Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

 

 Garrett » (a)venir à minuit

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
▪ messages : 107
▪ points : 286
James Potter
James Potter
MessageSujet: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 27 Nov - 0:42

Il a commencé à faire nuit tôt, comme d’habitude en novembre. La montagne écossaise n’est pas connue pour être la partie du monde la plus ensoleillée, et il y a même un certain nombre d’anglais qui affirment haut et fort qu’ils « ne pourraient jamais habiter dans un endroit aussi sombre l’hiver ! » Eh bien, qu’ils restent à Londres, les sorciers du Nord du pays n’en sont que plus tranquilles.

Enfin, dans leur majorité. À cette heure-là, tout le monde dort au château, sauf quelques rares exceptions. Sirius Black qui s’est échappé vers un rendez-vous, quelques oiseaux nocturnes qui révisent à la lumière de leur baguette, et James Potter, qui se tourne et se retourne dans son lit, incapable, comme depuis plusieurs nuits. Il a sauté le pas, il a parlé à Lily Evans. Et le monde a continué de tourner, et personne n’est mort (même si lui n’est pas passé loin du trépas), et aucun de ses amis n’a eu l’air de tomber des nues. Moony a soufflé un « c’est pas trop tôt », Wormtail lui a paternellement tapoté le dos et Sirius a cligné de l’œil, l’air de ne pas vouloir s’en mêler. Depuis, les mots tournent en boucle sous la chevelure drue du brun, et rien n’y fait, il ne dort pas. Au bout d’un temps, il ne peut plus supporter le léger ronflement du loup-garou, et il se défait brusquement de ses draps. Sirius a encore foutu le camp, mais en partant avec la Carte, il a laissé la Cape à sa place, comme d’habitude. Un seul objet, au cas où un autre aurait envie de partir faire un tour. D’un Accio chuchoté, James appelle l’objet enchanté et sort sans attendre qu’elle vienne s’enrouler autour de lui. Elle le rattrape au milieu des escaliers, et il disparaît aux regards.

Où aller ? Le couloir devant la Grosse Dame somnolente est vide, il n’y a rien à faire de particulier. Si seulement il avait la Carte, il pourrait aller retrouver Peeves, frapper chez Dumbledore, peut-être, parce qu’il y a quelque chose d’autre qui le démange ces derniers temps, à part Evans. Quelque chose auquel il n’a pas envie de penser maintenant, alors qu’il a déjà fuit une fois. Une chose est sûre, il veut monter. Il laisse ses pieds le porter, et se retrouve, sans se rendre compte de ce qu’il a fait, devant la salle de divination. Il ne sait plus depuis combien de temps il n’a plus mis les pieds ici. Le prof était sympa, mais la discipline, très peu pour lui. Pourquoi est-il monté là cette nuit ? Parce qu’il ne dirait pas non à une porte ouverte sur l’avenir, même s’il n’accorde aucun crédit à la Divination ? Parce qu’il a un mauvais pressentiment, et que, à l’occasion des quelques cours auxquels il a assisté, Mr Ingleby leur répétait que ces choses là avaient plus de valeur que ce qu’on voulait leur accorder ?

James préfèrerait entrer dans la salle et transformer quelques coussins en Boursoufs, teindre les rideaux en jaune canari et cacher tous les Amoureux et les Chariots des cartes de tarots rangées dans un placard même pas fermé à clef. Mais tout ce qu’il fait, après avoir jeté son Alohomora, c’est entrer dans la salle, se prendre les pieds dans le tapis, manquer de se casser la figure et jurer très fort, en étant certain de ne pas être entendu. Et puis, toujours couvert de la Cape, il s’assoit dans le cercle des tables, là où il avait pris place au premier cours de troisième année. C’était rassurant, le passé, même quand il faisait semblant de s’inventer des avenirs atroces.

Revenir en haut Aller en bas
AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 27 Nov - 1:12


Garrett avait ouvert les yeux, en plein milieu de la nuit. Il avait ouvert les yeux avec une étrange certitude gravée dans son âme, une conviction qu'il lui fallait suivre : il devait se rendre dans sa salle de classe. Il devait aller dans la tour de divination. Pourquoi ? Pour qui ? Etait-il seulement supposé le faire à cet instant précis ou devait-il attendre, attendre le moment propice ?

Garrett le savait : c'était son don qui se manifestait. Son don, parfois tellement vague qu'on pouvait douter de son existence. Se rendre dans sa salle de classe, en pleine nuit, sans raison particulière... Aucun autre professeur n'aurait eu une idée aussi absurde. Mais Garrett Ingleby n'était pas un enseignant ordinaire. Ordinaire, il ne l'avait jamais été. Et, s'il savait une chose, c'était bien qu'il valait mieux pour lui qu'il suive son "instinct"...

L'homme avait tout juste pris le temps d'enfiler une robe de chambre par-dessus son pyjama rayé et de prendre sa baguette avant de quitter ses appartements et de se rendre sur les lieux. Ses pieds nus effleuraient la surface froide des pierres du château, mais Garrett n'en avait cure.

Il ne pouvait penser qu'à cette certitude, si vague, mais si intense. Qu'allait-il trouver là-bas ? Le professeur croisait les doigts pour que cette prédiction ne le mène pas à un grave événement. Que pouvait-il donc bien se passer, aux alentours de minuit, dans sa propre salle de classe ?

Alors qu'il approchait des lieux, un bruit étrange parvint à ses oreilles, suivi d'une voix étouffée. Il pressa le pas, s'arrêtant devant la porte, qu'il illumina de sa baguette. Porte qui n'était pas fermée à clé. Porte qu'il était certain d'avoir verrouillé avant de quitter les lieux. Un sentiment nerveux s'empara de lui, tandis qu'il franchissait le seuil de sa salle de classe.

A l'intérieur, personne. Pas d'âme qui vive. Garrett regarda autour de lui, intrigué, mais ne put distinguer ni élève ni professeur ni créature étrange au sein de son domaine. Pas même un esprit frappeur venu lui jouer des tours... Garrett se mordit les lèvres, inquiet, confus. Vraisemblablement, la raison pour laquelle il était supposé se rendre dans la tour de divination à une heure pareille ne s'était pas encore manifestée.

Il aurait pu retourner se coucher, oui... Mais il n'en avait pas le souhait. Quelqu'un, quelque chose nécessitait sa présence ici... Et s'il devait rester toute la nuit pour rien, il le ferait. Un bâillement lui échappa, tandis qu'il installait quelques bougies et les allumait d'un coup de baguette magique. L'ambiance tamisée l'aida à rassurer quelque peu ses inquiétudes. Garrett n'était pas à l'aise dans l'obscurité, et encore moins dans la solitude ténébreuse...

Il s'assit en tailleur sur un coussin, son regard dirigé vers la porte, attendant que l'objet de sa "prédiction" n'en franchisse le seuil. D'un "Wingardium leviosa", il fit venir à lui un paquet de tarots et commença à mélanger les cartes, occupant ses mains pendant la longue attente qu'il allait devoir affronter.

Ses vieilles habitudes le reprirent et il commença à parler à haute voix, chose qu'il avait commencé à faire voilà des années pour oublier à quel point il pouvait être seul :

"Ce n'est probablement rien de grave. Un chat qui va malencontreusement s'enfermer dans la salle de classe ou un fantôme qui a besoin de discuter un peu... Inutile de t'inquiéter..."

Il ne pouvait s'empêcher d'être anxieux. De craindre les pires. Il détestait ses prédictions les plus vagues. Elles pouvaient être aussi bonnes que mauvaises. Annonciatrices de joie ou de malheur. Et pourtant, elles étaient les plus fréquentes. Ces mêmes prédictions qui poussaient tant de gens à être profondément sceptiques à son égard ou à l'encontre de sa matière...

Comme si on pouvait prédire l'avenir dans ses moindres détails ! Parfois, Garrett aimerait que la clarté dont il disposait de temps à autre l'habite constamment, lui permettant de faire les meilleurs choix, d'éviter le pire. Mais quel genre de vie cela serait ? Une vie sans surprises... une vie sans saveur...

Garrett se frotta les yeux. Un bon thé lui ferait du bien et l'aiderait peut-être à tenir le coup un peu plus longtemps... Il se leva et s'affaira à en préparer un, veillant autant qu'il le pouvait à focaliser son attention sur la porte d'entrée de sa salle de classe. Que rien ne lui échappe...

Il sortit plusieurs tasses, au cas où l'objet de sa prédiction ne soit une ou plusieurs personnes qui viendraient lui rendre visite dans la nuit. Il les déposa sur une table avoisinante, avant de retourner à sa place et de reprendre religieusement sa posture, sirotant son thé chaud. Il laissa un sourire naître sur son visage.

"Quoi qu'il soit censé se passer, je suis prêt. Allez, manifestez-vous, je vous attends !"

