good to see you sis | Andromeda

L’humeur est au beau fixe, ce qui ne présage rien de bon. Bellatrix sent son rythme cardiaque effréné dans sa cage thoracique, c’est à peine si elle ne s’étouffe pas d’impatience.  C’est toute une histoire de croiser la route d’Andromeda, pour Bella. La logique ne la porte pas sur les chemins empruntés par sa sœur. Habituellement, elle tente même d’en rester complètement éloignée. Bellatrix voue une haine difficilement qualifiable à sa sœur, depuis qu’elle s’est non seulement détournée d’eux, mais également mariée avec un Né-Moldu. Il n’est pas pensable, pas même envisageable une seule demi-seconde, pour Bella, qu’une sorcière venant d’une famille au sang aussi pur ne s’amuse à gaspiller sa descendance avec une ordure pareille. Bella s’est bien amusée, la dernière fois qu’elle a croisé Ted, d’ailleurs. Dommage qu’elle n’ait pas pu en finir une bonne fois pour toute, elle s’en serait donné à cœur joie. Elle ne sait pas vraiment qui lui impose cette limite à ne pas franchir avec son soi-disant beau-frère. Cissy, sans doute, pour la paix des familles.

L’idée arrache un rictus agacé à Bella, qui claque de la langue en même temps que ses talons qui foulent les allées de Londres. Elle se faufile, file à vive allure, bousculant les gens sur son passage quand ils ne daignent pas s’écarter d’eux-mêmes, ces inconscients. Elle va cueillir sa prétendue sœur au pied du Ministère, pour faire bonne impression. Pas question qu’elle se rende à proximité du domicile d’Andromeda, épargner Ted avait pris toute sa patience la dernière fois. Si elle le croise à nouveau, elle ne répond plus de sa soif de… vengeance ? Après tout, le né-moldu a volé sa sœur à une destinée autrement plus intéressante que celle à laquelle elle se destine désormais.

Une fois arrivée à destination, Bella patiente – fort heureusement, pas longtemps, car la patience ne fait pas partie de ses vertus, comme chacun sait. Voilà la chevelure brune qui apparait en ligne de mire. Bella transplane pour parcourir les quelques derniers mètres qui les séparent et faire une entrée fracassante et offre un sourire hypocrite et immense à sa sœur. « Andie chérie », note-t-elle, sarcastique, crachant presque les mots sur les pavés. « Il parait que tu as quelque chose à me dire ? »

Andromeda n'aurait pas su s'épargner la visite désagréable de sa sœur aussi longtemps, même en passant son temps dans le monde moldu, ou en transplantant presque immédiatement chez elle après le travail. Si elle pouvait se féliciter d'une chose, c'était surtout d'avoir su protéger leur lieu de résidence de ce genre de surprises désagréables, qui s'accompagnaient souvent de séjour plus ou moins à St Mungo. Mais malgré la sécurité, rien ne pouvait vraiment tenir Bellatrix éloignée d'elle, si cette dernière avait décidé de croiser son chemin. Bellatrix avait cette imprudence complètement folle, qui la menait bien souvent là ou elle n'aurait pas dû être, mais toujours là ou elle l'avait décidé. L'entrée du ministère faisait bien évidemment parti de ces endroits à éviter lorsqu'on était en cavale comme elle.

Insouciante et impatiente, son double maléfique, ne semblait pas vraiment s’embarrasser de faire attention pour autant, ce qui prouvait une fois de plus à Andromeda, que la folie l'avait consumée, au delà de l'imaginable. Elle n'en reviendrait pas, c'était une constations douloureuse, mais inévitable. Sa démarche à la fois féline et enfantine n'avait ,elle, pas changé, son goût pour la provocation encore moins.

« Tu es au courant que ce bâtiment grouille d'Aurors prêt à tout pour t'enfermer à Azkaban, n'est-ce pas ? » Andromeda réplique en ignorant sa question, loin d'avoir envie d'entrer dans son jeu. Si elle devait subir les foudres de Bellatrix, il n'y avait pas grand chose qu'elle pouvait faire pour l'éviter à part à tenir fermement sa baguette dans sa main dans l'espoir de pouvoir au moins parer quelques attaques, avant de transplaner haletante dans un endroit plus sûr. « Tu devrais écouter Cissy, elle est de bon conseil, je parie qu'elle t'as dit d'éviter de traîner dans les environs, qu'il y a assez de mangemorts à l'intérieur, pour que tu n'aies pas besoin d'aller te salir les mains toi même. » Réplique t-elle un peu plus agressive qu'elle ne se l'était imaginé.

