gidcas | holding hands and making out in dark corners (hot)

Merlin merci, Hestia n'avait pas relevé sa proposition d'étancher les gosiers, lancée un peu au hasard. Grossière erreur, Meadowes. La dernière chose qu'elle désirait, c'était consacrer son Nouvel An à des explications sans fin. Ou n'importe quel autre jour, à la réflexion. Elle n'était pas prête à lui adresser de nouveau la parole, pas prête à se réjouir de son retour non plus et elle se tourna avec un enthousiasme à peine forcé vers le bar. Un verre – le premier, vrai, bon verre de la soirée, at last – ne tarda pas à trouver le chemin de sa main, tandis que Gideon la rejoignait. Elle lui glissa un regard vaguement surpris, étonnée de le voir toujours à ses côtés plutôt qu'auprès de son frère ou, mieux encore, d'une autre fille mais il avait apparemment soif et c'était elle, la fille accoudée au bar. « Un seul ? » releva Dorcas, par-dessus son propre verre, un sourire franchement moqueur aux lèvres. Si le sarcasme était résolument sa langue maternelle, pour une raison qui lui échappait totalement, le ton était plus léger avec Gideon et elle n'hésita qu'un court instant avant d'imiter son geste et de lever son verre. A quoi pouvait-il bien vouloir trinquer ? A leur flagrant manque de maturité ? Elle ricana, la mine déconfite de Dolohov en tête. Ce n'était pas vraiment une victoire mais elle saurait s'en contenter pour ce soir. « Merci » souffla-t-elle, un rien perturbée par son sourire éclatant et sa proximité. Elle connaissait suffisamment bien Gideon pour avoir une vague idée de son attitude devant la gente féminine mais c'était bien la première fois qu'elle se retrouvait, elle, cible d'une telle attention de sa part. Et ça n'était pas totalement désagréable. « Je te retourne le compliment, reprit-elle en sirotant son verre, d'habitude on fait tout pour me garder très loin de cet enfoiré de Dolohov. On devrait travailler ensemble plus souvent, tu ne crois pas ? » Travailler. Right.

Heureusement, la soirée promet de se dérouler sous de meilleurs auspices maintenant qu'ils ont gagné le Chaudron. Fabian semble un peu contrarié par l'histoire de la soirée de Narcissa - il aurait préféré que Gid et Dorcas le suivent directement au Chaudron Baveur sans s'embarrasser d'une apparition préalable aux modanités du Ministère. Mais Gideon ne peut pas vraiment s'empêcher d'aller faire le malin - parce que chaque jour, quand il constate les avancées des Mangemorts et les cris qui retentissent dehors sous l'horreur de leurs actes, c'est la frustration qui lui enserre la gorge. La frustration à l'idée que cette guerre est principalement secrète et discrète. Lui, il voudrait aller les affronter directement, dehors. Provoquer Dolohov en duel, et tant pis s'il doit mourir, rendre l'âme sur les pavés froids de l'allée des embrumes - au moins se sera-t-il battu pour ce qui est juste. Mais ce n'est pas la politique de l'ordre. Ce n'est pas la politique de Dumbledore non plus. Et Gideon comprend pourquoi - mais sa compréhension de la situation ne la rend pas moins frustrante. Alors ça lui fait du bien de terminer 1977 en ayant joué quelques tours à ces foutus Mangemorts qui se croient impunis et supérieurs - et il ne va pas s'en excuser. Il sait comment dérider son frère. Il sort de la mandragore de la poche de son costume - maintenant qu'il peut se le permettre. « Pour l'instant, un verre - et un peu de mandragore », il lance, amusé, avant de se rouler un joint. « Et oui, je suis assez d'accord - quelque chose me dit que l'on viendrait à bout de Dolohov assez rapidement », il lâche en haussant une épaule absolument pas modeste. « Et puis...», il ajoute tout en terminant le joint qu'il allume dans la foulée. « Ca me permettrait de te voir plus souvent». Son sourire de jeune homme insolent s'élargit - presque jusqu'aux oreilles.