Toute la nuit, s'il le faut, il patienterait. Cela pouvait sembler fou, absurde. Mais si quelqu'un avait besoin de son aide, si sa prédiction le conduisait à porter secours à une personne... Garrett était prêt à rester.


Dernière édition par Garrett Ingleby le Lun 11 Déc - 14:59, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
▪ messages : 107
▪ points : 286
James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 27 Nov - 1:58

Contrairement à d’autres, au moment de choisir ses options de troisième année, James n’avait pas pris la divination au hasard. Les sang-purs ou mêlé qui avaient grandi dans le monde magique savaient la plupart du temps à quoi s’attendre, et à moins d’être prédisposés à la divination, ne choisissaient jamais de s’y inscrire. James, en compagnie de la bande déjà inséparable, avait pourtant demandé à rejoindre la classe du Professeur Ingleby, à la grande surprise de pas mal de monde, à commencer par celle de ses parents. Mais James n’avait cure du difficile, et factice ?, art de la divination. Les feuilles de thé ne l’intéressaient pas plus que l’interprétation des rêves, et tout ce qui l’intéressait, au début, c’était de mettre la main sur l’armoire à thé, et autres herbes. Le méfait accompli, les quatre Marauders en devenir avaient réalisé quatre blagues, dont deux mémorables. L’une impliquait un caleçon fumant et Snivelus Ape, et l’autre McGonagall et des vapeurs venues d’une plante inconnue. L’une de leurs plus belles retenues.

Le professeur Ingleby n’avait pas supporté très longtemps d’avoir dans sa classe des élèves qui mettaient un point d’honneur à ne rien respecter. Il avait tout fait pour les renvoyer, et toute l’affaire s’était réglée par un statu quo : les garçons avaient arrêté de venir. On faisait comme si ils n’avaient jamais choisi cette option.
Mais James garde pour le professeur un peu trop gentil une affection certaine. Avec le recul des années, il respecte sa patience et sa bonté sans faille. Il se serait sans doute giflé lui-même, à sa place. Victoire d’Ingleby, sa salle de classe est un véritable espace de bien être, ou même le plus récalcitrant est venu chercher le repos. James se sent bien entre les tentures, et presque d’humeur à somnoler quand la porte s’entrouvre sur un Lumos. À l’abri sous la cape, James ne craint rien, mais au fur et à mesure qu’il assiste à l’installation du professeur, parce que c’est bien lui, il ne peut empêcher le désarroi de monter en lui. Bougie, coussin, a priori le propriétaire des lieux est parti pour rester et James ne peut pas rejoindre la porte sans le frôler. Le voilà même qui parle tout seul, jusqu’à lui donner une idée. Il peut jouer au fantôme, qui n’a pas envie d’être vu. Ils sont des dizaines, dans le château, il n’a qu’à en choisir un qu’on ne voit pas souvent, imiter sa voix et ficher le camp, tranquille, Émile.

Le prof bat les cartes, James se lève. Peut-être va-t-il réussir à passer sans être senti, même par le sixième sens du soi-disant devin. Mais non. Au moment où le brun se lève, les yeux fixés sur la porte, sur la liberté, l’autre se met sur pieds aussi, et commence à préparer un thé. James, de nouveau, doit attendre. Quand les tasses sont enfin prêtes et posées sur la table devant l’homme de nouveau assis, James se prépare à passer à l’action. Mais dans un dernier geste – lequel, pourquoi, motivé par quoi ? – le professeur entrave sa route et James bouscule son épaule.

Dans la tête du jeune homme, fort d’autres mésaventures, tout arrive au même moment. Il sait qu’il est foutu, qu’Ingleby ne pensera jamais qu’il est un fantôme, puisqu’il est physique. Il n’a qu’une seule option, se dévoiler, sauf s’il veut que l’alerte générale soit lancée. La guerre arrive dans ses chaussures crantées, les monstres rôdent dans la nuit, il n’est pas un professeur qui ne courrait chez le Directeur s’il venait à bousculer une silhouette invisible. La seule solution, se dévoiler. Mais comment, pour ne pas faire voir la cape ?

James ne sait pas quelle est la distance qui le sépare du mur dans son dos, mais il profite de l’élan donné par le léger choc avec le professeur pour se jeter le plus loin possible en arrière. Par chance, une tenture protège la pierre, ou plutôt le protège de la pierre, et, coup de chance, il sent sous sa main droite la limite du tissu. Pendant que le professeur se redresse dans une flaque de, James laisse tomber la Cape dans les replis de la tapisserie, sans même la repousser un peu plus du pied, sachant que personne ne la verra. Lui-même aura besoin de savoir qu’elle est là pour la retrouver. Sa plus fidèle alliée.

Il est visible. Il toussote un mot qui pourrait être l’ordre de fin d’un sortilège de désillusionement, et prend son air sur de lui. Le même qui le sort de colle, la plupart du temps. Son air de Préfet en chef. « Ça alors, professeur, qui l’aurait cru ! J’étais en train de faire une ronde, j’ai entendu du bruit ici, je me suis dit, forcément, qu’il fallait que je vienne voir, et rien. Rien du tout ! Du coup, j’allais retourner, sagement, à mon dortoir, je ne voudrais pas vous déranger et j’ai… Aaaah, si sommeil. »
James ponctue sa phrase de deux bâillements, aussi faux l’un que l’autre. Pour être aussi nul en bobards, il ne doit vraiment pas être dans son état normal. Il se rend alors compte qu’Evans est toujours dans ses pensées, maintenant rejointe par les autres noms et mots qu’il essayait jusque là d’exorciser. Lestrange, Black, enlèvements, Mangemorts, danger. Il grimace malgré lui, mais ne bouge pas.
James ne sait pas pourquoi, mais ce soir il a peur.

Revenir en haut Aller en bas
AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 27 Nov - 18:17

Une sensation de brûlure s'empara du professeur. Ce dernier s'était heurté à un obstacle invisible et avait renversé son thé sur lui. Un couinement douloureux lui échappa, mais Garrett était bien trop surpris pour songer immédiatement à faire disparaître l'eau chaude qu'il avait malencontreusement répandu sur ses vêtements et son épiderme. Il lui fallut quelques instants avant de parvenir à reprendre ses esprits et se relever, tentant de comprendre ce qui venait d'arriver.

Et la surprise ne fit que s'accentuer lorsqu'il découvrit que sa salle de classe habitait un visiteur. Garrett avait songé à toutes sortes de raisons pour lesquelles il avait été réveillé par son don en pleine nuit pour se rendre dans la tour de divination. James Potter n'avait pas été l'une de ses théories, pour sûr. Et pourtant, le voilà. Arborant une expression profondément confuse, le professeur observait son ancien élève et écoutait ses excuses, tentant toujours de saisir ce qui avait bien pu se passer.

Apparemment, James Potter s'était désillusionné et était en pleine ronde lorsqu'il avait entendu du bruit et s'était précipité dans la salle de Divination pour vérifier ce qui se passait. Garrett était peut-être naïf, mais il n'était pas stupide. Il avait parfaitement entendu que quelque chose avait eu lieu dans sa précieuse salle avant qu'il ne s'y rende et il y avait de fortes chances que James Potter n'en soit à l'origine.

James Potter... Il aurait pu être un élève prometteur. Pas une once de don de divination, mais une imagination et une créativité sans bornes qui auraient méritées d'être développées et entretenues pour des causes plus nobles que des blagues de mauvais goût. Garrett pouvait accepter qu'on se moque de lui ou de sa matière. Il pouvait même endurer les blagues, pourvu qu'il soit le seul à les subir.

Mais à partir de l'instant où Potter et ses camarades avaient fait profiter les autres de leur "humour", les handicapant dans leur apprentissage et cessant de faire preuve de malice pour devenir de simples brutes, Garrett avait mis le holà. On ne volait pas dans son armoire et surtout pas pour martyriser un autre élève. Quoi qu'il ait pu se passer entre Potter et Severus Snape, rien ne justifiait un tel comportement.

Il avait longtemps été à la place de ceux que l'on tourmentait. Et il s'était juré de les protéger. Même si cela impliquait de se soustraire à sa règle fondamentale, celle de ne laisser aucun élève derrière. Il avait dû abandonner James Potter. Non pas que l'élève en ait eu le coeur brisé, mais... Garrett aurait souhaité qu'il en soit autrement.

Toujours était-il qu'ils étaient à nouveau tous deux dans la salle de divination, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs années. Garrett ne pouvait pas croire à une coïncidence. Une prédiction l'éveillait et il tombait sur James Potter, dans sa tour ? Peut-être devait-il lui venir en aide... Ce qui serait impossible s'il se contentait de l'accuser et de jouer les professeurs autoritaires.

Alors, Garrett étira un sourire sur ses lèvres, faisant mine de le croire, d'accepter ses excuses. Ce qu'il faisait réellement ici, il l'ignorait. Mais cela avait-il seulement de l'importance ? Peut-être avait-il suivi son "instinct", lui aussi...