Tout, dans le comportement de sa soeur, appelle des commentaires de lâcheté. Bien sûr que Bellatrix est au courant qu'une bonne armée de petits soldats naïfs n'attend que l'occasion de pouvoir lui sauter dessus pour l'enfermer. Encore faudrait-il qu'ils réussissent à l'attraper. Ce n'est pas un hasard si elle réussit à réaliser ses méfaits sans que personne ne lui soit encore tombé dessus ; Bellatrix se décrirait volontiers comme un nuage de fumée noire, capable de disparaître au bon moment, avant que le couperet ne tombe. Elle ne ressent pas de scrupules à oser des sorts audacieux pour se sortir de situations difficiles, par ailleurs. Alors ces étourdis du Ministère, trop occupés à crier au scandale et à l'égalité des gens - et surtout des sorciers, ces crétins - ne l'inquiètent pas tellement. D'autant que, comme le souligne si bien sa chère sœur, le Ministère est aussi investi de personnes bien disposées à lui laisser sa liberté. Parce que si tout le monde s'accorde sur la crainte inspirée par la Sorcière de Sang-Pur, certains lui reconnaissent aussi aisément une volonté farouche de servir la Grande Cause qui leur tient à cœur. Elle n'est pas indispensable, nul ne l'est. Mais elle n'a peur de rien, si ce n'est de ne pas être assez efficace à satisfaire Lord Voldemort - qui peut en dire autant ? Très certainement pas ce crétin de Malfoy, par exemple, qui a ravi sa sœur.

« Ils ont déjà essayé, tu sais... Pour l'instant, on ne peut pas vraiment dire que tes copains les lâchent mettent le cœur à l'ouvrage. Sinon, nul doute que je tremblerais de peur à l'idée de venir te cueillir ici... » Bella rit, à gorge déployée, forçant le trait, comme toujours. La discrétion n'est pas son fort, elle aime à narguer son impunité.

« Tu as raison, Cissy est de bon conseil. C'est pour ça sans doute que tu as préféré déchaîner ta haine sur elle alors qu'elle n'est pas vraiment la cause de ton tourment... » précise-t-elle sans se départir du sourire qui est resté imprimé sur ses lèvres après son éclat de rire discourtois. « Mais enfin, Andie chérie, tu peux me le dire si tu n'apprécies pas que je teste ma redoutable efficacité magique sur ton né-moldu de mari. Je ne dis pas que ça me fera changer d'avis, entendons-nous... Mais tu peux me le dire tout de même. » Elle hausse une épaule et rabat sa capuche sur sa chevelure brune. « Il n'est pas très bon sorcier, si tu veux mon avis - c'est bien la preuve que les nés-moldus ne sont pas aussi efficaces que nous. Et sa résistance à la douleur est... Comment dire ? Terrible ». Bella soupire et se mord légèrement la lèvre inférieure, attendant que ses piques ne produisent leur petit effet. Oh, elle n'est pas idiote, elle ne s'en prendra pas frontalement à Andromeda. Mais elle ne doute pas non plus que sa soeur ne s'y risquera pas. Si elles sont toutes les deux très douées, sans aucun doute, Bella a nettement moins de choses à risquer et à perdre que sa petite soeur.

Andromeda secoue la tête, il ne reste plus grand chose d'humain chez sa sœur. Et si elle devrait être effrayée parce qu'on l'a laissé devenir, elle est surtout désespérément triste d'avoir face à elle, le résultat d'une éducation ratée, faite de violences constantes et de sortilèges impardonnable utilisés sans remords sur une enfant qui a probablement perdu l'esprit à cause de ceux-ci. Ce n'est pas pour rien qu'elle a déchargé toute sa haine sur Narcissa, celle qu'ils ont toujours protégé, la petite fille parfaite aux résultats brillants, mais qui n'a jamais daigné remettre quoi que ce soit en question, trop heureuse de s'enfermer dans un manoir à la sortie de l'école avec son imbécile de mari. Si Bellatrix est une menace indéniable, elle est surtout celle que tout le monde a abandonné à son sort et n'a jamais cherché à aider en dépit des sortilèges de torture qu'elle a pris pour ses sœurs lorsqu'elles étaient enfants. Elle est folle sans aucun doute, incontrôlable de manière inévitable, mais surtout devenue une arme de destruction massive au détriment de l'humaine, de la sœur aussi, dont Andromeda peine toujours a faire le deuil. Si Andromeda ne peut plus jouer son rôle et la protéger d'elle même, elle aurait au moins espéré que Narcissa ait le courage de ne pas alimenter sa folie. Mais Narcissa est lâche, comme son mari et se fiche pas mal de ce qui est bien ou mal.