L'adrénaline retombait doucement et avec elle, l'euphorie inspirée par l'humiliation de Dolohov. C'était totalement immature, profondément puéril, mais Dorcas ne s'était pas autant amusée depuis un bon moment. A la place de cette excitation fébrile qui l'avait secouée durant cette première partie de soirée haute en couleurs – ha, ha, ha – venait un calme serein, assez peu accordé au brouhaha ambiant. Ses épaules s'affaissèrent et elle s'accouda au bar, retenant sans très bien savoir pourquoi le sourire qui lui montait aux lèvres. Pour avoir le dessus, peut-être ? Pour garder une certaine distance ? Sans doute, oui. Vieux mécanisme qui remontait à l'adolescence, époque à laquelle Dorcas évitait soigneusement de penser. Le réflexe était un peu bête après l'avoir traîné par la main au milieu des huiles du ministère. Un peu inapproprié aussi, ils étaient amis après tout. Non ? Les yeux noyés dans son verre, Dorcas réalisa qu'elle ne s'était jamais vraiment posée la question. C'était Fabian dont elle était proche, au départ. Gideon était juste, well, he was usually just there, et elle s'était habituée à sa présence. Sa proximité, en revanche, c'était une autre affaire qui méritait peut-être plus amples réflexions – plus tard. L'heure était aux célébrations, alcoolisées ou non d'ailleurs. Dorcas haussa un sourcil devant la mandragore, secouant la tête, amusée. Les jumeaux étaient peut-être très différents mais ils s'accordaient au moins sur ce point. « Ugh, je rêve de voir ce sale type au fond d'un trou. Vivant ou pas, aucune importance » lâcha-t-elle froidement. Quelle charmante conversation à avoir après leur petit victoire chez Narcissa Malfoy. Elle tâcha de repousser toute idée liée de près ou de loin à ce grand psychopathe et, une fois n'est pas coustume, Gideon semblait tout à fait disposé à lui prêter inconsciemment main forte. « Et puis ? » répéta-t-elle, se mordant la joue. Et, vraiment, elle aurait dû se douter de ce qui allait suivre. Ils n'étaient peut-être pas les meilleurs amis du monde mais Dorcas le connaissait. Elle éclata de rire, plus surprise qu'elle ne l'aurait voulu. « Bien sûr, ricana-t-elle, peu impressionnée, pas très convaincue non plus, c'est vrai qu'on ne se soit pas du tout, l'Ordre se réunit si peu, franchement, c'est une honte » Elle soupira, feignant l'irritation. La distance, encore. Parce que c'était plus facile, plus rassurant. Parce que les habitudes avaient la vie dure. « Je suis sûre que tu sors ça à toutes les filles que tu croises, Gid, reprit-elle en se penchant vers lui, il va falloir faire un effort avec moi » ajouta-t-elle, sans réfléchir. Une erreur à mettre sur le compte de son stupide sourire, certainement.

Gideon sourit bêtement. Oui, bien entendu, c'est un homme séducteur et un peu prévisible, qui a la réputation méritée d'enchainer les conquêtes sans ménager les coeurs. Ca a déjà valu quelques matinées peu sympathiques à son frère Fabian, ça lui a déjà coûté des reproches non déguisés, des crises de larmes, de déception. Au fil des années, il a aiguisé sa technique, se persuadant de lui-même qu'il valait mieux ne pas avoir d'attaches dans un monde ou, de manière assez évidente, les vies sont chaque jour en danger. Rencontrer quelqu'un, lui consacrer une soirée, une nuit tout au plus, prendre les voiles et passer à autre chose, histoire de ne pas souffrir, de ne pas avoir la tête ailleurs, et de ne pas trop faire souffrir, non plus. Parce que n'en déplaise aux plus amourachées qu'il a le malheur de ramener chez lui, on souffre moins une nuit plus tard que des mois plus tard. Cela dit, si Gideon reconnait volontiers sa réputation, ce qu'il ne peut admettre, en revanche, c'est d'être traité de menteur. « Premièrement, commence-t-il sans se départir de son sourire, tu concèderas tout de même qu'il est radicalement différent de se voir au milieu de tous les autres membres de l'Ordre et de se voir simplement en comité plus restreint », il lance en jetant un oeil vers Fabian, installé plus loin et qui profite de sa soirée. « Deuxièmement, je ne suis pas un menteur. Je ne raconte pas aux autres filles que ça me plairait de les voir plus parce que, well, ça serait un mensonge. Et je ne mens pas pour arriver à mes fins », il précise en tirant une taffe de son joint. « Crois-le ou non, je ne suis pas un homme irrespectueux, et je considère les femmes que je ramène chez moi de temps en temps. Suffisamment pour leur épargner les beaux discours, que je ne réserve donc qu'aux extrêmement rares privilégiées qui valent le coup d'être un peu... » Il marque une pause, ses doigts glissant sur le bord de son verre. Il est habituellement très doué pour jouer les séducteurs, mais là, il joue un peu à l'aveugle - et avance sur un terrain glissant. « ... courtisées ». Il attrape son verre qu'il lève dans sa direction. « Santé, Dorcas ».