"Vous savez, Mr Potter, j'ai été guidé en ces lieux par une sorte de... prémonition. Une certitude qui m'a éveillé en pleine nuit, celle de devoir me rendre sur ces lieux pour quelque chose ou quelqu'un. Et vous êtes là."

Il pointa du doigt la table sur laquelle il avait disposé les tasses de thé, augmentant un peu plus son sourire :

"Que diriez-vous d'une petite tasse ? En souvenir du bon vieux temps, vous pourrez même tenter de lire les feuilles de thé. Vos prédictions farfelues ont manqué à ma classe. Elles avaient le don de faire rire mes élèves et de les détendre."

Sans attendre la réponse de James Potter, Garrett s'empressa de remplir deux tasses de thé. Se rappelant enfin de sa "maladresse", le sorcier effaça les traces du liquide qu'il avait renversé sur lui d'un coup de baguette. Un thé gâché... Quelle tristesse.

"Je ne dirai rien de votre venue ici, Mr Potter. Sachez également que mes oreilles sont grandes ouvertes et que rien de ce que vous me direz ne sortira de ces murs si vous souhaitez qu'il en soit ainsi. Je ne crois pas au hasard, Mr Potter, et si nous avons été tous deux réunis dans cette salle à une heure pareille, je suis certain qu'il y a une raison à cela."

Il s'empressa de s'installer à la table, un grand sourire aux lèvres, invitant James à en faire de même s'il le désirait :

"Oh, et si vous estimez que je devrai déjà savoir ce qui vous mène ici sous prétexte que je suis voyant... Vous avez probablement raison et un meilleur voyant que moi le saurait déjà. Néanmoins, je préfère être surpris que d'être au courant de toutes choses en ce monde. Etre un piètre voyant me convient parfaitement."

Il était loin d'être "piètre", comme il aimait à l'affirmer de temps à autre, mais s'il gardait son esprit ouvert, il refusait de "forcer" son don. L'entraîner, oui. Mais le troisième oeil n'était pas un pouvoir dont il fallait abuser. Garrett préférait se laisser guider. Comme cette nuit-là, où il venait de croiser le chemin d'un élève qu'il n'avait plus vu depuis fort longtemps...


Dernière édition par Garrett Ingleby le Lun 11 Déc - 15:00, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
▪ messages : 107
▪ points : 286
James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyVen 1 Déc - 15:09

Qu’est-ce qui lui a pris, de venir se perdre dans cette salle idiote, au plein milieu de la nuit ? Pendant deux ans, il a tout fait pour en sortir, en ne s’y rendant pas, en cherchant des noises aux autres élèves, en multipliant les bêtises. Ah, qu’est-ce qu’il a pu être pénible en troisième et quatrième année. C’est qu’à l’époque, rien d’autre ne comptait pour lui que la poursuite de cet objectif hors de portée. Toute son énergie était concentrée à devenir un Animagus, et hors Evans, ses amis et Snape, rien d’autre ne comptait. James en mode monomaniaque, en voilà un qui ne doit pas manquer aux professeurs.

La cinquième année avait donc sonné le glas de l’apprentissage de la divination pour James, qui n’avait même pas eu à passer de BUSE dans la matière, tout le monde faisant semblant, à la demande du professeur, d’ignorer qu’il avait un jour suivi les cours. Depuis, l’élève et le professeur se croisent parfois dans les couloirs, rarement, puisqu’ils occupent des tours différentes, et leurs saluts sont civils. En plus d’être patient, le professeur Ingleby n’est pas rancunier, ainsi que plus déçu que fâché du manque de don absolu de James.

Là, par exemple, il pourrait prendre le parti de n’être pas dupe, de lui passer un savon, de retirer des points à sa maison. Il pourrait lui demander d’étayer son récit, lui demander des précisions. Et si ça ne mettrait pas James plus en difficulté que cela, la confiance serait rompue. Au contraire, le professeur le regarde avec intérêt, comme s’il essayait de relier les points d’un dessin. Les points en mouvement d’un dessin qui en compte mille. Bref, une galère totale, qui lui demande toute sa concentration. Pour l’instant, donc, du moins après avoir balancé son excuse à toute allure, James n’ose bouger ni ajouter un mot. Il a beau se ficher éperdument de la divination et ne pas croire vraiment croire à l’existence d’un « don », il a appris à respecter l’autorité. Enfin, de certaines autorités, dans certains contextes, parce qu’il ne faut pas abuser non plus. Enfin, le professeur prend la parole, et James se retient un peu de lever les yeux au ciel. D’abord parce qu’il n’est déjà pas à son avantage, ensuite parce que, prémonition ou pas prémonition, Ingleby est là. Qu’il y a peut-être quelque chose à prendre.

« Je… Je veux bien une tasse de thé, à vrai dire. »

James voudrait bien avoir dit oui contre son gré, sans se rendre compte de ce qu’il disait, mais il accepte en fait de bon gré. Il sourit même au rappel de ses prémonitions insolites et ridicules, qui amusaient la galerie. « Et va pour une lecture, même si je pense que l’alignement de Mercure et Uranus n’est pas optimal. Ça risque d’être flou. » Rictus amusé. Et sans plus de manière, James attrape un coussin sur une chaise et va s’installer en face du professeur. Le thé fume, la nuit s’écoule doucement, la tour est tranquille. Au bon moment, Ingleby laisse entendre qu’il n’est pas dupe, mais pas non plus fâché. « Je ne sais pas s’il y a grand chose à dire, monsieur. Je suis monté ici pour marcher, ça n’est pas forcément révélateur de quoi que ce soit. »

Ça n’est pas révélateur de son angoisse sourde à l’idée qu’Evans l’envoie finalement chier, où qu’il arrive malheur à ses parents, où qu’il ne trouve pas où s’engager à sa sortie de Poudlard, ou, au contraire, que l’engagement soit trop évident. Lui qui était si content de devenir adulte, merci la majorité.

« C’est vrai que j’ai quelques interrogations, et je dirais pas non si des cartes, des planètes ou des boules de cristal voulaient bien me donner la réponse sur un plateau d’argent, mais j’imagine que c’est le lot de tout le monde, même des voyants. Même des piètres. »

Pour s’empêcher de parler plus, James porte la tasse à ses lèvres, et ne laisse voir que ses yeux rieurs. Oui, il est inquiet, mais ça lui permet de pousser de nouvelles portes : l’humour désespéré, ça a son charme. Il se brûle un peu, mais repose tranquillement la boisson sur la table.

« Vous ne sentez pas ce qui traîne en ce moment ? Est-ce qu’il y a moyen d’y faire face sans recourir à je ne sais pas quel don, ou visions que, disons, je n’aurais pas ? »

Ces deux dernières questions, par contre, lui ont échappé. Est-ce que c’était dans le thé, ou bien coincé dans sa gorge depuis trop longtemps ? Maintenant que c’est dit, il va falloir assumer d’être un poltron, James, bravo.
Revenir en haut Aller en bas
AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyVen 1 Déc - 20:38

Le visage de Garrett s'illumina d'un grand sourire et il battit brièvement des mains quand James Potter lui annonça qu'il souhaitait prendre le thé avec lui. L'homme appréciait la compagnie des gens, notamment de ses élèves, et pouvoir passer une partie de la nuit éloigné de cette solitude qui l'angoissait autant était un véritable soulagement.

Il n'avait plus de doute là-dessus, à présent. Mr Potter était la raison pour laquelle il était supposé se rendre dans la Tour de divination aussi tard dans la nuit. Il allait devoir faire preuve de gentillesse et de compréhension pour comprendre exactement ce qui se passait et être en mesure de l'aider si nécessaire.

Ce qui ne lui était pas difficile, à dire vrai. Garrett avait un grand coeur. Trop grand, parfois. Sa naïveté lui avait valu d'être abusé trop de fois, ce qui ne l'avait pas empêché de demeurer cet homme qui vivait rigoureusement pour les autres, en s'oubliant régulièrement au passage. La gentillesse, il connaissait.

Garrett eut un petit rire à la blague de James Potter sur l'alignement des planètes. Le jeune homme n'avait décidément aucune idée de la manière dont toutes ces choses fonctionnaient, mais qu'importe. Il n'était définitivement pas un voyant et Garrett n'avait pas pour souhait de le forcer à l'être. La divination n'était pas une matière avec laquelle on pouvait se familiariser "malgré soi". Même lui, qui avait le troisième oeil, n'aurait pas développé son don de la sorte s'il n'avait pas été passionné par cela...

"Eh bien, que cela soit flou ! Les prédictions les plus vagues sont les meilleures, puisqu'on peut faire ce qu'on veut d'elles. C'est une prédiction floue qui m'a menée ici, vous savez. J'ignorais ce que j'allais trouver dans ma salle de divination. Ou si j'allais seulement trouver quelque chose aujourd'hui. Je savais qu'il fallait que je vienne, voilà tout."

Garrett prit une gorgée de thé :

"Et cela m'a permis de vous croiser, ce qui est une très bonne chose."