A chaque fois, Andromeda s'en veut de son indulgence envers son aînée, mais le passé la rattrape plus vite qu'elle ne court pour essayer de semer. Face à Bellatrix, elle a toujours cette désagréable impression de redevenir cette petite fille qui lui doit beaucoup trop. Outre leur ressemblance à couper le souffle, elle seront toujours liée par une évidence. Bellatrix, aurait pu être elle. Des trois sœurs, elle était la plus rebelle, la plus affirmée. Si elle n'avait pas cherché à la protéger, alors peut être qu'Andromeda aurait perdu l'esprit à sa place. C'est quelque chose qu'elle ne saura jamais, mais qui ne cessera visiblement jamais de la hanter. « Il n'a pas besoin d'être un très bon sorcier, lorsqu'il peut être une très bonne personne, ce que toi et Narcissa n'avez jamais compris. » Andromeda siffle, en tentant de garder son calme, ce qu'elle parvient de plus en plus difficilement à faire maintenant qu'elle a goûté au lâché prise. « Tu finiras à Azkaban Bella, where you belong. » Andromeda aimerait avoir l'air féroce de sa sœur, mais elle a surtout l'air triste, résignée.

Bellatrix lève les yeux au ciel, seule réaction acceptable à la mièvrerie de sa petite soeur. Elle est naïve, et au fond, cela inquiète un peu Bellatrix - dans une mesure discrète dont elle ne fera jamais état. Elle aurait préféré que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que les trois soeurs continuent de s'entendre et de perpétrer leur sang. Andromeda s'est écartée des sentiers battus et Bella ne pourra jamais lui pardonner, sans doute. Cela dit, une chose l'inquiète, un peu, comme une voix chagrinée au fond de son esprit malade, aux tréfonds de son âme - qu'il arrive quelque chose à sa soeur à cause de ses choix stupides de mari. Elle ne peut rien faire, elle s'est déjà donnée tellement de mal à essayer de ramener Andie vers les véritables membres de sa famille. Certains sont des traitres par nature - il faut bien accepter que c'est le cas d'Andromeda et de Sirius, ce crétin qui a trouvé refuge chez les Potter. Que peut-elle y faire ? Ce n'est pas faute des les avoir mis en garde, tous. Elle a fait de son mieux.

« Etre une bonne personne n'a aucun sens dans le Monde actuel, Andie, c'est à vous qu'il appartient de le réaliser, tu ne crois pas ? En quoi cela aidera-t-il ton imbécile de mari d'être une bonne personne quand Lord Voldemort sera à la tête de notre monde ? A rien. Toi par contre, tu pourrais faire tellement de choses... » Bella soupire et lève à nouveau les yeux au ciel, tournant autour de sa soeur pour la dévisager, démente. « Je finirai à Azkaban, mais ça ne me fait pas peur », réplique-t-elle en riant. « Je m'en fiche, de cette prison maudite. Je me fiche de tout sauf de mon maître », elle ajoute en haussant une épaule. « Toi par contre, tu pleureras ton mari si tu ne finis pas parmi les cadavres », ajoute-t-elle, dégoutée par la phrase qu'elle débite. « Ce n'est pas là la place d'une Black ».

Les entrevues avec Bellatrix sont toujours compliquées, d'autant plus qu'elles arrivent plus souvent qu'elle ne le voudrait. Contrairement à Narcissa, la brune ne se gêne pas pour venir la provoquer, tenter d’assassiner et torturer ceux qui comptent, comme Ted ou Sirius. Bellatrix lui rappelle l'enfance volée, l'incapacité à venir en aide à celle qui prenait pour le trio, subissant les tortures du paternel jusqu'à en perdre l'esprit. Andie était lâche à l'époque, jamais elle ne se serait opposée à leur père, et peut être que si elle avait eu le courage de le faire comme Bella a l'époque, alors les choses auraient été toutes autres. Y penser reste douloureux, et d'une certaine manière, derrière toute la folie, Andromeda est persuadée que Bella ne peut pas éclipser les réminiscences du passé elle non plus. Elles étaient sœurs, et le seront toujours d'une manière ou d'une autre, même si isolée de chaque côté d'un gouffre impossible à franchir. « Tu ne comprends pas Bella, et je ne te demande pas de comprendre, j'ai pris ma décision, et tu as pris la tienne. Je finirais parmi les cadavres si il le faut. Je ne suis plus une Black, vous me l'avez bien fait comprendre. » ironise t-elle en parlant de la tapisserie, en autres choses. « Tu devrais cesser de t'en prendre à Ted, ça ne changera rien à ma décision, et ça se retournera contre toi. Ce serait dommage de ne pas pouvoir fêter Noël avec ce vendu de Lucius et Cissy, comme si de rien était. »