Dans le fond, elle savait qu'elle l'avait un peu cherché. Elle aurait pu aller seule à cette stupide soirée, demander à quelqu'un d'autre que Gideon de l'accompagner, elle aurait pu ramener leur charmante petite discussion vers le groupe, hell, elle aurait même pu l'arrêter tout de suite. Aurait dû ? Merlin seul le savait et Dorcas n'allait pas s'attarder sur ce genre de réflexions. C'était le Nouvel An, après tout, et elle ne pouvait pas nier qu'il était plutôt agréable d'être la cible de ce genre de sourires idiots. Fronçant légèrement les sourcils, elle fit mine de ne pas comprendre d'abord mais, bien vite, son sourire refit son apparition, plus amusé – charmé ? – que moqueur. Oh, elle comprenait aisément pourquoi il avait tant de succès auprès des gens, avec un tel baratin de séducteur, susurré entre des volutes de fumée. Fumée que Dorcas chassa de sa main libre, un rien agacée par l'esthétique du numéro. Peut-être parce que cela semblait bien ficelé, très bien répété, malgré ce qu'il pouvait dire. Et elle avait envie d'y croire, pourtant, envie de se laisser aller à penser qu'elle l'intéressait. Trop envie ? Peut-être, oui. Parce qu'elle était un peu frustrée, parce qu'elle se sentait seule, parce qu'il était agréable de se sentir désirée, même si elle assumait difficilement ce genre de choses. La distance, toujours. « Courtisées, rien que ça. Quelle incroyable confiance en tes capacités Prewett, c'est remarquable. Je suis vraiment subjuguée. Qu'on me retienne, de grâce, je suis à deux doigts de te sauter dessus » lâcha-t-elle, de marbre. L'exercice était difficile mais Dorcas n'était rien sinon têtue. C'était une question de fierté aussi, de fierté un peu stupide. Parce que oui, certes, elle voulait céder, lui arracher son verre des mains et l'entraîner un peu plus loin. Mais l'idée de rejoindre le cercle peu sélect des conquêtes de Gideon l'irritait quelque peu. « C'est ça, santé, reprit-elle en levant les yeux au ciel, son propre verre soudain oublié. J'effacerais ce stupide petit sourire suffisant de ton visage, si j'étais toi. A moins que tu ne veuilles que je m'en charge à ta place ? En comité restreint, bien entendu » Céder à la tentation sans en avoir l'air, tout un art. Jamais sarcasme n'avait été aussi sincère dans la bouche de Dorcas.

Gideon éclate de rire – la répartie, voilà une qualité qui lui plait un peu trop chez la jeune femme. Il ne peut pas s’empêcher d’être guidé par l’impression que quelque chose est en train de se produire, entre eux, là tout de suite. Qu’ils sont en train de partager quelque chose qui va forcément lui causer de longues et douloureuses remontrances de son frère chéri. Parce que Gideon n’a pas l’habitude d’avoir le cœur qui bat juste un tout petit peu plus vite que la normale ; d’habitude, son cœur reste de marbre même confronté à une jolie fille. C’est un peu différent avec Dorcas, sans doute parce qu’elle n’est pas exactement n’importe quelle jolie fille, sans doute parce que, mine de rien, elle fait partie de son paysage depuis quelques temps maintenant, et qu’à force d’y être, elle a fini par subtiliser quelque chose. Il secoue la tête – et se réprimande intérieurement d’être traversé par des idées aussi saugrenues – et aussi mielleuses. « Je sais que tu as du mal à résister – je te comprends. Moi aussi j’aurais du mal, à ta place ». Son sourire s’élargit à en devenir éclatant, et il hausse une épaule, amusé. Lui aussi, il a de la répartie, et sous cette horripilante couche d’arrogance, une bonne dose d’autodérision qui lui permet de plaisanter et d’user de ce genre de blagues. Il espère sincèrement que ce qui pourrait être perçu comme un réel excès de zèle et de confiance en lui sera correctement interprété comme de l’humour par la jeune femme.

« Quoi, mon sourire te déplait ? » il demande, insidieusement, dans un murmure qui le pousse – en toute bonne volonté, naturellement – à s’approcher de Dorcas pour qu’elle l’entende. « Dis-moi, si on s’éclipse, comment tu te chargeras de l’effacer, ce sourire de tueur ? » il demande, haussant un sourcil. « Je suis prêt à tous les sacrifices ». Sacrifice, tu parles. Il est surtout prêt à s’effacer gentiment de la soirée, à se glisser dans un coin plus sombre pour qu’elle lui expose toutes ses idées sur le sujet. Et il aime ça, Gideon, ce petit jeu entre eux qui est ponctué d’une saveur toute particulière précisément parce que… Parce qu’il tient à elle. Il ne l’avouerait jamais, comme un murmure trop discret dans une salle remplie de monde. Mais oui, il tient à elle, n’en déplaise aux autres, n’en déplaise à son frère, peut-être. Ne lui en déplaise à elle mais surtout, surtout, à lui.