Le professeur se tut, laissant l'occasion à son élève de prendre la parole et de commencer lentement à se confier. Il ne put s'empêcher de sourire lorsque James Potter mentionna qu'il aimerait que la réponse à ses questions lui soit apportée sur un plateau d'argent. Oh, Garrett avait souhaité cela aussi, voilà bien des années.

Puis il avait fini par comprendre la véritable essence de la divination et avait renoncé à la quête d'une vérité ultime. Vouloir tout savoir n'était pas seulement impossible, c'était aussi contre-productif. En s'accrochant de la sorte à l'avenir, on finissait par délaisser le présent et oublier le passé. A quoi bon une vie menée dans la quête perpétuelle de ce qui était sur le point d'être ?

Garrett réfléchit posément à la remarque de James Potter, triturant l'anse de sa tasse du bout des doigts. Son expression se fit plus sérieuse, perdant l'enthousiasme débordant qu'il manifestait régulièrement. Mr Potter était visiblement inquiet, inquiet par tout ce qui pouvait se passer à l'extérieur, et Garrett ne pouvait pas balayer ses angoisses d'une bonne parole ou d'un rire joyeux. Parfois, il fallait savoir faire preuve de retenue et gravité quand la situation le nécessitait...

"J'enseigne ici depuis cinq années et j'ai très peu quitté le château pendant tout ce temps. Ici, j'ai parfois l'impression d'être... hors du monde, si vous voyez ce que je veux dire. Comme si le temps et la vie s'y écoulaient autrement. Comme si nous n'étions pas tout à fait dans le monde réel."

Poudlard était son refuge. Le lieu où il savait qu'il ne serait jamais seul. Néanmoins, Garrett était conscient du fait qu'il ne pourrait pas s'y dissimuler éternellement. Un jour viendrait où il lui faudrait se battre. C'était ce que sa vision lui avait indiqué, il y avait plusieurs mois de cela, et ce qui l'avait poussé à rejoindre l'Ordre du Phénix. La nécessité de se battre, pour les autres. Pour les protéger. Les préserver.

"Face à tout cela, Mr Potter, je n'ai pas plus d'armes que vous n'en disposez vous-même. Mon don ne me permet de percevoir qu'un avenir potentiel parmi des centaines, des milliers de possibilités."

Garrett prit une autre gorgée, inspirant et expirant lentement pour éloigner l'angoisse qui commençait lentement à le saisir. Tout cela lui faisait peur, oui. Terriblement peur.

"Ce que je vois ne va pas automatiquement se produire. A partir de l'instant où vous entrevoyez quelque chose, cette chose a d'autant plus de chances de ne pas se produire. Vous pouvez décider de ne rien faire, en espérant que cela arrive, mais ne pas agir, c'est déjà faire un choix. Peut-être étiez-vous censé accomplir une certaine action pour que tout cela se produise. Peut-être que l'avenir a été complètement changé par votre passivité."

Garrett lui-même s'était déjà vu mourir. Plusieurs fois. Il avait pris l'habitude de ces visions morbides, à présent, mais la première qu'il avait eu l'avait paralysé et il n'était pas sorti de sa chambre pendant une semaine entière. Aujourd'hui, il avait compris que, quoi qu'il arrivait, il ne saurait l'en empêcher. Et qu'il valait mieux continuer à vivre que de s'empêcher de savourer l'existence en tentant d'échapper à la mort...

"Vous n'avez pas à recourir à un don ou une vision. Au contraire, il est parfois mieux de ne pas trop s'appuyer dessus. Vous avez des amis. De la famille. A cet instant précis, vous m'avez également, même si je n'oserais pas appeler ça un "cadeau"."

Garrett gloussa, avant de retrouver une certaine contenance et de reprendre son discours :

"Vous pouvez parler. Garder pour vous la source de votre inquiétude, de votre angoisse, c'est la certitude de vous enfermer dans vos craintes jusqu'à être submergé par ces dernières. Vous ne pouvez pas laisser cela arriver, Mr Potter. Vous méritez mieux que cela."

Garrett déposa sa tasse sur la table, s'agitant sur le coussin sur lequel il avait pris place. Il ne pouvait pas cacher que le sujet de leur conversation le rendait nerveux. Il ne souhaitait pas le dissimuler, de toute manière. Trop longtemps, il avait cru que les adultes savaient ce qu'il faisait et qu'il trouverait un jour la réponse à tous ses doutes. Aujourd'hui, il savait qu'il n'en était rien, mais l'adolescent qu'il était n'en avait pas la moindre idée...

"Il m'arrive d'avoir peur, Mr Potter. Mais je pense qu'il n'y a pas meilleure manière de lutter contre cela que de savourer ce que la vie nous envoie à l'instant présent. Un repas délicieux, un moment passé avec ses amis, une discussion privilégiée avec un interlocuteur des plus intéressants..."

Un clin d'oeil plus tard, Garrett avait repris la parole :

"J'aimerais avoir une réponse miracle à vous offrir. Sincèrement. Mais, tout ce que je peux vous dire, c'est que la meilleure manière de faire face à tout cela, c'est simplement d'être vous. Poursuivez vos blagues... Tant qu'elles ne perturbent pas les cours ou vos petits camarades, cela va de soi. Continuez à sourire et à faire rire. Profitez de l'instant présent. De ce qui se passe, là, actuellement."

Garrett avait presque fini son thé. Agitant délicatement la tasse de ses doigts fins, il tentait de deviner ce que les feuilles allaient lui prédire. Quelque chose de positif, il l'espérait. Il avait horreur des augures négatifs, dont certains de ses collègues semblaient pourtant raffoler. Qu'y avait-il de plaisant à voir la mort et la tristesse ?

"Je suis là pour vous, Mr Potter. Vous n'êtes pas seul. Vous n'êtes pas seul et je vous écoute."

Un nouveau sourire s'étira sur ses lèvres. Empli de compassion, d'amour pour son prochain, d'estime. Un sourire qui débordait de positivité et d'altruisme. Un sourire un peu bête que Garrett avait pris la décision de partager avec le monde entier, contre vents et marées.


Dernière édition par Garrett Ingleby le Lun 11 Déc - 15:00, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
▪ messages : 107
▪ points : 286
James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 4 Déc - 11:29

Parfois, il ne faut rien faire d’autre que de s’asseoir, boire un thé et attendre. Ça, James Potter le sait, en théorie. Dans la pratique, réussir à l’asseoir à une table pendant plus d’une quinzaine de minutes, ça relève de l’exploit. Même le plaisir de la boisson chaude ne le convainc pas, puisqu’il suffit d’un petit sortilège de refroidissement bien maîtrisé pour que l’eau soit à température parfaite. Pourquoi faire preuve de patience quand on a une baguette qui ne demande qu’à être agitée ? De baguette magique, bien entendu. Mais quand il n’y a rien d’autre à faire au milieu de la nuit que de laisser une tasse fumer en écoutant un professeur le rassurer, James va puiser en lui toute la patience qu’il a en réserve. Ça n’est pas beaucoup, mais ça peut suffire.

D’autant qu’Ingleby n’est pas tout à fait comme les autres enseignants, quand bien mêmes ils se voudraient tous, ou presque, à l’écoute et proches des élèves. James admire McGonagall sans doute plus qu’il ne voudra jamais l’admettre, mais se confier à elle serait sans doute compliqué, voire impossible. Ingleby, avec son sourire naïf, ses grands yeux visiblement habitués à s’ouvrir sur l’avenir et ses gloussements aigus, est beaucoup plus proche de James, beaucoup moins impressionnant, sans doute beaucoup plus humain. C’est ce qui est compliqué avec les modèles, ils sont sur un autre plan. Et, pour l’heure, ils sont dans leur lit, alors James se concentre de nouveau sur la personne réelle en face de lui. Qui explique quelque chose qui passe complètement au dessus de la tête du brun, d’ailleurs.

« Vous n’allez pas me dire que tout ce qu’on a inventé, avec Sirius et Peter, ça pouvait vraiment valoir quelque chose, à un certain niveau ! »

Il prend une minute de plus pour réfléchir aux implications de la révélation du professeur.