Bella ricane et lève à nouveau les yeux au ciel. Visiblement, Andromeda et elle partagent encore une chose commune ; un dédain certain pour ce crétin de Lucius Malfoy. Sa soeur méritait bien mieux, mais elle n'a visiblement pas été capable de le réaliser toute seule. Elle soupire, Bellatrix, et hausse une épaule lasse. Elle s'en fiche, de Noel, des fêtes de famille, des réunions solennelles. Elle se fiche de son propre mari, des autres membres de sa famille. La seule qui compte, c'est la pauvre Cissy qui tente toujours de bien faire. Elle, elle se contente de vivre les choses et de les faire comme elles lui viennent. Ce qu'énonce Andie est dérisoire comparé à la destinée que Bella se doit d'accomplir pour son maître, et elle essuie les propos de sa soeur d'un geste de la main. « De toute façon, même si ça devait changer ta décision, Andie, je ne te pardonnerai jamais ton écart de chemin. Les Forces du Mal sont une vocation, pas un vulgaire hobbie que l'on peut ignorer quand on a trouvé autre chose de mieux à faire. Lord Voldemort ne le pardonnerait pas, tu le sais bien. Je pense comme lui - peu importe que ta décision change ou non, il n'est pas ici question de seconde chance. » Elle soupire, lasse, et joue avec une mèche de ses cheveux bruns en même temps qu'elle continue d'avancer. « Tonks représente un symbole qu'il est assez jouissif de torturer - tu comprends ? » Evidemment qu'elle ne comprend pas. « Et puis tu devrais savoir, maintenant, que je n'ai pas peur de tes menaces. Je me fiche que quoi que ce soit se retourne contre moi. Je suis libre, parce que je n'ai peur de rien. »

Andromeda ne peut pas retenir une expression d'intense dédain mêlée de dégoût lorsque le seigneur est abordé. Avec les années, elle a appris à remettre en cause cette idéologie, et plus encore l'homme derrière elle. Bellatrix qui ne tient pas en place et qui a besoin de prouver quelque chose avait forcément besoin d'une cause à servir, aussi critiquable soit cette cause. Andromeda a beau avoir peur des pouvoirs de Voldemort comme les autres, elle ne peut pas s'empêcher de noter la contradiction qui perce à travers le personnage. Et dans un instant de bravoure qu'elle regrettera très certainement, elle siffle à l'intention de sa sœur, piquante comme jamais : « C'est assez drôle, de parler de pureté de sang, quand on est soi-même né d'un parent moldu, tu ne crois pas ? Si tu adules un vulgaire sang-mêlé, je ne vois pas en quoi mon mariage est si dramatique que ça. Ted et lui ont peut être des ancêtre en commun qui sait ? » Andromeda traverse une phase assez compliquée, où la colère entraîne une absence complète de filtre. Elle est plus que fatiguée de retenir son langage, de remplir les petits rapports du ministère et de jouer les employées discrètes qui subissent docilement les soupçons quand d'autres ne se gênent pas pour s'en laver à coup de pots de vin comme Lucius. « La généalogie n'a de l'importance que quand ça vous arrange. Il vous manipule, il se sert de toi comme de la chair à canon, Bellatrix ! »

Bellatrix serre les dents en entendant le discours tout préparé de sa soeur. Elle regrette la distance, l'écart des chemins. Bella porte un amour réel et affectueux à Narcissa, elle serait prête à beaucoup pour la protéger si sa soeur se trouvait en danger. Et un jour, dans le passé, un passé qui ne lui semble pas si lointain, à elle, elle a aimé Andromeda de la même manière. Elle aurait aussi fait n'importe quoi pour elle. Mais Andie a tout gâché. Et ses provocations n'arrangent rien. Bellatrix se sent trahie, bafouée, laissée pour compter. Andromeda a préféré un type vulgaire qui passait par là à sa famille - ce n'est pas la vision des liens du sang que possède Bella. Elle soupire et lève les yeux au ciel. « Cet argument est vaseux, Andromeda. Lord Voldemort n'a pas choisi ses parents - en revanche, il a pris conscience du fait qu'il fallait changer les choses. Que la pureté du Sang, que la noblesse de nos familles valaient mieux que son histoire à lui et que sa position. Ton... Tonks, là, lui, il ne sait pas tout ça. Vous ne pensez qu'à ouvrir le Monde Sorcier à tout le monde. » Bella soupire à nouveau et joue avec les pans de sa robe, distraite, un instant. « Personne ne m'utilise. Je fais ce que je veux. Je crois en ses idées, je me bats pour elle - je ne suis pas de la chair à canon, je t'interdis de dire ça », ajoute-t-elle. « Je ne suis pas de celles que l'on manipule. »