On lui répondait rarement sur un ton qui matchait le sien et, difficile de le nier, ce n'était pas pour lui déplaire. Tout comme l'aplomb de Gideon d'ailleurs. Chez quelqu'un d'autre, elle aurait probablement trouvé ça déplacé ou profondément prétentieux et non si distrayant. Les dents plantées dans la lèvre inférieure, elle retint de justesse un ricanement – un gloussement plutôt – amusé. Unbelievable, really. « Oh, vraiment ? Voilà qui en dit long sur ta charmante personnalité » minauda-t-elle, feignant de s'intéresser à son verre. Quel charmant idiot. En d'autres circonstances, elle aurait probablement réalisé que c'était une mauvaise idée, que de se laisser tenter mais après le début de soirée qu'ils avaient passé, Dorcas se sentait bien trop euphorique pour rester raisonnable. Et ce petit jeu avec Gideon était tout sauf raisonnable mais ils paraissaient sur la même longueur d'ondes, fait suffisamment rare dans la vie de Dorcas pour être remarqué – et apprécié. « Tous les sacrifices ? répéta-t-elle doucement, se penchant un peu plus vers lui. C'est dangereux, ce genre d'aveux, je pourrais tout à fait l'utiliser contre toi. Autant au sens propre que figuré » ajouta-t-elle avec une désinvolture qui n'était que façade. Il y avait quelque chose d'excitant dans son regard, quelque chose qu'elle n'avait jamais remarqué avant. Ou n'avait pas voulu voir, peut-être. Parce qu'ils étaient trop occupés, parce qu'elle préférait se concentrer les dangers qu'ils courraient tous, parce qu'elle avait peur, un peu, aussi. Mais ce soir, Dorcas avait décidé de laisser les préoccupations de l'Ordre du vestiaire. Ce n'était pas tous les jours Nouvel An après tout et ils avaient bien le droit de s'amuser, eux aussi. Parce que c'était bien de ça dont il s'agissait, non ? Just some harmless fun.

Après un rapide coup d'oeil à la petite assemblée qui ne semblait absolument pas leur prêter la moindre attention, Dorcas quitta son tabouret avant de terminer son verre d'une traite. « On y va ? lança-t-elle, d'un ton presque ennuyé. Je sais être efficace mais on a pas toute la soirée... » Et il serait fort embarrassant qu'une fois minuit sonné et les traditionnelles embrassades terminées, on s'aperçoive de leur absence et qu'on se mette à leur recherche. Elle préféra toutefois garder cette partie-là sous silence. Rien de mieux pour assommer l'ambiance que d'évoquer la famille. L'espace d'une seconde, elle se demanda tout de même si leur petit échange était passé inaperçu aux yeux de Fabian. Et, vraiment, elle l'espérait. La dernière chose qu'elle désirait, c'était discuter de ses impressions – sentiments ? quoi, où, comment ? non, pas elle – concernant Gideon avec le frère jumeau de ce dernier. Non, vraiment, elle avait mieux à faire, là tout de suite et même plus tard d'ailleurs.

Un léger sourire aux lèvres, elle lui tendit une main, geste décidément bien familier ce soir. « Je peux te donner des détails si tu préfères... mais ça gâcherait la surprise, non ? » La surprise, tu parles. Elle pouvait se planquer derrière des moues innocentes mais la proposition était claire et elle doutait sincèrement qu'il y ait la moindre équivoque entre eux à l'heure actuelle. Qui avait le temps de s'embarrasser de toutes ces conneries de toute façon ?

Ils sont si proches des autres, et Gideon, pourtant, s'en sent si loin. Le regard de Fabian ne le transperce pas de là-bas, pour ce qu'il en sait : ce doit être bon signe. Son frère est sans doute trop occupé pour réaliser ce qui se trame juste sous ses yeux ; et si Fabian portait une petite seconde d'attention sur son frère, sans doute sauterait-il de son siège pour venir interrompre ce qu'il est en train de se passer ici-même. Heureusement pour Gid, il n'en n'est rien, et il peut donc poursuivre la joute verbale qui le conduit exactement là où il a immanquablement envie d'aller ; Dorcas lui tendant une main séductrice, non sans avoir tenté de le faire taire de quelques remarques délicieusement acides auparavant. Et vraiment, cette main tendue en face de Gid, elle lui fait un effet tout nouveau. Un effet qu'il ne parvient pas réellement à analyser, à nommer ; il ne sait pas franchement de quoi il s'agit, mais c'est bien meilleur que tout ce qu'il connait, c'est bien meilleur que les filles qu'il ramène habituellement après un verre posé sur le comptoir. Cette main, là, c'est le signe de quelque chose qui dénote, qui change. Et voilà que son imbécile de rythme cardiaque s'emballe, légèrement. Doucement. Sinueusement.