« Mais c’est votre discipline ! Comment vous pouvez accepter aussi sereinement que la divination ne vaille pas mieux qu’un pressentiment, pire, qu’une superstition ? Si on peut tirer ce qu’on veut d’une prédiction, d’une vision, d’une phrase jetée à la va-vite sur un parchemin pour avoir quelque chose à rendre au cours suivant, quelle est la vraie valeur de ce que vous enseignez, et, je sais pas, vivez au quotidien apparemment ? »

Comme tous les autres, James a déjà assisté à une vision du professeur. Très impressionnant, un peu comme quelqu’un qui aurait un début de crise d’épilepsie, mais Ingleby se relève toujours comme si de rien n’était. Au début, les élèves pensent qu’ils simulent, mais qui irait jusqu’à se couper profondément, chuter dans les escaliers et manquer de s’étouffer avec son porridge juste pour prouver quelque chose à des gamins ? Il y a vraiment quelque chose qui dépasse l’entendement de James, qui ne va pourtant pas jusqu’à croire que le Troisième Œil a quoi que ce soit de vrai. De toute façon, si comme il vient de l’apprendre, tout peut avoir un poids, la fumisterie est encore plus générale. Les planètes, le thé, le plateau d’argent, tout ça est ridicule, et James le sait bien. Il n’est pas de prophétie qui annonce ce qu’il va advenir de lui, de Lily, de Sirius, de tous les autres. Sauf peut-être quelque part au fond de sa malle, sur un parchemin déchiré : « Les oreillons auront raison de vous en mai. Ne vous découvrez pas fin avril ! » Divertissant, mais ridicule. Dans la vraie vie, il n’y a plus de devoirs à rendre, de parchemin à remplir absolument.

Et ce que dit le professeur ne fait que le conforter dans son impression première. Poudlard est une parenthèse sur la page. Un temps à part, qui, finalement, ne les prépare pas assez à ce qui les attend dehors, que ce soit le travail classique, ou Voldemort et sa troupe. James ne veut pas devenir un soldat, mais apprendre à respecter un hipogriffe, à déchiffrer le cosmos et à transformer un grain de riz en puce, c’est peut-être pas suffisant. Ils n’étaient pas censés savoir, les adultes ? Connaître les réponses aux questions ?

« Le seul moyen d’être en sécurité, c’est de rester à Poudlard ? Il faut devenir professeur ? »

James essaye d’ignorer qu’après la peur, chez lui, vient souvent la colère. Courage, bêtise, quoi que ce soit, James monte au combat, toujours. Et quand bien même ça n’est pas malin de se fâcher contre un professeur, les choses arrivent sans qu’il s’y attende. Le professeur, pour autant, ne s’arrête pas dans son exposé. L’inquiétude de James disparaît doucement, et il commence même à la considérer avec mépris.

Evans ne veut plus de lui ? Sept ans qu’il lui court après, il n’est pas à quelques mois supplémentaires. Il ne trouve pas à travailler après ses ASPICs ? Ça n’est un secret pour personne qu’il a de l’argent, il vivra avec Pads, Moony et Wormtail. Il faut combattre ? James est prêt. Qui était ce minable, deux minutes auparavant, qui geignait auprès d’un prof ? Qui plus est auprès d’un prof qui paraît aussi démuni que lui.

« Pourquoi parler de don ? Je n’en possède très clairement aucun, et je suis tout aussi capable que vous d’imaginer des milliers d’avenirs ! Là, par exemple, voilà, écoutez un peu comme je peux me voir dans cinquante ans avec huit enfants et Lily Evans, ou emprisonné dans trois ans pour opposition au système des Mangemorts, comme témoin au procès d’un de mes meilleurs amis, à l’enterrement de mes parents dans quelques années, ou mort, d’ici six mois, à cause d’un sort bien placé, et oublié en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! »

De toute évidence, loin de disparaître comme James l’a pensé, l’inquiétude s’est distillée, étendue, elle est devenue angoisse, horreur, rage, douleur. Il n’a pas besoin d’appel à l’apaisement, il accepte tous les poids qu’on lui colle sur les épaules de force, pourvu qu’on le laisse péter les plombs de temps à autre.

« Il faut, pour vivre, venir se terrer dans les jupes de Dumbledore, sagement, et attendre les ordres ? »

James est sur ses pieds, il domine le professeur. Il sera collé, peut-être, mais il ne les compte plus de toute façon. Il n’a pas besoin de savoir que les gens sous l’autorité desquels il vit ont peur, sont incertains, ont besoin d’être aimés et guidés. C’est lui qui a besoin de ça.

« Je ne demande pas un miracle, mais comment peut-on être tranquille à attendre que les choses arrivent ? Et comment, comment peut-on vouloir attendre, comment peut-on profiter un tant soit peu de ce que la vie offre quand elle peut disparaître d’ici un instant ?! Et si je ne VEUX PAS rire ? NE PAS être écouté ? Ça fait sourire, ça ? IL Y A DE QUOI SOURIRE ? »

Heureusement que personne n’habite cette tour, car James, debout et les pieds mouillés par le thé qu’il a renversé en se redressant, a crié les derniers mots. Il est à deux doigts de sortir en trombes, mais la Cape le retient dans la pièce. Il ne manquerait plus qu’il l’abandonne au charlatan.
Revenir en haut Aller en bas
AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyLun 4 Déc - 13:32

Autant qu'il le pouvait, Garrett essayait d'être là pour ses élèves. De trouver les bons mots, de les rassurer, de leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas seuls. Mais l'homme était loin d'être infaillible et, parfois, il ne savait pas dire ce qu'il était important d'entendre. Comme c'était le cas actuellement, avec James Potter.

Le principe du "Carpe Diem" par lequel s'efforçait de vivre Garrett ne convenait pas au jeune sorcier, qui ne pouvait s'empêcher d'être inquiet, voire angoissé. Il n'y avait rien d'étonnant à cela. Ils vivaient dans un contexte de guerre et pouvaient mourir d'un jour à l'autre.

Contrairement à ce que son attitude optimiste pouvait laisser croire, Garrett en était douloureusement conscient. Mais il ne voulait pas se permettre d'y penser sans arrêt. Comment continuer à vivre, sinon ? Comment trouver la volonté de poursuivre son existence et de se battre pour elle ?

A cet instant, Garrett n'avait plus l'impression d'être un professeur. Il était redevenu ce petit garçon impressionnable, naïf et qui ne pouvait pas gérer le trop-plein d'émotions qui lui était balancé à la figure et qu'il absorbait bien malgré lui.

L'homme réalisa que ses mains tremblaient follement et déposa sa tasse sur la table, incapable de croiser le regard de son élève. Sa respiration s'était accentuée, son coeur cognant furieusement contre sa poitrine.

Garrett se sentait coupable. Terriblement coupable. Il était un adulte. Il n'était peut-être pas parfait, ni fiable, mais il aurait dû être capable de rassurer James Potter.

Il aurait dû pouvoir trouver les bonnes paroles et lui tendre une main qu'il n'aurait eu aucune difficulté à saisir. Au lieu de cela, il n'avait fait qu'accroître ses inquiétudes, que James déversait désormais sur lui.

Le professeur se mordit la lèvre, ses pensées défilant à vive allure dans son crâne sans la moindre cohérence. Au fond, peut-être n'était-il pas là pour James.

Peut-être que Potter était là pour lui. Pour lui remettre les pendules à l'heure. Pour lui rappeler ses propres faiblesses et à quel point il pouvait parfois être pathétique. S'était-il réellement imaginé être en mesure d'aider qui que ce soit ? Lui qui n'avait su apporter que misère et tristesse chez ceux qui l'entouraient ?

Face au dernier cri de son élève, Garrett ne put s'empêcher de plaquer ses mains sur ses oreilles, laissant échapper une plainte. Les yeux fermés, égaré dans les ténèbres, l'homme ne se rappelait que trop à quel point il était seul. Seul, faible et désarmé. Que pouvait-il faire pour James Potter ? Que pouvait-il seulement faire pour lui ?

Quelques secondes s'écoulèrent. Garrett ouvrit les yeux, décollant tant bien que mal ses mains crispées de son crâne.

Il se força à respirer plus lentement, comme on lui avait appris à le faire après les paniques que ses visions avaient parfois pu engendrer chez lui. Il devait dire quelque chose. Même si les mots lui échappaient. Même s'il ne voulait rien de plus que se recroqueviller dans sa chambre, auprès de son chat, et oublier le monde entier.

Le regard fuyant, recroquevillé sur son coussin, Garrett articula tant bien que mal :

"Je... Je suis désolé, Mr Potter. Désolé que vous ayez eu à... à me voir dans cet état-là."

L'homme passa une main dans ses cheveux, avant de tirer sa baguette magique et de la mordiller distraitement, un tic dont il n'avait jamais pu se défaire. Il était nerveux. Nerveux, mal à l'aise et complètement désarmé. Tout ce qu'il s'était promis de ne jamais être en face d'un élève, même si James Potter n'était plus vraiment dans sa classe...

Retirant sa baguette de ses lèvres, il continua de la triturer du bout des doigts, tentant tant bien que mal d'échapper à la panique qui voulait le saisir :

"... J'ai peur, Mr Potter. J'ai peur et toutes les visions du monde ne sauront empêcher ça. Vous avez peut-être raison, la divination n'a probablement aucune utilité et mon... mon "don" n'est guère plus qu'une épine dans mon pied et dans celui des autres. Je... Je n'ai jamais su apporter de la joie à qui que ce soit grâce à mon pouvoir. Jamais."

Garrett se mordilla à nouveau la lèvre. Il était plus vulnérable que jamais et ce, devant un des élèves les plus populaires du collège. Il avait presque l'impression d'avoir treize ans à nouveau et de risquer à tout moment d'être écrasé ou martyrisé. Mais il n'était pas la victime ici. Il n'était que l'idiot qui avait été incapable de rassurer son étudiant comme il le méritait.

