Sujet: Maybe it's a cool joke on me, whatever || Moreen Ven 22 Déc - 0:12
Maybe it's a cool joke on me, whatever. Au début, ils avaient trouvé ça drôle. Pire, ça les avait même fait hurler de rire. Qui avait eu cette brillante idée ? Les petits miroirs avaient été déposés les uns à la suite des autres, créant un chemin tels les cailloux du Petit Poucet. Gilderoy les avait suivis, au bord de l’extase à chaque fois qu’il apercevait un objet dans lequel il pouvait contempler son reflet. Naïvement, il avait donc ramassé les miroirs un par un et s’était à chaque fois observé. Son visage s’était trituré en quelques mimiques, quelques sourires charmeurs qu’il se destinait à lui-même. Il s’aimait, le petit Lockhart. Il s’aimait plus qu’il n’aimerait personne d’autre et le pire, c’est qu’il le savait. A jamais, ce serait lui d’abord et les autres ensuite. Personne ne le détrônerait dans son propre cœur. Se fichant éperdument des gloussements gras et à peine dissimulés de ses camarades dans son dos, Gilderoy s’aventura sans le savoir jusqu’à la salle des trophées. A peine eut-il mis le pied à l’intérieur que la lourde porte de bois se refermait derrière lui. Beaucoup auraient paniqué, ce serait mis à hurler et à tambouriner contre le bois vieillissant. Pas lui. Gilderoy était loin d’être inquiet.
Car alors qu’ils croyaient l’avoir piégé comme un rat et lui avoir causé du tort, ses camarades de classe venaient de lui faire un merveilleux cadeau. Gilderoy, les yeux presque remplis de larmes, tournait lentement sur lui-même. Tout autour de lui, des dizaines de trophées, lustrés tout récemment, lui renvoyaient son reflet. Gilderoy pouffa de rire, en proie au bonheur le plus total. Qu’importent les noms des autres inscrits au bas des trophées, qu’importent les rires mal étouffés derrière la porte. Il nageait dans le bonheur, vivant un instant de grâce comme il en avait connu peu dans sa vie. Son visage trahissait son euphorie, il se mit même à siffloter avec enthousiasme. De l’autre côté de la porte, les rires s’estompèrent. Les autres n’avaient jamais voulu lui faire plaisir. Ils l’avaient enfermé là pour l’entendre pleurer, pour l’entendre les supplier de lui ouvrir. Certainement pas pour le voir exulter. Même ça, il n’était pas capable d’assurer. Peu à peu, chacun reparti, frustré dans son égo.
Sans arrière-pensée perfide, personne ne songea à déverrouiller la porte ou à ôter la chaise qui bloquait la sortie. Tous repartirent en chuchotant, passant au sujet de commérage suivant en oubliant le gamin qu’ils avaient piégé dans la salle voisine. Gilderoy continua à s’observer, bondissant d’un trophée à l’autre et jouant avec son reflet. Jamais il ne se lasserait de son image mais pourtant, arriva tout de même l’instant où il se raisonna. Il était temps de retourner à la salle commune, le parchemin pour le cours de métamorphose n’allait pas s’écrire tout seul. Le jeune sorcier s’adressa un ultime sourire, dévoilant une dentition parfaitement blanche. Sa main se posa sur la poignée de la porte et là. Rien. Absolument rien. Un rire nerveux lui échappa. « Très drôle ». Gilderoy tenta à nouveau d’ouvrir mais quelque chose semblait le bloquer de l’autre côté.
S’ils avaient été encore présents, les autres auraient hurlé de rire. Leur blague venait seulement de faire effet. Gilderoy se sentait piégé, incapable d’aller où il le désirait. Le gamin détestait cette sensation d’enfermement, cette impression de ne pas pouvoir obtenir ce qu’il voulait quand il le désirait. L’une de ses mains se glissa nerveusement dans sa chevelure bouclée, agitant quelques mèches. De l’autre paume, le jeune Lockhart se mit à tambouriner contre la porte. « OUVREZ LA PORTE ! ». Rien à faire. Seul le silence lui répondait. Alors que sa main venait à nouveau de percuter le vieux bois de la porte, une exclamation de douleur lui échappa. Gilderoy se recula et découvrit une écharde plantée dans son index. La plaisanterie était définitivement de mauvais goût.
Des heures semblèrent s’écouler. Gilderoy était parvenu à arracher l’écharde avec les dents mais cela lui avait demandé beaucoup d’efforts. Son doigt était rouge, gonflé et douloureux. A l’abri des regards, le sorcier s’était autorisé une larme. Ses jambes se lassèrent de le porter et le sorcier finit par s’asseoir à même le sol, en indien. « Ne te décourage pas Gilderoy, ce n’est qu’une nouvelle aventure ! ». Le garçon se mit alors à imaginer le récit débordant d’action et d’héroïsme qu’il raconterait à ses amis le lendemain. Dans sa version alternative de la réalité, un fantôme inconnu aurait surgi au travers du mur et aurait tenté de l’écraser sous une armoire. Heureusement, Gilderoy aurait été beaucoup plus fin et aurait songé à le stupéfixer. Le jeune Lockhart se félicitait de sa trouvaille mais malheureusement, même avec son imagination fertile, il était toujours aussi coincé et oublié.