L'argument de Bellatrix ne tient pas la route, mais Andromeda perdrait son temps à tenter de lui expliquer. Bellatrix ne connait rien d'autre et n'a jamais cherché à découvrir une autre culture que celle qu'on lui inculquée à coup de doloris et d'endoctrinement. Sa rencontre avec le seigneur des ténèbres avait achevé de parfaite sa parfaite éducation de mangemort, et il n'y a désormais plus grand chose à faire pour essayer de la dissuader d'aller plus loin encore. Sa sœur représente la jeunesse perdue, le manque d'ouverture et maintenant la mort. Andromeda ne peut pas s'empêcher de frissonner à cette idée, mais rien de ce qu'elle pourrait dire ou faire ne changerait les idées bien arrêtées de Bellatrix. Mais encore une fois, elle ne peut pas s'empêcher de tenter de la raisonner, même si c'est peine perdue. « Je me permet juste de souligner la légitimité de ton Lord autoproclamé à mener une telle révolution. Si il croit vraiment à ce qu'il dit, alors il devrait laisser quelqu'un d'autre se faire appeler Lord, pas un vulgaire sang-mêlé au premier degré tu ne crois pas ? Mais, il n'est pas idiot, si la pureté du sang avaient une quelconque signifiance, les né-moldus ne développeraient pas naturellement la magie. Vous voulez lutter contre un phénomène qui se produit naturellement, ce qui est vain et n'a aucun sens. Voldemort ne cherche que le pouvoir. N'est-il pas la preuve que le sang, aussi souillé puisse t-il être, ne fait pas la grandeur d'un sorcier ? » Andromeda soupire, Ted ne comprendrait certainement pas qu'elle s'acharne encore. Bellatrix a tué froidement une quantité d'âmes innocentes, et même si elle réussissait à lui faire changer d'avis, il est déjà trop tard pour elle. « Tu as fini par devenir comme eux, nos parents. De ceux qui n'hésitent pas à utiliser des sorts impardonnables sur leur filles pour une bêtise. Ils ont réussi, tu es rentrée dans le moule auquel tu voulais à tout prix échapper. »

Le souvenir des parents la heurte plu qu'elle ne l'aurait voulu. Sans doute son trouble peut-il se lire sur ses traits déformés par une douleur sourde et sournoise qu'elle ressent encore en songeant à leur enfance à toutes les trois. Oui, les parents Black étaient horribles. Rien n'était jamais suffisant, ni satisfaisant. Ils ont torturé leurs enfants comme on torture un inconnu, pour tenter de le faire rentrer dans le moule qu'Andie décrit si bien devant sa sœur aujourd'hui. Mais Bellatrix est différente. Elle est libre. Contrairement à ce qu'Andromeda pense, elle l'est. Libre de choisir sa voie, ses affiliations, ses convictions aussi. Elle ne suit pas Voldemort parce qu'elle est en quête d'un nouveau repère, elle ne le suit pas parce qu'elle a besoin d'un berger au milieu des moutons. Elle le suit parce qu'elle le veut, parce que mettre son talent au service du Lord l'enchante, la satisfait plus que n'importe quelle autre chose qu'elle a été amenée à faire dans sa vie auparavant. Peu importe ce qu'Andromeda en pense - ou alors peut-être que ça lui importe trop, justement. Pour retrouver la face, Bella laisse s'échapper de ses lèvres figées un petit rire sceptique, presque attendri. « Ne joue pas les fines analystes avec moi, Andie. C'est très peu digne de toi de ramener nos parents sur le tapis, si tu veux mon avis. Ils ont leurs défauts, c'est certain, mais ils nous ont quand même transmis un nom et ce n'est pas négligeable, même si certains membres de notre regrettée famille ont décidé d'en faire un usage... discutable. » Elle hausse une épaule et caresse le bois de sa baguette, glissée à sa ceinture. « Je suis libre, tu sais ? Plus que toi sans doute. Libre de penser ce que j'ai envie de penser, libre de ne pas devoir me justifier, libre d'agir comme je l'entends. Il n'y a pas de frustration dans ma vie. Je poursuis un but qui est le mien avant d'être celui du Lord, redonner à nos familles l'importance qui leur est due. Certaines races ne sont pas faites pour exercer la Magie, que tu penses le contraire est navrant au mieux, décevant au pire. Mais finalement, tu es prisonnière toi même de la prétendue rébellion que tu t'infliges. Comment te considèrent les gens, Andie ? Comment te regardent ceux auxquels tu murmures ton nom de jeune fille ? Tu as peut être tourné ta veste, mais tu resteras toujours une Black, ambassadrice de nos valeurs et des croyances de la famille. Epouser un homme qui n'est pas digne de toi n'y change rien, au fond, tu inspireras toujours la suspicion. »