Il quitte son tabouret à son tour, et n'hésite pas une seule infime seconde avant de glisser ses doigts entre deux de Dorcas. Un sourire furtif habite ses lèvres et il secoue la tête sans la lâcher des yeux. « T'as raison. No spoiler. » Et ça a beau être drôle, ça a beau être une blague ; il le pense vraiment. Il n'a pas envie d'anticiper, de gaspiller, ou de gâcher la moindre seconde de ce qui va se dérouler dans quelques instants. Il veut tout découvrir d'elle ; il ne veut rien savoir avant d'avoir vu, avant d'avoir parcouru, caresser. Et la soif de savoir, de voir, de toucher, elle est là, elle gronde au fond de ses entrailles. Il hésite un instant à l'emmener ailleurs, mais leur disparition pure et simple de la soirée au profit de draps propres et d'une chambre à coucher éveillerait les pires soupçons aux yeux de l'Ordre - et surtout, aux yeux de son frère, qui pourrait se transformer en véritable tyran pour l'occasion. Alors il l'entraîne dans le fond du bar. « C'est pas très glamour », il note, en poussant la porte des toilettes. Et il a envie de rire ; alors il le fait. Détendu. Il l'entraîne à l'intérieur et sort sa baguette pour verrouiller la porte derrière eux - la verrouiller suffisamment pour qu'absolument personne ne les dérange. L'endroit est sombre - mais pas si désagréable qu'il pouvait s'y attendre. Plutôt propre, dans l'absolu.

Gideon libère la main de Dorcas, doucement, après avoir laissé son pouce se balader contre sa peau. Il lui faut une seule seconde de patience supplémentaire pour que son empressement ne reprenne le dessus ; il glisse une main dans son dos pour l'attirer contre lui, réduire à néant l'espace raisonnable qui caractérise chacune de leurs entrevues, chacune de leurs joutes habituelles. Et quand elle est là, suffisamment proche, il plante son regard dans le sien et plonge sur ses lèvres. Enfin. C'est cette pensée là, qui le traverse, comme il explore sa langue en la mêlant à la sienne ; enfin. Heureusement, les vapeurs de mandragore l'empêchent de trop réfléchir cette pensée insolente ; et son corps habile reprend le dessus. Sa main, si chastement déposée dans le bas de son dos, descend de quelques centimètres pour redessiner la courbe de ses fesses jusqu'à trouver le bas de sa robe, puis glisse sous le tissu qu'elle remonte un peu, à la recherche de la peau, du contact. Il détache ses lèvres des siennes pour reprendre son souffle, descendant ses baisers le long de son cou, et sa main libre glisse à son tour sous la robe. Les voilà, les deux, qui explorent et remontent son dos, découvrant légèrement le bas de son corps, à la recherche de l'agrafe de son soutien-gorge qu'il défait d'un geste habile ; et comme un gosse, il recule légèrement son visage pour lui offrir un sourire triomphant, parce qu'il ne s'arrête jamais vraiment, encore moins quand il veut faire durer le plaisir, au moins un peu, pour voler quelques secondes au temps. « J'suis super doué avec ces trucs là », il lance, en se mordant un peu la lèvre. Il retire ses mains, laisse retomber la robe, et comme il reprend possession de ses lèvres - pour éviter toute réplique du style, la ferme Gideon, t'es trop con pour qu'on fasse ça finalement - il part à la recherche de la fermeture éclair de sa robe, qu'il descend doucement - teasing.

La facilité avec laquelle il mêla ses doigts aux siens amena donna un second éclat au sourire de Dorcas qui se laissait entraîner sans rechigner. Quitter les lieux sans prévenir semblait hautement imprudent mais elle ne parvenait pas vraiment à s'en soucier. Plus tard, peut-être. Gideon semblait avoir d'autres idées en tête toutefois et, curieuse, elle le suivit sans un mot. Pas même une question. À croire qu'elle lui faisait plus confiance qu'elle ne l'avait cru jusque-là et ce n'était pas anodin. D'une nature méfiante, Dorcas n'avait pas exactement grandi dans l'environnement le plus sain du monde, pas à Poudlard en tout cas, et la guerre avait exacerbé chez elle cette tendance à rester en retrait, perpétuellement sur la défensive, même avec la plupart de ses amis. Se laisser guider ainsi semblait plus important que succomber au sourire enjôleur de Gideon mais elle n'était pas prête à s'attarder sur ce constat. Pas prête, un peu trop ivre, un peu trop détendue aussi.

