vision des choses qui soient biaisée. Si des gens la détestent, elle ne s'en est pas rendu compte. Si des gens la regardent de travers, elle n'a rien vu. Elle, elle se contente de vivre sa vie, aussi bien qu'elle le peut, en aimant son prochain et en étant fière de qui elle est. La seule façon dont elle ai appris à vivre. Alors peut-être que parfois, elle a l'impression d'être à côté de la plaque, mais ça doit bien arriver à tout le monde. Elle a des crushs sur les personnes qu'il ne faut pas plus qu'à son tour mais elle finit d'aimer aussi vite qu'elle tombe amoureuse, mais ça arrive à tout le monde de croire que ça doit durer toute une vie quand c'est finit en une semaine. Et elle partage volontiers avec quelques Poufsouffle bien choisis la mandragore que son frère lui refile à chaque vacances. Une vie simple, une vie tranquille, isolée des problèmes du monde.