La conversation ne se passe pas mieux qu'avec Narcissa, et Andromeda aurait été idiote de croire que ce soit possible de toute façon. Bellatrix est aveuglée par une obsession grandissante pour une reconnaissance qui ne lui saute pas directement aux yeux. Cette liberté dont elle ne cesse de parler, c'est c'elle d'être acceptée telle qu'elle est, avec sa folie et son impétuosité qui n'ont finalement pas grand chose avec les valeurs des Black qu'elle défend aujourd'hui. Voldemort l'utilise comme une arme à la fidélité irréprochable et inconsciente, mais Bellatrix exagère sa valeur aux yeux de son maître. Le lui dire ne changerait plus rien aujourd'hui, alors Andromeda se tait et l'écoute lui servir la même discours, ou presque, que leur sœur cadette. Un discours emprunt d'une vérité honteuse, mais une vérité qu'Andromeda ne cherche plus à fuir. Elle sait pertinemment qu'elle a abandonné tous ses privilèges, sa réputation, et le respect teinté de crainte que les gens croient devoir aux sœurs Black par amour. Cette confrontation avec le passé est donc déchirante pour Andromeda, mais le regret ne fait, en revanche, pas partie des sentiments qui se mêlent douloureusement dans son cœur. « La frustration fait partie de la vie Bellatrix. » Andromeda siffle avant de reprendre. « Quant à la suspicion des gens, elle vient surtout du fait qu'on me confond avec toi. Et ce que tu inspires Bellatrix, c'est la mort, la crainte. Une coquille vide de toute compassion... Les gens ont peur de toi, de ta folie, de ton incapacité à te contrôler et à ressentir la moindre émotion, Narcissa ne fait pas exception, même si tu aimerais le croire, elle a peur de toi comme les autres. J'en sais quelque chose après toutes ces années à réparer tes coup de sang, et à tenter de t'éviter l'exclusion d'une école, ou un nouveau châtiment corporel. C'est amusant de te voir parler de famille, alors que tu n'as pas hésité à renier la seule personne qui a toujours été de ton côté. Laisse les donc te mettre en première ligne pour faire leur sale boulot, et t'approches plus de mon mari, ou de ma fille.  » Pour la première fois, Andromeda profère des menaces. Peut être qu'elle les trouvera risibles, mais elle ne veut pas sombrer dans la crainte face à sa grande sœur, c'est comme accepter qu'il n'y ait jamais eu la moindre humanité en elle. « C'est moi qui ne suis pas digne de lui. Et je ne regrette pas ma décision. »

Ils ont tous tendance, toujours, à croire que tout ça est facile. Oh, il est facile de tuer des gens. Il est facile d’hurler, de jeter des sorts, d’inspirer la crainte, de répandre la terreur derrière des pas cadencés et des talons qui claquent sur les pavés humides d’un passage sombre. Il est aisé d’aimer le Lord, de lui prêter allégeance, il est même risiblement simple d’être mariée à Rodolphus pour suivre les préceptes des grands sorciers du temps. Le Sang doit être Pur, il est de leur devoir de se marier entre eux, de se reproduire. Il est facile de gérer la famille Black avortée des deux immondes êtres que les filles ont reçu pour parents. Il est facile de s’occuper de loin de Narcissa, même si elle a peur, parfois. Bella n’est pas idiote. Elle sait reconnaître la peur dans les yeux de sa cadette, parfois, quand son discours s’emballe. Bellatrix ne fera jamais de mal à Narcissa, cela dit. Jamais. Elle n’est là que pour la protéger. Elle aurait voulu protéger Andie, aussi, mais cette dernière ne s’est pas laissée faire, choisissant plutôt de n’en faire qu’à sa tête.