Elle s'autorisa un ricanement moqueur devant son commentaire, doux euphémisme, mais toute envie de se moquer disparut en l'entendant rire. C'était idiot et elle n'était pas certaine de comprendre ce soubresaut dans son ventre, pas sûre de vouloir une véritable explication non plus. C'était un jeu, un petit jeu stupide, sans conséquence, et ils méritaient tous les deux de jouer après cette drôle de soirée. Elle entendit la serrure se verrouiller dans un cliquetis métallique, la porte à présent fermée retenant loin d'eux la soirée qui battait son plein et le brouhaha. Ce relatif silence, loin de la ramener sur terre ou même de lui rendre le moindre sérieux, semblait la pousser un peu plus vers Gideon. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale lorsqu'enfin, il s'approcha, posant une main délicate dans son dos. Accrochée à son regard, elle sentit vaguement son sourire glisser pour finalement disparaître, suivant le même rythme que ses mouvements. Ses paupières tombèrent à leur tour, autre preuve d'une confiance jusque-là insoupçonnée. Dorcas avait pourtant besoin de voir, de vérifier qu'on ne la trompait pas, que tout était bien vrai mais pas cette fois. Les lèvres de Gideon contre les siennes étaient tout ce qu'il y avait de plus réel et rien, ni l'alcool, ni l'euphorie plus influente encore de cette petite victoire à deux contre Dolohov, ne pouvait l'amener à en douter. Fébrile, jambes tremblantes, Dorcas s'abandonna contre lui, non sans agripper le col de sa veste, tant par besoin de soutien que par crainte, faible mais bien présente, qu'il n'échappe à son étreinte. Les doigts qui glissaient sur son dos lui arrachèrent un bref gémissement de frustration qui se transforma en soupir satisfait au contact de sa peau. Elle rouvrit les yeux quand il rompit leur baiser, s'attaquant à son cou avec toute sa bénédiction, et aggripa sa nuque d'une main impatiente. Il ne paraissait pourtant n'avoir nullement besoin d'être guidé. That boy clearly knew what he was doing et ça n'était pas pour lui déplaire. Mais, éternelle impatiente, elle en voulait plus, avait besoin de plus. Fallait-il vraiment qu'il s'attarde autant, vraiment ?

Elle s'apprêtait à lui faire remarquer, sans grande subtilité, qu'elle n'était pas vraiment une petite chose fragile et que l'endroit se prêtait guère à la découverte lorsque Gideon fit habilement sauter son soutien-gorge. Le sourire si fier qu'il esquissa lui donna envie de rire, sans moquerie, sans sarcasme, et elle eut du mal à se retenir, vaguement effrayée par cette légèreté qui l'envahissait. La sensation disparut rapidement, aussi vite qu'elle était apparue et, là encore, de la bouche de Gideon. Merlin, ne savait-il donc pas se taire ? Avait-il ou non saisi que sa remarque n'était pas l'aveu le plus gorieux qui soit, Dorcas n'en savait rien et la discussion tourna court avant même d'avoir commencé dans un nouveau baiser tandis qu'il abandonnait sa peau et sa robe, sans doute toujours très satisfait de son ouvrage. C'était certainement stupide, de s'arrêter là-dessus. Ce n'était rien qu'elle ne savait déjà après tout. Il suffisait d'être un peu attentive, de savoir écouter, pour savoir que Gideon ne passait pas ses soirées en solitaire, penché sur de quelconques grimoires. Elle n'était pas surprise, pas vraiment. Irritée ? Oui, clairement. Ce n'était qu'un jeu mais Dorcas ne voulait pas entendre parler des autres. Les autres n'existaient pas, les autres n'avaient pas leur place ici, les autres étaient derrières cette porte verrouillée.