Brusquement, un bruit étrange survint. De l’autre côté de la porte, quelqu’un approchait. Gilderoy se releva d’un bond. Son regard se tourna vers un trophée mais le reflet qu’il y vit ne l’enchanta pas du tout. Ses boucles étaient désordonnées sur sa tête, ses yeux étaient légèrement bouffis et son nez avait rougi. Le sorcier s’imagina la honte qu’il ressentirait si ses camarades le voyaient dans cet état, sans réfléchir, Gilderoy attrapa un trophée assez grand pour contenir sa tête et plongea dans celui-ci. Il entendit la porte s’ouvrir et tenta d’adopter une attitude naturelle. « Tiens, bonjour ! ». Seul problème, la tête enfoncée dans le trophée, Gilderoy ne parvenait à voir l’individu en face de lui. En plus, ce truc pesait une tonne sur ses épaules. Soufflant sous le poids de l’objet, il articula : « ça va ? Vous venez souvent par ici ? ». Maintenir les apparences, encore et toujours.
Sujet: Re: Maybe it's a cool joke on me, whatever || Moreen Jeu 28 Déc - 11:58
Dans la Grande Salle, à sa place attitrée – assez proche de la sortie pour pouvoir s'échapper si le besoin se faisait sentir, mais pas trop proche non plus afin d’éviter les courants d’airs, une cinquième année étudiait sérieusement ses cours de Métamorphose. La pratique lui venait naturellement, mais elle devait faire plus d’effort pour la théorie, très complexe. Souvent, Moreen se demandait comment elle faisait pour tenir, pour ne pas s’effondrer entre les cours, les crises de somnambulisme et le stress de cette année si particulière. Parfois, elle s’oubliait complètement, comme c’était le cas aujourd’hui. Rien n’aurait pu troubler la Poufsouffle alors qu’elle écrivait des kilomètres de textes, s’arrêtant de temps à autre pour réfléchir à la formulation d’une phrase ou pour se renseigner grâce à des livres empruntés. Enfin rien ou presque … « Mais si c’était trop drôle. Il n’a rien vu venir … » Des conversations à voix basses et des rires étouffés, un assortiment qui avaient suffi à piquer l’intérêt de Moreen. Relevant lentement sa tête de son parchemin, elle avait entendu la voix de plusieurs élèves, des idiots, qui tentaient de parler discrètement de leur belle blague à des filles, sans doute pour les impressionner, bien qu’il n’y eût rien d’impressionnant à être un imbécile de l’avis de la rouquine. « Et donc là Gilderoy est dans la Salle des Trophées, sans doute en train de pleurer comme un bébé ». Charmant. Elle haussa un sourcil et demanda à une de ses camarades de lui garder ses affaires. La jeune fille aurait bien laissé le garçon s’en sortir, après tout il suffisait d’un petit Alohomora et le tour serait joué, mais lorsqu’elle avait compris qu’il s’agissait du serdaigle, elle se résigna. Il allait avoir besoin de son aide. Après tout, c’était comme ça qu’ils s’étaient rencontrés, et c’était ainsi qu’elle s’était mise, bien malgré elle, à l’apprécier et à vouloir le protéger. Maudite petite tête d’ange !
Pour autant, Moreen ne se pressa pas, déjà parce qu’elle n’aimait pas courir dans les couloirs, mais aussi car elle avait l'espoir qu’il se débrouillerait tout seul pour une fois. Bien vite elle put constater que tel n’était pas le cas, lorsque la massive porte en bois s’offrit à ses yeux dans toute sa grandeur, complètement fermée. Sans attendre, elle ouvrit la porte d'un geste nonchalant, s'apprêtant déjà à titiller Gilderoy. Telle ne fut pourtant sa surprise lorsque, au lieu de trouver le jeune garçon en train de bouder dans un coin, Moreen tomba nez à nez avec un trophée rattaché à un corps de garçon ! Elle faillit pouffer de rire mais se contint, il n’y avait que le petit Gil pour se mettre dans ces situations. Jubilant quelque peu, l’étudiante ne répondit pas tout de suite à la voix comme venue d’outre-tombe, amortie par le trophée. « Seulement quand les Grands Aventuriers ne savent plus ouvrir des portes » finit-elle par répondre un petit sourire narquois aux lèvres, tout dans son ton laissait entendre l'ironie. Car si Moreen appréciait réellement le Serdaigle, et si elle était prête à abandonner un devoir sur le Sortilège de Disparition à rendre pour la semaine d’après, elle n’allait pas moins le remettre à sa place. Il l'avait fait se déplacer et il fallait bien que quelqu’un se charge gentiment de le descendre du piédestal sur lequel il montait constamment. « On a perdu sa tête à ce que je vois … Un petit sort d’Alohomora ce n’est pourtant pas bien compliqué. » Continua-t-elle sur sa lancée « Et puis tu sais, je ne mettrais pas ma tête dans ces trophées si j’étais toi, j’ai entendu une fois une histoire de Firewhisky et de vomis… » Stop, il ne fallait pas non plus que la boutade se transforma en méchanceté et Moreen ne dit rien de plus. Elle ne savait pas s’il l’avait reconnu, et elle ne voulait pas le blesser inutilement, juste l’embêter affectueusement.
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