Perdre Andromeda n’avait pas été simple. Bellatrix avait passé de longues nuits d’incompréhension, tremblante, dans le fond de son lit, à hurler sa déception, son angoisse, à tenter de trouver une solution pour ramener sa sœur. Les choix d’Andromeda avaient plus heurté Bella que si elle était morte, sans doute. La Sorcière ferme les yeux pour retenir ces propos et soupire. « Je ne me suis jamais approchée de ta fille, tu ne m’y a pas invitée. J’aurais tant aimé connaître ma nièce, pourtant… » Elle ricane, chassant ses émotions les plus viables, et soupire. « Quoi que j’imagine que c’est la digne fille de son père… Si seulement tu avais pu être censée, Andie. Tu étais digne du plus grand de tous, très certainement pas de cette vie que tu t’es choisie ». Bella soupire à nouveau et hausse une épaule, replaçant sa cape. « Je me tiendrai à l’écart. Je l’ai promis à Cissy. Pas pour lui, ni même pour toi. Mais parce que le Lord va avoir besoin de moi dans les prochaines semaines. » Elle grimace, se mord un peu la lèvre, regardant les alentours. Et puis, soudainement, elle relève les yeux, son regard captant celui de sa sœur. Elle serre les poings, lutte contre la phrase qu’elle a tant envie de sortir. Et finalement, elle n’y tient plus.

« Si j’étais toi, je prendrais mon infâme mari et ma fille et je m’en irai le plus loin possible d’ici ».

Andromeda éclate d'un rire méprisant qui ressemble à s'en méprendre à celui de sa sœur. Bellatrix rencontrer Nymphadora... L'ironie est telle, qu'elle en maque presque d'air. Si il fut un temps, elle aurait sans doute pensé stupidement, que les liens du sang ont une quelconque valeur pour Bellatrix, elle est bien loin de faire la même erreur de jugement aujourd'hui. La famille Black est tenu à distance de la maison des Tonks par des sortilèges très puissants qu'Andromeda n'aurait pas la stupidité de désactiver par pure nostalgie d'une relation fraternelle qui n'avait finalement pas une grande importance pour l'aînée des Black. Il y a des choix qui ont malheureusement des répercussions indiscutables, et jamais Andromeda ne laisserait une partisane du seigneur des ténèbres s'approcher de sa fille. Ted ne le permettrait pas non plus, de toute façon, en admettant qu'elle ait complètement perdu l'esprit, ce qui est sûrement le cas de Bellatrix à cet instant précis. « Exactement, c'est la digne de fille de son père, que tu as amoché plus d'une fois. Je ne suis pas stupide à ce point. Qu'est-ce que tu crois ? » Lui lance t-elle d'un air de défi. La rencontre si elle reste douloureuse, la conforte dans sa décision. « Tu ne regrettes pas d'avoir renié ta sœur et suivi un sang-mêlé dans sa quête de pouvoir, je ne vois pas pourquoi je devrais regretter mes propres décisions. Je suis très heureuse, et au moins je n'ai pas à subir tous les lâches dont tu t'entoures, comme Lucius Malfoy et sa bande de mange merde. On ne va aller nul part, on va résister et on continuera de faire tâche sur la belle tapisserie familiale, parce que je me fiche pas mal de tes grands projets pour moi. Contrairement à ce que toi et Narcissa semblez penser, je n'ai aucun regret, si ce n'est que vous ayez refusé de ne serait-ce qu'essayer de comprendre ma décision. Une vie chiante auprès d'un quelconque Rabastan Lestrange, enfermée dans un manoir lugubre, ou on discipline ses enfants avec des sortilèges impardonnables ne m’intéressait pas. Taxe moi de traître, si tu veux. Tu m'a trahie toi aussi Bellatrix. C'est toi qui devrait disparaître, ils arrivent. » Andromeda la met en garde tout de même, ce qui est probablement une erreur monumentale.