"Mais je... je veux croire que je peux faire quelque chose. Même minime. Mon... Mon "don" m'aide parfois à prendre de bonnes décisions. Il m'encourage. Il me pousse."

Sa gorge était serrée. Plus que tout, Garrett voulait s'enfuir. Mais il était paralysé. Et il ne pouvait pas planter son élève comme ça. James Potter méritait mieux.

"Je... Je me suis vu. Me battant contre les Mangemorts. Je ne suis pas un combattant. Je n'ai même jamais frappé quelqu'un de toute ma vie. Je... je n'aurais jamais osé m'engager si mon "don" ne s'était pas manifesté. S'il ne m'avait pas "secoué"..."

Il ne voulait pas parler de ça avec son élève. De sa décision d'intégrer l'Ordre du Phénix et ce qui allait probablement en résulter : sa mort. Parce qu'il n'était pas un soldat. Parce qu'il était terrifié par tout et tout le monde. Mais il essayait de lui faire comprendre que tout n'était pas si inutile que cela. Qu'il y avait une raison pour que son don se manifeste, pour qu'il puisse entrevoir des avenirs possibles... Que ce n'était pas inutile.

"Vous... Vous savez pourquoi les gens se battent, Mr Potter ? Parce qu'ils ont quelque chose à quoi se raccrocher. Tous ces moments de tranquillité, ces sourires, ces rires que vous rejetez... C'est ce qui permet de lutter. De se dire "Je vais me battre parce que je veux vivre avec cette fille" ou "Je ne vais pas m'enfuir parce que je veux que mon enfant puisse vivre heureux dans un monde en paix". Ce sont ces moments qui permettent de se dire : "ce que je fais, cela en vaut la peine"."

Se sentant désarmé d'être ainsi regardé en hauteur par James Potter, Garrett entreprit de se lever tant bien que mal sur ses jambes flageolantes. Il s'appuya contre un mur à proximité, tentant de paraître moins faible qu'il ne l'était réellement :

"Vous... Vous n'avez probablement jamais prédit l'avenir dans ma classe. Et près de neuf élèves sur dix n'ont pas le don et ne seront jamais capables de voir ce que je vois. Mais... Mais ce n'est pas pour ça que j'enseigne la divination. Je... J'apprécie les rires que vous pouvez susciter chez les autres élèves. Cela me plaît de voir l'imagination que vous pouvez mobiliser pour créer de toutes pièces vos prédictions. Mais, plus que tout..."

Garrett prit une profonde inspiration :

"Je... Je veux que mes élèves comprennent que tout est possible. Qu'il y a des milliards d'avenirs potentiels et que ce n'est pas parce qu'on est né-moldu que l'on ne pourra pas atteindre les sommets ou qu'être né dans une famille "Sang-Pur" ne vous enferme pas éternellement dans une case. Si un élève se voit Ministre de la Magie durant l'une de mes sessions, je... je n'irais jamais lui dire qu'il a tort ou que c'est impossible. Peu importe qui il puisse être. Parce que tout est possible. Tout."

Garrett avait l'impression de ne pas arriver à trouver les bons mots. Les paroles justes. Son incapacité le frustrait et il avait le plus grand mal à réfréner cette colère qu'il éprouvait envers lui-même. Sans vraiment s'en rendre compte, il cogna durement sa tête contre le mur. Peut-être une façon pour lui de se punir de ses limitations...

Comme si de rien n'était, il reprit son discours :

"Si tout est possible, le pire comme le meilleur, alors... pourquoi se focaliser sur le pire ? Pourquoi ne pas espérer le meilleur ? J'ai passé des semaines, des mois, enfermé chez moi à cause d'une vision qui mettait en scène ma mort, mais si seulement j'avais compris que je n'étais pas enfermé dans cet avenir, si seulement j'avais su plus tôt que cette vision n'était pas une fatalité, peut-être serais-je quelqu'un d'autre aujourd'hui. Peut-être serais-je une meilleure personne. Quelqu'un sur qui vous pourriez compter, Mr Potter. Q... Quelqu'un..."

Ses pensées s'égaraient de plus et Garrett se retrouva à bredouiller du charabia. Il préféra se taire et se laissa glisser contre le mur, se recroquevillant sur lui-même. Pathétique, vraiment... Pathétique.
Changeant de sujet, il parvint difficilement à articuler :

"Je... Je n-ne souris pas pour moi. Mais pour les a-autres. Pour ceux qui n'arrivent plus à sourire. Vous... Vous comprenez ? Je... Je veux que les gens continuent à croire que... qu'il y a de l'espoir. Je veux qu'ils s-soient heureux."

Garrett passa une main sur son visage, essuyant la sueur qui perlait sur son épiderme. Et il ajouta d'une voix à peine audible :

"Je... Je ne peux pas être une é-épaule sur laquelle se reposer. Mais... Mais vous pouvez crier. V-Vous pouvez même frapper, Mr Potter. Rien ne sortira de cette salle. Rien."

Peut-être était-ce de cela que James Potter avait besoin... Un punching-ball vivant. Ca, c'était un rôle que Garrett pouvait remplir parfaitement.


Dernière édition par Garrett Ingleby le Lun 11 Déc - 15:01, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
▪ messages : 107
▪ points : 286
James Potter
James Potter
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyMer 6 Déc - 14:01

James est soufflé. N’importe quel autre adulte lui aurait passé le pire savon de sa vie, n’importe quel autre professeur aurait aussitôt retiré la moitié de leurs points aux Gryffondors. On ne donne jamais assez de crédit aux adolescents, quand bien même ils sont les adultes de demain. On rit de leurs inquiétudes, on enterre leurs colères, on se divertit de leurs autres sentiments. Même si de futurs Mangemorts se terrent à ce moment même dans les cachots de l’école, et que certains de leurs camarades sont déjà destinés à mourir de leur main, dans la lutte qui les opposera à eux, on fait semblant de ne pas le savoir. Il y a de quoi en crier de rage, non ? Mais non, si l’injustice fait bondir les mineurs, on punit. Et James a tendance à ne plus pouvoir supporter cela, parce que ça y est, par Merlin. Il a dix-sept ans, il est adulte. Qu’on l’écoute, maintenant !

Mais comme à son habitude, James n’a pas forcément pensé à estimer la personne qui lui fait face. Si on peut exploser devant Dumbledore ou autoriser quelques uns de ses mots à dépasser sa pensée face à McGonagall, passer ses nerfs sur le professeur Ingleby n’est pas l’idée du siècle. Parce que si les mains de James tremblent violemment de colère trop longtemps, celles de son interlocuteur frissonnent d’un sentiment que l’adolescent a du mal à déchiffrer. Le professeur à ses pieds en ferme les yeux pendant plusieurs minutes, laissant James tout seul dans sa bulle de rage. Un James qui n’arrive pas à se laisser toucher par sa détresse, trop obnubilé par la sienne. Il a honte, terriblement honte de lui, mais rien n’y fait, ses poings se serrent convulsivement, il serre les dents pour éviter de continuer à hurler, parce qu’il en serait capable malgré l’état du professeur. Trop c’est trop, et James n’a jamais été la personne la plus empathique, la plus responsable, la plus raisonnable.

Les excuses du professeur, après cinq minutes, sont pourtant comme un effleurement de sa carapace de colère. Il en frissonne, même s’il n’est pas prêt à laisser aller ce sentiment, pas encore. Ingleby mordille sa baguette, toujours complètement dominé, psychologiquement et physiquement. La pitié de James, alliée à sa honte, commence à attaquer la carapace de l’intérieur. Les aveux du professeur, ses excuses, auraient de quoi attendrir n’importe qui, surtout quelqu’un qui comprendrait qu’il est en train de retomber dans ses pires travers, mais le brun est au-delà de ça. Le petit tyran en lui n’est pas tout à fait mort, de toute évidence, même s’il a plus de recul sur son comportement. L’émoi d’Ingleby pourrait être son carburant. Le mépris qu’il a pour ceux qui sont désolés pour eux. Le ridicule total de sa discipline.
Mais il y a aussi l’écoute promise par le professeur. La gentillesse qu’il a pour tous. L’honnêteté dont il fait preuve encore maintenant, tremblant, hésitant, recroquevillé. Lui, se battant contre Voldemort et sa troupe ? James est à deux doigts de laisser passer un sourire méprisant, mais il se rend compte qu’il n’en serait plus capable. Pourtant, il se sent encore tremblant d’exaspération et de violence. Cette ambivalence est extrêmement désagréable, incompréhensible.