L'agacement mêlé à son impatience redoubla ses forces et, malgré la fermeture de sa robe qui descendait, descendait, descendait, à la merci de cette main experte, Dorcas se redressa, bien décidée à reprendre le contrôle de la situation. Sans s'éloigner, refusant d'admettre le moindre écart entre leurs corps, elle poussa fermement contre le mur avant de s'arracher à sa bouche, presque à contrecœur. « Je suis certaine que tout le monde apprécie tes talents à leur juste valeur, souffla-t-elle contre sa bouche, mais j'espère sincèrement que ta dextérité ne se cantonne pas aux sous-vêtements ou je vais être très, très déçue Gideon. Vraiment très, très déçue » insista-t-elle, aussi impassible que possible tout en glissant une jambe entre les siennes. Elle baissa les yeux un instant, bref coup d'oeil pour s'assurer que ses mains maladroites déboutonnaient correctement sa chemise. Juste quelques boutons, suffisamment pour glisser sous le tissus, contre ses épaules. C'était étrange, ce besoin de sentir une peau contre la sienne, nouveau même. La gauche s'égara entre ses omoplates, avide de contact, animée d'un besoin de caresse que sa cuisse qui ondulait, plus bas, ne comblait guère. La droite s'arrêta à sa ceinture, comme une question muette que Dorcas lui posait au travers d'un regard. Tant collée à lui qu'ils semblaient littéralement partager le même air, elle n'osait pas l'embrasser, pas tout de suite, pas avant d'avoir obtenu une réponse. Tant de timidité ne lui ressemblait pas, à croire que Gideon avait sur elle plus d'effet qu'elle ne voulait bien l'admettre.

Il n’a pas envie que les choses se passent trop vite. C’est un coin embrumé de son esprit qui le réalise, c’est comme un fond sonore dont il ne parviendrait pas à se détachait, qu’il n’arriverait pas à ignorer de manière satisfaisante. Il va lui faire l’amour, ici, dans cette pièce sans charme. Ce n’est pas que du sexe contre un lavabo de toilettes publiques, ce n’est pas qu’un coup comme ça, qu’une soirée identique à toutes les autres. Il le sait, même si ce n’est pas dans la première zone de sa conscience, même si les mots ne passeront pas ses lèvres, même s’il n’en parlera à personne de peur d’ébruiter un secret dont il ne connaît ni les tenants, ni les aboutissants pour l’instant. Il ne s’est jamais retrouvé dans cette situation. Des histoires, des filles, quelques mecs parfois, il en a connu des tas. Tellement qu’il ne parviendrait pas à mettre des prénoms sur toutes les lèvres embrassées, sur tous les corps caressés. Mais ce soir, qu’il le veuille ou non, que Dorcas le veuille ou non, que son frère, qui aura sans doute tous les reproches du monde à formuler, le veuille ou non, les choses sont différentes, les cartes sont distribuées autrement.

Il n’y pense pas en boucle, mais il ne peut dissimuler ces pensées qui sont présentes dans le fond de son esprit. La vois de Dorcas qui brise le silence le ramène à la réalité des toilettes du bar, au calme retrouvé ici, à la chaleur qui monte, qui s’empare du moindre de ses muscles. La jambe que Dorcas glisse entre les siennes, alors qu’elle le plaque contre le mur, n’arrange rien à son état, et si, quelques secondes auparavant, il avait encore envie de faire traîner les choses pour mieux pouvoir en profiter, sans savoir quand elles auront vocation à se reproduire, il n’en va plus de même. Il ricane un peu, et secoue la tête. « Je promets de faire de mon mieux pour que la déception ne soit pas dans la liste des choses que tu vas ressentir », il marmonne, amusé. Ses mains glissent contre sa peau et il se mord un instant la lèvre pour retenir un soupir. Et puis il y a leurs lèvres, qui se croisent, s’entrechoquent, et se quittent, trop vite à son goût, tandis qu’il continue de descendre la fermeture éclair de la robe, qu’il parvient à ses fins. Elle s’interrompt, un instant, la main sur sa boucle de ceinture, le regard plongé dans le sien. Il l’observe, contre lui, si proche qu’il a l’impression qu’ils sont soudés l’un à l’autre. Sa main quitte le dos de Dorcas, et sans un mot, mais sans lâcher ses yeux, pour donner son approbation, pour recueillir la sienne, il attrape le bas de la robe qu’il tire jusqu’à la faire remonter le long de son corps élancé. Il la fait glisser par dessus sa tête, contraignant ses bras à quitter leur position initiale, et quand elle en est enfin débarrassée, il la dépose sur le petit meuble à côté d’eux – par égard, parce que le sol est sale et qu’il s’imagine volontiers qu’un magistral jet de robe par terre puisse gâcher l’instant. Une fois sa tâche achevée, il lui offre un sourire, un sourire silencieux, sincère, pas sarcastique, pas un sourire de petit con insolent, juste un sourire. « T’es si belle », il murmure, dans un souffle. Et le ton a changé, tellement changé. La provocation l’a quitté, soudain. Il ne reste plus que l’instant qu’il est en train de vivre avec tout le sérieux dont il peut faire preuve.