Il faut une seconde à Bellatrix pour s'emparer de la baguette qui orne la ceinture superposée au dessus de sa robe. Elle la pointe vers sa soeur, menaçante, alors qu'elle sait au fond d'elle qu'elle n'en fera rien - pour elle, Andromeda ne fait plus partie de la famille, c'est un fait. Mais tous les souvenirs qui affluent vers l'esprit de Bella l'empêchent d'en faire à sa guise, l'empêchent de prononcer les sortilèges qu'elle imposerait à n'importe quel autre insolent de son espèce. Elle laisse échapper un grognement furieux, et son bras se tend jusqu'à ce que la baguette soit à une distance déraisonnable de sa sœur. « Ma vie n'est pas merdique, et Rodolphus n'a rien à voir avec cet idiot de Lucius Malfoy, tu m'entends ? Ne va pas croire que tu es la seule à apprécier le traître que tu as décidé d'épouser. Je suis parfaitement satisfaite de mes choix, mais tu n'a pas fait d'effort pour le comprendre non plus. Je plains Narcissa d'avoir épousé un homme aussi inutile que Malfoy, tu sais ? Presque autant que je te plains d'avoir fait tes choix de vie. Mais elle au moins, elle perpétue les valeurs familiales, on ne peut pas en dire autant de toi », elle crache, en abaissant finalement sa baguette une fois son venin dispensé. « Je n'ai aucun regret, et je ne pense pas que tu puisses en dire autant, quand tu y réfléchis bien », elle affirme. Elle soupire, range sa baguette et réajuste à nouveau sa cape. « Tu peux résister autant que tu le veux, Andie, mais tu ne me feras pas dire que vous avez aussi peu de scrupules que nous. La différence principale entre l'armée de Voldemort et les petits résistants éparpillés parmi les Sorciers, c'est que nous n'aurons aucun regret au moment de tuer ceux qui se dresseront en travers de Sa route. Je n'ai pas peur de mourir pour mes idées, je ne suis pas inquiète à l'idée que d'autres personnes meurent pour la cause. Peux-tu en dire autant ? Dans quel état te trouves-tu quand ton mari rentre en retard ? Qu'en sera-t-il quand ils viendront chez toi et qu'ils menaceront ta fille ? Personne n'y pourra rien, ce jour-là. Ni moi, ni Narcissa dont le coeur a trouvé la force de continuer à t'aimer », elle finit par lâcher, en haussant une épaule. « Vous n'avez aucune chance de gagner, et aucune chance de vous en sortir sans que certains ne tombent, autour de vous. Peut être que tu seras épargnée parce que ton nom est celui qu'il est, à la fin. Mais ton mari, ta fille, et tous tes petits amis rigolos qui pensent être à la hauteur, eux, ils n'auront pas cette chance. Ce n'est pas de la bravoure, de rester ici. » Bellatrix recule de quelques pas et pose ses bras sur ses hanches. « C'est de l'inconscience ».

Bellatrix sort sa baguette et Andromeda l'accompagne par réflexe, pointant la sienne dans sa direction. Même si elle sait que sa sœur aurait forcément l'avantage lors d'un combat, elle ne se voit pas capituler sans au moins essayer de se défendre. Des sorts lancés au vif par une Bellatrix furieuse, elle en a essuyé quelques uns ce fameux été. Bellatrix avait tenté de la discipliner comme leur père avant elle. Mais même les sorts n'y avaient pas changé grand chose. Il y a aujourd'hui de révolte dans le regard d'Andromeda, la même révolte que celle qu'on trouve dans celui de Bellatrix. Une folie que ni leur parents, ni la société n'a réussi à éteindre et qui les lie inévitablement. Elles ne se sont jamais autant ressemblé qu'à cet instant, leurs deux baguettes de noyer pointées l'une vers l'autre. « Je me fiche des valeurs familiales Bellatrix, elles sont mauvaises, elles ont détruit tout ce qui comptait pour moi. » Elle crache à son tour, alors que sa sœur continue de hausser le ton et de s’énerver. Si Bellatrix range sa baguette, Andromeda refuse de lâcher la sienne, qu'elle tient fermement dans sa main droite. Ils sont tous là, à lui demander si elle regrette, à lui imposer presque ces regrets qu'elle n'éprouve pas. Qu'elle refuse en prime tout simplement d'éprouver. Il n'y a rien à regretter, certainement pas la vie qui se destinait à elle. « Je ne suis pas comme toi et Narcissa, et ta colère n'y changera rien. Je souffre de voir que ta radicalisation t'as fait perdre tout ce qui te restait d'humanité, je hais Narcissa pour l'avoir encouragé par lâcheté, je blâme nos parents pour ce qu'ils t'ont fait par dessus tout, mais je ne peux pas regretter Bella, parce que ces valeurs ne sont plus les miennes depuis longtemps, et que je n'aurais pas su vivre en fonction de celles-ci. J'ai peur oui, mais si c'était à refaire je partirai quand même avec lui. Ton amour est conditionnel Bella, comme celui de nos parents, ça ne m'intéresse plus. » Les choses sont évidemment plus compliquée dans son cœur, mais son sentimentalisme n'attendrait pas Bellatrix. C'est trop tard pour elle, inutile de remuer le couteau dans la plaie. Toujours sa baguette pointée vers elle, Andromeda réitère sa demande. « Disparais. »