Heureusement, le rapport de force se dissipe un peu quand le professeur se porte à son niveau. Même s’il chancelle un peu, même s’il s’aide du mur pour tenir debout. Son ton s’affirme au fur et à mesure qu’il parle, qu’il parle de choses réelles, de politique, de ce dont on ne parle pas d’habitude. Et James est bien plus tenté de le croire que quand il parle de divination, de son don. C’est peut-être aussi simplement le débit qui aide James à se calmer. La rage redescend petit à petit, la carapace se fissure. À tel point que quand, de frustration, Ingleby tape sa tête contre le mur, James esquisse un pas en avant. Il ne compte pas enlacer le professeur et s’excuser, il ne sait pas ce qu’il pourrait faire. Il veut juste bouger. Mais l’autre reprend et James s’interrompt. Et l’ouverture semble se refermer, alors que les hésitations reprennent quand le professeur recommence à parler de ses visions. James sent qu’il pourrait aussi bien basculer de nouveau. Il aime les gens, mais les faibles. Il se renferme, il transpire, il bégaye. Il a peur.

Et quand James comprend cela, tout s’effondre. La tirade du professeur a détruit la carapace, mot après mot, et James se retrouve nu quand il lui est proposé de se défouler physiquement. C’est lui, ça ? Cette brute, ce tyranneau que l’on penserait capable de frapper quelqu’un de sang froid ? Le dégoût, le mépris, changent de camp aussi sec. Le pas esquissé vers l’avant se transforme en véritable pas vers l’arrière.

« Je ne… Pardon. Je ne voulais pas… »

Enfin, si il voulait.

« Enfin, je… Si. Mais je… »


Les mots lui échappent à toutes vannes. Que dire, est-il seulement excusable ?

« Pardon de m’être levé comme ça. Le tapis… Euh, Evanesco. Mais relevez, euh, non, je vais m’asseoir plutôt. »

Oui, il a emmerdé Snivelus plus souvent qu’à son tour, et toutes ses blagues, même les plus cruelles, l’ont toujours fait rire. Certes, il n’a pas toujours su s’arrêter avant, ni devant, les larmes. Il se rassoit, abasourdi.

« Je n’aurais pas dû… Rien n’explique… Que je me sois montré violent comme ça. Je n’ai pas songé… Je crois que je ne suis pas habitué à ne pas savoir, et j’ai perdu le contrôle. C’est moi qui devrais… Pardon. »

Si quelqu’un entrait dans la salle à ce moment, la vue serait des plus étrange. James a remonté ses jambes contre sa poitrine. Il voudrait passer à autre chose, quitter cette salle, oublier comme il peut être. L’agressivité, sans public, a un tout autre goût.

« J’oublie que l’horreur est partagée. Je suis désolé de ne pas croire aux visions, aux prophéties, mais je suis désolé aussi d’avoir tant tourné tout ça en ridicule. Je… J’imagine que ça se voit mais j’ai du mal avec les choses qui ne vont pas… dans mon sens. Les blagues, comme vous dites, ça s’organise de bout en bout, et au fur et à mesure qu’on s’améliore, il y a moins en moins d’erreurs, d’imprévu. L’avenir c’est… Juste ça, de la surprise et de l’inconnu. Penser qu’on peut l’appréhender, même d’une manière partielle c’est… flou. »

Lui aussi peut se voir mourir. Les Potter sont de parfaits traîtres à leur sang, en refusant d’embrasser l’idéologie Mangemort. James sait que son père a été approché par les sbires du Mage noir, et qu’en les envoyant au diable, il ne s’est pas fait que des amis. Pour lui, ses oppositions frontales à tous les rejetons de ces mêmes sbires, la voie est toute tracée. Si résistance il y a en dehors de Poudlard, il la rejoindra. Si elle n’existe pas, il la créera de toutes pièces, avec Sirius, Remus et Peter. Ils se sont déjà attelés à plus compliqué, organiser l’opposition ne sera pas hors de leur portée. Mais si Ingleby parle de se battre, c’est que quelque chose existe déjà. Et James, malgré sa honte, n’a jamais été aussi proche de savoir quelque chose de concret. Déjà, les rouages se remettent en marche dans sa tête. Si on peut orienter la conversation dans ce sens, peut-être qu’il pourra collecter des informations, à défaut de noms, des idées, et, en recroisant tout ça, il arrivera à se rendre utile d’une manière ou d’une autre.

« J’ai besoin de me rendre utile, vous comprenez. Attendre comme ça, que les choses arrivent, c’est insupportable. Je suis majeur, et je peux être utile ! Si vous pouvez vous battre, pourquoi pas moi, hein ? J’ai besoin de savoir ce qui m’attend à la sortie de Poudlard ! »

Ça prendra sans doute plus de temps que ça, mais la première pierre est posée.

« Je ne suis pas pessimiste, malgré ce que je viens de dire… de crier. Je vous crois, et Merlin sait pourquoi, je vous fais confiance. Vous n’avez pas à rougir de qui vous êtes, en tant que prof, ou personne… Je crois… On a besoin de gens comme vous. »

Après ces mots, James se redresse, se rapproche de la table et la contourne pour se retrouver plus proche du professeur. Il ne sait pas vraiment pourquoi, juste pour prouver qu’il ne sera jamais capable de lever la main sur qui que ce soit. Il ramasse la baguette tombée à terre pendant la crise de panique, la tend, poignée offerte, à Ingleby. Il esquisse un rictus navré.

« C’est moi qui mérite un sort, alors n’y allez pas de main morte avec le Rictusempra, le Folloreille ou Chauve-Furie. Je… J’ai l’habitude de les recevoir. Et ce que j’essaye de dire, je crois que c’est pardon, c’est merci, c’est à quel point je me sens minable, Professeur. »

Revenir en haut Aller en bas
AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit EmptyMer 6 Déc - 16:02

Garrett s'était préparé à être injurié. Frappé, même. A toute vitesse, il avait repris ses anciens réflexes, était redevenu la victime d'autrefois. Le jeune garçon, l'adolescent qui se contentait de se recroqueviller en attendant que le pire passe. Celui qui n'avait pas le courage de se battre. Qui ne croyait pas légitime de se défendre.

Garrett avait beau être un adulte, avoir quitté les bancs de l'école depuis des années, la blessure était toujours là, profonde, béante, et il en subissait encore les conséquences. Il aurait dû être plus raisonnable, plus mature, être en mesure de gérer cette situation sans régresser de la sorte, mais il n'en avait pas été capable. Au lieu de cela, il s'était montré faible. Si faible.

Pourtant, James Potter ne le brutalisa pas. Garrett leva la tête vers lui, ne sachant comment réagir alors que l'adolescent bredouillait des excuses. Le professeur resta immobile et silencieux, observant son élève, lui laissant le temps de regrouper ses pensées tout autant que d'ordonner les siennes.

Garrett pensait sincèrement qu'il allait servir de punching-ball et s'était résigné à ce rôle qui avait toujours été le sien. Au lieu de cela, James Potter s'excusait, s'expliquait, allait même jusqu'à le complimenter. Garrett n'était pas vraiment plus à l'aise dans cette situation. Il n'avait pas l'habitude que l'on considère de la sorte et ne savait pas comment accueillir les remarques de son élève.

Tout ce qu'il savait, c'était qu'il ne devait pas l'interrompre, ne pas lui laisser croire qu'il estimait en savoir plus que lui ou que, en tant qu'adulte et professeur, il était l'autorité suprême. Ces petites cases dont ils ne pouvaient pas sortir, c'était fini. Et au fond, n'était-ce pas mieux qu'il en soit ainsi ? Qu'ils cessent d'être emprisonnés par les conventions, les titres, les statuts ? Garrett était peut-être un professeur, mais il avait tout autant à apprendre de ses élèves qu'eux pouvaient apprendre de lui.

James Potter lui rendit sa baguette, qu'il avait laissé tomber dans sa panique. Garrett étira un sourire timide sur ses lèvres, avant de refermer ses doigts sur le précieux instrument magique et de le ranger. Il n'allait pas jeter un sort à son élève. Surtout qu'il n'était pas vraiment en tort. Il avait probablement violé une demi-douzaine de règles de Poudlard durant ces dernières minutes, mais... il n'avait pas tort.

Garrett prit une profonde inspiration, chassant lentement l'angoisse qui l'avait saisi. Il ne pouvait pas se laisser éternellement envahir par les démons du passé, aussi puissants étaient-ils. Le présent, à cet instant, était plus important que tout le reste. Que ce qui fut ou même ce qui serait.

"Vous... Vous avez le droit d'être en colère, Mr Potter. Vous avez besoin de cette colère. C'est grâce à elle que vous pouvez vous rebeller. Que vous pouvez vous battre, pas seulement contre les Mangemorts, mais... mais contre tout ce système. Tout ce qui ne va pas en ce monde."

Garrett essuya son visage de la manche de sa robe de chambre. Il était définitivement trempé de sueur. Une grimace s'afficha brièvement sur son visage. Il ne devait pas avoir fière allure, ça, c'était certain...