Il défait à sa place les derniers boutons de sa chemise et s’en débarrasse dans la foulée, et puis ses mains décident de retourner s’occuper d’elle. Il glisse ses mains contre ses clavicules et descend ses caresses lentement, jusqu’à ses seins, sur lesquels il s’attarde. En même temps qu’il répand ses caresses, il reprend possession de ses lèvres, pour sceller leur soirée, leur soirée volée aux autres et au temps. Il la presse contre lui, descend une de ses mains entre ses cuisses, pour caresser le tissu de sa culotte qui les sépare encore, le pouce de l’autre main insistant sur les caresses réservées à sa poitrine, à son ventre, et il retient difficilement un gémissement impatient, la laissant tout de même défaire le reste de ses vêtements à lui, la tête un peu en vrac, ailleurs. Haut.

Avec qui que ce soit d'autre, eut-elle été un peu plus sobre, elle se serait enfuie, terrifiée par l'intimité du moment. Même dans leurs rires, ricanements à peine étouffés, elle entendait cette confiance, cet abandon même, qu'elle ne s'autorisait avec personne. Plus depuis Theodore, en fait. Trop compliqué, trop dangereux – trop douloureux ensuite, surtout. Et curieusement, coincée entre ces murs qui avaient connu des jours meilleurs, dans les bras de Gideon, Dorcas n'avait pas peur. L'alcool y était certainement pour beaucoup, à en juger par le peu d'intérêt qu'elle portait à l'état dans lequel finirait sa robe maintenant qu'il l'en débarrassait, mais il y avait autre chose. Quelque chose de nouveau, de singulier, quelque chose qui l'empêchait de détourner les yeux, l'empêchait de le repousser aussi. La robe envolée, elle frissonna, tant de fraîcheur que d'envie et, Merlin, ce n'était qu'un sourire. Pas le rictus moqueur qu'il avait pu lui servir parfois, pas même le sourire enjôleur d'avant, non. Un sourire, un vrai, peut-être un peu trop chaleureux pour l'occasion mais qui l'atteignit en plein cœur.

Pendant une minuscule seconde, elle songea à fuir. Puis il ouvrit la bouche et Dorcas oublia le reste, tout, jusqu'à l'existence même de la porte. L'idée de lui demander de se taire lui traversa l'esprit mais incertaine quant à ses capacités vocales, elle préféra l'embrasser. Délicate, elle ne l'avait jamais été, patiente non plus. Qu'il le sut ou non, Gideon semblait prendre un malin plaisir à la faire attendre. Elle laissa échapper un grondement irrité lorsqu'il rompit leur baiser pour s'occuper de ce qui restait de ses boutons, grondement qui se transforma en gémissement frustré, plus aigu qu'elle ne l'aurait voulu. Dans un élan d'impatience qu'elle ne cherchait même plus à dissimuler, elle défit la boucle de sa ceinture, pestant mentalement contre les murmures fiévreux qui glissaient entre leurs souffles mêlés. Elle adorait et méprisait cette faiblesse, cette recherche du plus, ce besoin d'encore qui lui volait ses mots et son équilibre. Pourquoi voulait-elle s'en aller déjà ? Dorcas avait oublié cette idée stupide effacée par les caresses de Gideon, qui n'en finissaient pas de descendre le long de son corps, trop lentement à son goût. « A-Arrête de jouer, bredouilla-t-elle d'une voix blanche, lorsque sa main parvint au creux de ses cuisses, plus tard » ajouta-t-elle avec plus d'aplomb. Comme si elle était capable de faire une telle promesse, comme si elle en avait le droit. Comme s'il pouvait y avoir plus entre eux qu'une escapade rapide à l'écart du reste du monde. Ce n'était pas son genre à lui, ni le sien, mais ça n'avait pas d'importance. Elle ignorait soudain ce qu'attendre signifiait et lui aurait probablement dit n'importe quoi, plutôt que de le laisser explorer son corps plus longtemps sans rien obtenir en retour. Sentir sa peau contre la sienne ne suffisait pas, plus, si délicieuse que fût la sensation, et elle se serra un peu plus contre lui, enroulant une jambe autour de ses hanches, autant que le lui permettait ce pêle-mêle de bras et de souffles mêlés, avant de le guider en elle avec une lenteur prudente – impatiente mais pas inconsciente. L'air lui manqua soudain, presque comme si elle en avait oublié de respirer. Elle devait avoir l'air ridicule, à chercher son souffle, la bouche grande ouverte, accrochée à Gideon comme à une bouée en pleine tempête mais ça n'avait pas d'importance. Plus rien n'avait d'importance, sinon le corps contre le sien et ces yeux qu'elle ne parvenait pas à lâcher. She was so terribly fucked – in every sense of the word.