"Les... Les adultes ont une nette tendance à vouloir faire croire qu'ils ont le contrôle. Qu'ils savent ce qu'ils font et, que pour cette raison, les plus jeunes n'ont pas leur place dans les affaires des grandes personnes. Mais vous voulez savoir la vérité, Mr Potter ?"

Garrett eut un faible rire :

"Les adultes sont perdus. Tout autant que les adolescents ou que les enfants. Mais ils refusent de l'admettre parce que... parce que cela n'aurait plus de sens, autrement. Où serait leur légitimité ? Qu'est-ce qui leur permettrait de prendre de telles décisions ? Qu'est-ce qui déterminerait qu'une personne peut être responsable d'elle-même, de son destin et de celui des autres ? Se réfugier derrière l'âge et l'expérience, c'est facile. Accepter de descendre de son piédestal, c'est autre chose."

Un mince sourire se traça sur ses lèvres :

"A votre âge, j'étais bien moins mature que vous ne l'êtes, Mr Potter. J'étais... seul. Très seul. Je ne cessais d'attendre que quelque chose se produise. Une illumination, une révélation... Quelque chose qui donnerait un sens à mes actes. J'enviai mes aînés parce qu'ils semblaient tout maîtriser. Qu'ils avaient l'air d'avoir la situation en main. Moi ? J'étais un élève paumé. Un gamin. Et j'attendais avec impatience d'être un adulte. De sortir de Poudlard. D'avoir la réponse."

Garrett laissa échapper un soupir. Parfois, il souhaitait revenir en arrière. Pouvoir envoyer un message à celui qu'il était autrefois et lui dire de cesser d'attendre l'impossible. De se concentrer sur le présent. Mais c'était trop tard.

"Mais je n'ai jamais eu la réponse. Et, à moins que je ne sois un adulte particulièrement médiocre, je crois qu'aucun ne l'a jamais réellement eu. Nous sommes tous aussi... perdus. Et nous devons l'accepter. C'est ce qui nous permettra d'avancer."

Le professeur passa une main dans ses cheveux, un peu nerveux :

"S'il n'en tenait qu'à moi, je ne fermerai pas les portes aux élèves qui veulent se battre. Enfin... Pas les plus jeunes, ça va de soi. Un enfant devrait avoir le droit de rester un enfant. Mais... Mais au lieu de juste se mettre des oeillères, je... je préparerai vraiment les élèves au monde extérieur. Il y a tant de manières de faire cela. Pas simplement d'apprendre à se battre, mais... maîtriser les premiers soins, savoir vers qui se tourner en cas d'urgence, des méthodes de survie..."

Cela pouvait sembler en contradiction avec son principe du "Carpe Diem", mais ça ne semblait pas être le cas pour Garrett. On pouvait savourer la vie et les petits plaisirs qu'elle offrait, tout en affûtant ses armes pour ce que l'existence peut ensuite infliger. L'un n'empêchait pas l'autre. Au lieu de cela... Garrett avait la nette impression que les élèves n'étaient pas assez formés. Lui-même ne se sentait pas assez formé.

"Cette colère qui vous habite... Vous devez la garder. Vous ne le savez pas, mais vous avez de la chance de l'avoir. C'est cette colère qui vous permettra de vous imposer, de changer les choses. Moi ? Je n'ai pas cette colère. Je ne l'ai jamais eu. Ce n'est pas moi."

Garrett pardonnait tout, tout de suite. Il acceptait qu'on le piétine et trouvait toujours des raisons à ceux et celles qui l'écartaient, le méprisaient, le brutalisaient. Il ne pouvait pas être en colère parce qu'il n'éprouvait pas un sentiment d'injustice. Ces traitements qu'il avait subi, tout ce qui avait pu lui arriver... Au fond, plus ou moins consciemment, il pensait les mériter.

"J'aimerais pouvoir vous enseigner plus que ma divination. Vous apprendre à lutter. Seulement, je suis aussi ignorant que vous à ce sujet, peut-être même plus, et je n'ai guère de doute que mon premier pas posé sur le champ de bataille sera aussi le dernier."

Garrett avait déclaré ça d'un ton profondément tranquille, comme s'il évoquait la pluie et le beau temps. Il avait accepté que son destin puisse être abrégé de la sorte. La mort... Il l'envisageait avec calme et sérénité. Un dénouement qui était supposé arriver, tôt ou tard. Garrett espérait seulement qu'elle ne serait pas trop douloureuse, cette mort...

"Je ne peux pas vous apprendre à vous battre, mais... mais je peux essayer de faire entendre votre voix. Je ne peux pas vous assurer que l'on m'écoutera, Mr Potter, mais... je peux au moins essayer. Leur faire comprendre que vous n'avez pas besoin d'être protégés et que vous ne pouvez éternellement l'être. Qu'il est temps de vous considérer comme des individus à part entière et pas uniquement des "enfants à préserver"."

Un autre sourire naquit sur ses lèvres :

"Tout cela n'a pas de sens. Vous êtes probablement bien plus légitime que je ne le serais jamais à participer à ces batailles, à prendre part à cette guerre et à défendre vos idéaux. Et pourtant, vous êtes là à lutter pour que l'on cesse de vous tenir dans l'ignorance. Ces petites cases n'ont vraiment aucune raison d'être..."

Lentement, difficilement, Garrett parvint à se remettre sur ses pieds. Il alla chercher un paquet de cartes, qu'il se mit à trier pour occuper ses mains et maintenir son attention sur la situation présente. L'homme était trop prompt à s'égarer et il craignait de laisser son élève sur la touche à un moment où il avait besoin d'être entendu. Ecouté. Compris.

"Dites-moi ce que je pourrais faire pour vous. Si vous avez besoin d'un lieu où vous entraîner, sans que l'on ne vous demande sans cesse de "faire attention" ou "d'être prudent", je peux vous proposer mon bureau. Si vous pensez que, malgré tout, je suis en mesure de vous apprendre quelque chose, demandez et je le ferai. Vous avez des convictions et vous avez le droit d'être formé pour pouvoir vous battre pour elles. Qu'importe ce qu'ils peuvent tous dire ou penser..."

Garrett battait rapidement des cartes, à un rythme difficile à suivre. C'était une pratique qui l'aidait à garder les pieds sur terre et à recentrer ses émotions. En se focalisant ainsi sur le triage, Garrett pouvait oublier, un court instant, ce qu'il ressentait et la force avec laquelle cela pouvait se manifester. Garrett pouvait se contrôler, d'une certaine manière.

"Mais que cela ne vous empêche pas de continuer à vivre. A faire vos blagues, pour autant qu'elles ne blessent pas les autres. Je me doute qu'il peut être difficile de le comprendre, vos blagues vous font rire et font rire les gens. Et c'est parfois si tentant de tourner en ridicule ceux qui sont du mauvais côté de la barrière, mais..."

Garrett déglutit. Il ne voulait pas réprimander James Potter. Là n'était pas son intention. Il admirait le jeune homme et la ténacité dont il faisait preuve. Néanmoins, il ne pouvait oublier la cruauté dont il faisait parfois preuve, notamment envers Severus Snape...

"... mais vous ne devez pas oublier que vous avez une personne en face de vous. Et que cette personne peut-être blessée. Durement blessée. C'est une plaie qui ne se voit pas, mais elle est là. Elle est toujours là. Et, croyez-moi, vous ne devriez pas souhaiter à qui que ce soit de subir les conséquences de cette blessure. Ils..."

Garrett laissa échapper un rire jaune :

"Ils risqueraient de me ressembler. Ce serait un terrible châtiment, vous ne croyez pas ?"

Terrible, oui. Un seul Garrett Ingleby était largement suffisant. Le professeur ne voulait pas imaginer que quelqu'un d'autre comme lui puisse exister en ce monde... Il ne souhaitait cela à personne.

"Mais je m'égare. Vous pouvez vous préparer à ce qui vous attend et vous battre pour que les "grandes personnes" acceptent de vous former... mais vous ne devez pas oublier l'instant présent. Vous êtes encore jeune. Vous êtes un élève. Vous avez le droit de... de vous relâcher. De vous amuser. Tout le monde devrait faire ça, de temps en temps. Sans oublier ce qui se passe. Sans oublier de se préparer."

Le bruit de ses cartes rassurait Garrett, l'aidait à échapper difficilement aux souvenirs qui l'assaillaient. Les coups qu'on lui avait infligé. Les humiliations qu'il avait subi. Mais, plus que tout, sa soumission. Sa résignation. Sa tranquille acceptation qu'il méritait tout cela et qu'il n'était guère plus qu'une victime. Garrett était faible. Et il en avait honte. Mais s'il pouvait changer cela, s'il pouvait faire quelque chose pour ne plus être... eh bien, lui... il le ferait.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Garrett » (a)venir à minuit   Garrett » (a)venir à minuit Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Garrett » (a)venir à minuit
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Garrett Ingleby - I see you
» Garrett Ingleby - Welcome to my life

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ϟ FLOO POWDER :: finite incantatem :: pensine :: archives 2017/2018 :: rps-
Sauter vers: